Le début de la fin
- ... Je me présente, je m'appelle Hector Barner. Et mon ami ici présent (il esquissa un signe de main en direction de l'autre pingouin plus âgé que lui) est le grand Tommerdon Stoffen, scientifique de renom. Si ce que nous allons vous proposer ce soir est possible, c'est en grande partie grâce à lui.
L'orateur laissa un petit blanc et fixa intensément la caméra. Il avait vraiment réussit à capter mon attention. En plus, j'étais sidérée de voir que Jacob avait raison. Ça semblait presque être une mauvaise blague vu comme tout collait parfaitement. Une mauvaise blague oui, très, très mauvaise...
- Avec de nombreux scientifiques, notre génie ici présent a réussit à prouver l'existence d'une chambre cachée. Elle se situerait sous le sol de la Nouvelle France, et contiendrait des tonnes de métaux rares, ainsi que de nombreuses autres richesses.
Nous avons finalement décidé, avec l'accord du gouvernement, de remettre cette chasse au trésor entre vos mains, mes chers citoyens. Nous allons tirer au sort deux jeunes âgés de douze à vingt ans de chaque régions parmis les inscrits qui auront noté leur nom sur nos listes d'ici les deux prochains jours. Ces vingt-huit jeunes adultes monteront à la capitale où ils séjourneront durant cinq jours pour récupérer des informations sur notre grand territoire. Ils partiront ensuite à la chasse de cette mystérieuse chambre cachée dans le but d'empocher la moitié des richesses qu'ils y trouveront.
Il laissa encore un petit moment de silence, histoire de bien nous permettre de digérer ses informations. Il y avait pleins de détails qui me choquaient déjà à l'époque, mais je n'eux pas le temps de plus y réfléchir car il reprit aussitôt :
- C'est pourquoi je vous demande à vous, jeunes citoyens, de vous inscrire au tirage au sort qui se fera dès demain. Toutes les écoles et universités participent à notre projet, vous pourrez vous inscrire en classe lors d'un temps aménagé spécialement dans ce but. Pour les autres, il sera toujours possible de placer votre nom dans l'urne de la mairie de votre ville ou village. Cet événement sera retransmit en grande partie à la télévision, et il vous sera possible à tous d'observer la vaillance de nos jeunes. Dans deux jours seront annoncés le nom des futurs chasseurs. Pour cette occasion, cette journée sera un jour férié. Ainsi, vous aurez le temps de vous préparer. À bientôt donc pour les résultats du tirage au sort. Bonne chance à vous tous !
Il nous salua par un petit signe de la main et la transmission bascula sur le journal. La présentatrice enchaîna fébrilement, après quelques secondes de blanc.
Je ne savais pas quoi penser. Comment ce Jacob était-il au courant de tout ça ? Ma mère me dévisagea, mal à l'aise, avant d'aller chercher la pizza qui commençait à cramer dans le four. Nous la mangeâmes dans un silence pesant, sans savoir quoi dire.
À certains moments, mum me regardait à la dérobée avant de rapidement se reporter sur sa part.
J'ai envie de dire que je n'y faisais pas attention, mais en vérité, ça m'affectait. Elle n'osait pas me regarder dans les yeux et aujourd'hui, je pense qu'elle avait honte. Honte de m'avoir eu, honte d'avoir perpétué cette famille de dégénérés timbrés qui aurait mieux fait de s'éteindre. Mais aussi triste de m'infliger cette existence si périlleuse.
Par contre, si il y a bien une chose que je ne peux pas lui reprocher, c'est de m'avoir donné la vie.
Sinon, je ne serais pas là aujourd'hui, et tu ne me connaîtrais pas, chère auditeur mystère que je ne verrais jamais de mon vivant. Ta vie serait très triste et morne sans moi...
Et puis quelque part, la vie vaut la peine d'être vécue. Même si on est une anomalie qui devrait être éliminée pour sauver le commun des mortels, il y a quand même de bons côtés. C'est même cool de savoir qu'on aurait pas dû exister, mais qu'on est quand même là, dressée fièrement tel un doigt d'honneur à tous ceux qui nous préféreraient morte.
La deuxième raison pour laquelle je ne peux pas en vouloir à ma mère de m'avoir donné cette vie, c'est que moi aussi j'ai envie de la donner à mes enfants. Comme quoi, on est tous bien égoïstes. Et heureusement d'ailleurs, car ça donne de sacrés bonnes choses.
Je ne regrette pas le choix de ma mère, j'aime vivre, et j'aime faire chier le monde par ma si folle existence.
Bref, désolée pour tout ça, je me confie un peu trop pour une simple bio-audio je crois.
Maintenant, je pense que tu devrais plus porter le nom de "journal intime" que de "personnage étrange du futur". Dommage pour toi pauvre âme innocente que j'ai transformé en quelques secondes en un objet inanimé, tu vas subir tous mes états d'âme...
Donc, ce soir là, je suis allée me coucher dans cette atmosphère glacial, avec juste un "bonne nuit" timide de ma mère pour réchauffer un peu l'ambiance. D'ailleurs, celle-ci n'est pas restée longtemps avant d'aller elle aussi dans sa chambre.
Je tins encore quelques heures sans dormir, à fixer le plafond et à me poser pleins de questions. Je me demandais ce que j'allais devenir. Jacob m'avait vraiment fait peur, et je craignais cette mystérieuse chasse.
J'avais tout d'abord décidé de ne pas m'y inscrire, avant que je ne me rendes compte que c'était une décision tout à fait égoïste. De toute façon, cette chasse se serait faite avec ou sans moi. Alors autant que ce soit avec, et que ce type n'ai pas gaspillé son temps à me mettre en garde.
Quand mes interrogations passèrent du "Qu'est-ce que je vais faire ?" à "Qui suis-je vraiment ?", je décidai d'y mettre fin pour gentiment tomber dans les bras de Morphée.
Mais mes rêves ce soir là devinrent vite très étranges. C'était des rêves lucides, et presque les seuls dont je me souvienne avec autant de précision. Au fond, la réalité angoissante dans laquelle je venais de plonger me suivait jusque dans mes cauchemars. Et ça avait de quoi faire peur.
Dans le premier rêve je me trouvais dans une espèce de train. J'étais debout dans l'allée, dos au sens de la marche. Le paysages défilait très rapidement, et mon cœur battait de plus en plus vite lui aussi. Alors, j'ai démarré. J'ai couru dans toute l'allée vers l'arrière du train, mais je n'avançait presque pas. Au fond des rangées, un mec en costume noir m'observait, un sourire aux lèvres. Quand je fus enfin arrivée à sa hauteur, il m'a sourit, a sortit un pistolet et m'a tiré une balle orange et luisante dans la poitrine. Je m'effondrai en me jetant en avant, sans pour autant atteindre la fin du train.
Je traversai alors le sol pour plonger dans un espace noir. Il n'y avait pas de mur, et tout semblait s'étendre à l'infinie. Je flottais, comme dans un autre dimension. Une voix masculine cria soudainement mon nom, et il résonna autour de moi. Je me sentis affreusement vide, et le noir se dissipa pour se transformer en un environnement plus tangible.
Mon troisième rêve se déroulait dans un petit salon plutôt rustique. Un homme y entra en courant, affolé. Il se précipita sur une trappe ouverte dans le plancher, la ferma, et y jeta un tapis pour la recouvrir. Il se releva et je pus enfin apercevoir son visage. Bien qu'ils étaient flou, déformés par mon rêve, ses traits me rappelèrent immédiatement quelqu'un, sans que je ne parvienne à l'identifier. Une chose était sûre : j'avais déjà vu ce visage.
L'homme calma lentement sa respiration puis tira un vieux pistolet de sa ceinture et en fît tourner le chargeur. Il souriait sereinement en entendant les bruits de pas qui se rapprochaient. D'autres hommes entrèrent alors et le criblèrent de balles. Il s'effondra au sol dans un nuage de poussière et la scène se dissipa avant qu'il ne touche le parquet.
Je me réveillai en sursaut, trempée de sueur et glacée jusqu'aux os. Je consultai mon réveille qui indiquait 5h47. Je me laissai retomber sur mon lit, fixant sans le voir le plafond. Pensive, j'attendais que le temps défile. Je ne me rendormis pas ce matin, ma journée avait déjà commencé.
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