15
Ils s'éveillèrent avant l'aube niché l'un contre l'autre dans les draps entremêlés, après une courte nuit.
-Excuse-moi, chuchota Kian, je ne voulais pas te réveiller. J'ai l'habitude de me lever tôt.
-Ce n'est rien, assura-t-elle encore à moitié endormie. Tu t'en vas?
-J'ai encore un petit moment devant moi, souffla-t-il en la reprenant dans ses bras. Je vais devoir m'absenter pendant deux heures environ, j'essayerais de ne pas faire trop long. Ensuite, je te ramènerai un bon petit-déjeuner, à moins que tu n'aies d'autres obligations?
-Il faudra que je passe au temple, mais ce n'est pas pressant, murmura-t-elle en se blotissant contre lui.
-Bien, acquiesça-t-il en se penchant et en l'embrassant sur le coin des lèvres. Rendors-toi à présent.
-Tu veux bien me faire l'amour? chuchota-t-elle alors que ses yeux se refermait.
Il déposa un baiser sur sa tempe. Elle sentit Kian derrière elle la pénétrer doucement. Elle se sentait bercée par son lent et doux vas-et-viens, ses bras qui l'enveloppait avec tendresse, son souffle chaud dans son cou. Il jouit longuement alors que la jeune femme s'était déjà rendormie.
Sa longue chevelure corbeau était étalée sur l'oreiller, sa respiration était lente et profonde. Le doux arrondi de son épaule dépassait du draps, ses cils noirs se détachaient sur son teint frais. Il s'accroupit à la tête du lit, dégagea délicatement une mèche de cheveux des yeux de la jeune femme puis déposa un petit bisou sur sa joue. Il sourit, la recouvrit et se redressant, agrafa une cape grise sur ses épaules avant de refermer doucement la porte derrière lui.
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Il se présenta à la porte ouest de la garnison de la ville, elle ne comportait que trois bâtiments rectangulaires et deux maisonnettes, une cinquantaine de soldats seulement s'y trouvaient. Mais le site comportait un jardin ombragé qui abritait un petit temple dédié au dieu Camul. Un puit ornementé se tenait au milieu, et à côté, une statue du taureau en cuivre trônait grattant le sol du sabot, la tête baissée, prêt à charger.
-Kini! le salua le soldat en faction qui lui serra amicalement l'avant-bras. Que pouvons-nous faire pour toi?
Le guerrier était légèrement plus grand que lui, il était mince, brun, un visage ouvert au nez cassé.
-Je suis venu voir Andras, répondit-il en lui rendant son salut. Il est dans le coin?
-Viens, je t'emmène, proposa Einri, j'ai besoin de me dégourdir les jambes, ça fait plus de trois heures que je suis planté là.
Il lui fit contourner le bâtiment et le longèrent sur le chemin de gravier qui crissaient sous leurs pas.
-Qu'as tu fais pour te retrouver devant la porte? s'amusa Kian. Je croyais que les officiers dormaient bien au chaud dans leurs lit, laissant la garde aux idiots qui n'ont pas encore découverts le moyen d'y couper.
-Ou aux imbéciles qui se font sanctionner! répliqua-t-il sur le même ton.
-J'ai fait plus de nuits debout que je ne pourrais en compter, admit Kian avec un petit sourire. Mais si je me souviens bien, tu en a partagé plus d'une avec moi.
Ils s'esclafférent.
-Ça ne me dérange pas de poireauter, fit Einri en haussant les épaules, en général j'ai de la compagnie. (Il soupira). Nous sommes en sous-effectifs, les ennuis continuent, même si Owain nous a promis du renfort dans les prochaines semaines. Ça devrait mieux se passer maintenant que Braen n'est plus là.
Kian marmonna dans sa barbe. Ils relevèrent vivement la tête en arrivant devant une petite maison jaune. Un cheval baie, soufflait, couvert de sueur, était attaché à un poteau, le tapis de selle était vert; un messager. Ils pressèrent le pas. Einri frappa rapidement trois coups à la porte et ouvrit. Ils suivirent un petit couloir et débouchèrent dans un salon, sobrement aménagé où un bureau se trouvait devant la fenêtre.
Andras releva la tête de sa tablette d'argile, le messager se retourna et les salua, il avait les traits tirés et était couvert de poussière.
-Merci, tu peux y aller, dit Andras au messager, va te restaurer et te reposer, on s'occupera de ton cheval.
Le messager salua et sorti de la pièce sur ses jambes chancelantes.
-Vous tombez bien, asseyez-vous, proposa Andras le visage plus rouge que jamais.
Il se leva et fouilla dans une commode derrière lui et en ressorti trois bouteilles de bière pendant que Kian et Einri s'installaient sur des chaises. Le guerrier blond grimaça en buvant sa première gorgée de bière blonde fraîche.
-D'où vient le messager? demanda Einri en savourant le liquide doré.
-Du Territoire de l'Ours, répondit Andras en se frottant les yeux.
-Pas la porte à côté, remarqua Kian en passant une main dans ses cheveux blonds coupés en brosse.
-Non, acquiesça le soldat rougeaud, il a chevauché nuits et jours pour arriver, en changeant de monture à chaque relais.
-Qu'y avait-il de si pressant? questionna le brun au nez cassé.
-Le guerrier qui était chargé d'éscorter Braen dans le sud, à été retrouvé égorgé dans l'auberge où ils passaient la nuit.
-Qui était-ce? demanda Einri.
-Annwas, répondit-il doucement.
Le guerrier brun soupira en se tâtonnant le nez. Kian adressa une prière silencieuse au dieu pour qu'il accorde une place à son guerrier à ses côtés.
-Et Braen? demanda le cavalier blond qui s'était redressé sur son siège.
-Ce fils de pute s'est évaporé dans la nature, grogna Andras en vidant sa bouteille et la reposant brutalement sur la table. Les deux chevaux ont disparus mais personne dans le village ne l'a vu partir. Un avis de recherche à été lancé.
-On est sûr que c'est lui qui l'a tué? interrogea Einri.
-Certain, grommela-t-il, on a trouvé ça sur Annwas.
Il ouvrit la main, les deux guerriers se penchèrent en avant.
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Seren ouvrit les yeux et ronchonna en décollant l'oreiller de sa joue. Elle frissonna dans l'air frais, le soleil était encore bas. Elle regarda dans le lit, Kian était déjà parti, elle soupira. Elle se leva enroulée dans la fine couverture, tous ses muscles étaient courbaturés. Elle esquissa un petit sourire, il lui aurait fallu un bon bain dans les sources thermales.
Kian lui avait laissé un linge, un peigne argenté au manche gravé d'un dauphin, qui avait certainement appartenu à sa mère, un savon, une tasse de menthe fraîche infusée. Sa robe bleue était soigneusement pliée mise sur le dossier de la chaise, ses sandales disposées devant. Son coffret de produits lui manquait, ainsi que des vêtements, mais elle ferait avec. Elle accomplit ses ablutions, chantant de sa voix mélodieuse un hymne de louange à la déesse, s'habilla et peigna ses longs cheveux.
Elle fouilla dans sa petite sacoche pour voir si elle avait quelque chose d'utile. Mis à part un lacet de cuir avec lequel elle noua ses cheveux en un chignon flou et un sachet d'herbes séchées, rien. Elle descendit à la cuisine et mis de l'eau à chauffer.
Il reconnut l'odeur légèrement amère de la tisane qu'elle tenait entre ses mains et sur laquelle elle soufflait assise à la table. Toutes les femmes qu'il connaissait à quelques exceptions près, en prenait une tasse chaque matin. Il devait admettre qu'un bébé n'avait jamais fait partie de ses projets. Bizarrement il avait pensé que Seren ferait plutôt partie des exceptions. Il en était soulagé en même temps qu'un peu surpris.
Délaissant sa tasse, elle se leva avec un sourire pour l'accueillir. Il déposa les pâtisseries sur la table, l'embrassa tendrement et la serra contre lui.
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