Chapitre 2 : Ma création, un mariachi pour guide
Je ne me souviens plus très bien de mon apparition. Juste que, de nul part bah... je me suis mis à exister.
Conscience de moi, en tant que personnes puis conscience de mon corps.
J'ai -à proprement parler- spawn pour la première fois.
J'ouvris les yeux. Il y avait des tas de personnes face à moi, sûrement une bonne cinquantaine.
Il y avait un silence de plomb. Je ne savais pas quoi dire. Puis dans la foule passe un murmure. Indistinctement j'entendis quelqu'un demander "Vous pensez qu'elle est comme Spike et Gray ?".
Puis, se détachant de la foule, un squelette, en habit de mariachi, s'approcha de moi tout sourire. Il avait un cœur sur le front, une guitare accrochée dans le dos et les yeux décorés de vert et rose, comme dans dios de los muertos au Mexique.
Instinctivement je lui rendis son sourire.
D'une voix légèrement aiguë et empreinte de gentillesse il s'exclama :
- Salut ! Moi c'est Poco. Bienvenue à Starr Park !
- Enchantée moi c'est Alex !
Un nouveau murmure traversa la foule, cette fois les autres semblaient satisfaits. À croire que si j'avais eu la même caractéristique qui liait la personne qui s'appelle Spike et l'autre nommée Gray, ils auraient été déçus.
Poco me tapota doucement l'épaule, émettant un adorable rire, comme s'il avait lut dans mes pensées.
- Ne fais pas attention à eux, ils sont juste curieux, me dit-il. J'ai ma journée de libre, ça te dit de faire un tour avec moi ?
Je hocha vigoureusement la tête. Puis Poco tourna les talons et partit, rapidement suivit par moi.
On fendit la foule avec aisance, les autres semblaient s'écarter à mon passage.
Mais je n'avais pas une mauvaise sensation due à ce traitement, au contraire. C'était plus comme une marque de respect car, où que je regarde, les gens étaient tout sourire avec des visage débordant de bienveillance.
Poco commença par me présenter la boutique de souvenirs. Un espèce de grand magasin avec des figurines et des produits dérivés à l'effigie de gens que j'avais croisé et, aussi surprenant que cela puisse paraître, je vis quelques peluches de moi.
Poco se dirigea vers le comptoir puis il s'adressa à la caisse enregistreuse posée dessus.
- Bonjour Griff. Où est Colette ?
Je ne pus retenir un sourire, ce squelette est sérieusement en train de parler à la caisse du magasin ? Ok, c'était probablement une caisse qui agissait comme un assistant vocal tel que Siri.
Mais sous mes yeux ébahis je vis la caisse enregistreuse remuer et lui répondre avec une voix encore plus haut perché que celle de Poco.
- Dans l'arrière boutique, elle range les nouveaux arrivages de... Oh mais, justement ! Voici la nouvelle brawler !
Il me tendit la main. Je souris en remarquant que le gant qu'il portait est troué au niveau de l'index, laissant apparaître un doigt humain.
J'attrapai sa main que je secoua brièvement, me demandant sincèrement comment un homme avait pu rentrer sa tête dans une caisse enregistreuse.
Après quoi, Griff se racla théâtralement la gorge et appela la dénommée Colette.
Peu après, une jeune adulte passa la tête à travers le cadre de la porte la plus proche.
Elle avait les cheveux en bataille, blanc et aucune de ses mèches folles ne fesait la même longeur.
Elle ouvrit la bouche, probablement pour demander la raison de son appel, mais en me voyant son expression changea radicalement.
Je pus y lire de la surprise, puis une joie intense, et pour le pas mentir, une lueur démoniaque dans ses yeux, accentuée par le fait qu'elle avait des dents fichtrement pointues.
Puis avec une voix encore plus aiguë que celle de Griff et de Poco, elle se rua vers moi à toute vitesse.
Je me souviens m'être demandé si toutes les personnes que je rencontrerais auraient une voix de plus en plus aiguë ? Il était hors de question que je me mette au décodage des ultrasons !
Mais le temps de penser ça, Colette était déjà littéralement sur moi, en train de me faire un de ces câlins de la mort qui tue à m'en broyer les côtes.
Puis à travers les pillayements aiguës de Colette j'entendis Poco rire et expliquer à la jeune fille.
- Comme je savais que tu ne pouvais pas sortir aujourd'hui pour assister à la génération d'Alex, je me suis dit que j'allais te l'amener !
- Poco je t'aime !
Elle lui enleva son sombrero et lui planta un bisous sonore sur le crâne. Je vis le squelette rougir un peu, gêné de l'attitude de son amie.
- Désolé, elle est toujours comme ça, s'excusa-t-il en me regardant pendant qu'il replaçait honteusement son couvre-chef.
- Oh mais ça ne me gêne pas ! dis-je amusée. Colette, enchantée. Moi c'est Alex !
- Alex ? J'adore ! Toi et moi, faut absolument qu'on parle. Tu sais déjà quelle sorte de Brawler tu es ? Tu as déjà un trio ? On dirait pas que tu pourrais aller chez Grom et Ash ou avec Gus... Encore moins avec Buzz ! Je suis trop contente ! T'as l'air super cool comme nouvelle chromatique !
Elle aurait sûrement continuer des heures à me sortir des termes plus incompréhensibles les uns que les autres si Griff ne l'avait pas rappelé à l'ordre pour continuer de ranger les marchandises. Après avoir tenter de négocier avec celui que j'identifia comme son parton, elle obtint de nous rejoindre une fois qu'elle aurait trier les derniers cartons.
La boule d'énergie reparti aussi vite qu'elle était venue et Poco m'attira à l'extérieur.
Encore une fois il s'excusa de la conduite de Colette et je le rassura que je m'en souciais comme ma première paire de chaussettes.
Maintenant que j'y pense, j'ai dû m'ingénier à ne pas marcher trop vite car même si Poco faisait des pas aussi grands que possible, sa petite taille le rendait lent par rapport à ma cadence !
Cependant, j'avais la tête ailleurs : certaines des phrases prononcées par Colette ne voulaient pas quitter mon cerveau. Finalement, j'ai demandé à mon nouvel ami.
- Dit Poco, ça veut dire quoi Brawler ?
- Oh mes aïeux ! J'ai complètement zappé, tu ne connais rien de ce monde ! Brawler c'est le nom générique que l'on donne au habitants d'ici.
- D'ici ? Pourquoi il y a un "ailleurs" ?
- Eh bien, il parait que dans un autre monde, des personnes contrôlent des avatars à nos images pour les faire se combattre, oui.
- Et chromatique ? C'est quoi ça un chromatique ?
Poco souris, il paraissait amusé. Je devais avoir l'air bête à poser des questions évidentes comme ça.
- Chromatique c'est une "rareté" de brawler. Il y a six types de rareté : Rare, Super Rare, Épique, Mythique, Légendaire et Chromatique. Bien que chez nous ça ne veuille rien dire, apparemment dans le "là-bas" un brawler rare, comme moi, serait plus facile à "obtenir" qu'un Brawler légendaire.
- Tu es un Brawler rare ?
- Oui. Et toi, chromatique. Tu as la spécificité de changer de rareté au fil du temps. Cette saison tu est légendaire, la saison suivante tu sera mythique et enfin, la saison d'après tu deviendra et restera épique. Colette c'est une chromatique par exemple !
Je hocha la tête. Tentant d'intégrer les nouvelles connaissances qui pleuvaient sur moi.
- Qu'entends-tu par "saison" ?
- Le rythme d'apparition de nouveaux Brawlers. C'est une notion qui s'est particulièrement ancrée avec les premiers chromatiques. Chaque saison on a le droit à un, deux ou, plus rarement, trois nouveaux Brawlers. Dans ton cas tu as spawn seule. La saison prochaine, en plus d'un nouveau chromatique, on aura sûrement un nouveau brawler d'une rareté différente.
Soudain une sonnerie retentit. On aurait dit du rock. J'identifia aisément quelques paroles telles que "Trust me, I'm right behind you" ou encore "You know you fell for the healing lies".
Le rythme était assez accrocheur cependant Poco était devenu rouge coquelicot et tenta fébrilement d'attraper son téléphone. Une fois l'objet en main il décrocha et répondit nerveusement.
- Stu, je suis occupé !
Une voix indistincte s'éleva du combiné.
- Quoi ?! Non pitié dit moi que c'est une blague ?
La voix avait un ton d'excuse de l'autre côté de la ligne. Je pencha la tête sur le côté, intriguée.
- Mais je suis en train de faire visiter Starr Park à la nouvelle, je ne peux pas la laisser en plan...
Un temps.
- Oui... d'ici une dizaine de minutes Colette devait nous rejoindre... Pourquoi ?
La voix répondit quelque chose avec un ton plus joyeux que tout a l'heure et Poco souffla.
- Bon, bon... On fait comme ça... Oui c'est ça... Au revoir.
Et le squelette raccrocha, marmonnant un truc par rapport à un salle tas de ferraille mal organisée puis il inspira et se tourna vers moi.
- Je ne veux en aucun cas paraître rude, commença-t-il. Cependant... J'ai... Enfin, je dois y aller. J'ai un imprévu de dernière minute. Ce n'est en aucun cas personnel !
Je me souviens avoir souris et tapoté le haut du crâne de mon ami.
- Du calme, mon petit mariachi, ça arrive à tout le monde. Va ! Ça avait l'air important, j'attendrai Colette.
Poco se répandit en excuses et envoya un message à Colette pour lui dire que je l'attendais au niveau du quelque chose qui s'appelait "le terrain d'entraînement".
Il partit. Lorsque je le perdis de vue je me retourna et trouva un banc sur lequel je décida de m'assoir. De l'autre côté de l'allée, je voyais d'étranges robots. Tous immobiles. Je haussai les épaules et sortit ma tablette pour dessiner.
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