— Ce sera avec plaisir que je t'adresserais notre aimable Conseiller suprême, lui assurai-je avec un sourire entendu qu'elle me rendit.

— Faites bon voyage et revenez nous vite, clama une prêtresse.

— On se charge de mettre en route les premières installations sur Aterrae, nous rassura une autre.

— Merci, ne vous tracassez pas nous allons veiller sur ces deux-là, assura Angal tandis que nous commencions à nous tourner dans la direction de la navette.

— À très vite nous l'espérons, lança Ys tout en nous saluant.

Il nous fut pourtant impossible de partir séance tenante. Les « au-revoir » s'éternisèrent un peu trop, tout le Sanctuaire semblait se succéder pour accompagner de ses vœux la petite Illana. Ou alors, c'était mon manque de patience qui me fit exagérer.

Quoi qu'il en soit, nous parvînmes tout de même à rejoindre la navette. Une fois en marche, Angal retira le linge permettant ainsi à Deinillana de se joindre à nous, au sens figuré du moins. Elle apprécia énormément la vue qu'offrait une sortie atmosphérique, se rappelant les émotions ressenties alors qu'elle avait onze ans lors de son arrivée sur Terrae.

La perspective qui s'ouvrait sur l'extérieur du Thémis l'impressionna tout autant. Quant à moi c'était d'arriver à percevoir autant d'émotion dans ses prunelles lunaires qui me tenait perplexe.

— Je comprends pourquoi à l'époque le prince Deneva avait proclamé qu'il s'agissait de sa plus belle œuvre mécanique, déclara-t-elle admirative.

— On s'est tous accordés sur ce fait, lui confia Auroria un sourire léger sur son visage.

Je savais qu'il dissimulait quantité de souvenirs et de sentiments de sa première incarnation.

Il fallait avouer qu'après les bouleversements de la soirée des réconciliations au palais, ils s'étaient tous deux découvert beaucoup d'affinités. Tant et si bien qu'elle fut bientôt l'épouse de Deneva à cette époque et celle qui l'assistât le plus dans tous ses travaux.

Elle était, par conséquent, celle qui connaissait le mieux le Thémis, bien que quelques-uns des composants mis en place par sa moitié, nous restaient encore inconnus. Pour reprendre ses propres paroles « cela aura son utilité en temps voulu » déclaration sibylline irritante, à force de se l'entendre dire. S'il avait été là, Linéas aurait dit que ce n'était rien de plus que l'impatience de la jeunesse, bien que cette excuse ne soit plus appropriée à présent. Quoique, si l'on considérait nos comportements dans leur globalité, la question méritait de se poser.

— Est-ce que l'un d'entre vous pourrait me faire le plaisir d'une visite ? questionna-t-elle.

— En combien de temps pouvons-nous gagner Tercera ? interrogea Styx.

— Un mois, peut être trois semaines, tout dépend des performances de votre vaisseau.

— Dans ce cas, on aura le temps de vous faire plaisir une douzaine de fois, si vous en avez le courage, la renseigna-t-il.

— Merci infiniment.

Drake posa rapidement lanavette au hangar. Une fois les portes fermées, l'espace pressurisé et oxygéné,nous débarquâmes. Le hangar fut donc le point de départ de l'exploration duThémis pour la grande prêtresse. Illana gardait les yeux grands ouverts etobservait tout ce qui s'offrait à son champ de vision en babillant gaiement.