Apprendre qu'Illana était la fille d'Hide me faisait regarder ce petit poupon différemment. Elle avait quelques petites mèches auburn, et était tranquillement assoupie dans ses draps blancs.

— Je ne sais pas comment la famille Stradon va prendre l'arrivé d'Illana, s'inquiéta-t-elle en la dévorant amoureusement des yeux.

— Ne vous en faites pas, Hide reconnaitra sa fille et s'en occupera avec plaisir.

— Je serai là pour l'assister, affirma Ys. Ne me regarde pas comme ça, Sahiane. Deinillana m'a suppliée de m'en occuper comme de ma propre fille. Bien inutile de demander, toutes ici le feront avec plaisir. Comment résister à une telle frimousse ?

— Ça va te faire beaucoup de responsabilités, maintenant que tu es la grande prêtresse.

— Je dois surtout faire le lien entre le Cercle, le haut roi et le Conseil. Alors ce ne sera pas un problème. D'autant que c'est un ange, minauda-t-elle.

— Dans ce cas, pas la peine de discuter.

— Je ne crois pas que vous puissiez la faire changer d'avis, commenta Deinillana.

— Je sais bien. Quand comptez-vous mettre Hide au courant de sa paternité ?

— Dès notre retour de Tercera. Je ne peux pas le faire plus tôt, sinon il voudra sans doute nous accompagner, je ne souhaite pas qu'il y ait de soucis vis-à-vis du Conseil. J'espère que vous pourrez m'y conduire à notre retour.

— Bien entendu, ce n'est pas non plus comme si vous pouviez y aller seule.

— Je ne peux me déplacer qu'en fonction de là où l'on mène ma lanterne, j'ai quelques mètres d'autonomie où je peux évoluer dans sa sphère.

— C'est entendu. À présent, si vous me le permettez, je vais prendre congé.

— Je vous en prie.

— Ys, tu veux bien me raccompagner ?

— Oui, bien sûr. Je me charge de faire monter quelqu'un pour langer Illana et venir lui donner à manger.

— Merci Ys. À demain, Sahiane.

— À demain, Deinillana.

Je sortis de la pièce suivie de ma sœur qui referma la porte derrière elle, m'engageant à la suivre dans les couloirs.

— À présent qu'il n'y a plus que nous deux, raconte-moi tout ce que j'ai manqué pour que tu en arrives à devenir la nouvelle grande prêtresse !

— Que veux-tu que je te dise, j'ai été sage ! me nargua-t-elle. J'ai toujours bien appris mes leçons. Et d'après Deinillana, mon esprit, mon caractère et la tempérance dont je fais preuve étaient des arguments on ne peut plus favorables.

— Et c'est tout ? Je suis un peu déçue...

— Je pense aussi que le fait que je sois la très probable future moitié du haut roi, ait dû jouer.

— Quoi ! Depuis quand caches-tu des choses aussi importantes à ta petite sœur chérie, lui reprochai-je.

— Je ne t'ai rien caché, s'offusqua-t-elle, j'ai juste attendu que ce soit un peu plus sérieux avant de t'en parler.