21
Elle entendait la lente respiration de Kian derrière elle et sentait son souffle dans ses cheveux. L'aube se lèverait dans quelques heures, pourtant le sommeil se refusait à elle.
Ces derniers jours avaient filés à une vitesse terrifiante, ils ne s'étaient pas vu en dehors de la maison, bien que Kian lui ai promis qu'à son retour il aurait quelques jours de libres et qu'il comptait bien en profiter avec elle.
Elle se dégagea doucement des bras de son amant et passa une chemise imprégnée de son odeur musquée qui lui arrivait à mi-cuisses dont elle retroussa les manches. Elle se dirigea vers la petite table et y prit la cruche fraîche d'eau de source à laquelle elle but longuement. Elle avait chaud. Elle la reposa sans bruit en s'essuyant le menton. Kian dormait toujours profondément, il ronflait légèrement, le coussin où elle posait sa tête serré contre lui. Elle rit doucement.
Elle sorti sur la terrasse éclairée d'une douce lueur argentée, s'appuya contre le rebord, et fermant les yeux, laissa la brise marine caresser ses jambes nue et lui rafraîchir le visage. Seul le bruissement des vagues venait rompre le silence.
La lune était pleine les étoiles brillaient dans le ciel noir. Elle chercha la constellation du taureau puis adressa une prière à Camul, dieu de la guerre, qu'Owain lui avait apprise il y avait de cela bien longtemps.
Elle sût qu'elle était entendue, car l'atmosphère s'était imperceptiblement alourdie et le temps semblait s'être figé.
Un mugissement lointain lui répondit, une odeur chaude d'étable lui chatouilla les narines, un goût métallique envahi sa bouche.
Seren n'avait pas la capacité de parler aux dieux comme Blodwen pouvait le faire et si elle ressentait en permanence la présence réconfortante de Belisama, la déesse ne s'était jamais adressée directement à elle.
Une brûlure furtive au creux de son poignet lui arracha un couinement surpris. Elle leva le bras à hauteur de son visage. Un mince filet de sang coula jusqu'à son coude et goutta sur le sol marbré. Elle recula les yeux fixés sur sa blessure et buta contre quelque chose de dur qui lui arracha un autre cri.
-N'ai pas peur, souffla Kian à son oreille en l'enlaçant, je suis avec toi.
-Mais...commença-t-elle inquiète.
Un mugissement grave et profond retentit plus proche.
-Ne bouge pas, chuchota Kian qui savourait l'instant, sa voix éthérée comme s'il n'était qu'à moitié là, l'autre partie communiquant avec son dieu tandis que le fracas des armes d'un champ de bataille venait à eux s'amplifiant au fur et à mesure. Laisse s'épancher ton sang comme une offrande à Camul.
Elle obéit malgré la douleur et l'envie de s'essuyer le poignet. D'une main tremblante, elle entremêla ses doigts aux siens laissant les traînée gluantes s'écouler sur leurs mains réunies. Elle ferma les yeux en s'efforçant de reprendre son calme. Elle ouvrit son cœur, se laissant emporter par les cris des hommes ainsi que les beuglements du taureau qu'on sacrifiait.
Une voix chaude et grave s'éleva dans son esprit.
-Désormais tu m'appartiendra au même titre que celui de Belisama et de ton amant, commença Camul. Je serais là quand tu fera appel à moi et te donnerai de la force quand tu en manquera.
-Je ne suis pas guerrière, protesta-t-elle faiblement.
-Peu m'importe, répondit le dieu avec douceur. Nous aurons besoin de ton don, tout comme tu auras besoin de mes guerriers. Les hommes sont libres de leurs choix et si j'entre aperçoit l'avenir, je ne puis agir directement sur les événements. Je ne peux que guider et aider ceux qui en font la demande.
-Est-ce que Kian nous entends?
-Non, répondit Camul d'une voix qui s'éloignait. Je peux seulement te promettre de veiller sur lui, et que, s'il venait à mourir, de l'accueillir auprès de moi.
Elle hocha la tête une larme roulant sur sa joue alors que Camul se retirait et que la nuit reprenait ses droits.
Kian essuya avec douceur la larme sur sa joue et déposa tendrement un baiser sur ses lèvres. Il lava leurs mains ensanglantées puis banda la plaie de la jeune femme. Il la souleva dans ses bras et s'assit sur un tabouret dos au mur sur la terrasse. Il posa son menton sur son épaule, ses yeux bleu foncé brillants d'une lumière intérieur.
-C'est toujours comme ça pour toi? demanda-t-elle hésitante une main autour de sa taille.
Chaque relation avec son dieu était personnelle et intime et l'on en parlait pas volontiers.
-D'habitude il me faut jeûner pendant une journée et veiller au temple durant la nuit pour pouvoir atteindre cet état, répondit-il tranquillement. Mais il est rare que la communication soit aussi claire. J'y ai recours avant chaque campagne, ça me permet de me libérer l'esprit et d'y chasser toute peur.
Il se pencha à son oreille en voyant son expression.
-Tu es inquiète? lui demanda-t-il doucement. C'est pour ça que tu n'arrives pas à dormir?
-Oui, admit-elle à contrecœur.
-Et moi qui croyais que mon départ te laissait indifférente, plaisanta-t-il en se frottant les côtes quand elle lui eût donner un coup de coude. Mais il est vrai que j'ai eu droit à plus de pâtisseries aux noisettes que je ne saurais en compter, de délicieux petits plats, des baisers passionnés, des caresses exquises et des nuits voluptueuses.
-Je ne voulais pas te mettre plus de pression que nécessaire, s'excusa-t-elle rougissante.
-Tu as le droit de me poser toutes les questions que tu veux, assura-t-il à voix basse en laissant glisser une main dans son dos. Tu peux me faire part de tes appréhensions ou de tout ce qui te passera par la tête. Je répondrai de mon mieux à chacune de tes demandes, sauf si je ne suis pas autorisé à le faire, dans ce cas, je te le ferai savoir. (Il haussa un sourcil blond). Mara?
Elle grimaça. Il esquissa un sourire en coin.
-Tu n'as rien à redouter de ce côté-là, promit-il, n'oublie pas que Finn me surveille de près. (Il lui adressa un clin d'œil auquel elle répondit d'un faible sourire). (Il fronça les sourcils). Tout ce que je peux te dire pour l'instant, c'est que le motif pour nous de sa venue est absconse, même si l'une de ses raisons pourrait être moi. (Il se passa une main dans les cheveux, mal à l'aise, confirmant la crainte de Seren). Elle possède un don de prophétie, justification officielle pour laquelle elle voyagera avec nous.
-Mais encore? demanda-t-elle d'une petite voix.
-Là, je n'ai que des soupçons, avoua-t-il, même si j'ai découvert cette semaine qu'elle laissait de drôles de traces après son passage chez un homme. (Il haussa les épaules). Mais ce n'est peut-être qu'une coïncidence.
Seren n'insista pas, il lui en parlerai le moment venu, ce qu'il confirma d'un petit hochement de tête. La nuit se faisait vielle.
Malicieusement il laissa glisser un doigt entre les quatre premiers boutons défaits de la chemise qu'avait passée la jeune femme et dont le corps se devinais en transparence.
-Elle te va beaucoup mieux qu'à moi, approuva-t-il de sa voix chaude avant de lui mordiller la peau tendre sous l'oreille puis de déboutonner ce qu'il restait.
Seren frémit sous ses mains chaudes.
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