23
Entre chien et loup, après cinq jour à longer la côte, Téa posa son arc et son carquois. Le renard se dirigea vers la rivière, lapant bruyamment l'eau fraîche. Elle détacha la lanière de cuir qui maintenait le fourreau d'une dague sur le haut de sa cuisse, dénoua sa bourse et le lièvre pendu par les pattes qu'elle avait chassé plus tôt dans la journée.
Elle se déshabilla et dissimula le tout sous un buisson fleuri. Le renard revint vers elle au petit trot pour se coucher à ses pieds, la langue pendante les yeux plissés. Elle caressa sa douce fourrure rousse. Il avait couru toute la journée à ses côtés à travers champs et bois. Plus tard, ils partageraient le lièvre.
Le coassement des grenouilles reprit, hésitant puis s'interrompit à nouveau quand la jeune femme plongea dans la rivière glaciale. Le froid lui coupa le souffle lui brûlant la peau. Battant des pieds, elle s'enfonça dans les profondeurs, dérangeant les poissons qui filèrent comme des flèches argentées se cacher entre les algues. Elle refit surface, fit quelques brasses dans le faible courant avant de revenir vers la rive. S'asseyant sur un rocher émergé, elle se lava avec le sable doux de la rivière.
Il faisait nuit à présent, une demie lune s'etait levée, l'air était plus frais et les lucioles voletaient éclairant l'herbe alentour d'une jolie lumière vert-jaune. La forêt se réveillait. Le renard glapit brièvement et fila entre les arbres. Elle se coula dans l'eau et se mit à l'ombre du buisson.
Des pas approchaient, ils étaient lourds et le cliquetis métallique d'une côte de mailles indiquait qu'il s'agissait d'un soldat en armes. Il ne faisait pas partie des guerriers atlantes, car, à part sur un champ de bataille, ils portaient un simple corselet de cuir sous leurs tuniques.
Elle l'entendit uriner contre un arbre, se revêtir, puis attendre. Le bref chant flûté d'un rossignol retentit. Elle jeta un coup d'œil derrière elle, elle voyait luire les yeux orangés du renard aplati sur le sol, qui glapit à nouveau. Cette fois, les pas étaient légers et furtifs, trop ténus pour êtres ceux d'un humain. Un elfe.
-Pourquoi m'as-tu appelé? demanda une voix mélodieuse en usant de la langue commune au continent.
-Nous avons un problème, grogna une voix à peine humaine. Des Amazones sont arrivées récemment sur le continent et se sont établies à deux jours d'ici.
-Que veux-tu que j'y fasse? questionna l'elfe avec une indifférence méprisante.
Téa regarda l'onde, elle y vit le reflet des deux personnages. L'elfe possédait des traits hautains, des yeux en amende couleur d'obsidienne, il était svelte et souple comme un lynx. Dans ses cheveux aile de corbeau d'où dépassait une oreille pointue, une seule mèche sur le côté de sa joue était d'un blanc pur. Son compagnon d'une carrure monstrueuse avait un groin sur sa face aplatie et un minuscule œil écarlate à gauche. De la bave pendait à sa lèvre inférieure épaisse qui découvrait des crocs acérés.
-Ces salopes ont détruit notre camp et massacrés nos hommes! gronda-t-il.
-Pourquoi ne pas contracter une alliance avec elle dans ce cas? susura perfidement l'elfe. Je croyais que...
Le reste de la phrase se perdit dans le vent qui se levait et soufflait en sens contraire, auquel s'ajouta les premières gouttes de pluie.
-Impossible!... couperons... couilles... éliminerons jusqu'au dernier! cracha la voix inhumaine. Vous... occupez!
-Bien que vous nous ayez ouvert la porte... sommes pas vos....siffla l'elfe avec colère.
-Nous avons besoin... nature! Nous...
nombreux.... êtes lié par le sang!
L'elfe éclata d'un rire cruel et dédaigneux qui résonna longtemps sur la surface de l'eau. Téa en profita pour sortir sans un bruit et rampa derrière le buisson.
-Nous ne vous devons rien! Nous sommes libres! Nous n'agissons que pour nos propres intérêts, non pour ceux des autres. Si cela amuse notre roi... décimer par des femmes...ainsi! Et si Éthanor... exterminez... lui obéir! Dans le cas contraire, nous vous...selon nos choix d'ennemis à abattre!
L'ogre grogna et sorti son sabre.
-Je croyais... capitale...? se moqua l'elfe.
Téa ressentait de la frustration. Elle était certaine d'avoir manquée des informations essentielles avec le souffle du vent dans les arbres et le clapotis de la pluie sur la rivière.
-Nous ne... faisons ...avide... '
Le Black Shields furieux rengaina et tourna les talons. L'elfe avait disparu de son champ de vision. Elle appela sa chouette chevêche d'un murmure qui se confondait avec le bruissement des feuilles. La chouette plongea comme si elle avait repérer une souris et la rejoignit. Elle reparti quelques secondes plus tard à toute vitesse dans la direction opposée. Restait l'elfe dont elle distinguait à présent la puanteur caractéristique. Un glapissement aiguë. Téa roula sur le sol, se releva son arc à la main et tira sur l'elfe qui lui faisait face. Le trait se ficha dans sa gorge avec un bruit sourd.
Elle s'avança son arc à la main, nue et dégoulinante d'eau, en direction de l'elfe noir agonisant qui émettait d'abominables gargouillis, un flots de sang s'échappant de sa bouche. Elle n'en avait jamais vu d'aussi près, mais avait déjà pu constater les horribles blessures et terribles sévices qu'ils infligaient à leurs victimes qu'ils s'étaient choisis par simple amusement. Si à proprement parlé les elfes demeuraient dans l'autre monde, un ou deux étaient resté caché sur le continent.
Son visage passait rapidement d'une beauté surréaliste à l'ignoble se couvrant de veinures noires et rouges et déformaient ses traits de manière hideuse. Les yeux couleurs ténèbres s'étrecissaient se réduisant à une fente verticale. Il était vêtu de soie noire aussi légère que le vent qui adhérait à son corps mince et chaussé de bottes. Le renard à la fourrure trempée, s'approcha en marchant prudemment en crabe, la queue entre ses pattes. Une grimace plissant son fin museau, il lâchait des cris rauques les oreilles couchées en arrière.
Elle fouilla le cadavre noirci et pestilentiel, mais mis à part une fine dague qu'elle déposa de côté, il n'avait rien sur lui. Elle le tira par les aisselles puis le poussa dans l'eau. Les flots l'avalèrent puis se refermèrent sur lui. Linaëlle lui avait affirmé que l'eau les digéreaient et que c'était le meilleur moyen pour qu'il n'en reste rien en un temps relativement court.
Elle s'habilla, pris ses affaires puis se remit en marche en compagnie du renard. Elle trouva abri dans une petite grotte, ramassa du bois à peu près sec puis alluma un feu à l'aide de pierres de silex. Elle dépouilla le lièvre, le nettoya et le découpa. Elle en donna la moitié cru à l'animal avant de faire cuire sa part sur une broche.
Elle avait extorquer le plus de renseignements possible à Linaëlle sur le territoire du serpent avant de partir, Fand ayant disparue le lendemain en compagnie, soupçonnait-elle, d'Owain. Il y a deux jours, elle s'était rendue dans le village où les Amazones avaient accomplis leurs rituels de reproduction. Grâce à une statuette étrange mi-femme mi-serpent, que lui avait donnée la guérisseuse, les habitants s'étaient ouvert. Un homme l'avait conduit au sommet de la colline boisée au cercle de pierre, qui avait été entre-temps nettoyé bien que de nombreuses traces soient encore visibles.
Elle avait dormis à l'auberge et était repartie le lendemain.
Elle finit le cuissot, se lécha les doigts, puis but à son outre. Au moins, elle savait où se trouvaient les Amazones. Elle aurait le temps de se rendre dans leur camp et de rentrer avant l'arrivée de Finn. Elle s'allongea les bras sous la nuque, la tête du renard sur son ventre.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top