Un résultat presque inattendu

Le second jour s'écoula rapidement. Je passai la matinée en tête à tête avec ma mère qui exceptionnellement ne travaillait pas. Ainsi, nous fîmes de nombreuses parties d'échec à deux tout en discutant énergiquement. Ça faisait longtemps que nous n'avions pas passer autant de temps ensemble, et cette matinée nous fit du bien à toutes les deux je pense. Mais je sentais quand même le tirage au sort planer au dessus de nos têtes comme un nuage d'orage. Sans le dire, nous savions toutes les deux que nous serions bientôt séparées.

Vers midi, mum me fit la surprise de m'amener au restaurant en ville. Je me souviens de ma surprise ainsi que ma joie quand elle m'avait poussé dans le grand bâtiment qui m'avait toujours fait rêvé. Elle avait dû beaucoup économiser pour ce repas, et je sentais l'importance qu'elle y accordait. Même si je ne suis plus en très bon terme avec elle maintenant, je dois dire que je lui suis toujours reconnaissante d'avoir fait que ce dernier déjeuné soit si inoubliable.

J'avais demandé à ma mère de passer mon après midi avec mes amis, ce qu'elle a accepter de bonne grâce. On ne refuse pas grand chose à son enfant quand on sait que quelque chose de terrible va lui arriver.

J'écoulai donc la suite de la journée à traîner dans le parc avec Austin. Les autres n'étaient pas disponibles, Dorian était chez Elena (toujours fourrés ensemble ces deux là), et Camille avait un rendez-vous chez le médecin pour une sombre histoire de vaccin. J'ai toujours détesté ces trucs ; les aiguilles et les liquides de toutes les couleurs me rendent malade. Mais pour survivre aux nombreuses maladies qui polluent maintenant notre air, il fallait bien que je me force à les faire...

Austin non plus n'aime pas les vaccins. Il n'aime ni les piqûres, ni le sport, ni les araignées, ni la tarte au citron. Par contre il aime les pizzas, les pâtes, les jeux vidéo, les chiens et les films de science fiction. Je le connais vraiment par cœur mon petit hamster, ce n'était pas mon meilleur ami pour rien. Et lui peut tout aussi bien réciter la liste des choses que j'aime et que je n'aime pas.

Nous avions grandit ensemble, nos mère étaient de vielles amies d'enfance et nous nous voyions presque tous les jours chez l'un ou chez l'autre. C'était vraiment mon meilleur ami, on se disait tout.

Enfin, il m'a quand même caché une chose hyper importante... Que je te révélerai plus tard.

- Tu veux vraiment y aller ? M'a-t-il demandé en plein milieu d'une conversation tout à fait banale.

J'ai immédiatement compris de quoi il voulait parler, et je me souviens très bien de mon malaise.

- Je... Oui je veux y aller. Comme beaucoup d'autres je pense... La richesse, ça attire tout le monde, relativisais-je en souriant. Mais tu vois, j'ai vraiment l'impression que je dois y participer... Et puis, ça ne me déplaira pas de voir un peu du pays...

Je mettais un point d'honneur à conclure toutes mes affirmations un peu sérieuses par une pointe de légèreté, histoire que mon interlocuteur ne s'inquiète pas. Mais Austin connaissait bien ma manière de faire et s'était arrêté sur mon avant dernière phrase.

- Quelle impression ? Demanda-t-il en s'arrêtant.

Je stoppai moi aussi ma marche pour le regarder dans les yeux.

- Je sais pas... Écoute, j'ai des raisons de penser que je serai sélectionnée, et je sens aussi que j'ai un rôle important à jouer dans tout ça... Plus important que de trouver un mystérieux trésor et devenir riche je veux dire.

Je me rendis alors compte que j'avais arrêté de respirer durant mon aveux. Je repris une grande bouffée d'air et baissai les yeux.

Oui je sais, le monde ne tournait pas encore autour de moi... Mais ce que je lui ai dit s'est tout à fait vérifié par la suite, et ce n'est pas si cool d'être le centre d'une telle attention au final.

Austin se rapprocha un peu de moi. Une lueur d'inquiétude, mêlée à une autre émotion que je n'avais pas identifiée à ce moment, traversa son regard.

- Quoi ? Il y a des miliers de participants Coline, comment peux-tu être sûre d'être sélectionnée ! S'indigna-t-il.

J'allai lui répondre quand il leva la main et balaya mes explications d'un revers.

- Écoute, je comprends qu'il y a certaines choses que tu ne veuille pas me dire. Mais là c'est important. Que me cache-tu ? Me demanda-t-il encore, le plus sérieusement possible.

Il glissa gentiment une de mes mèches de cheveux derrière mon oreille et je plantai mon regard dans le sien.

- Un mec est venu me voir le soir de l'annonce, avouai-je, décidée à me confier. Il m'a dit qu'il comptait sur moi pour ne pas me laisser endoctriner lors de cette Chasse. Et puis... J'ai fait des rêves... J'ai un mauvais pressentiment Austin, mais je dois y aller.

Il ne me lâcha pas des yeux et une multitudes d'émotions traversèrent son regard, trop rapides pour que je n'arrive à les identifier. Puis il détourna la tête et avança de quelques pas.

- Si tu sens vraiment que ta place est là bas je veux bien te laisser y aller... Mais promets moi d'être prudente.

Comme si il pensait pouvoir me contraindre de rester ! Mais je suis obligée d'admettre que partir avec sa bénédiction me soulageait d'un poids.

- Promis, fis-je joyeusement en lui embrassant la joue.

Il sourit et la conversation prit une tournure plus agréable. Nous n'abordâmes plus ce sujet de l'après-midi, et quand on arriva à ma maison, j'étais de bien meilleur humeur.

Je proposai à Austin de rester pour la soirée et il accepta aussitôt. Ma mère qui avait passé l'après-midi chez une amie nous trouva affalés sur le canapé en rentrant. Nous étions occupés à regarder pour la cinquième fois notre film préfère en mangeant du popcorn ; la fin d'après-midi de rêve. Compréhensive, elle proposa à mon ami de rester dormir et, avec l'accord de sa mère, il accepta encore avec joie.

Maman avait préparé une soupe pour le soir, et bien qu'il ne soit pas fan des légumes, Austin finit quand même par lécher son assiette. Il raffolait des bons plats et ma mère était vraiment bonne cuisinière.

On compléta le repas avec du jambon et des yaourt avant de nous installer sur le canapé. Alors que je me disais que ma soirée ne pouvait pas être plus parfaite, le journal télévisé commença.

- Mesdames et messieurs, bonsoir. Fit la présentatrice avec entrain avant d'annoncer les titres. Je regardai les actualités s'enchaîner avec recule. Il n'y avait qu'un sujet qui m'intéressait. Ressentants ma tension, ma mère me caressa les cheveux et Austin serra ma main. Quelques mots me ramenèrent alors brusquement sur terre :

- Il est maintenant temps de vous annoncer les résultats du tirage au sort, annoncé hier soir sur nos ondes. Des miliers de jeunes des quatres coins de la France ont déposé leur candidature ces deux derniers jours, et les vingt-huit sélectionnés seront appelés à la fin du journal. Voici donc les noms des heureux chanceux !

La présentatrice commença à énumérer les sélectionnés alors que leur noms s'affichaient à l'écran. Je les regardais défiler sans y prêter attention. Je sentis Austin alors se figer à coté de moi, et j'en aurais fait de même si j'étais moins stressée. Mais plus rien ne comptait.

Les noms défilaient, et mon souffle s'accélérait au fur et à mesure qu'une pensée germa dans mon esprit. Et si je m'étais trompée ?

Mais cet espoir se dissipa bien vite, et la présentatrice annonça ces deux noms qui scélèrent mon destin :

- ..., Turner Coline,...

Tout s'est alors écroulé en moi. Le tourbillon d'émotions contradictoires qui assaillait mon esprit retomba bruquement, et je me sentis envahie par une froide vague de résignation. J'avais déjà accepté l'idée d'être sélectionnée, mais voir que tout était maintenant officiel alourdissait encore le poids qui s'était installé sur mes épaules. Mon corps crispé se détendit pendant cette réalité s'imposait peu à peu dans mon esprit ; le lendemain, je partierai.

J'entendis à peine la sonnerie du téléphone. Je ne m'en rendis compte juste quand Austin le colla à mon oreille. Une voix féminine et aiguë m'interpella :

- Allô ? Mademoiselle Turner ?

- Elle même, répondis-je d'une voix neutre.

- Bonjour ! Félicitations pour avoir été sélectionnée pour La Chasse ! Une voiture passera vous prendre à votre domicile demain matin, à huit heure. Votre organisateur vous y attendra. Il vous accompagnera, vous ainsi que le deuxième de votre région, tout le temps de votre séjour à la capitale. Vous avez encore toutes nos félicitations, et bon courage pour cette merveilleuse aventure ! M'exposa-t-elle avec grand enthousiasme.

Je me demande si cette femme était au courant du sort qui attendait la majorité des personnes à qui elle a téléphoné ce soir là...
Je ne sais pas qui le savaient à l'époque. Quoi qu'il en soit, je les déteste. On ne peux pas être humain pour accepter ça... Et je n'oublie pas ma promesse.

Je posai le téléphone sur le canapé, juste à côté de moi. Austin me dévisageait gravement, il ne m'avait pas encore tout à fait crut avant d'entendre mon nom, il me l'a lui même confié plus tard. Quand il a constaté que j'avais raison, il a commencé à vraiment paniquer.

Mais il n'a rien laissé paraître. Ce n'était pas mon meilleur ami pour rien, et là, il savait que j'avais besoin de son soutient. Il m'a tendu la main et m'a entraîné vers la table à manger.

Maman, dont je n'ai remarqué l'absence sur le canapé que quand je l'ai vu fouiller dans les armoires, avait déjà sortit trois verres. Elle sortit une bouteille de jus de mangue, mon préféré, et le servit.

- À ma grande fille ! Trinqua-t-elle en levant son verre.

Austin prit le sien et le leva lui aussi en disant :

- À Coline !

Reconnaissante, je pris mon verre et le fis percuter les autres. Nous buvâmes tous les trois à ma santé, et discutâmes encore joyeusement tout le reste de la soirée. Ils me faisaient rire, et inventaient des hypothèses foireuses sur la position de la chambre que j'avais désormais pour mission de trouver.

Je pris conscience de l'importance qu'ils avaient tous deux à mes yeux. Une douce certitude s'imposa dans mon esprit : si je gagnais cette Chasse, ce sera pour eux.

La nuit, Austin dormis dans ma chambre. Il s'improvisa un lit avec mon petit canapé comme quand on avait cinq ans. Même si il avait beaucoup grandit, et que ses jambes pendaient dans le vide, il insista pour y rester.

Rien qu'à l'évocation de ces souvenirs, j'ai envie de pleurer. Cette soirée était vraiment génial, je ne les remercierai jamais assez pour m'avoir permis de voir les bons cotés de la Chasse.

Ils m'ont donné la force de me battre, et pour cette dernière nuit, je m'endormis heureuse.

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