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Kian se leva le lendemain en fin d'après-midi d'une humeur de chien, son bras blessé le lançait. Il n'avait pas pu faire le tout petit câlin qu'il avait prévu avec Seren et avait à peine senti le baiser qu'elle avait déposé sur ses lèvres. Il s'était endormi d'un sommeil de plomb, peuplés de mauvais rêves des dix derniers jours, sans pouvoir se réveiller.
Il l'avait tout de même entendu à un moment donné, lui chuchoter à l'oreille qu'elle sortait en lui promettant de ne pas rentrer trop tard. Il ne savait même pas si elle l'avait embrassé. Il aurait voulu la supplier de ne pas le laisser tout seul avec ses cauchemars, de le secouer jusqu'à ce qu'il se réveille. Il n'avait pas pu bouger, ni émettre un son.
Ce sont les hennissements de bienvenue de Rivière, la jument baie cerise que la grande reine leur avait prêtée pour rentrer, qui l'avait tiré du sommeil en sursaut. Et voilà qu'on frappait à la porte!
Il s'assit au bord du lit, un vertige le saisit. Il n'avait rien mangé depuis trois jours, il se sentait faible et encore plus fatigué que la veille. Il allait se laisser retomber sur son oreiller, mais les coups enthousiastes reprirent.
Marmonnant une série de jurons, il se leva. Chancelant, il sorti de son coffre une paire de braies qu'il enfila tant bien que mal, puis se passa un peu d'eau sur le visage.
-J'arrive! cria-t-il en sentant la colère l'envahir alors qu'il traversait la cuisine en entendant frapper à nouveau.
Kian torse nu, ouvrit brusquement la porte sur un jeune homme blond d'environ dix-sept ans portant la tenue des cavaliers. Le jeune guerrier en voyant Kian, recula effrayé, perdant instantanément son air rayonnant et la lueur d'excitation qui faisait briller ses chaleureux yeux marron.
-Quoi? grogna-t-il en plissant les yeux.
-Vous êtes...déglutit le jeune homme, convoqué...
-Non! le coupa sèchement Kian.
-C'est Cynfarch qui m'envoie, dit-il d'une petite voix en lui adressant un regard suppliant.
-Je m'en fout! gronda le guerrier atlante.
-Mais il s'agit de...couina-t-il.
-Dégage! le renvoya Kian brutalement.
-Finn m'a... piaula-t-il en reculant et le regardant avec inquiétude.
-Tu es bouché? s'irrita le cavalier blond qui se tenait au montant de la porte en se penchant vers lui.
-Mademoiselle Cermait, la jeune femme qui vous a accompagnés dans l'... pleurnicha-t-il dans une tentative désespérée de se faire entendre.
-Je ne veux plus entendre parler de cette pute! s'énerva Kian à bout de nerf, préférant la colère à la terreur au souvenir de Mara et des cauchemars qu'elle avait engendrés. Fous-moi le camp!
Le jeune homme très digne, tremblant comme une feuille, le salua comme il l'aurait fait avec son capitaine. Kian lui jeta un regard mauvais puis lui claqua la porte au nez avant de remonter se coucher.
***********
Seren qui revenait de la ville avec son panier plein à craquer, avait assisté à toute la scène d'un air désolé depuis le portail. Elle poussa la petite porte et se dirigea vers le jeune guerrier qui traversait le jardin la tête basse.
-Bonjour, lui dit-elle en lui adressant un sourire.
Il releva la tête surpris, rougissant devant la jolie jeune femme aux longs cheveux noirs dénoué aux yeux saphirs pétillants vêtue d'une robe de lin bleue, qui s'en amusa.
-Bonjour mademoiselle, répondit le jeune homme avant de lui adresser le salut du guerrier.
-Tu avais un message à transmettre à Kian? demanda-t-elle.
-Il a refusé de l'écouter, répondit-il tristement.
-Viens t'asseoir avec moi, proposa-t-elle en le prenant par l'épaule tout en le conduisant vers un banc à l'ombre d'un noisetier contre le mur de la maison. Si tu as l'autorisation de me dire de quoi il s'agit, je le lui rapporterai. Comment t'appelles-tu?
-Je m'appelle Iain, répondit-il en s'asseyant à côté d'elle en acceptant la cruche de bière blonde qu'elle lui proposait avec une pâtisserie. (Il en but une gorgée puis la lui rendit). Merci, (il sourit). Je voulais venir saluer mon nouveau capitaine et comme Cynfarch avait un message pour lui, je me suis proposé.
-Ton nouveau capitaine? demanda-t-elle avec un petit sourire en coin.
-Oui! s'exclama-t-il une lueur d'excitation dans les yeux avec un grand sourire. La convocation que je devais lui transmettre lui annonçait sa promotion. Je fais partie des plus jeunes arrivés dans la capitale et j'ai eu de la chance d'être choisi parmis tout ceux qui voulaient servir sous ses ordres. (Son sourire s'effaça). Mais je ne pensais pas que ma venue le mettrait autant en rogne.
Elle se retint de rire.
-Il est fatigué et il a mal dormi, expliqua-t-elle sur un ton d'excuses avant de lui repasser la cruche. Il ira mieux dans quelques jours une fois qu'il se sera reposé. Tu le connais déjà?
-Eh bien, il nous a évalué à cheval mes camarades et moi il y a deux ans quand nous sommes arrivés, raconta-t-il. Il était blessé à l'épaule et ne pouvait plus monter, mais il a pris en charge notre formation durant quelques mois, trois fois par semaines. C'était un bon instructeur, c'est dommage qu'il ait arrêté après ça.
Il se redressa, pendant qu'elle buvait les jambes étendues devant elle, son panier à côté.
-Un jour où je m'étais battu, continua-t-il, je me suis fait punir avec celui qui m'avait insulté. Kian est venu me voir pendant que je montais la garde en ronchonnant. Je trouvais ça injuste. Il m'a donné son petit gâteau aux noisettes, comme vous tout à l'heure, (il rougit). Il m'a dit de ne jamais me laisser décourager malgré les difficultés que je pourrais rencontrer, qu'il fallait que je crois en moi et que je ne devais laisser personne me faire douter. (Il fronça les sourcils). Vous croyez qu'il va accepter ses nouvelles fonctions?
-Je ne sais pas, avoua-t-elle en dégageant une mèche de cheveux noirs de son visage. Pour quand est la convocation?
-Dans trois jours en milieu de matinée, (il lui donna la tablette d'argile emballée dans du lin), même si je pensais qu'il accepterait peut-être de venir avec moi aujourd'hui. Mais c'est très bien comme ça, assura-t-il en souriant, je suis parfois un peu trop impatient.
Elle éclata de rire.
-Merci pour votre gentillesse, dit-il en se levant.
-Il n'y a pas de quoi, souria-t-elle en se levant à son tour, nous nous retrouverons dans trois jours.
Il la salua un sourire aux lèvres puis disparut sur la promenade.
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