NOUVELLE VOLIÈRE • PT.I
Il était en retard. Habillé à la vas-vite, sa chemise même pas rentrée dans son pantalon, Apollodore arpentait les couloirs d'un pas rapide, sans toutefois se mettre à courir. Il ne voulait pas être mit à l'index pour mauvaise tenue et manque de discipline dans les couloirs, en plus de son retard. Le bâtiment était immense, et il n'avait pas encore tout à fait prit ses marques. Aussi, il dû s'y reprendre à deux fois pour trouver sa salle de classe. Il pénétra dans le petit atelier encombré d'outils, de modèles et d'étudiants, et, aussi discrètement qu'il en fut capable, il alla s'installer dans un coin, là où il restait un peu de place. Sans tarder, il défit sa veste ceinturée qui entraverait ses mouvements et prit dans sa main gauche le burin, dans la droite le maillet de bois. Il regarda autour de lui, ce que les autres étudiants faisaient, pour rattraper les consignes qu'il avait loupé. L'enseignement du jour semblait porter sur le rendu des volumes. Il prit un instant pour souffler, se détendre et faire le vide, raffermit sa prise sur le burin, le déposant délicatement, incliné de l'angle adéquat contre l'aspérité de la pierre de tuffeau face à lui, et il donna le premier coup de maillet, faisant voler quelques éclats minéraux, et soulevant un léger mage de poussière blanche.
Tandis que le professeur, au centre, sur l'estrade, continuait son laïus, expliquant à quel point il fallait ressentir la pierre, presque la travailler comme un élément vivant, en apprécier la force et en détecter les zones faibles, accepter de modifier l'image de l'œuvre que l'on a dessiné sur le papier pour l'adapter aux caractéristiques de la pierre que l'on a en face de nous, Apollodore se laissait guider par le son des coups de burin tout autour. Il y avait quelque chose de terriblement apaisant dans ce vacarme, un sorte de cacophonie que l'on ne retrouve que dans les têtes créatives. Un bruit extérieur qui reflétait celui des idées qui se chamboulaient à l'intérieur. C'était pour cela qu'il préférait de loin la sculpture à la peinture. Pour autant, il savait bien que les deux se complétaient, et c'était pour cela qu'il suivait le plus de cours possible en auditeur libre quand les professeurs l'acceptaient. Pour lui il était presque impensable de séparer les disciplines comme cela était fait académiquement. Il aurait même voulu, s'il l'avait pu, peindre des paysage sur les corps élancés de ses statues. Mais c'était tout à fait hors de propos pour ses professeurs et pour les méthodes académiques. Et quelque part, on lui avait toujours appris à se fier à l'ancienneté de ses aînés. Si cela n'avait jamais été fait, c'était sûrement eu ça n'avait pas lieu d'être. Il ne pouvait décemment pas être le premier à penser faire cela alors qu'il y avait tant de générations d'artistes qui l'avaient précédé. Sûrement que combiner les deux, sculpture et peinture, au lieu d'apporter nouveauté et fraîcheur, une nouvelle vision, appauvrirait les deux genres, et c'était pour cela que l'académie ne laissait pas ce genre d'idées se faire une place. Parce que l'intérêt artistique de ce genre d'entreprise serait bien moindre que ce qu'Apollodore s'imaginait quand il y songeait. Car il était jeune et loin d'être un artiste accompli et pouvait encore se fourvoyer sur de mauvaises voies.
Le cours passa à une vitesse hallucinante. Plusieurs fois, son professeur passa dans son dos pour observer sa composition, mais sans faire le moindre commentaire. Ça stressait Apollodore. Il n'avait toujours pas entièrement assimilé la discussion qu'il avait eut avec lui la veille, et c'était peut-être juste son imagination qui le travaillait, mais il avait l'impression que son professeur passait beaucoup plus de temps à regarder son travail que celui des autres élèves. Ou peut-être qu'il avait trop d'estime de lui.
A chaque fois qu'il le sentait dans son dos, Apollodore se crispait, il devenait attentif au moindre de ses gestes, par peur de faire une erreur, n'importe quoi qui pourrait montrer à son professeur qu'il n'était pas prêt, qu'il n'avait pas le talent, la technique, pour être présenté au concours. Mais à chaque fois, son professeur repartait sans rien n'avoir dit, sans rien laisser paraître de ce qu'il pensait, si ce n'était de temps à autre une main qui se posait sur l'épaule, le bras ou la nuque d'Apollodore, en un geste manquant sûrement de déontologie mais qui se voulait encourageant.
Après le cours, qui avait été plutôt long malgré le ressenti qu'en avait eut Apollodore, s'étant étalé sur l'entièreté de la matinée, le noir resta un peu dans la salle de travail, absorbé par sa sculpture qui prenait forme. Il y passa toute sa pause déjeuné. Quand, vers quatorze heure son professeur revint en salle, il fut surprit de découvrir son élève encore en plein travail, absorbé par sa sculpture qui avait plutôt pris forme.
« Apollodore ? »
« Oh, Monsieur Laurent. Je suis désolé, j'ai pas vu le temps passer. Je remballe mes affaires et j'y vais. »
« Qu'est-ce qu'on avait dit, Apollodore, appelle-moi Alain. Tu es resté ici toute la pause repas ? »
« Je me suis laissé absorber par ce que je faisais. »
Alain C. Laurent s'appuya contre l'un des tabourets pour venir voir comment il avait avancé dans sa création.
« C'est bien. Ta proposition de composition est intéressante. La prochaine fois, tu pourrais un peu plus travailler sur ton rendu texture. Il ne faut pas que tu hésites à changer d'outils pour affiner tes tracés. »
C'était étrange, il y avait quelques heures de cela, son professeur n'avait pas décroché un mot sur son travail, et maintenant qu'ils étaient seuls, il ne tarissait plus de remarques. De plus, la proximité qu'il mettait entre eux deux était assez troublante. Apollodore ne savait pas trop qu'en penser.
Après quelques petits conseils échangés, Apollodore, commença à remballer ses outils. Les étudiants du cours suivant allaient bientôt arriver. Alors qu'il allait quitter la pièce, son professeur le rappela :
« Apollodore ? »
« Oui ? »
« Tiens. »
Il s'approcha en quelques pas, lui tendant un petit paquet en papier brun.
« Tu n'as sûrement pas eut le temps de manger. Il me reste une petite part de tarte aux pommes de ce midi. Mets-toi un petit quelque chose dans le ventre. C'est important pour bien travailler. »
« Oh. Merci. C'est très gentil. »
Il saisit le sachet qu'Alain lui donnait avec un petit sourire. Une fois sortit du bâtiment, il traversa la cour Bonaparte, avec son sol de pavés colorés, pour quitter le campus. Quelques livres qu'il avait prévu d'étudier sous le bras, il emprunta un des nombreux ponts qui enjambaient la Seine pour rejoindre le jardin des tuileries. Il avait prévu de s'y installer au calme pour lire, et peut-être dessiner un peu. Théoriquement, il avait encore quelques cours magistraux cet après-midi, mais il choisi sciemment de faire l'impasse sur ceux-ci. La vérité était qu'il était toujours troublé par ce que son professeur lui avait dit au sujet du concours, et il devait prendre le temps pour y réfléchir, savoir s'il aurait l'énergie et le talent nécessaires à investir dans une pareille entreprise. Le pire qu'il pourrait faire étant de foncer tête baissée, simplement pour quelques remarques qui lui disaient qu'il avait du talent, puis de se révéler franchement pas à la hauteur, faisant perdre son temps à son professeur.
-
Avec mes deux nouveaux jobs, c'est un peu compliqué que tenir le rythme que j'avais prévu (surtout cette semaine où j'étais franchement crevée, j'ai plein d'heures qui ont été déplacée ce qui fait que j'ai pas eut de jour de repos depuis deux semaines haha) mais mes horaires devraient être plus fixes à partir de maintenant, donc je désespère pas de réussir à tenir mon planning, et si vraiment je vois que ça coince, je baisserais le nombre de publications par semaine.
BREF, s'il y a pas de problèmes d'ici là, on se voit mardi pour la suite de ce chapitre 2 🍂
Kisu ❣️
Avec amour et dévotion,
ParadoxalementParadoxale.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top