Chapitre 6
Quelque part, en plein centre de la ville de Boston, au milieu de tous les commerces luxurieux et industries renommés, se trouvait une magnifique maison exsangue qui faisait indignement de l'ombre aux monuments historique qui l'entourait.
Il s'agissait d'une immense demeure parée d'or et d'argent, tel les châteaux que l'on ne voit qu'au travers des contes pour enfants. Elle était assiégée de part et d'autre d'une sublime verdure apportant une touche de couleur pastel à cette environnement fortuné. Son apparence à la fois excentrique et archaïque donnait l'impression qu'elle avait été construite par de subtil forgeron digne de l'époque de Louis XVI.
Qui aurait cru qu'une simple maison pourrait susciter autant d'admiration et de convoitise de la part de ses attenants ?
Les passants et les visiteurs traînaient inconsciemment du pied, lorsqu'ils passaient devant cette unique façade taillée de pierre et de métaux avec une délicatesse des plus inavouables. Elle était décrite par le bas peuple comme étant une œuvre d'art endurci et intarissable qui avait pris cher avec le temps dans le cœur de cette ville.
Mais au-delà des éloges et des louanges entourant la beauté de cet habitat, l'illustre famille qui y résidait depuis le crépuscule de sa création éveillait d'autant plus l'exaltation et l'adoration aux yeux indiscrets des Bostonnais.
Leur renommée et leur grandeur faisait trembler les rues de la capitale, comme les soldats dans les tranchées pendant la guerre de 1914. Ils se sont fait connaître de générations en générations jusqu'à ce que leur nom soit présent dans toutes les bouches, même dans celles des plus ignorants. Nul ne pouvait feindre d'omettre leur existence au sein de cette ville. Cela était tout bonnement impossible.
Hélas, cette vie de rêve que tout le monde s'imagine en voyant leurs photos à la télé ou au travers des journaux, n'est qu'une sombre illusion créé afin de dissimuler les horreurs sur lesquelles ils s'assoient chaque jour lorsque les caméras sont éteintes.
Personne n'était en capacité de percevoir la réalité qui se cache derrière les grandes portes de ce fameux manoir à la fois coûteux et étoffé. L'ensemble des atrocités qu'ils ont pu commettre dans l'ombre étaient joliment recouvertes par une considérable liasse de billets provenant de but en blanc de la poigne perfide d'individus dépravés. Ainsi était leur mode de vie. L'image noble qu'ils soudoyaient au grand public servait exclusivement à concéder à leur agissement en toute impunité dans le plus grand des silences.
Ils avaient l'argent et le pouvoir de leur côté, ce qui faisait d'eux une cible intouchable.
De plus, le dirigeant de cette honorable lignée adhérait au profil des hommes les plus transcendant de la ville de Boston. Son statut de haut rang et son labeur inégalable faisait de lui un être indispensable au sein du gouvernement. Il était dévouée corps et âme dans l'instauration d'un bon climat et d'une paix durable pour les descendances à venir.
Nul n'aurait pu se douter de l'intégrité de cet homme d'apparence charmant et innocent tel un bambin à l'aube de sa naissance. Il avait séduit le cœur des habitants avec un sourire des plus hypocrite afin de rentrer dans leurs bonnes grâces et de leur paraître idéalement parfait...
Mais c'était sans compter sur ce liquide rouge écarlate qui dégoulinait gracieusement de ses mains blafardes, lorsque l'attention qui lui était accordée se retrouvait enfin museler loin de ses activités répulsives.
Personne ne savait qui il était réellement, et honnêtement, il valait mieux que cela reste ainsi...
Parce que les innombrables monstruosités qui emplissaient secrètement son quotidien, étaient si infâmes et si répugnantes que n'importe qui rendrait tripes et boyaux face à un tel aspect d'épouvante.
C'était un être admirable et respecté lorsqu'il était au devant de la scène.
Mais dès qu'il rentrait chez lui...
Dans son immense manoir foisonnant...
Il redevenait un tortionnaire sans âme, capable des pires bassesses afin de satisfaire ses désirs sadiques.
Il redevenait l'homme ivre qui traînait dans les bars après minuit, pour vider son esprit à l'aide d'une bouteille de whisky...
Et il redevenait le cauchemar de sa fille aînée, qui devait enduré ses sautes d'humeurs au prix de nombreuses blessures physiques et psychologiques ineffaçables.
En clair...
Il se transformait en une personne que vous ne voudriez jamais connaître.
Un démon revêtant la prestance d'un ange pour parvenir à leurrer ses victimes...
Plus connu sous le nom de...
John Collins
~~~~~
Au devant de cette même maison, dans les alentours de 23 heures, un bruit sourd et non méconnu aux habitants de cet arrondissement fit écho avec une telle violence qu'on aurait pu l'assimiler à la détonation d'un coup de feu.
Dès lors, un homme massif vêtu entièrement de noir et amarrant un grand bagage à son bras, dépassa à tire-d'aile le seuil du domicile des Collins. Il se rendit après coup vers sa luxueuse automobile avant de partir en trombe en direction de cet endroit qu'il fréquentait habituellement pour laisser parler avec avidité sa honteuse addiction.
Un long et redoutable silence accompagna le départ de cet homme bien trop connu pour passer inaperçu aux yeux des commères encore éveillées. La demeure dans son entièreté était plongé dans l'obscurité, cependant les faisceaux de lumière délégués par la lune permettaient d'entrevoir le capharnaüm qu'il avait laissé sur son passage.
Des meubles renversés, de la porcelaine cassée et une odeur de cigarette à plein nez. Rien de bien différent des autres soir, mais cet acharnement de violence était infiniment déchirant et il était impossible pour qui que ce soit de s'y accommoder.
Notamment pour cette brunette au regard livide, qui se retrouvait aussi brisé que des débris de verres dès l'instant où son géniteur se laissait un peu trop consumer par la rancoeur. Tel un loup rampant vers une brebis égarée, il la dévorait sans ne serait-ce qu'une once de pitié.
Et cette soirée-là n'a pas fait exception à la règle...
De fines gouttelettes de sang entachaient le parquet du salon et continuaient leur chemin jusqu'aux escaliers menant à l'étage. C'était un atroce scénario digne d'un glorieux film d'horreur, mais pour cette famille un carnage de cette envergure n'avait rien d'anormal. C'était quelque chose de courant chez eux.
Quelque chose de fréquent.
À chaque pas de plus, la quantité de sang qui souillait les marches en bois s'amplifiait davantage, comme s'il s'échappait progressivement de la carcasse d'un cadavre. La longue traînée de plasma finissait son chemin sous forme de flaque devant l'interface d'une grande porte en cotret.
Derrière cette dernière on pouvait entendre des reniflement et des pleurs amèrement dissimulé. Des gémissements de douleurs et de lourdes respiration entrecoupée par des hoquets acérés. Même en étant de l'autre côté du battant, il était possible de déchiffrer l'angoisse et le chagrin qui comprimaient le cœur de cette âme en peine.
Recroquevillée dans un coin de sa chambre et baignant dans son propre sang, la jeune fille faisait de son mieux pour étouffer ses gémissements afin de ne pas réveiller sa petite sœur dormant dans la couchette attenante. Son corps était meurtri, abîmé suite à une énième valse endiablée mené par son père. D'anciennes blessures avait été réouverte tandis que de nouvelles avait pris place sur sa peau pour une durée encore indéterminée.
C'était un cycle vicieux qui tuait son corps et son esprit à petit feu.
Les éclaboussures de sang situé à chaque extrémité de la pièce, étaient une preuve de plus vis-à-vis de la régularité des excès de violence au sein de cette demeure. De nombreuses couches de peinture avait été appliquée à fin de les dissimuler, mais hélas, rien n'y faisait. Elles étaient indélébile.
À la suite de maintes interminables minutes à essayer de reprendre son souffle, la douleur qui affligeait ardemment ses membres endolori a fini par s'estomper. Ses avant-bras était maculés par d'énormes hématomes, qui ternissaient sa fine peau laiteuse d'une couleur améthyste tel un sarcome. Sa sueur se mélangeait à son sang et s'écrasait sur le sol au son des cliquetis redondants de l'horloge.
Cela faisait déjà plus d'une heure que son père avait pris la fuite mais pourtant elle n'avait toujours pas fait le moindre mouvement. Elle restait assise sur le sol, les jambes croisées, et fixait la porte de sa chambre avec cette même intuition qu'il ne tarderai pas à revenir afin de l'achever. C'était comme ça chaque soir.
Elle avait constamment cet horrible sentiment lorsqu'il claquait la porte dans un excès de rage pour aller se saouler au fond d'un bar près de la capitale.
« Et si il me tuait cette fois ? »
Cette question sordide provoquait en elle autant de terreur que de tentation. Car certes, elle craignait de tomber sous l'emprise des coups qui lui était porté, mais toutefois, cette option semblait être la seule qualifiée à lui accorder la délivrance qu'elle avait tant rêvée. Une part de sa conscience ne cessait de lui murmurer cette idée à l'oreille ce à quoi elle jouait la carte de l'ignorance.
Elle ne voulait pas mourir.
Non, elle voulait vivre et aller au bout de ses objectifs comme sa défunte mère le lui avait conseillé. Elle voulait gagner cette bataille acharnée pour prouver à tout ceux qui l'avait maltraité que sa valeur n'était pas des moindres. Et elle voulait voler de ses propres ailes sans avoir à craindre chaque seconde que la mort vienne frapper à sa porte.
Hélas, se battre pour survivre est devenu si harassant au fil des années que parfois, lorsque son étincelle d'espoir ne brillait plus, elle priait le ciel afin que son père franchisse la porte de sa chambre et vienne mettre fin à ses souffrances.
C'était un funeste désir qu'elle terrait dans les abysses de son esprit et qu'elle faisait brièvement disparaître lorsque ce dernier apparaissait.
Elle n'avait pas le droit de mourir.
Elle ne pouvait pas mourir.
En leur faisant don de sa maigre dépouille, elle leur donnerait la chance d'affirmer toutes les allégations à son sujet et de cracher sur son nom à l'égale de vulgaire rapace dénué de compassion.
Perdre la vie de cette façon serait semblable à leur offrir la victoire sur un plateau d'argent et il en était tout bonnement hors de question.
Car même si son existence était forgée d'une suite d'échecs et de malheur, une flamme d'optimisme perpétuait à s'embraser au creux de son cœur. Et tant que cette dernière ne sera pas venu à bout de son dernier scintillement...
Rien ne pourra faire voyager son âme candide aux portes du paradis.
« Emy ? »
Ses pupilles de lis qui étaient jusque-là posé sur le parquet, se levèrent en direction de la provenance de cette voix qu'elle ne connaissait que trop bien.
Debout face à l'encadrement de la porte, accompagnée d'une mine boudeuse et à moitié endormi, se tenait son unique sœur cadette visiblement frustrée de ne pas réussir à trouver le sommeil. Elle se frottait délicatement les yeux de la main gauche et agrippait mollement sa peluche favorite de la main droite. Son regard ivoire semblait perdu et elle tenait difficilement sur ses deux jambes en raison de la fatigue.
« Qu'est-ce que tu fais par terre ? »
En voyant de l'inquiétude se refléter dans les yeux de sa sœur, Emy se releva le plus naturellement possible et s'agenouilla devant elle pour être à sa hauteur. Malgré la douleur qui électrisait ses membres elle cherchait à ne rien laisser paraître afin de ne pas apeuré sa sœur. Elle ne voulait pas que cette dernière voit le carnage qui avait été laissé par leur père suite à sa crise de nerf.
« - Je suis juste tombée, rien de bien grave. Mais toi, pourquoi est-ce que tu ne dors pas ?
- J'ai entendu du bruit alors j'ai voulu voir ce qu'il se passait. Et puis j'avais un peu peur toute seule, donc je me suis dit que je pouvais dormir avec toi. Répondit la plus jeune en laissant échapper un long bâillement qui exposa sa belle dentition aux yeux de son aînée.
- Je suis désolé Katie il me reste encore beaucoup de travail à faire, et je ne risque pas de le finir maintenant. Mais je te promets que lorsque j'aurai terminé je viendrai te rejoindre dans ta chambre, d'accord ? Déclara Emy en ébouriffant les cheveux ébènes de la benjamine.
- Tu dis ça à chaque fois et au final tu t'endors sur ton bureau. Je vais finir par croire que t'aimes pas dormir avec moi. Je sais que je ronfle un peu mais quand même.
- Un peu tu dis ? Tu ronfle tellement fort que je n'ai pas besoin d'alarme pour me réveiller le matin.
- Eh, c'est même pas vrai espèce de méchante ! T'as gagné, c'est bon, je te parle plus ! »
Elle se mit donc à bouder en faisant la moue et en croisant ses bras sur son torse, ce qui provoqua un rire franc de la part de sa grande sœur. C'est dans ce genre de moment que l'idée de mettre fin à sa vie s'évaporait lentement hors de sa conscience. Elle se diluait comme la rosée au contact du soleil avant de s'évanouir dans un océan de plénitude totale et imperturbable.
Sa sœur...
Sa tendre et douce petite sœur était celle qui lui donnait inconsciemment le courage de se battre contre vents et marées même lorsque son moral était au plus bas. C'était sa source d'inspiration et la raison pour laquelle elle était encore sur terre à l'heure actuelle. À la mort de leur mère, Emy s'était promise de tout faire pour la protégée du monde cruel dans lequel s'était enlisé leur paternel.
Ce dernier avait toujours évoqué avec fierté une préférence inouïe pour Kate, sans même se soucier des sentiments de son aîné. Emy avait quelques fois envié sa sœur pour ce traitement de faveur, mais l'amour qu'elle éprouvait pour elle dissipait tout soupçon de jalousie et de ressentiment.
Elle voulait lui offrir l'amour qu'elle n'avait pas reçu de la part de son père et que sa mère n'avait pas eu le temps de lui insuffler de par son décès.
Kate méritait d'être heureuse.
Et pour cela, elle était prête à vivre dans cette maison et à subir toutes les horreurs possible, car à ses yeux, le bonheur ainsi que le sourire de sa petite sœur n'ont pas de prix.
Mais ce qu'elle ne savait pas, c'est que la fragile innocence qui régnait dans le cœur de sa cadette était parti depuis déjà bien longtemps...
« - Emy, pourquoi est-ce que tu saignes ?»
Ce n'est que suite à cette réflexion que Emy constata que Kate portait désormais son attention sur les blessures importantes qu'elle avait au niveau de ses avant-bras. Elle avait laissé tomber sa peluche sur le sol pour plaquer sa main contre sa bouche et fixer l'immensité des plaies avec les yeux écarquillés. Elle semblait terrifiée.
D'un geste d'apparence anodin, elle essaya de toucher le bras de sa grande sœur, mais cette dernière l'en empêcha en attrapant vivement son poignet.
« - C'est rien, je te l'ai dit, je suis juste tombée. Dit-elle d'un air faussement plaisantin sous le regard attristé et tourmenté de la plus jeune.
- M...mais tu-
- Ne t'en fais pas Katie, je vais bien. Retourne te coucher et je viendrai te voir plus tard. »
Le ton qu'employait Emy était à la fois ferme et maternel, comme si elle voulait paraître rassurante mais que son cœur ne faisait pas d'efforts. Elle détestait devoir mentir à sa petite sœur, mais même si cela détériorait chaque organe de son être, la situation l'imposait.
Kate ne devait pas connaître la vérité.
Elle était certes plus forte et plus résistante qu'il n'y paraissait, mais la réalité autour de leur famille était si douloureuse et si disgracieuse qu'en l'apprenant elle finirait inévitablement brisé telle une délicate tasse de porcelaine. Emy voulait lui évité d'endurer les souffrances qui l'accablaient et de vivre le même quotidien que le sien. Elle préférait supporter et subir en silence le poids de son existence, plutôt que d'entraîner sa sœur dans la profondeur de sa chute.
Pourtant elle aimerait tout lui dire, tout lui raconter, et s'enfuir avec elle dans un endroit où personne ne pourrai jamais les retrouver. Mais elle ne pouvait pas priver sa sœur de bénéficier d'une vie normale juste parce que la sienne n'avait pas su l'épanouir comme l'enfant qu'elle était l'aurait voulu.
Ce serait égoïste.
Le regard de la benjamine se brouilla de larmes au plus grand désarroi de son aînée qui en fut mentalement déchirée. Elle ramassa donc le doudou de sa petite sœur et le déposa entre ses mains fluette avant de caresser sa joue pour faire disparaître la cascade d'eaux qui dégoulinait de ses yeux.
« - Tu n'as pas à te faire du souci pour moi Katie. Tu sais bien que ta grande sœur est une battante. Et puis ce n'est quand même pas une petite chute qui va me tuer. Tu as confiance en moi, pas vrai ? »
Cette dernière hocha faiblement la tête pour montrer son approbation tout en enserrant sa peluche contre son ventre.
« - Dans ce cas retourne te coucher, et n'oublie pas de me laisser une petite place. Conclut Emy en adressant un sourire sincère à sa cadette. »
En discernant l'alliage de tendresse et de franchise qui animait les pupilles de sa grande sœur, Kate lui rendit modiquement son sourire avec cependant une fine pointe de mélancolie. Elle tourna les talons et se rendit vers l'entrée de la chambre en prenant soin de gratifier Emy d'une grimace dont elle seule avait le secret.
« - Mais s'il te plaît, fais plus attention la prochaine fois. Je n'ai pas envie qu'il t'arrive quelque chose. Quémanda-t-elle une fois que ses deux pieds furent sur le pas de la porte.
- Il ne m'arrivera rien, je te le promets. Je vais quand même pas te laisser toute seule, tu t'ennuierais beaucoup trop sans moi. Rétorqua Emy déclenchant ainsi la survenue d'un gloussement mal contrôlé chez sa sœur. »
Les deux jeunes filles restèrent un long moment à se fixer dans le blanc des yeux jusqu'à ce que Kate les ramène à la réalité.
« - Bonne nuit Emy. »
Cette dernière détailla une seconde fois le visage de sa sœur quand soudain une douce pensée vint effleurer son esprit avec nostalgie.
« Elle ressemble de plus en plus à maman. »
Le sourire qui illuminait d'ores et déjà le visage d'Emy s'accentua encore plus suite à cette constatation. Et elle lui répondit alors avec le même entrain :
« - Bonne nuit Katie. »
Sur ce la jeune Collins s'en alla accompagnée de son éternel enthousiasme, et elle ferma la porte sur son passage ce qui replongea la pièce dans une noirceur impénétrable.
Emy aurait également apprécié tomber entre les bras de Morphée, mais pour elle la nuit était encore loin d'être terminée. Elle se releva donc avec sûreté et se dirigea vers son bureau où se trouvait une pile de cahier ainsi qu'un programme de cours inachevés. La simple vue de cette feuille gribouillée de coups de crayon et de trace de stylo lui fit grincer les dents.
Hélas pour elle, il lui restait encore un démon à affronter, et ce dernier contrairement à son père ne la martyrisait que lorsque le soleil était à son apogée.
Son bourreau obstiné dont elle était désormais l'enseignante attitrée...
Maintenant qu'elle y repensait, Emy s'insultait de tous les noms d'avoir osé accepter cette médiocre proposition. Donner des leçons particulières à son harceleur était la pire idée qui avait pu traverser son esprit.
Il est vrai que son désir ardent d'éclaircir le mystère qu'il était, avait titillé sa curiosité. Mais est-ce que cela valait vraiment le coup de se jeter à pieds joints dans la gueule du loup ? Était-ce réellement une bonne idée d'empiéter sur un terrain glissant qu'elle ne connaissait qu'en peinture ? Serait-il possible que la situation s'aggrave et arrive à un point de non retour ?
Elle n'en savait rien et c'est justement ce qui l'inquiétait...
Néanmoins, elle ne comptait pas se laisser abattre.
Le destin lui avait enfin offert l'opportunité de comprendre pourquoi elle était autant détestée par ses camarades. C'est pourquoi elle ne pouvait décemment pas laisser cette occasion inestimable lui filer entre les doigts.
C'était son unique chance par conséquent elle était prête à se jeter dans les bras fourbe de l'ennemi même si en contrepartie elle devrait y laisser quelques larmes et quelques plumes.
Un simple coup d'œil en direction du carillon harponné au mur de sa chambre, lui fit comprendre qu'elle n'aurait droit à aucune secondes de sommeil durant cette nuit.
Cette pensée la fit soupirer un bon coup mais elle ne s'y attarda pas, étant donné que d'ordinaire ses nuits n'étaient jamais bien complète.
Elle s'installa donc sur sa chaise de bureau avant de se replonger avec fatigue, dans la rédaction du programme d'apprentissage de son très cher persécuteur...
Kyle Foster
À suivre...
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