Chapitre 2


nda : j'ai modifié un détail du chapitre 1 ! Je parlais en quelques lignes du "Royaume du Néant" qui était en conflit avec Hyrule, avec des espions etc. Ce n'est plus d'actualité à partir du chapitre 2 car j'avais oublié ce détail en écrivant la suite loooongtemps après hum X) Du coup le royaume du néant est le royaume gerudo, et les personnages vivent en temps de paix.

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Ce jour-là, Zelda avait été appelée une fois de plus pour préparer le défilé lors du tournoi royal. Cet événement, qui réunissait les six souverains du continent, était organisé une fois tous les trois ans et se déroulait toujours dans l'amphithéâtre d'Hyrule. Il accueillait jusqu'à vingt mille spectateurs. Parmi eux : princes et princesses, nobles de l'aristocratie, bourgeois et simples citoyens. En somme, toutes les castes de la société venaient assister aux différents combats, pour leur plus grand plaisir.

Seuls les gardes royaux étaient autorisés à y participer en raison du prestige de leur titre. De très grands épéistes se trouvaient parmi eux, et nombreux furent les tournois que les Hyliens remportèrent. Ces victoires ne tarissaient par l'orgueil des gardes royaux, au contraire ! Elles leur donnaient un sentiment de puissance et de supériorité vis-à-vis des chevaliers qui ne faisaient que défiler quand leur tour venait. Il n'y avait rien de pire pour continuer d'envenimer les relations entre ces deux ordres. Cette différence de traitement frustrait grandement les chevaliers qui se sentaient tout aussi capables de concourir contre les guerriers des autres royaumes. Mais depuis de nombreuses années, les gardes royaux faisaient pression pour leur interdire l'accès aux combats.

En cette belle journée de mai, Zelda observait quelques instants le ciel bleu qui s'étendait à perte de vue. Aucun nuage à l'horizon, voilà qui devrait évincer toute crainte de pluie. Le tournoi aurait lieu d'ici trois semaines et elle se sentait parfaitement prête à parader. Il n'y avait rien de difficile : il suffisait de respecter le rythme de la marche, tenir fièrement le drapeau du royaume ou bien son épée, selon son rôle. La chevaleresse n'avait pas été choisie comme porte-drapeau, contrairement à Impa à son plus grand désarroi. Cela épargnerait bien de l'inconfort à Zelda.

- Zelda, en place ! s'écria l'adjudant-chef Bédivère. Tu n'es pas payée à rêvasser.

La jeune femme s'excusa platement et vint rejoindre son unité composée d'une cinquantaine de chevaliers, hommes comme femmes. Tous s'étaient rangés en dix rangs de cinq personnes, les porte-drapeaux étant positionnés à chaque extrémité, donc quatre au total. Zelda prit place à côté de son amie sheikah, au dernier rang. Elle gaina suffisamment son ventre puis elle posa sa main droite sur le pommeau de son épée.

- Au signal, en marche ! s'exclama leur supérieur qui se trouvait près du premier rang.

Un clairon retentit au sein des murs de la cour intérieure du château, ce fut l'ordre pour commencer la marche. Zelda soupira puis, à l'unisson avec les autres chevaliers, fit son premier pas du pied gauche avant de suivre le rythme indiqué par un tambour. Combien de fois avaient-ils répété cela ? Une trentaine ? Une quarantaine ? Il n'y avait strictement aucune difficulté à défiler. Le jour du tournoi, ils auraient simplement à marcher de l'entrée vers l'intérieur de l'amphithéâtre en précédent le roi, puis à se placer de part et d'autre afin de créer le chemin d'honneur.

- Zelda, entre nous, commença Impa à voix basse afin que personne n'entende. Je te vois t'absenter quasiment tous les soirs depuis deux semaines. Tu ne me cacherais pas des choses tout de même ?

La blonde feignit l'innocence, ce qui ne parvint pas à convaincre la Sheikah. Cette dernière lui jeta un regard inquisiteur.

- Tu n'aurais pas rencontré quelqu'un par hasard ?

- Peut-être bien, répondit vaguement la blonde qui regardait au loin devant elle.

La Sheikah soupira. Elle s'en doutait, son amie avait rencontré un homme. Elle profitait sans doute du soir pour sortir discrètement et le rejoindre sans que personne ne la voit. Pour être aussi secrète à ce sujet, il ne pouvait y avoir qu'une seule explication aux yeux d'Impa : cet homme était d'une caste bien plus basse, et Zelda aurait honte de se montrer au château à ses côtés.

- Pourquoi tu ne m'en as pas parlé plus tôt ? se plaignit la porte-drapeau. Tu sais bien que je ne répèterai rien à personne.

- Il vaut mieux pour lui que tu ne saches pas, déclara Zelda en souriant.

- Pourquoi ? C'est un voyou ? Je ne pense pas que ce soit ton genre.

La blonde leva les yeux au ciel, amusée d'imaginer qu'elle puisse fréquenter un homme de mauvaise vie. Devant elle, le cortège arriva au mur qui fermait la cours, obligeant les chevaliers à la longer puis à revenir sur leurs pas avec monotonie.

- Est-ce que tu daignerais au moins me le décrire ? se lamenta Impa qui la suppliait du regard par la même occasion.

Cela arracha un soupir à Zelda. Elle ne vit aucun inconvénient à lui décrire Link, car il était loin d'avoir des traits atypiques.

- Il est blond, presque châtain. Et il a de très beaux yeux bleus, sourit la jeune femme en les revoyant dans son esprit. Je le trouve charmant et respectueux, contrairement à certains.

- Et tu oses me cacher l'existence d'un tel homme ?

- Crois-moi, ce n'est vraiment pas ton style ! rit Zelda car elle connaissait l'aversion de son amie pour les gardes royaux.

Elle lui dirait peut-être un jour la vérité, mais il était encore trop tôt. Leur conversation dut se terminer rapidement car l'adjudant-chef leur adressa un regard ferme en guise d'avertissement. Les deux jeunes femmes se turent et poursuivirent le défilé dans le silence, comme tous leurs semblables. Cela convenait parfaitement à Zelda car elle ne souhaitait pas en dire plus pour le moment à son amie.

Après cet interminable entraînement, Zelda dut se rendre à son prochain poste de surveillance dans l'aile Sud du château, à l'opposé de sa position actuelle. Elle décida de prendre le chemin des remparts internes qui lui ferait longer la cour de l'aile Ouest, la partie du château réservée aux gardes royaux. Ainsi, elle espérait apercevoir Link l'espace d'un instant. Contrairement à ce que pensait Impa, l'Hylienne ne pouvait pas voir le jeune homme tous les soirs, car celui-ci ne pouvait pas venir à certains de leurs rendez-vous. Tous deux avaient fixé une heure limite à laquelle ils devraient repartir si l'autre ne pouvait pas se présenter à la dernière minute. Cela faisait deux soirs que Link s'absentait sans jamais donner d'explication. Cela était sans doute dû à son devoir de garde royal et à ses obligations, mais il gardait toujours cela secret.

Zelda marchait à présenter sur le rempart Ouest, presque aucun chevalier n'osait s'aventurer là de peur d'avoir des ennuis avec des gardes royaux. Cependant, la chevaleresse n'en avait que faire, elle les ignorait et prenait soin de ne pas les déranger pour ne pas s'attirer leurs foudres. Au fur et à mesure qu'elle frôlait le parapet pour avancer sur son chemin, Zelda jetait de brefs coups d'œil à chaque cour de cette partie du château. Link lui avait dit qu'en cette période de la journée, il s'entraînait généralement avec l'un de ses compagnons à l'extérieur. De ce fait, Zelda voulait tout de même tenter de l'apercevoir.

Ce qui ne manqua pas. Au centre de la cour d'entraînement externe des gardes royaux, elle aperçut enfin la tête blonde qu'elle recherchait. Zelda soupira de soulagement, heureuse de le revoir après ces deux jours. Elle sentit cette douce chaleur habituelle se propager dans son ventre, sensation qu'elle avait l'habitude de ressentir depuis leur premier repas ensemble, deux mois auparavant. L'Hylienne prit appui sur la pierre du parapet et se pencha pour l'observer combattre. Il échangeait de puissants coups avec son adversaire - le compagnon dont il lui avait sûrement parlé - et n'hésitait pas à s'arrêter dès qu'il avait une remarque à faire sur sa posture. Zelda, qui l'avait toujours trouvé charmant, n'en pensa pas moins à ce moment-là. Elle regrettait de ne pas l'avoir connu lorsqu'il était encore chevalier. Tout aurait été plus simple pour eux, nul besoin de se cacher.

Link cessa de parler et se remit au combat. Cela donna envie à la chevaleresse de rester encore quelques instants pour observer sa manière de combattre, notamment car il était gaucher. Peu de chevaliers ou gardes royaux maniaient l'épée de leur main gauche, alors Zelda était curieuse de voir cela sous ses yeux.

- Qu'est-ce que tu fais là, toi, grommela un homme derrière elle.

Cette interpellation la tira de ses pensées et lui fit comprendre qu'elle s'était attardée trop longtemps. Il s'agissait d'un garde d'une trentaine d'années qui s'adressait à elle. Il était brun et possédait un visage carré, presque disharmonieux.

- Tu n'es pas la bienvenue ici. Va retrouver tes petits compagnons chevaliers.

Sur le rempart, les domestiques qui passaient par là s'arrêtèrent pour les observer et assister à leur confrontation.

- Sinon quoi, répliqua Zelda qui lui fit pleinement face. N'oublie que je porte une épée, tout autant que toi. À moins que tu aies peur de te confronter à la Chevalerie que tu méprises tant ?

Les sourcils de l'homme se froncèrent, signe que sa réponse lui avait fortement déplu. Il ne s'attendait pas à ce que Zelda lui réponde ainsi sans crainte de représailles...

- Petite effrontée, siffla-t-il avec colère. Je vais t'apprendre à rester à ta place !

Son exclamation avait été si forte qu'elle parvint jusqu'aux gardes royaux en contre-bas, notamment à Link qui releva la tête vers son semblable. Il reconnut presque immédiatement l'Hylienne, et ne tarda pas à comprendre la situation tendue qui avait lieu plus haut. Il n'avait pas eu vent du début de l'affaire, cependant Link connaissait vaguement le garde royal qui venait de crier. Il était réputé pour ses altercations récurrentes avec les chevaliers, et celles-ci ne se terminaient jamais bien.

- Eh, vous ! les interpella Link qui avait cessé tout combat. Que se passe-t-il ?

Son intervention n'avait qu'un seul but : faire diversion et permettre à Zelda de s'éclipser discrètement. Cela parut fonctionner car l'homme furieux se pencha au-dessus du parapet pour s'adresser au jeune homme. Pendant qu'il avait le dos tourné, la chevaleresse recula sans un bruit puis courut le plus silencieusement possible vers le rempart Sud.

- Cette petite peste de chevaleresse m'a offensé ! s'exclama le garde royal. Je ne peux pas accepter qu'un garde royal puisse être humilié par une femme. Elle m'a clairement menacé avec son épée ! Quelqu'un doit la remettre à sa...

Lorsqu'il tourna la tête pour la désigner, il n'y avait déjà plus personne derrière lui. Zelda s'était volatilisée sans demander son reste, elle n'avait pas raté sa seule chance de pouvoir s'échapper. L'homme ne termina pas sa phrase, stupéfait par cette disparition qu'il n'avait pas même anticipée. Voir son expression déconfite arracha un sourire à Link qui reporta son attention sur son compagnon d'armes et reprit le combat.

oOo

Le soir même, Zelda patientait à l'extérieur du château, près de la fontaine surmontée de l'oiseau royal. Elle s'était assise sur le rebord en marbre et regardait les citadins déambuler devant elle. Cette petite place, la dernière avant les portes qui menaient au château, était l'une des plus vivantes en début de soirée ; cela s'expliquait par la présence des divers restaurants et tavernes. Les chevaliers qui n'étaient pas de garde la nuit venaient ici pour se détendre après une longue journée. Cependant les gardes royaux désertaient totalement la place, ils préféraient se rendre dans le quartier plus chic et plus riche. Au loin, le son d'une cloche retentit et annonça qu'il était vingt heures trente. Comme à son habitude, Zelda attendrait une demi-heure de plus, sinon elle rentrerait.

Ce soir-là, sa patience fut récompensée car elle aperçut un individu douteux passer les portes menant au château. Il cachait sa tête sous la capuche de sa cape, car il savait que cette rencontre pouvait être compromettante pour eux deux si les chevaliers les reconnaissaient. Link se dévoilerait entièrement une fois qu'ils se seraient éloignés de la place. Après avoir franchi la distance qui le séparait de la jeune femme, l'Hylien se présenta à elle en exprimant un air gêné.

- Pardonne-moi pour le retard, il me restait une affaire à régler, s'expliqua-t-il s'en oser la regarder dans les yeux.

- La même affaire qu'hier et avant-hier ?

Il hocha la tête en vérifiant que personne ne les observait. Quant à Zelda, elle le dévisageait en esquissant un petit sourire. Elle était manifestement heureuse de le revoir ce soir-là. Peut-être que le petit incident de tout à l'heure avait joué là-dedans.

- Merci pour ton intervention cet après-midi, lui dit-elle en baissant légèrement la tête. Je crois que j'allais tenir tête à la mauvaise personne.

Link reporta son attention sur la jeune femme. Ses yeux bleus s'ancrèrent dans les siens.

- En effet, lui affirma-t-il en replaçant une mèche blonde derrière l'oreille de l'Hylienne. J'ai entendu dire plusieurs fois que ce garde se confrontait aux chevaliers. Tu n'aurais pas dû passer par notre aile pour rejoindre la partie Sud.

L'air de Zelda devint plus triste lorsqu'il lui dit cela.

- Je voulais simplement te voir... murmura-t-elle en détournant la tête. Je n'avais pas de tes nouvelles depuis deux jours alors j'étais prête à emprunter les remparts Ouest.

De toute manière, quoi qu'en disaient les gardes royaux, toute personne avait le droit d'emprunter les remparts du moment qu'il s'agissait du personnel ou d'un membre de l'armée. Seuls les quartiers à l'intérieur du château étaient réservés aux gardes royaux, sauf exception en cas d'urgence.

- J'essaierai de te faire passer un mot, mais c'est très délicat, lui proposa Link pour se rattraper. Ce serait le seul moyen de t'avertir.

- Est-ce que tu as un écuyer ?

Tous les chevaliers avaient leur écuyer, un apprenti chevalier voué à être adoubé. Ces jeunes gens s'entraînaient la moitié du temps avec leur tuteur et s'occupaient généralement de préparer l'armement et la monture de leur chevalier en temps de guerre ou de mission.

- Non, les gardes royaux ne sont pas des chevaliers. Mais j'en ai eu un avant de venir ici et d'entrer dans la Garde.

Zelda pensait que les gardes royaux avaient chacun un écuyer. Elle se demanda à juste titre qui s'occupaient de leurs chevaux.

- Comment s'appelait-il ? lui demanda-t-elle avec intérêt.

Link lui fit signe de le suivre car il désirait changer d'endroit afin d'être plus tranquille. Il voulait par ailleurs retirer cette capuche qui le gênait et lui donnait presque un air de bandit.

- Il s'appelait Gareth.

Le ton qu'il avait employé était bien plus grave, comme s'il cachait une vérité douloureuse derrière ces mots. Surprise par ce changement de voix, Zelda détailla le visage de son compagnon. Elle comprit que ce prénom lui évoquait de bien sombres souvenirs au vu des sourcils froncés du garde royal.

- Il lui est arrivé quelque chose ? s'inquiéta la jeune femme qui craignait de toucher une corde bien trop sensible.

Le duo traversa deux rues dans un lourd silence. Link ne semblait pas vouloir répondre à cette question tout de suite. Peut-être que les mots ne parvenaient pas à sortir et qu'il se donnait du temps pour les formuler. Zelda ne voulut pas le brusquer, elle patienta le temps nécessaire. Tous deux arrivèrent sur une nouvelle place circulaire, plus petite que celle précédant l'entrée du château. Ils prirent place sur un blanc en pierre et Link fit tomber sa capuche.

- Je t'ai très peu parlé de ma période de chevalier, commença Link qui n'osait point échanger de regard avec elle. Tu sais seulement que j'ai servi à Akkala avant de venir ici.

En effet, il le lui avait dit lors de leur premier rendez-vous, quand Zelda avait appris qu'il avait été chevalier avant d'être garde royal.

- Tu as déjà entendu parler du massacre d'Elimith, je suppose.

Zelda le lui confirma. Elle avait tout juste quatorze ans à cette époque-là, tandis que Link en avait quinze. Il s'agissait d'une des attaques les plus meurtrières que la suzeraine Azaala avait organisé contre le royaume d'Hyrule. La reine gerudo, avant que le pacte de paix ne fût prononcé bien plus tard, convoitait cet endroit pour son accès à la mer mais aussi pour toutes les ressources présentes. Elle avait déjà conquis le sud d'Hyrule à ce moment-là ainsi que la région de Firone. Cela faisait dorénavant sept ans que les faits s'étaient produits.

- Mes parents ont péri ce jour-là, reprit Link avec difficulté. J'ai perdu ma famille quelques mois avant mon adoubement... J'étais formé à Akkala quand le village a été mis à feu.

Ses lèvres se pincèrent un instant.

- Je ne te raconte pas cela pour attirer ta pitié, ajouta-t-il rapidement. Après la perte de mes proches et mon adoubement, on m'avait attribué un écuyer, Gareth. Il n'avait que treize ans, et moi quinze. Il est devenu comme ma deuxième famille, c'est lui qui m'a aidé à surmonter le deuil.

Zelda trouvait cela toujours aussi improbable que l'on puisse être adoubé aussi jeune. Seuls les plus talentueux pouvaient accéder au titre de chevalier à cet âge-là. Elle-même avait été adoubée à l'âge de vingt ans.

- Lors de la bataille qui nous a menés à l'écrasement total des troupes d'Azaala, j'ai été appelé à combattre. Elle a eu lieu presque un an après le massacre d'Elimith. Comme tu le sais, les écuyers accompagnent les chevalier car ce sont eux qui se chargent de les équiper et de porter leur bouclier.

- Il a... été tué lors de cette bataille ? comprit Zelda.

Link acquiesça.

- Un groupe de guerrières gerudos voulaient prendre par surprise nos troupes. Pour cela, elles ont dû traverser notre camp. Beaucoup de jeunes écuyers sont morts. Gareth faisait partie d'eux.

Un voile de tristesse et d'empathie passa sur le visage de Zelda. Elle comprenait la douleur qu'il avait éprouvé en découvrant le sort réservé à son écuyer. La jeune femme n'était pas autant attachée au sien, même si elle l'appréciait beaucoup.

- Je suis désolée, je ne voulais pas te faire ressasser le passé, s'excusa la blonde en posant une main sur l'avant-bras du jeune homme.

- C'était il y a six ans, la peine s'est atténuée depuis, la rassura-t-il en la regardant enfin. Veille bien sur ton écuyer à l'avenir. C'est un adolescent, je suppose ?

La blonde opina pour le lui confirmer.

- Il a quinze ans. Il s'appelle Xen, lui apprit-elle en esquissant un sourire timide.

- Ce n'est pas un prénom courant, poursuivit Link qui souhaitait oublier la conversation précédente. Je ne vais pas avoir de mal à le trouver dans ce cas.

Zelda sourit. Il avait compris où elle voulait en venir en lui demandant s'il avait un écuyer. Xen serait donc leur messager si besoin. Après plusieurs mois passés à le connaître, elle savait qu'il ne dirait rien à personne.

- S'il te plaît, évite de le déranger trop souvent, le prévint la chevaleresse. Je ne voudrais pas que son maître remarque trop d'absences de son côté. Ou même ses camarades.

- Je ne serai pas aussi maladroit, rétorqua Link en mimant un air vexé. Mais je crains que je ne puisse pas être disponible très souvent ces temps-ci. J'ai beaucoup à faire du côté de la Garde...

L'Hylienne le comprenait. Sous l'euphorie des premiers sentiments, elle avait voulu le voir tous les soirs mais elle devait maintenant se faire à l'idée qu'ils ne pouvaient se retrouver aussi souvent. Elle sentit une main se poser sur la sienne qui tenait toujours l'avant-bras de Link. Zelda leva la tête vers le jeune homme et partagea le sourire qu'il lui offrait. Ils échangèrent un regard complice, chacun captivé par la présence de l'autre malgré l'interdit qui pesait sur leur relation. Soudainement, Link se pencha légèrement vers elle, et d'un geste audacieux mais subtil, il effleura délicatement le collier qu'elle portait autour de son cou. Il savait parfaitement que franchir cette nouvelle barrière de proximité ne laisserait pas la chevaleresse indifférente. Cette dernière n'osait pas bouger, elle le laissait examiner son bijou pendant qu'une sensation chaleureuse se répandait dans son ventre. Au loin, les cloches du château retentirent.

- Il faut que j'y aille, soupira Zelda en les entendant. C'est bientôt mon tour de garde. Je dois me remettre en uniforme...

Link lâcha le collier, déçu de devoir rompre ce moment avec elle. Zelda se leva rapidement en tâchant de dissimuler son embarras.

- Je comprends, dit Link en l'imitant. Je te recontacte dès que je peux.

Tous deux se sourirent mutuellement. Zelda vint alors poser une main sur la joue du Link afin de la caresser quelques instants, puis elle s'en alla rapidement sans ajouter de mots. Elle laissa le jeune homme tout seul sur cette place. Il avait l'esprit apaisé, comme toutes les fois où il retrouvait l'Hylienne après ses longues journées au château. Cette attirance réciproque lui plaisait, il se prêtait à aimer ces jeux de séduction entre eux.

oOo

Quatre jours passèrent depuis leur dernier rendez-vous, Link étant manifestement très occupé par les affaires de son ordre. Il avait réussi à le faire savoir à Zelda en missionnant son jeune écuyer, Xen. Ce dernier était venu trouver la chevaleresse lors d'un repas de midi. Il lui avait discrètement transmis un billet que la jeune femme avait ouvert une fois seule. Dedans, seulement quelques lignes l'informaient que Link, l'auteur du mot, ne pourrait pas venir la voir dans les prochains jours et qu'il la tiendrait au courant. Zelda s'en accoutuma et prit son mal en patience. Elle continuait de préparer le tournoi avec les autres chevaliers et Impa. Tous les jours qui passaient se ressemblaient, tant et si bien que la blonde commençait à s'ennuyer sérieusement.

Entre son entraînement quotidien et la garde qui s'ensuivait, Zelda s'était adossée à l'un des remparts qui entourait la cour où elle se trouvait. Elle attendait sans grande envie et conviction que son tour de surveillance arrive. Impa, qui s'était jusque-là absentée afin d'aller parler à leur adjudant-chef, vint vers son amie qu'elle voyait plus fermée que d'habitude.

- Tu en tires une tête, la taquina la Sheikah en se mettant à côté d'elle.

La blonde haussa les épaules sans rien dire. Elle n'avait pas même l'envie de décrocher le moindre mot.

- Je viens de parler avec Bédivère, continua Impa afin de lui changer les idées. Il m'a dit que le nouveau souverain gerudo était convié au tournoi.

Les yeux de l'Hylienne s'écarquillèrent en l'apprenant. Comment cela pouvait être possible ? Pourquoi inviter un peuple qui avait tenté de renverser Hyrule ? Son incompréhension poussa Impa à l'éclairer sur le sujet.

- C'est pour marquer l'acte de paix. Une manière d'essayer de tourner la page six ans après la guerre.

- Mais... ce sont des Gerudos ! N'est-ce pas là un piège pour tenter de tuer notre toi ? s'inquiéta Zelda qui s'écarta du mur et fit face à Impa.

- De ce que Bédivère m'a dit, leur suzerain ne viendra qu'avec une poignée de guerrières, celles qui participent au tournoi. Les femmes de son peuple ne sont pas autorisées à venir pour le moment.

Zelda soupira. Heureusement que ces guerrières redoutables n'avaient pas accès au tournoi pour y assister. Après tous les méfaits des Gerudos encore ancrés fraichement dans les mémoires, il était difficile de leur accorder la moindre confiance. Le roi d'Hyrule leur faisait une immense faveur en permettant à des combattantes de concourir. Voilà un gage de paix inestimable que Zelda espérait sage.

- Restons tout de même sur nos gardes, déclara la blonde avec gravité.

- Au vu du nombre de chevaliers et de gardes royaux qui seront présents, notre roi va prendre ses précautions. Même si ça me coûte de le dire, j'espère que ces crétins des gardes vont réussir à écraser les guerrières gerudos.

- Tu connais ceux qui vont concourir ?

Impa attrapa son menton pendant qu'elle réfléchissait et tâchait de se remémorer les noms. Visiblement elle n'en avait retenu aucun. Cependant, elle avait quelques bribes de souvenirs à ce sujet :

- Généralement, ce sont les officiers qui combattent, répondit-elle encore plongée dans sa réflexion. Les épreuves se font en binôme. De mémoire, il est rare qu'on voie les mêmes gardes à chaque tournoi. Je me demande s'ils ne sont pas autorisés à participer qu'une seule fois dans leur vie...

- Il me semble que si, l'appuya Zelda. Ils ont pensé le tournoi ainsi pour éviter que ce soit toujours le même royaume qui le remporte.

Impa leva son index vers le ciel en le secouant, en signe d'accord avec ses dires.

- Oui, tu as raison. C'est sans doute pour ça que je n'ai retenu aucun nom.

Leur conversation dut se terminer brusquement car il était l'heure pour Zelda d'entamer sa garde de la journée. Elle salua son amie puis s'empressa de gagner son poste avant que l'un de ses supérieurs ne lui fasse de remarque. Durant les heures qui suivirent, Zelda ne fit que penser à l'invitation de ce nouveau suzerain gerudo. Il était très certainement le fils de l'ancienne reine Azaala. Une naissance de garçon gerudo était très rare chez ce peuple des sables. Si rare qu'elle se comptait à peine sur les doigts d'une main. Peut-être que cet homme était plus sage que sa mère et qu'il veillerait à la paix entre son royaume et Hyrule.

Le jour suivant, Zelda garda en tête tous ses doutes et toutes ses craintes à ce sujet. Même si cela semblait ridicule à presque deux semaines du tournoi, elle redoubla d'efforts à l'entraînement afin de chercher le moindre perfectionnement. Tous ses semblables ne comprirent pas cet engouement soudain au maniement de l'épée ni même ses questions récurrentes qui visaient à l'amélioration de sa technique. Son entêtement n'échappa pas à Bédivère qui vint la voir en personne dans le but de savoir ce qui l'animait depuis ce matin-là. En total confiance avec son supérieur, Zelda lui confia son inquiétude au sujet de la présence du roi gerudo. Elle fut aussitôt rassurée par les déclarations de son adjudant-chef qui lui parla de tous les dispositifs mis au point afin d'assurer la protection de leur monarque. Il n'y avait aucun doute sur le fait qu'un attentat fût démantelé si quiconque le prévoyait.

Cette discussion eut le mérite d'apaiser l'esprit de la jeune femme. Après tout, le suzerain gerudo ne serait pas assez fou pour tenter d'assassiner son homologue hylien devant les autres rois et reines invités au tournoi. Cela déclencherait une guerre encore plus vaste et dévastatrice que la précédente, qui n'avait concerné que les Hyliens et les Gerudos. Personne ne voulait d'un conflit à cette échelle.

À l'extérieur, alors que Zelda se replaçait face à son mannequin fait de bois et de foin, elle fut dérangée par les interpellations d'un chevalier qui venait de sa droite. Elle refoula l'agacement qui manqua de la gagner et se tourna vers celui qui venait troubler son exercice. C'était un jeune homme adoubé la même année qu'elle et que Zelda ne connaissait que de vue.

- Un capitaine de la Garde souhaite te voir, lui dit-il prestement.

- Un capitaine ? répéta la blonde qui avait du mal à y croire.

- Je ne sais pas quel faux pas tu as fait dans leurs quartiers, mais l'affaire semble sérieuse.

La chevaleresse déglutit difficilement. Elle se souvint de l'altercation avec cet homme le jour où elle avait voulu voir Link. Après tout ce temps, il avait certainement réussi à la retrouver et à la dénoncer à son supérieur. Dorénavant, elle allait devoir répondre de ses actes. Et ce n'était pas face à un capitaine de la Garde que Zelda aurait autant d'aisance que la fois dernière. Autour d'elle, le vacarme habituel des armes contre les mannequins cessa, la cour fut plongée dans un lourd silence qui noua le ventre de la jeune femme. Pensant que tous avaient suivi la conversation et la jugeaient, elle scruta les alentours en se tenant prête à répliquer au premier qui lui ferait la moindre remarque. Cependant, Zelda remarqua que tous les regardes se tournaient vers l'entrée de la cour d'entraînement, là où se tenait dignement un garde royal.

Ce dernier ne prêta aucune attention aux regards inquisiteurs et hostiles à son égard. Il semblait uniquement chercher des yeux la personne pour qui il était venu. Zelda, qui savait être attendue par un capitaine de la Garde, mit un certain temps avant d'assigner ce statut à la personne qui se trouvait réellement au loin. Elle mit une trentaine de secondes avant de reconnaître Link.

- Tu ferais mieux de te dépêcher... lui souffla son semblable. Il paraît que ce n'est pas un tendre.

Zelda ne réagit pas à cette dernière remarque tant elle lui sembla absurde. Elle emboita le pas du chevalier qui la menait directement au garde royal, sous le regard lourd de tous les spectateurs de la scène. Tous se demandaient ce que Link venait faire ici alors que ce n'étaient guère ses quartiers. Le jeune homme finit par apercevoir la chevaleresse ; il garda un air impassible et attendit patiemment qu'elle arrive devant lui.

- Voilà la chevaleresse que vous avez demandé, Capitaine, articula le chevalier qui peinait à cacher une certaine inimitié.

- Merci, lui dit-il simplement sans montrer le moindre changement dans son attitude.

Link fit face à Zelda et se confronta à l'incompréhension qu'elle exprimait nettement.

- Suivez-moi.

Il venait de la vouvoyer pour la première fois, ce qui la choqua d'autant plus. Machinalement, elle le suivit en dehors de la cour puis à l'intérieur des couloirs du château. Elle était encore stupéfaite d'avoir appris qu'il était capitaine et non un simple garde. Sur leur chemin, l'Hylienne ne compta pas les nombreux yeux rivés sur eux, ni même les chuchotements. Elle comprit que tous deux se rendaient dans les quartiers des gardes royaux uniquement quand ils passèrent dans l'immense couloir qui menait à l'aile Ouest. Impossible pour Zelda de parler directement à Link comme elle en avait l'habitude. Pas en ces lieux ni en ces circonstances... Tant qu'ils n'étaient pas seuls, ils devaient se comporter comme d'illustres inconnus l'un envers l'autre.

Ils montèrent deux étages afin de se rendre dans la partie réservée aux officiers de la Garde. Encore une fois sur le trajet, ils eurent affaire aux regards soupçonneux non pas des chevaliers mais des gardes royaux cette fois-ci. Pour certains, cette chevaleresse suivaient leur capitaine car elle avait bravé un interdit ou bien avait porté préjudice à l'un d'entre eux. Finalement, Link s'arrêta devant une large porte au beau milieu du couloir traversé par un long tapis rouge. Accrochées au mur à intervalle régulier, on pouvait aisément reconnaître les armes noires dédiées uniquement à cet ordre du château. Hallebarde, espadon, épée, arc, toutes ces armes ne servaient qu'à montrer le prestige de la Garde.

- Entre, lui ordonna Link sur un ton ferme dès qu'il eut ouvert la porte.

Zelda ne se fit pas prier. Elle entra dans la petite pièce richement ornée, tout comme les quartiers des officiers. Le bureau en bois massive trônait en son centre, entouré par des fauteuils rouges de velours. Un buste sculpté du roi actuel se dressait à côté d'une large bibliothèque. Cette dernière, étrangement, ne contenait pas beaucoup d'ouvrages. Sur ses étagères, Zelda put reconnaître des petits objets de décoration comme des statuettes à l'effigie des déesses ou bien une épée miniature. Elle aperçut aussi deux médailles, certainement décernée après l'ultime bataille de la dernière guerre.

Link ferma la porte doucement puis invita la jeune femme à prendre place sur l'un des fauteuils. Il exprimait un air moins fermé et plus habituel aux yeux de Zelda.

- Je suis désolé, tu dois être confuse après tout ce qui vient de se passer, lui dit-il en s'essayant face à elle. Je n'avais pas d'autres choix que de venir moi-même.

- Tu es... capitaine ? balbutia Zelda qui peinait encore à regagner ses esprits. Pourquoi ne jamais me l'avoir dit ?

Link passa une main sur sa nuque, manifestement embarrassé. Il n'avait jamais vu l'utilité de lui communiquer une telle information.

- Je craignais que cela change notre relation, avoua-t-il. Si tu l'avais su dès le premier jour, nous n'aurions jamais eu ce premier rendez-vous. N'est-ce pas ?

La bouche de la jeune femme s'entrouvrit. En effet, elle n'aurait jamais osé fréquenter un officier, et encore moins de la Garde. Maintenant qu'elle savait pour son titre, allait-elle changer vis-à-vis de lui ? Est-ce que cela aurait un impact tardif sur leur relation ?

- Si je l'avais su dès le début, j'aurai refusé de te revoir... admit-elle d'une petite voix en fuyant son regard. Mais je doute que tu m'aies convoqué ici pour me le faire savoir.

Elle ne parvint à expliquer le lourd silence qui s'ensuivit. L'absence de réponse de son interlocuteur la força à reporter son attention sur lui. Zelda le découvrit gêné, comme s'il était partagé au fond de lui. Il semblait vouloir lui dire quelque chose, mais les mots paraissaient trop durs sur le moment.

- Tu veux m'annoncer que tu ne veux plus me voir ? demanda Zelda dont la voix trembla sous l'inquiétude.

Les yeux de Link s'écarquillèrent, cette question le fit réagir :

- Non, ce n'est absolument pas ça ! la contredit-il aussitôt pour effacer ce soupçon. Il s'agit d'une affaire particulièrement complexe, en réalité... Je peine à aborder le sujet avec toi.

Zelda soupira de soulagement. Elle qui commençait à se tracasser, il n'y avait plus réellement de souci à se faire. En attendant que Link trouve les mots, elle s'attarda inconsciemment sur ses yeux bleus et sa bouche. Il y avait quelque chose de rassurant à les regarder.

- Accepterais-tu de concourir avec moi lors du tournoi ? lui demanda-t-il précipitamment sous l'effet du stress.

- Bien sûr, répondit-elle sans réfléchir.

Le sourire qu'elle lui adressa s'effaça peu à peu quand elle prit conscience de la portée de sa question. Les mots s'assemblèrent dans son esprit afin de reconstituer la phrase du jeune homme. Sur le moment, leur sens lui parut si absurde et improbable qu'elle éclata de rire, ce qui décontenança Link.

- Un peu de sérieux, Link ! le pria-t-elle malgré son rire. Allez, dis-moi la vraie raison de ma venue.

L'air soucieux du blond lui fit comprendre qu'il était loin de plaisanter. L'hilarité de la jeune femme se transforma en appréhension et en malaise. Alors il était vraiment sérieux... Mais quelle mouche l'avait piqué pour lui proposer une telle chose ?

- Dis-moi que tu plaisantes... souffla-t-elle alors que son rythme cardiaque augmentait peu à peu. Les chevaliers ne sont pas autorisés à se battre lors du tournoi, tu dois le savoir...

- Le roi en personne m'a missionné. J'ai toute sa confiance, je dois tenir parole.

La blonde fronça les sourcils tant cette histoire lui parut étrange et impensable.

- Comment ça le roi a tout confiance en toi ? se méfia-t-elle en reculant dans son fauteuil.

- Il souhaite améliorer les liens entre la Garde Royale et la Chevalerie. Il pense qu'en faisant combattre le premier chevalier depuis des décennies, cela participerait à redorer votre ordre. Il est temps que ces stupides différends disparaissent.

- Pourquoi t'avoir choisi ?

Manifestement, elle ne parvenait à comprendre. Link lui expliqua que près de trois mois auparavant, le roi avait convoqué tous les officiers de la Garde afin de leur faire passer un test dont lui seul avait connaissance. L'objectif étant de déterminer celui qui éprouverait le moins de ressentiment face à la Chevalerie et qui serait capable de former un bon binôme. Au vu du passé de Link et des réponses à ses questions, il fut évident pour le roi qu'il était l'homme recherché.

- Depuis, je dois trouver un chevalier qui accepterait de m'épauler pour le tournoi, poursuivit Link qui ne semblait toujours pas à l'aise. Je pense que tu sais à quel point il a été difficile pour moi de trouver un chevalier qui accepte. Puis nous nous sommes rencontrés. Puisque tu m'acceptais malgré notre différence de statut, j'ai pensé que tu serais peut-être celle qui pourrait m'aider.

La jeune femme pensa comprendre. Depuis le début... la fréquentait-il dans l'unique but de lui poser une jour cette question ? Zelda remit en cause toutes les conversations qu'ils avaient eues, tous ces merveilleux moments qu'ils avaient passés ensemble. Finalement, n'avaient-ils eu lieu que pour servir les intérêts de Link ?

- Pour être honnête, j'ai douté que tu sois à la hauteur, avoua-t-il encore plus difficilement face à l'expression de plus en plus sombre de l'Hylienne. Mais je suis venu assister à certains de tes entraînements en veillant à ce que personne ne me voit. Et je pense que tu as les capacités de concourir.

- Depuis tout ce temps, tu jouais avec mes sentiments pour me demander une telle chose ?

Sa question fut si froide que Link retint son souffle quelques instants. Jamais il n'avait voulu faire une telle chose. Ce n'était pas du tout ce qu'il voulait faire comprendre à Zelda...

- Zelda, crois-moi, je n'ai jamais joué avec toi, se défendit-il en se levant. J'ai toujours été sérieux vis-à-vis de toi. Je gardais cette affaire de tournoi pour moi car je n'étais sûr de rien.

- Est-ce que tes empêchements étaient dus à ça ?

Il s'approcha de Zelda et voulut s'agenouiller devant elle, mais la jeune femme se leva soudainement et garda une certaine distance avec lui. D'une certaine manière, elle se sentait trahie même si elle souhaitait que l'Hylien se rattrape en lui disant toute la vérité.

- Oui, mes empêchements étaient en lien, lui confirma-t-il alors qu'elle ne voulait même plus le regarder. Jusqu'à ce que le tournoi commence, je n'aurai que peu de temps libre. Crois-moi Zelda, j'ai toujours été honnête envers toi...

La chevaleresse soupira. En fin de compte, elle avait l'air de s'être fait des idées un peu trop rapidement. Link semblait si sincère qu'il était difficile de ne pas le croire. Il se montrait des plus sérieux quant à sa proposition principale. Participer en tant que concurrent... Jamais cette idée n'avait effleuré Zelda. Le roi tenait à ce qu'un chevalier accompagne l'un des gardes royaux désignés, cela dans le but d'améliorer les relations entre les deux ordres. Il n'y avait rien de plus louable derrière ce désir de sa part.

- Tu devrais quand même choisir quelqu'un d'autre que moi, prononça-t-elle enfin d'une voix peu assurée. Je ne pense pas être à la hauteur face au niveau des autres participants. Ce n'est pas moi qui te ferais gagner le tournoi.

- Mon but n'est pas d'être le grand vainqueur, la corrigea-t-il en faisant un pas vers elle. Tant que nous remportons quelques combats, cela suffit au roi. Je pense que les autres gardes royaux qui participeront pourront aspirer au prestige à notre place. Nous devons seulement montrer que nos deux ordres peuvent combattre côte à côte et vaincre.

Zelda réfléchit, elle pesa les avantages et les inconvénients. Avait-elle seulement les capacités de se mesurer à ces futurs adversaires ? Tous seraient des guerriers aguerris, elle craignait d'être un poids pour Link si elle acceptait. Mais d'un autre côté, quel meilleur moyen de se défier et de se surpasser ? C'était sans doute ce qui la motiverait le plus à participer. Donner le meilleur de soi-même et voir ses limites. Toutefois, elle appréhendait grandement la réaction de l'ensemble de la Garde et de la Chevalerie. Quand et comment allaient-ils réagir ? Est-ce qu'il y aurait des répercussions sur sa carrière par la suite ?

- Quand apprendra-t-on que je suis ta coéquipière ?

Son interrogation confirma à Link qu'elle était prête à l'accompagner dans cette mission des plus singulières.

- Le jour même. Cela devrait nous préserver jusque-là. Le roi a même suggéré que tu portes l'uniforme de la Garde si cela s'avérait nécessaire.

Zelda croisa les bras et daigna relever la tête vers lui. Il osa lui adresser un sourire timide, comme s'il avait peur de la froisser d'une nouvelle manière.

- L'idée ne me plaît pas mais si nous devons en arriver là, soit... concéda la jeune femme. J'ose espérer pour toi que ce tournoi aide à apaiser les tensions.

Zelda ne voulait certainement pas flirter pour le moment. Elle en avait perdu toute l'envie, cette discussion l'avait quelque peu refroidie.

- J'attends aussi que tu me prouves que je n'ai pas eu tort d'espérer avec toi... ajouta-t-elle à la hâte.

Sans attendre la moindre réponse de sa part, la blonde tourna les talons et quitta le bureau. Peu lui importait de tomber seule nez-à-nez avec des gardes sur son chemin de retour. Elle avait besoin de temps pour elle, pour réfléchir à ce défi bien trop ambitieux dans lequel tous deux s'étaient lancés. À juste titre, elle pressentait qu'elle devrait revoir très bientôt Link pour s'entraîner ensemble. Ils avaient besoin de connaître les techniques et les réflexes de l'autre afin de mieux combattre côte à côte. Zelda ne pouvait prévoir les épreuves qui les attendraient lors des tournois, car cela changeait chaque année. Mieux valait être le plus polyvalent possible... ce qu'elle n'était pas vraiment. Et deux semaines ne suffiraient jamais à le devenir. Elle devait donc se reposer sur ses acquis et ne pas perdre la main en attendant.



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