Chapitre 4


Non loin de l'amphithéâtre avait été construit un bourg, il y avait de cela deux décennies. Quasiment inanimé durant l'année, il accueillait pourtant quelques milliers de personnes lorsque le tournoi était organisé. Il était majoritairement constitué d'auberges et de tavernes dédiées aux spectateurs. Quant aux participants, ils étaient logés dans un bâtiment privé un peu à l'écart afin de les préserver des foules et des trop grands passionnés. C'était là que Zelda devait dormir pour trois nuits, dans une chambre évidemment séparée de celle de Link car les combattants ne partageaient jamais leur espace privé. Il y avait déjà eu des problèmes par le passé à cause de la cohabitation, alors les organisateurs avaient choisi d'attribuer des chambres individuelles. Cette décision convenait parfaitement à Zelda, d'autant plus qu'elle aimait avoir du temps seule en période de grande nervosité.

Xen, supposément son servant, était logé avec ceux de sa condition dans une petite maison à côté du bâtiment réservé aux participants. Ainsi il pouvait toujours apporter ses services à Zelda et la retrouver rapidement si elle le demandait. Si tout se passait bien, il n'aurait qu'à la voir le jour suivant pour les derniers préparatifs.

Dans le couloir menant à des dizaines de petites chambres, Zelda suivait silencieusement Link et observait la décoration des plus simplissimes : des petits tableaux de paysages qui ornaient par endroits les murs du couloir. Ils n'y étaient pas seuls : d'autres hommes cherchaient aussi leurs chambres, visiblement des concurrents de pays limitrophes. Ils ne soupçonnaient pas une seule seconde que Zelda pouvait être une femme sous son uniforme de garde royal. Ils l'avaient toisée un long instant, sans doute pour jauger son gabarit ou sa force. La jeune femme avait feint de les ignorer, parfaite dans son rôle de garde hautain et fidèle aux préjugés.

Link s'arrêta finalement devant une chambre dont le numéro correspondait avec celui sur ses clés. Il se tourna vers sa compagne de route et les lui tendit.

- Voici ta chambre, déclara-t-il sur un ton neutre. Installe-toi et repose-toi du voyage. Je viendrai te chercher quand il sera l'heure de dîner. Je m'annoncerai après avoir frappé à ta porte. Si quelqu'un demande à te voir et que ce n'est pas moi, ne viens pas ouvrir et ne donne aucun signe de présence.

La présence d'autres combattants força Zelda à rester silencieuse et à hocher la tête en signe de compréhension. Elle entra dans sa chambre et referma rapidement la porte avant de s'adosser contre et de pousser un long soupir. Enfin un peu de tranquillité et loin de la nécessité de se cacher. La blonde retira son béret qui lui donnait un peu trop chaud à l'intérieur, puis elle alla le poser sur l'unique table basse de sa chambre. Mis à part une commode et un lit, rien d'autre n'occupait la chambre. Les concurrents n'étaient pas des privilégiés, il n'était donc pas nécessaire de leur octroyer un confort notable. Un domestique arriverait bientôt pour lui apporter le bagage qu'elle avait laissé à l'entrée. Ce serait sans doute l'unique personne à qui elle ouvrirait. Dorénavant, Zelda n'avait plus qu'à se reposer pour le lendemain, le jour où les épreuves commenceraient réellement et la mettraient au défi. Le jour où elle endosserait la responsabilité de représenter tous les chevaliers et la grandeur de son ordre.

oOo

Le grand jour était arrivé, l'effervescence était à son comble dans le bourg et sur le chemin vers l'amphithéâtre. Des marchands ambulants en profitaient pour vendre aux spectateurs des mouchoirs en tissu représentant les différents emblèmes de tous les pays participants. Des chevaliers assuraient la sécurité de tous les civils dans les rues, et d'autres surveillaient l'entrée de l'immense bâtiment de pierre circulaire. Les participant du tournoi devaient arriver une heure plus tard au sein de l'arène, le temps que tous les spectateurs eussent pris place dans les tribunes et les chevaliers eussent défilé.

Six nations participaient, dont le royaume d'Hyrule et la contrée Gerudo. Trois duos de combattants représentaient leur patrie respective. Les six dirigeants étaient déjà sur place, ils avaient une loge spéciale au plus proche de l'arène afin de ne rien rater des épreuves. Des guerriers de leur propre peuple assuraient leur sécurité durant tout le tournoi, le roi d'Hyrule était particulièrement protégé à cause de la présence du souverain gerudo, Ganondorf. La paix ne tenait encore qu'à une ficelle.

De son côté, Zelda s'était préparée toute la matinée pour ce grand moment. Elle s'était revêtue de l'uniforme de la Garde, et Xen l'avait aidée à préparer son équipement. Il ne pourrait évidemment pas la suivre durant ses combats, cependant son statut de serviteur personnel lui permettait de regarder le combat depuis une tribune réservée aux auxiliaires comme lui, prêts à courir aider leurs maîtres à la fin d'une épreuve s'il y avait un problème.

Il fut l'heure pour elle de partir avec les cinq autres gardes royaux, dont Link. Les quatre hommes, qu'elle ne connaissait pas, ne lui avaient toujours pas adressé la parole. Ils pensaient avoir affaire à un simple garde non gradé choisi au dernier moment par Link. Selon ce qu'on leur avait dit, ils avaient affaire à un certain Geoffrey, encore inconnu car manifestement nouveau dans l'ordre. Sur le chemin que les spectateurs n'avaient pas le droit d'emprunter, Zelda gardait le regard rivé au sol, le stress avait formé une boule dans sa gorge et altérait le bon fonctionnement de sa respiration. Elle avait bien du mal à gérer ses émotions, au point d'ignorer totalement les regards de Link. Pour l'instant, la jeune femme ne pensait qu'à elle et elle seule. Le plus grand événement de sa vie allait bientôt commencer, et il faudrait bientôt révéler la tromperie aux yeux de tous. La première épreuve commencerait dès la fin de l'ouverture du tournoi, et selon les rumeurs, elle combattrait en troisième position avec Link. La chevaleresse ne savait pas encore quand ni comment elle dévoilerait son identité, et cela ne faisait qu'accentuer sa tachycardie.

Une fois arrivés dans l'immense bâtiment de l'amphithéâtre, un coordinateur du tournoi demanda aux six gardes de s'arrêter et d'attendre que ce fût leur tour. De là où ils étaient, au sein d'un large couloir qui menait à l'arène, ils apercevaient les chevaliers défiler en rangs sous les acclamations du public. Les différents chefs d'état étaient déjà placés dans les tribunes et assistaient à l'entrée de leurs combattants respectifs. Les Hyliens étaient les derniers à se présenter pour clôturer le défilé. Afin de la rassurer un peu, Link lui frotta affectueusement le dos en lui adressant un sourire qu'elle fut incapable de renvoyer.

- C'est à vous ! annonça le coordinateur en s'écartant pour les laisser passer.

Sans un mot, les gardes royaux s'engouffrèrent dans l'arène, marchant avec assurance et fierté. Zelda les imita tant bien que mal et s'assura d'éviter tout contact visuel avec les chevaliers qui s'étaient dispersés le long du mur interne circulaire. Quant au public hylien, les acclamations doublèrent d'intensité en voyant leurs champions apparaître. La chevaleresse leur en voulut de ne pas accorder autant d'engouement pour ses compagnons qui avaient paradé. Il était temps que cela change.

Les six combattants se placèrent sur la même ligne que les cinq autres groupes de concurrents. Ils attendirent calmement que le silence gagne la foule, ce qui nécessita de longues minutes. Quand le roi jugea que le moment était venu, il se leva, suivi du regard par tous, et il n'eut qu'à saluer les participants en inclinant la tête pour marquer le début de l'évènement. Connaissant le protocole à respecter, les spectateurs ne firent qu'applaudir sans émettre la moindre exclamation. Tout à coup, des cuivres résonnèrent pour jouer l'hymne hylien puis le présentateur principal prit la parole en parlant dans un cor qui amplifiait suffisamment sa voix.

- Mesdames, Messieurs, la première épreuve va débuter, récita-t-il d'une voix solennelle. Les champions affronteront les créatures maléfiques qui peuplent le royaume. Il s'agit d'une épreuve de rapidité, leurs adversaires doivent être battus dans un temps imparti.

Il était de coutume de ne pas rendre les annonces spectaculaires, car seuls les concurrents devaient embraser le public. La voix monotone du spectateur eut le mérite de ne pas ajouter plus de pression à Zelda qui parvenait enfin à réguler sa fréquence cardiaque et sa respiration. À la suite de l'annonce et au bruit de la foule qui reprenait, la blonde sentit Link lui prendre le bras et se pencher vers elle pour lui la prévenir :

- Nous devons aller dans le couloir d'attente avant notre tour. Observe bien comment se déroule le combat et jauge les capacités de chacun de nos adversaires.

Elle hocha la tête et suivit l'intégralité du groupe de combattants en dehors de l'arène. Pendant ce temps, les chevaliers quittaient aussi les lieux pour n'y laisser que les coordinateurs qui préparaient le premier combat. Zelda ne savait pas encore quel genre de monstres elle combattrait, elle espérait que ce ne seraient pas des moblins car ils étaient bien trop puissants physiquement pour elle. Les lynels étaient interdits car ils avaient déjà tué des guerriers par le passé, ce qui n'était évidemment pas le but des organisateurs du tournoi.

Les premiers à combattre étaient deux hommes du pays de Prismalia, réputé pour ses lanciers d'exception. Ce fut à son grand damne que Zelda eut la confirmation de ses craintes : elle affronterait, tout comme eux, des moblins. Ces créatures de trois mètres de haut étaient armées de grosses masses humainement impossible à soulever. Cela faisait d'eux des adversaires certes lents mais très puissants. Un seul coup pourrait lui être fatal malgré la cotte de mailles qu'elle portait sous son surcot aux couleurs de la Garde. L'Hylienne observa avec attention et nervosité le combat qui allait commencer. Les deux Prismaliens attendaient l'un à côté de l'autre au centre de l'amphithéâtre. Dans le mur qui entourait l'arène, une grille se leva et libéra le premier moblin à la couleur noire. L'un des deux hommes s'avança et entama ce premier combat traditionnel de l'épreuve d'ouverture du tournoi.

Zelda s'imagina à sa place, combattre seule face à un moblin de cette taille. Par le passé, elle avait déjà combattu des moblins lors de raids. Cependant ils n'avaient jamais été de cette race-là à la couleur noire. Elle n'avait affronté que des plus petits et moins dangereux.

- Chaque moblin doit être terrassé en moins d'une minute. Les moblins noirs et blancs n'agissent pas comme les autres, ils attendent toujours que ce soit leur adversaire qui attaque, lui indiqua Link qui ne quittait pas des yeux le combat qui se déroulait devant eux. Ils sont très intelligents, il ne leur suffit que de quelques instants pour nous jauger.

Le bruit de la foule couvrait à moitié sa voix, ce qui donna à Zelda l'opportunité de lui répondre sans être entendu par les autres participants.

- Qu'est-ce que je dois faire si le temps nous est compté ?

- Le décompte ne commence que lors du premier coup donné par n'importe quel des deux adversaires. Prends le temps d'analyser la posture et l'arme de ton moblin. Feinte la première attaque mais garde toujours une distance de sécurité face à la masse. S'il y a un problème, je n'ai le droit que d'intervenir qu'une seule fois en ta faveur.

L'inverse était également autorisé ; si Link avait un problème durant le combat, Zelda avait droit à une seule action pour lui venir en soutien. Cette règle avait été mise en place après quelques malheureux décès de participants face aux lynels.

Zelda déglutit et assista à la mise à mort du premier moblin. Cela s'était fait tout juste dans les temps. Le deuxième Prismalien vainquit à son tour son adversaire, marquant la première qualification à la deuxième épreuve. Quant au duo qui le suivit, l'un des participants ne parvint pas à tuer le monstre dans le temps imparti, disqualifiant son binôme par la même occasion. Le tour de Link et Zelda arriva ainsi, ne laissant guère plus de temps à la jeune femme d'apaiser sa nervosité et de réfléchir à la meilleure combinaison d'attaque. Elle prit en main le bouclier noir de la Garde, réputé plus léger et résistant que celui des chevaliers et s'avança en même temps que Link lorsque le coordinateur le leur permit. Le brouhaha continu dans les tribunes explosa lorsque le premier binôme de gardes royaux fit son apparition pour combattre. Le coeur de la chevaleresse manqua un battement et tout son ne parvint plus jusqu'à elle, comme si elle venait de se détacher de la réalité. Zelda ne prêtait même plus attention à son souffle saccadé et à ses doigts crispés autour de la poignée de son bouclier. Elle avança sans un mot au centre de l'arène et imita Link quand il s'immobilisa.

- Je vais entamer le combat, déclara-t-il avec assurance.

Elle hocha la tête, son teint pâle trahissait ses émotions. Zelda s'écarta pour laisser une dizaine de mètres entre elle et son coéquipier puis elle posa son bouclier devant ses jambes en attendant que le combat commence. Au loin, le premier moblin entra à son tour dans l'arène. Il ne lui fallut que quelques secondes pour apercevoir Link qui dégainait son épée. Aussitôt, le monstre rugit en tenant fermement sa massue, puis il courut en direction de l'Hylien. Une fois qu'il fut à plusieurs mètres de lui seulement, il s'arrêta et commença à faire le tour du garde royal en le jaugeant attentivement.

Zelda repensa aux mots de Link ; il avait raison en disant que les moblins noirs n'attaquaient jamais les premiers. Son coeur martelait toujours sa poitrine, et cela ne se calmerait pas avant la fin de leur confrontation.

L'Hylien fit un pas soudain en avant, comme s'il s'apprêtait à s'élancer, mais il n'alla pas plus loin. Comme il l'espérait, le moblin s'arrêta de marcher en pensant que son adversaire allait se jeter sur lui, et il plaça sa masse face à lui. Le décompte du combat commença alors : Link feignit une fente en sa direction, élançant son bras gauche devant lui. Le moblin tente de parer le coup à l'aide de son arme, mais l'épée s'arrêta plusieurs centimètres devant celle-ci. Pensant à une erreur de la part de l'Hylien, le moblin eut le malheur de relâcher une once de tension en s'imaginant contre attaquer. Cependant, Link fit aussitôt un pas en avant pour se rapprocher de sa cible en rabattant son épée derrière lui. Il mit en avant l'épée qui tenait son bouclier puis il donna un puissant coup grâce à celui-ci dans la massue.

Le bras du moblin fut éjecté sur le côté, bien qu'il ne lâchât pas son arme. Le monstre recula contre son grès, déstabilisé par ce coup de bouclier, et il n'eut pas le temps de se protéger quand il vit l'épée s'abattre de nouveau vers lui. La lame trancha la peau de ses larges cuisses, lui arrachant un rugissement grave. Sous l'effet immédiat de la douleur, ses genoux flanchèrent et perdirent toute force, ce qui le fit tomber en avant. Dans un élan désespéré, il tenta d'abattre sa massue sur Link qui bloqua le puissant coup avec son bouclier. L'arme glissa sur la surface métallique pour être dévié de sa trajectoire, puis Link asséna le coup de grâce en perçant sa poitrine.

L'effervescence de la foule éclata sous un tonnerre de hurlements d'exaltation. Les spectateurs hyliens se levèrent pour acclamer le capitaine qui ne fit que lever son épée vers son souverain en signe de respect. Le roi le remercia en levant à son tour la main, ce qui suffit à Link pour comprendre son intention. Il se tourna vers Zelda dont le regard empli de fierté ne fit qu'accroître sa joie d'avoir réussi la première partie de leur épreuve. Le temps que le cadavre fût retiré de l'arène par les coordinateurs, Link s'approcha de la chevaleresse et lui donna les dernières indications qu'il avait pour elle.

- N'oublie pas, ne sois pas craintive en attaquant. Et ne sois pas déstabilisée par sa taille, tu es tout à fait capable de le battre. Montre-leur que les chevaliers sont tout autant capables de remporter la victoire.

Motivée par ses derniers mots, Zelda acquiesça d'un signe de tête, les sourcils froncés, puis elle prit la place qu'occupait son compagnon quelques instants plus tôt. Le public se calma en attendant l'arrivée du prochain monstre, retenant son souffle pour la première qualification des Hyliens. Cachée sous son apparence d'homme, la chevaleresse se concentrait sur son souffle pour le ralentir et rester maîtresse de ses moyens. Les grilles se levèrent de nouveau dans un crissement qui parut cette fois-ci désagréable pour la jeune femme. Le moblin en sortit lentement, le regard déjà fixé sur sa proie comme s'il n'avait rien raté de ce qu'il venait de se passer. Contrairement à tous les moblins précédents, il ne se précipita pas sur la concurrente en lice : il prit le temps de s'approcher d'elle en tenant sa massue déjà brisée. Ce détail interpela Zelda qui trouva cela de suite très étrange, comme si le monstre avait brisé sa masse quelques instants auparavant pour s'adapter à son adversaire.

Zelda dégaina son épée en tâchant de cacher les légers tremblements causés par l'événement et ses circonstances. C'était la première fois qu'elle se battrait face à un aussi large public et face à un adversaire de cette envergure. Le moblin s'approcha et s'arrêta à deux mètres d'elle, la toisant de toute sa hauteur et la plongeant au sein de son ombre. Il lui parut plus grand que son précédent semblable, ce qui perturba la jeune femme. Elle voyait aussi nettement que le monstre attendait le moindre faux pas, la moindre attaque de sa part pour agir. Selon Zelda, reproduire la fausse fente de Link pouvait l'aider à construire la suite de ses attaques.

Le moblin abattit soudainement sa massue sur la chevaleresse, qui ne s'attendait pas à ce qu'il engage lui-même le combat. Elle eut à peine le temps de rehausser son bouclier, le choc fut si brutal qu'elle fut projetée quelques mètres en arrière. Elle s'écrasa lourdement sur le sol en étouffant un râle grave tandis que de nombreux spectateurs poussèrent des cris de peur et de stupéfaction.

Sonnée par l'impact, Zelda mit quelques instants à se rendre compte qu'elle avait perdu toute sensation dans le bras et l'épaule qui soutenaient son bouclier. Les bruits environnants n'étaient plus que de vagues bourdonnements. Elle resta immobile de longues secondes, ce qui laissa croire au moblin qu'il avait tué sa cible sur le coup. Cependant, l'Hylienne se mit à tousser et se coucher sur le côté pour se redresser maladroitement sur son bras droit. Elle n'avait pas remarqué que son béret était tombé durant la chute et que ses tresses retombaient derrière ses épaules.

Zelda vit devant elle son épée qu'elle avait lâchée durant sa projection, et discerna le moblin qui rugissait en constatant qu'elle avait survécu. Aussitôt, il se frappa le torse avec animosité et chargea sa cible pour l'achever au sol. Il ne fallut qu'une fraction de seconde à Zelda pour comprendre qu'elle n'aurait jamais le temps de se précipiter sur son épée pour reprendre le combat. Link bondit tout à coup devant elle et donna un puissant coup de bouclier pour parer le coup du moblin.

- Relève-toi !! hurla-t-il aussitôt.

Chaque seconde était précieuse. Zelda lâcha son bouclier pour se concentrer uniquement sur son épée. Elle réunit ses forces malgré son esprit troublé et se jeta sur son arme en dépassant Link. Face au moblin qui reprenait son équilibre et qui s'apprêtait à la frapper de nouveau, elle plongea sur lui et enfonça la lame dans le bras qui tenait la massue. Zelda la retira immédiatement sans même entendre le grognement de douleur de son opposant, puis elle coupa d'un coup sec la gorge du moblin en poussant un cri qui libéra toute sa tension. Le monstre tomba à la renverse en tenant sa plaie béante d'où sortait abondamment le sang par intervalles réguliers. Il finirait par mourir d'ici quelques instants.

Zelda haletait à cause de la douleur de son bras gauche, celui qui tenait auparavant le bouclier. Elle lâcha son épée et posa une main sur son membre endolori en grimaçant. Elle remarqua alors le silence qui planait autour d'elle, un silence d'incompréhension qui n'était certainement pas dû à sa victoire. Quand elle aperçut enfin son béret au sol et qu'elle sentit le poids de ses tresses tombantes, la jeune femme comprit enfin ce qu'il se passait. Son identité venait de tomber sans que personne ne s'y attende. Dorénavant, elle n'avait pas d'autre choix que d'exposer son véritable statut. Malgré la douleur qui parcourait son corps, Zelda ressentait cette rage bouillir en elle, cette envie de vouloir défendre son ordre. Elle se tourna vers le souverain, le seul au courant de la supercherie, et hurla à pleins poumons afin d'être entendue de tous :

- Je me nomme Zelda, chevaleresse aux ordres du roi !

Tous les chevaliers présents dans les tribunes pour surveiller poussèrent des cris pour acclamer la présence de leur semblable, ce qui gonfla davantage le coeur de Zelda de fierté. Malheureusement, les gardes royaux venus assister au tournoi commencèrent à la huer avec agressivité, certains se permirent même de l'injurier pour cette audace qu'ils voyaient comme une humiliation. Afin d'apaiser la situation, plusieurs coordinateurs accoururent vers le binôme et prirent Zelda pour l'obliger à sortir de l'arène. Cela ne la découragea pas, si bien qu'elle salua une partie de ses semblables qu'elle pouvait encore apercevoir sur le chemin vers l'une des arches de sortie. La folie de la foule était telle qu'il était impossible de la calmer par un quelconque moyen. L'autorité du roi lui-même fut bien vaine à cet instant, personne ne lui accordait de l'attention.

La vision de Zelda s'obscurcit lorsqu'elle fut à l'intérieur du bâtiment, les hurlements s'étouffèrent entre les murs du couloir bien plus sombre que l'extérieur. Les employés de l'amphithéâtre l'observaient avec des yeux écarquillés, estomaqués d'avoir pu être dupés de la sorte par une femme. Aucun d'eux ne fit une remarque, bien loin de ressentir la même aversion que les gardes royaux présents eux aussi. Ces derniers, qui attendaient leur tour pour concourir, avaient assisté à toute la scène et lui hurlaient qu'elle était pire que la vermine des bas-fonds, une traitresse qui avait souillé l'image de la garde royale et qui avait trompé le roi. Qu'elle serait exécutée pour un tel acte et que les chevaliers seraient destitués de leurs fonctions.

Choquée par l'ampleur et les proportions que cela prenait, Zelda perdit de sa prestance et sentit le poids de la rancœur et de la haine des garde royaux sur ses épaules. Au point tel qu'elle peinait à respirer sous l'effet de la pression. Le dévoilement de son identité avait été comme un coup de pied donné dans une fourmilière. L'effervescence ne se calmerait que lorsque les ouvrières auront mis fin à l'intru.

Le retour à l'auberge fut une tâche ardue à cause des différents serviteurs sur le chemin qui se hâtaient de venir voir la femme qui avait osé bafouer les règles. Tous voulaient savoir comment elle avait pu usurper l'identité d'un garde royal et réussi à tromper tout le monde. Certains demandèrent même à Link pourquoi il ne l'avait pas vu plus tôt, mais il s'empressait de les écarter du revers de la main et de poursuivre son chemin sans dire un mot. Il devait s'empresser de mettre Zelda à l'abri le temps que le roi prenne la parole et apaise la situation. L'Hylien savait qu'un compromis serait trouvé avec les gardes royaux, car il n'était nullement marqué qu'un chevalier n'avait pas le droit de concourir. Il savait aussi que des gardes tenteraient sans doute de se mettre au travers de la route de sa coéquipière, et qu'il devrait à tout prix l'empêchait pour le bien de sa mission.

oOo

Zelda ne comptait plus le nombre d'heure depuis qu'elle attendait dans sa chambre. Tous les verrous de la porte étaient enclenchés, les volets avaient été soigneusement fermés pour que personne ne puisse la voir. Par précaution, Xen l'avait rejointe et restait avec elle en attendant le retour de Link qui devait leur apporter des nouvelles du roi sous peu. Tous deux étaient assis chacun à l'autre extrémité de la pièce : Zelda sur son lit et son écuyer sur une chaise. Sur le qui-vive, ils écoutaient attentivement tous les bruits suspects qui leur parvenaient et qui leur faisaient penser qu'on les cherchait. Si bien qu'ils sursautèrent lorsque Link frappa puissamment à la porte pour leur demander de lui ouvrir.

-Zelda, Xen, ouvrez-moi ! C'est Link !

Zelda se leva précipitamment, déverrouilla la porte et l'ouvrit. Link entra d'un pas vif, le visage grave, et la jeune femme referma aussitôt la porte. De son côté, Xen se leva de sa chaise, attentif à la nouvelle que Link allait leur annoncer.

-Qu'a dit le roi ? demanda Zelda d'une voix empreinte d'anxiété.

Link prit une profonde inspiration avant de répondre :

- Il a eu une discussion sérieuse avec les organisateurs du tournoi. Il a insisté sur le fait que tu avais le droit de continuer à concourir malgré les réticences des gardes royaux. Ils n'ont pas le droit d'aller à l'encontre de son souhait, et ils ont eu pour obligation de ne pas entrer en contact avec toi, sous peine de lourdes sanctions.

Un sourire de soulagement se dessina sur le visage de Zelda, et Xen lâcha un soupir qu'il retenait depuis trop longtemps.

- Cependant, tu dois rester prudente, poursuivit Link. Tous les gardes n'ont pas accepté cette décision, et certains pourraient chercher à te nuire discrètement. Reste sur tes gardes et évite les endroits isolés. Avec Xen, nous serons auprès de toi le plus possible en dehors du tournoi.

Xen fut naturellement d'accord et le fit comprendre en hochant la tête. Quant à Zelda, elle était reconnaissante envers le roi dont elle avait le total soutien.

- Merci, Link. Je ne laisserai pas l'opportunité de ce tournoi se perdre. Même si nous faisons face à de nouvelles difficultés, je ne peux pas abandonner maintenant...

Le blond l'observa un long moment avant d'esquisser un léger sourire qui la réconforta.

- Tu as tous les chevaliers de ton côté, tu es loin d'être seule dans ce tournoi. Sans oublier que tu as rendu fou le public. Même si les chevaleresses ne manquent pas dans ton Ordre, c'est bien la première fois qu'une Hylienne représente le royaume au tournoi. Je pense que tu as conquis le coeur de nombreuses personnes juste pour cette raison.

Il jeta un coup d'œil à Xen qui souriait à son tour.

- Et je pense que tu rends très fière ton écuyer.

Le coeur de Zelda s'alourdit. Elle repensa à la fois où il avait raconté la perte de son propre écuyer. Link avait sans doute connu des moments où son jeune apprenti le regardait avec autant de fierté, et cela avait dû lui donner la force de poursuivre ses missions. Dans ce tournoi, Zelda pouvait évidemment compter sur le garde royal, son unique coéquipier avec qui elle devait traverser les épreuves. Ce devait être un combat commun, voire une victoire commune s'ils arrivaient en finale.

- Xen, je dois m'entretenir seul avec Zelda, reprit Link en rompant le silence qui s'était installé.

L'écuyer comprit le fond de sa demande et sortit de la chambre pour patienter dans le couloir. Une fois que la porte fut fermée et verrouillée, le jeune capitaine se tourna vers Zelda et son air redevint grave, ce qui surprit la jeune femme. Link vint s'asseoir sur la chaise, les poings fermés et posés sur ses genoux. Il semblait être dans un combat interne, comme s'il cherchait à s'exprimer mais que quelque chose l'en empêchait. Son regard fuyant en disait bien long, tant et si bien que Zelda fronça les sourcils et croisa les bras.

- Tu ne m'as pas tout dit, n'est-ce pas ? demanda-t-elle, soucieuse d'apprendre une quelconque mauvaise nouvelle tardivement.

- Effectivement mais... c'est délicat, avoua-t-il en fixant le parquet comme s'il cherchait une échappatoire. Tu devrais te rasseoir.

L'Hylienne déglutit, elle se demandait qu'elle devait être l'importance de son annonce pour qu'il eusse autant de difficulté à l'exprimer. Elle reprit place sur son lit et tenta vainement de deviner ce dont il pouvait s'agir.

- Je ne devrais pas t'en parler, j'ai juré d'être dans le secret jusqu'au bout mais... mais vis-à-vis de toi, je ne peux pas te laisser dans l'ignorance.

Cela suscita chez Zelda un sentiment de malaise dont elle ne trouvait pas l'origine exact. Cet aveu de non-dit ne lui plaisait guère, comme la fois où il lui avait annoncé son poste de capitaine.

- Comme tu le sais, le roi m'a missionné pour participer à ce tournoi avec un chevalier pour rétablir le prestige de l'Ordre. C'est un objectif louable comme beaucoup de personnes le pensent dorénavant ou le penseront une fois qu'ils en auront connaissance.

Il marqua une pause, paraissant peser le pour et le contre dans sa tête. Maintenant qu'il était lancé, il ne pouvait plus faire marche arrière.

- Ce n'est... qu'une couverture, avoua-t-il à mi-voix. Ma véritable mission est tout autre, elle va marquer un tournant politique sans précédent. J'ai pour ordre d'assassiner le roi gerudo le moment venu, ce qui mettra fin à la monarchie de son peuple et permettra à Hyrule d'annexer son royaume définitivement.

- Link ! s'exclama Zelda, choquée d'apprendre un dessein aussi sombre.

Elle se leva d'un bond, le visage livide, et se tint la tête d'une main tant son aveu semblait dur à croire.

- Tu... Tu ne peux pas ! Tu as conscience des répercussions que cela va avoir ?

Elle secoua négativement la tête en sentant les larmes lui monter aux yeux. Elle en oubliait partiellement la douleur physique due à son dernier combat.

- Les Gerudos et les autres peuples demanderont justice pour ce régicide ! Tu seras exécuté pour cet acte ! Tu en as conscience ?!

Link baissa la tête, les mains toujours crispées sur ses genoux. Le poids de sa mission semblait écrasant, et il ressentait la détresse grandissante de devoir révéler de telles intentions à Zelda. Il n'avait jamais prévu de le faire. Ce fut à la suite des événements et à leurs liens tissés qu'il se sentait obligé de lui confier son véritable objectif.

- Zelda, je sais que c'est difficile à entendre, et je ne te demande pas d'être d'accord. Voilà pourquoi j'hésitais à te le dire... Mais tu as le droit de savoir, car tu es indirectement impliquée. Je ne te demanderai pas de prendre part à ma mission, tu es ma couverture pour le moment.

Il cessa quelques instants de parler. Zelda n'osait rien dire, elle était sans voix et toujours sous le choc.

- Ce n'est pas une décision que j'ai prise à la légère, ajouta-t-il hâtivement. Je le fais pour le bien de la paix.

Les yeux de Zelda reflétaient un mélange de colère et d'incompréhension. C'en fut trop, elle crut ne plus reconnaître l'homme qu'elle avait côtoyé des semaines.

- Assassiner le roi gerudo, est-ce un acte de paix ?! Link, cela va à l'encontre de tout ce en quoi nous croyons ! La paix, la justice, la coopération entre les peuples... Tu ne peux pas être sérieux !

Link soutint enfin le regard de Zelda, prêt à assumer son devoir coûte que coûte.

- Je le suis, Zelda. Cette mission va changer le cours de l'histoire d'Hyrule. Le roi a ses raisons, des raisons qu'il estime nécessaires pour garantir la sécurité et la prospérité de notre royaume.

Zelda s'approcha de Link, les mains tremblantes. Elle avait toujours du mal à croire ce qu'il venait de lui dire. C'étaient peut-être les événements qui la faisaient délirer complètement. Comment une telle situation pouvait être réelle ?

- Mais c'est un acte cruel et injuste ! Le roi gerudo n'a pas mérité cela, il a pris la succession de sa mère après la reddition de son royaume et aspire à la paix... Depuis qu'il est au pouvoir, il n'a cessé de montrer ses bonnes intentions et d'œuvrer pour la paix entre les royaumes. Il mérite d'être entendu, de négocier, pas d'être assassiné froidement !

Link se leva à son tour, une forte tension était palpable dans l'air.

- Zelda, tu dois comprendre que parfois, des sacrifices doivent être faits pour le bien commun. Je ne le fais pas par plaisir, mais par conviction. Les Gerudos appartiennent à un peuple barbare et perfide, je n'aurai jamais confiance. Surtout pas après ce que les guerrières ont fait sur notre territoire.

Zelda sentit la colère monter en elle.

- Le bien commun ? répéta froidement l'Hylienne, soudainement immobile. Link, tu parles de trahir nos principes de chevalier, de plonger dans l'obscurité au nom de la soi-disant paix. Mais tu ne vas que raviver la haine qui peine déjà à s'éteindre... Tu dois revenir sur ta parole, je t'en supplie !

Link s'approcha et voulut poser une main sur l'épaule de Zelda. La jeune femme eut un mouvement de recul pour l'en empêcher et montrer encore une fois son désaccord. Le blond soupira et laissa retomber son bras.

- Je te demande de ne pas te mêler de cette affaire, Zelda. Je voulais seulement que tu comprennes mon acte, sinon tu n'aurais jamais pu avoir d'explications. C'est ma responsabilité, et tu dois te concentrer sur le tournoi. Mais s cette information venait à fuiter, cela pourrait mettre en danger tout le plan, et notre royaume par extension.

- Ce que tu feras mettra de toute manière notre royaume en danger, répliqua-t-elle sèchement en lui offrant un regard désabusé. Je te préviens, Link. Si tu t'engages dans cette voie, tu perdras ce qui fait de toi un chevalier.

- Ma décision est déjà prise, tu ne me feras pas changer d'avis.

- Dans ce cas, je ne peux pas rester les bras croisés en sachant cela !

Zelda se précipita sur le fourreau posé à même le mur, elle en dégaina son épée sans donner le temps à Link de sortir de la pièce puis elle pointa la lame en sa direction. L'Hylien n'oscilla pas une seule seconde, il se contentait de rester calme et sur ses positions, observant la chevaleresse se placer entre lui et la porte.

- Renonce à cette stupide mission et je te laisserai la vie sauve, décréta-t-elle d'une voix ferme.

La tension dans la pièce n'avait pas diminué, au contraire, le dilemme moral pesait sur leurs épaules. Link regarda Zelda avec une tristesse profonde. Il savait qu'il ne changerait pas d'avis. Il regrettait d'avoir fait part de son vrai but à Zelda, car il pensait qu'elle aurait fini par comprendre. Son dernier espoir était de lui faire entendre raison et de la convaincre de le laisser faire, et de qu'elle puisse pardonner son acte lorsqu'il aurait lieu.

- Renonce, allez... le supplia-t-elle d'une voix soudainement tremblante et cassée.

Il voyait ses yeux s'embuer de plus en plus et l'épée trembler devant lui. Les lèvres de la blonde se pincèrent sous l'effet de la détresse qu'elle ressentait et qui prenait le dessus sur ses émotions. La détermination qu'elle percevait à travers le regard de son coéquipier n'arrangea guère la situation, et lui fit perdre tous ses moyens.

- Renonce !! s'écria-t-elle d'une voix brisée. Comment peux-tu accepter l'idée d'être exécuté ?! Il faut être un imbécile fini pour accepter le marché d'un roi qui n'a que faire de ta vie !

Zelda s'avança brusquement vers lui et posa la pointe de l'épée contre sa poitrine pour le forcer à reculer d'un pas et continuer de faire pression pour qu'il change d'avis.

- Ne m'oblige pas à aller plus loin ! Dis-moi que tu veux vivre, Link ! s'exclama-t-il désespérément face à son manque de réaction.

L'Hylien détourna la tête pour ne pas avoir à répondre. Mieux valait qu'elle ne sache pas la réponse. Link la savait incapable de lui porter atteinte, car elle l'aurait déjà fait au lieu de lui faire pression. Son mutisme brisa définitivement Zelda qui éclata en sanglots, incapable de les retenir plus longtemps.

- Dis-le, je t'en supplie... l'implora-t-elle du plus profond d'elle-même.

- Je ne renoncerai pas, affirma Link sans la regarder.

Zelda étouffa un sanglot face à persévérance. Involontairement, elle lâcha son épée qui vint s'écraser au sol et tinter dans un bruit métallique désagréable. Link ne bougea pas. Il ne savait plus quoi dire pour se justifier, car lui seul pouvait comprendre un tel sacrifice. Il avait toute confiance en son souverain et en son rêve d'unifier le royaume gerudo et le royaume d'Hyrule pour instaurer une paix durable et indestructible. Cela demandait un régicide, puis l'exécution du brave qui aura donné sa vie pour l'avenir de son peuple.

- Je ne veux pas que tu meures... Je ne peux pas supporter l'idée de te perdre après tout ce temps passé ensemble...

Touché, Link fronça légèrement les sourcils et osa de nouveau la regarder. S'il avait mis les choses au clair dès leur premier rendez-vous, s'il avait posé des limites strictement amicales voire professionnelle, Zelda n'aurait pas été autant impactée. Link avait voulu une dimension romantique dans leurs échanges, en tout connaissance de cause, c'était sa faute si elle s'était autant attachée.

- Je suis désolé Zelda, dit-il enfin malgré sa gorge nouée. Il aurait mieux fallu que nos chemins ne se soient jamais croisés, que tu n'aies pas à souffrir de ma décision. J'en assume pleinement les conséquences. Si tu veux arrêter le tournoi dès maintenant, c'est ton droit. Le roi sera en mesure de trouver un remplaçant. Réconcilier nos deux ordres n'est pas sa priorité.

Il enjamba l'épée jonchant encore le sol et se dirigea vers la porte. Il n'avait pas la force ni le courage de réconforter davantage Zelda, Link se trouva lâche de ne pas y parvenir. Dorénavant, il ne pouvait plus reculer sur sa décision, les enjeux étaient bien trop importants.

- Je te laisse jusqu'à minuit pour me donner ta réponse. Si tu ne viens pas, je prendrai cela pour un abandon et j'en tiendrai informé le roi.

Sur ce, il quitta définitivement la chambre. À bout, Zelda se laissa tomber sur son lit, l'air absent, puis elle fondit de nouveau en larmes, perdue entre son devoir de chevaleresse et son coeur. Elle ne pouvait pas le laisser mourir, il y avait forcément une solution... Pourquoi le roi ne le protégeait-il pas ? N'y avait-il aucun moyen pour justifier l'absence d'exécution aux yeux des autres peuples ?

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