Chapitre 8
En dépit de ses bonnes résolutions, Marinette n'avait pas pu s'empêcher de suivre Adrien et Lila. Abandonnant Nino et Alya, elle s'était élancée à leur suite à travers les couloirs, prenant bien garde de rester hors de vue.
La jeune fille tentait de se convaincre que le sentiment qui la poussait à les espionner ainsi n'était rien d'autre qu'une innocente curiosité, mais au fond d'elle-même, elle savait pertinemment qu'il n'en était rien. Le poison de la jalousie déferlait de nouveau dans ses veines, tel un torrent furieux emportant sur son passage toute trace de bon sens et laissant derrière lui une Marinette vibrante de colère. Ses entrailles se tordaient sous l'effet de la fureur, et alors qu'elle réalisait que Lila entraînait Adrien n'importe où sauf vers le bureau de leur professeur, sa poitrine se mit à lui donner l'impression de brûler d'un feu rageur qui menaçait de la consumer toute entière.
Lorsqu'elle vit Lila refermer derrière elle la porte qui menait à l'extérieur du lycée, Marinette se rua en direction des étages supérieurs, cherchant une fenêtre d'où elle serait en mesure d'avoir une vue directe sur les deux jeunes gens qui discutaient à présent dehors. Depuis son poste d'observation, Marinette pouvait parfaitement constater qu'Adrien avait l'air plus que contrarié par la situation, mais elle n'en fulminait pas moins. La brune italienne avait déjà passé une fois de plus toute sa matinée à se vanter de ses prétendus liens avec Ladybug, liens dont elle s'enorgueillait par ailleurs auprès de sites concurrents du Ladyblog, et voilà que maintenant elle réitérait ses avances auprès d'Adrien.
C'en était trop pour Marinette.
Elle avait jusque-là péniblement maintenu comme une muraille de self-control autour de sa rage bouillonnante, tentant désespérément de garder contenance en dépit de ces houleuses circonstances. Mais ce fragile édifice mental avait subi les implacables assauts combinés de sa colère, de sa frustration et de sa jalousie, qui l'avaient érodé comme l'auraient fait de violentes vagues se fracassant contre de vulnérables fortifications. Aujourd'hui était le jour de trop, et ce précieux rempart qui l'avait jusque-là empêchée d'exploser s'écroulait avec fracas au milieu d'un océan de fureur aveuglante.
Lila avait largement dépassé les bornes, et elle méritait une bonne leçon.
Et Marinette savait exactement comment laver les multiples affronts qui lui avaient été faits.
Alors que son sang-froid l'abandonnait, la jeune fille saisit son sac de ses doigts tremblants avant de l'ouvrir d'un geste vif pour faire apparaître Tikki. Levant un regard inquiet vers sa jeune amie dont les yeux étincelants avaient pris des couleurs d'océan de tempête, le kwami s'envola pour aller tapoter sa main d'un geste qui se voulait apaisant.
- « Marinette », commença-t-elle aussi calmement que possible, « quoi que tu comptes faire, je ne suis pas sûre que... »
- « Tikki », l'interrompit l'héroïne d'une voix tendue. « Transforme-moi ! »
Quelques mètres plus bas, inconscient de la tempête d'émotions qui déferlait sur sa coéquipière, Adrien toisait Lila avec méfiance.
- « Discuter ? », reprit-il d'un ton clairement soupçonneux. « De quoi ? »
- « Oh, je voulais en savoir plus sur toi », roucoula Lila avec un sourire charmeur. « Je pense qu'on a beaucoup en commun. »
Elle s'avança de nouveau dans sa direction, son regard incendiaire rivé à celui d'Adrien pendant que les mèches brunes qui encadraient son visage se balançaient à chacun de ses pas. La jeune italienne était à présent très près, bien trop près pour la tranquillité d'esprit du jeune homme.
Lila le dévisageait maintenant avec convoitise, ses lèvres roses s'entrouvrant comme pour inviter Adrien à les embrasser tandis que sa langue passait sur ses dents d'une blancheur immaculée. Tendant la main vers le jeune homme, elle lui effleura légèrement le torse du doigt, ne laissant plus planer aucun doute sur le fait qu'il était désormais difficile de qualifier ses intentions de « simplement amicales ».
Adrien déglutit péniblement, tandis que le sentiment de gêne qu'il éprouvait depuis l'instant où il avait compris que Lila l'avait attiré ici sous un faux prétexte se transformait en sensation de pur malaise. Ayant grandi dans un environnement très différent de celui de la majorité de ses camarades de classe, il lui arrivait encore parfois d'avoir du mal à interpréter certaines de leurs réactions, mais il savait néanmoins parfaitement identifier une tentative de séduction aussi évidente que celle-ci.
Tout comme il savait tout aussi parfaitement qu'il n'avait absolument aucune envie de subir les avances de Lila plus longtemps.
Son cœur était à Marinette, et à elle seule.
- « Par exemple », poursuivit sa camarade en battant des cils, « est-ce que je t'ai déjà raconté que j'avais été mannequin moi aussi ? »
- « Ha ? Heu... C'est...heu... Fascinant », balbutia Adrien en reculant d'un pas, mal à l'aise.
- « Je suis une personne absolument fascinante », reprit Lila d'un ton enjôleur, tandis que son camarade de classe s'éloignait de plus belle.
Le jeune homme jeta un regard vers la porte, se demandant nerveusement comment se dépêtrer de cette situation. La tournure que prenait la conversation était assez claire et il refusait d'en entendre plus. En dépit de l'immense gêne qu'il ressentait, Adrien aurait aimé trouvé une façon diplomatique de repousser les avances de Lila, ne tenant pas à l'humilier inutilement, mais il devait bien s'avouer qu'il n'avait actuellement pas d'autre envie que de la laisser seule dans la rue et de s'enfuir loin d'elle.
Il était las de ses petits jeux.
Adrien eut soudain une vive pensée pour Marinette. Il était particulièrement bien placé pour savoir que sa Lady avait toujours été admirablement douée pour rembarrer les gens, et il se demandait avec un soudain intérêt comment elle-même aurait réagi si elle avait été à sa place.
Tandis que son cerveau continuait de fonctionner à une impressionnante vitesse, Adrien avait poursuivi son déplacement, traçant un prudent demi-cercle autour de sa brune camarade pour se rapprocher de la porte du bâtiment. Sans même s'en rendre compte, il était resté face à elle durant tout le processus, donnant à sa démarche la curieuse allure de l'avancée latérale d'un crabe.
Lila ne manqua pas de noter cette amorce de fuite, et ses sourcils se froncèrent tandis qu'elle réfléchissait manifestement à une façon de retenir l'attention d'Adrien un peu plus longtemps. Tendant la main vers lui, elle l'attrapa vivement vers le poignet, ses doigts fins s'enroulant autour de son bras comme les serres d'un rapace.
La réaction d'Adrien fut immédiate.
Au diable la diplomatie. Sa réponse fut purement instinctive, et c'est d'un brutal mouvement qu'il se dégagea de la poigne de sa camarade. Il recula d'un pas, ses yeux d'un vert électrique lançant de vifs éclairs tandis que sa patience arrivait finalement à bout. Alors qu'il ouvrait la bouche pour signifier vertement à Lila ce qu'il pensait de son comportement, celle-ci l'interrompit brusquement tout en levant les mains en signe d'excuse.
- « Je vais même te confier un secret », lança-t-elle hâtivement. « Ma grand-mère était une super-héroïne, comme Ladybug ou Chat Noir. »
Sous l'effet de la surprise, Adrien interrompit sa houleuse retraite.
- « Pa... pardon ? » balbutia-t-il, stupéfait.
Lila porta la main au collier qu'elle portait autour du coup, tentant de profiter de ce bref retour au calme pour forcer sa chance.
- « Oui, je descends d'une célèbre héroïne renarde, Volpina. C'est elle qui m'a donné ce pendentif », poursuivi Lila sur le ton de la confidence, avant d'ôter l'objet en question et de le tendre vers Adrien.
Bouche bée, celui-ci scruta avec un intérêt non dissimulé le bijou qui dansait sous ses yeux. Il avait indéniablement la forme d'une queue de renard, mais était-ce pour autant qu'il s'agissait d'un miraculous ? Ou n'était-ce que l'un des autres mensonges de Lila ? Mais si elle disait la vérité, était-il possible qu'elle en sache encore plus sur les héros que ce qu'elle lui avait dit à présent ? Et peut-être avait-elle aussi entendu parler du Papillon par sa grand-mère ? Bien que le miraculous de leur ennemi ait officiellement disparu depuis des siècles, la possibilité que l'ancienne Volpina ait pu être au courant de son existence n'était pas à négliger. Et plus important encore, peut-être savait elle qui avait pu l'avoir entre les mains.
Mille questions tourbillonnaient dans la tête d'Adrien qui était à présent incapable de détacher son regard du pendentif, fixant le collier blanc et orange comme si ce dernier l'avait hypnotisé.
Le jeune homme était tellement fasciné par l'objet qu'il ne remarqua même pas que Lila avait profité de l'occasion pour se rapprocher à nouveau, se penchant tant vers lui que son visage n'était maintenant plus qu'à une vingtaine de centimètres du sien.
Quand soudain, une ombre rouge et noire atterrissant vivement à leurs côtés les fit tous deux sursauter.
Ladybug.
La jeune héroïne se redressa, toisant Lila avec une hostilité si palpable que l'air semblait s'être brusquement chargé d'une électricité crépitante.
Si Tikki avait cru voir dans la couleur des yeux de Marinette une mer déchaînée, Adrien voyait quant à lui le bleu d'un ciel d'orage dans ceux de Ladybug. C'était l'un de ses bleus sombres, mouvants, où le noir d'encre semblait avoir été mélangé à la couleur d'une ecchymose pour donner les plus menaçantes des teintes, et qui semblait être susceptible d'être déchiré à chaque instant par un éclair de colère.
- « Oh, mais c'est ma chère amie Lila », lança l'héroïne d'une voix dure, ses lèvres s'étirant pour plaquer le plus artificiel des sourires sur son visage crispé. « J'ai beaucoup aimé tes petites interviews. Tu sais, celles dans lesquelles tu racontes à quel point on est copines ? »
Alors que le visage de Lila blanchissait de seconde en seconde pour finalement devenir d'une pâleur de craie, Ladybug poursuivit sa tirade, poings rageusement serrés sur ses hanches.
- « Oui, notre si belle amitié qui a commencé quand je t'ai sauvée... Hum, attends », s'interrompit-elle en se tapant théâtralement le menton du bout du doigt.
Sa brune camarade la fixait, yeux exorbités, tandis que ses lèvres s'étaient mises à trembler. Le regard d'un bleu perçant de l'héroïne s'était fait si acéré que si les prunelles de Ladybug avaient été des dagues, Lila aurait sans nul doute été mortellement transpercée en moins d'une fraction de seconde.
- « C'était quand déjà, je ne me rappelle plus... », continuait Ladybug avec une mordante ironie. « Ah, je sais ! », s'exclama-t-elle tout en pointant un doigt accusateur vers la jeune italienne. « Je ne t'ai jamais sauvée ! »
Aux derniers mots que prononça l'héroïne, Lila sursauta, tandis qu'un hoquet d'horreur s'échappait de ses lèvres. Durant l'espace d'une poignée de secondes, ses yeux verts firent de frénétiques va-et-vient entre le visage fermé de Ladybug et celui, stupéfait, d'Adrien. Puis, alors que ses nerfs craquaient visiblement, elle se détourna brusquement d'eux en éclatant en sanglots pour s'enfuir dans les entrailles du lycée.
Toujours médusé par la tournure inattendue qu'avaient prise les événements, Adrien secoua légèrement la tête, avant de se tourner vers sa coéquipière.
- « Mais qu'est-ce qui t'a pris ? », chuchota-t-il d'un ton où perçait encore la surprise qu'il ressentait face à l'intervention de Ladybug.
- « Il m'a pris que je ne supporte plus super-menteuse », rétorqua sa partenaire d'un ton vif, comme si seule sa prétendue amitié avec Lila était la seule cause de sa fureur. « Ladybug par-ci, Ladybug par-là... J'en ai assez ! »
Adrien amorça un mouvement vers elle, avant de soudain se rappeler qu'ils étaient tous deux en public et que si Chat Noir pouvait se permettre d'être familier avec la célèbre héroïne de Paris, c'était loin d'être le cas d'Adrien Agreste. Il se mordit l'intérieur de la joue, retenant la remarque qui lui brûlait les lèvres. Il savait pertinemment que sa partenaire avait été légitimement agacée par les inventions de Lila au sujet de leur soi-disante amitié, mais il n'avait pas non plus manqué de noter les éclairs de rage qui étincelaient dans les yeux de Marinette chaque fois que leur nouvelle camarade s'approchait de lui.
Marinette ne supportait pas que Lila lui tourne autour, c'était l'évidence même.
Bien que la situation dans laquelle l'arrivée orageuse de Ladybug les avaient placés soit tout sauf confortable, Adrien ne lui en tenait nullement rigueur, sachant parfaitement qu'à sa place il aurait probablement déjà explosé de rage lui aussi.
Non, ce qui l'inquiétait, c'était la raison exacte de l'intervention de sa coéquipière.
Le jeune homme se demandait avec angoisse si la venue de Ladybug avait été motivée par de la simple colère, nourrie par les incessantes avances que lui faisait Lila, ou si la jalousie de la jeune fille avait été inspirée par de plus tortueuses motivations. Marinette avait-elle un instant cru que Lila avait eu la moindre chance de faire vaciller leur couple, et était telle intervenue en pensant éviter ainsi un écart de la part d'Adrien ?
Cette question torturait le jeune homme, qui ne supportait pas l'idée que sa partenaire puisse croire ne serait-ce qu'un instant que sa loyauté ne lui était pas indéfectiblement acquise. Néanmoins, bien que son plus cher souhait soit actuellement de rassurer la jeune fille quant à la confiance qu'elle pouvait lui porter, Adrien avait la conviction profonde que le moment était mal choisi pour amorcer une telle discussion.
Jamais il n'avait vu sa partenaire aussi furieuse, et il ne tenait pas à prendre le risque d'envenimer la situation.
Pas ici, alors qu'ils étaient Ladybug et Adrien.
Et pas tant que la jeune fille n'aurait pas retrouvé son sang-froid.
Il lui en parlerait, mais plus tard.
Plongeant son regard dans celui de Ladybug, le jeune homme prit une grande inspiration.
- « Ma Lady », chuchota finalement Adrien d'un ton peiné, se forçant à revenir sur leur discussion. « On passe nous aussi notre vie à mentir. »
- « Mais pour de bonnes raisons », répliqua sèchement Ladybug. « Et je ne pense pas que ça soit le cas de Lila. »
- « Je te l'accorde », approuva son partenaire d'une voix conciliante, ne sachant que dire pour apaiser sa coéquipière. « Mais tu ne crois pas que tu y es allé un peu fort ? », reprit-il avec hésitation.
La jeune héroïne se redressa, redressant fièrement le menton.
- « Je déteste ce genre de mensonges », rétorqua-t-elle, le regard brillant. « Surtout quand ils me concernent. »
Avant qu'Adrien n'ait le temps de répondre quoi que ce soit, Ladybug porta sa main à sa hanche, attrapant son yo-yo. Elle le lança dans les airs d'un mouvement vif, puis disparu dans les airs en un battement de cils.
Ladybug atterri souplement sur le toit d'ardoise d'un immeuble voisin, avant de se relever en poussant un lourd soupir. Son cœur cognait rageusement dans sa poitrine, battant la mesure de sa fureur, tandis que ses mains tremblaient encore sous l'effet de la tension qu'elle ressentait suite avec sa confrontation avec Lila.
La jeune fille ferma les paupières, prenant une grande bouffée d'air et cherchant à maitriser son souffle haletant pour tenter de retrouver son calme.
Expirer, inspirer, encore, et encore.
Faire le vide dans son esprit.
Du calme. Du calme.
Peu à peu, la jeune héroïne reprit peu à peu le contrôle des ardentes émotions dont elle avait été jusque-là la proie, et sa colère commença finalement à retomber.
Et alors que l'ouragan de fureur qui s'était jusque-là déchainé sur elle se dissipait enfin, une insidieuse culpabilité se mettait à croitre à son tour au creux de ses entrailles. Ladybug revoyait l'air surpris, voire choqué, d'Adrien. Une petite voix moralisatrice lui chuchotait que son partenaire avait certainement eu raison de lui faire remarquer qu'elle y était allée un peu fort avec Lila, et qu'elle était très probablement allée trop loin en humiliant ainsi sa camarade devant le garçon qu'elle convoitait.
Ladybug secoua la tête, tentant de chasser cette pensée de son esprit, mais en vain. Il n'était pas dans sa nature de se réjouir de la détresse des autres, et à présent que sa colère était retombée, la jeune héroïne se trouvait en proie à un tourbillon de sentiments contradictoires. Bien qu'une partie d'elle soit toujours fermement convaincue que Lila avait largement mérité une bonne leçon, une autre ne pouvait s'empêcher de culpabiliser au souvenir des larmes de désespoir que son intervention avait arraché à la brune italienne.
La jeune fille n'eut cependant guère de temps pour s'attarder sur les désagréables états d'âme qu'entrainait sa vive altercation avec sa camarade de classe. Alors que le visage défait de Lila lui revenait sans cesse en mémoire, torturant inlassablement sa bonne conscience, les évènements se précipitèrent soudain.
Des hurlements d'effroi s'élevèrent tout à coup des rues de Paris, tandis qu'une boule brillant d'un éclat insoutenable faisait son apparition dans le ciel. Ce bolide étincelant croissait sans relâche, grossissant encore et encore à mesure qu'elle s'approchait de la capitale à une vitesse défiant l'imagination.
Ladybug eut l'impression que son cœur se décrochait dans sa poitrine lorsqu'elle réalisa ce qu'était l'objet en question.
Une météorite.
Une gigantesque météorite.
Une gigantesque météorite qui fonçait à toute allure vers la ville, dans une rugissante tempête de feu et de cendres qui ne pouvait être qu'annonciatrice d'une implacable destruction.
Ladybug s'élança à travers les toits sans même prendre le temps de réfléchir.
Il n'y avait pas une seconde à perdre.
Elle ne savait pas quoi faire, elle ne savait pas s'il y avait quelque chose à faire, mais elle ne pouvait laisser ce monstrueux amas de roche s'écraser en plein cœur de Paris sans tenter quoi que ce soit pour l'arrêter. Alors qu'elle se précipitait vers son point de chute supposé, les poumons à vif et le cœur prêt à exploser tant elle sollicitait toutes ses ressources pour arriver à temps, elle fut soudainement dépassée par un éclair d'un orange vif. Ladybug réalisa brutalement que cette mystérieuse apparition n'était nulle autre qu'une jeune fille, qui fut sur la météorite en une fraction de seconde. Se plaçant parfaitement sur la trajectoire du bolide, la nouvelle venue tendit les bras vers le menaçant corps céleste, et alors que l'esprit de Ladybug se cabrait face à une telle inconscience, un flash d'un éclat insoutenable illumina brutalement le ciel de Paris.
Eblouie, Ladybug ferma les paupières par pur réflexe, rentrant les épaules et serrant les dents en attendant l'implacable impact qui les détruirait tous.
Puis rien ne se produisit.
Juste un assourdissant silence, rapidement rompu par les vivats de la foule.
Lorsque la jeune héroïne rouvrit les yeux, le ciel de paris était de nouveau vierge de toute menace, et une jeune fille se présentant sous le nom de Volpina se présentait glorieusement au peuple de Paris.
- « Woaaa, une nouvelle héroïne ? », lança la voix admirative de Chat Noir, surgissant brusquement aux côtés de sa coéquipière.
La jeune fille eut à peine le temps de lui répondre que Volpina bondit à son tour au sommet de l'édifice sur lequel Ladybug s'était perchée. Les nerfs encore à vif sous les effets combinés de son altercation avec Lila et de la terreur glaçante que venait de lui causer la météorite, Ladybug réserva un accueil plus que distant à cette nouvelle venue, tandis que son partenaire semblait quant à lui enchanté de voir apparaitre une alliée inattendue.
Cependant, Volpina coupa rapidement court aux polaires remarques qui franchissaient les lèvres de Ladybug. L'interrompant avec un geste d'excuse, elle réclama vivement son aide et celle de Chat Noir, avant de s'élancer à travers les toits de Paris en les enjoignant de la suivre.
Chat Noir et Ladybug se consultèrent rapidement du regard, puis, face à l'urgence qu'ils percevaient dans la voix tendue de Volpina, ils hochèrent la tête d'un signe approbateur avant de se précipiter à sa suite. En quelques bonds, les deux héros rattrapèrent la jeune fille. Alors qu'ils s'apprêtaient à lui demander pourquoi elle avait tant besoin de leurs services, leurs paroles s'étranglèrent dans leurs gorges.
Plusieurs dizaines de mètres devant eux se tenait une silhouette violette, qui leur tournait le dos, mais dont la sombre aura d'un noir violacé rappelant celle des akumas de leur pire ennemi ne laissait planer aucun doute quant à son identité.
Le Papillon.
Le Papillon en personne était là, à peine une trentaine de mètres devant eux.
L'esprit encore confus, Ladybug eut à peine le temps de s'interroger sur la coïncidence que formaient les apparitions quasi-simultanées de la météorite et du plus terrible de leurs adversaires que ce dernier disparu soudain, se téléportant un pâté de maisons plus loin.
- « Vite, ou il va nous échapper ! », ordonna Volpina, avant de s'élancer dans les airs, suivie de près par Ladybug et Chat Noir.
Ils se ruèrent à travers les toits de Paris, mais le Papillon prenait soin de rester soigneusement hors de portée du trio de héros. Dès que ceux-ci réussissaient enfin à s'approcher de lui, le vilain s'évanouissait dans les airs pour réapparaitre instantanément plus d'une dizaine de mètres plus loin, et tout était à refaire. Cette frustrante course-poursuite continua durant plusieurs longues minutes, et ni Chat Noir ou Ladybug ne remarquèrent que Volpina profitait du fait que leur attention était totalement focalisée sur leur adversaire pour tenter une habile manœuvre. Subtilement, à force de prétendus conseils pour mettre en place de soi-disant mouvements d'encerclements, elle avait réussi à faire en sorte que les deux partenaires prennent des trajectoires séparées et s'éloignent de plus en plus l'un de l'autre.
Tout à coup, Chat Noir s'éloigna pour contourner un bâtiment, disparaissant ainsi de la vue des deux jeunes filles. Comme si elle n'attendait que cet instant pour interrompre sa course, Volpina s'arrêta brusquement, pilant au somment de l'un des toits d'ardoise. Surprise, Ladybug pila à son tour, gardant une prudente distance avec sa nouvelle camarade. Alors qu'elle s'apprêtait à demander à Volpina ce que signifiait cette abrupte interruption, la jeune héroïne se figea soudain. En l'espace d'un battement de cils, les airs s'étaient emplis d'une nuée de menaçantes bombes, qui pour l'instant dansaient paresseusement au-dessus de sa tête.
Volpina fit brutalement volte-face pour toiser Ladybug d'un air mauvais.
- « Et bien, maintenant tu ne pourras plus dire que tu ne me connais pas », lui lança l'héroïne-renarde d'une voix où un exultant triomphe se mêlait intimement à une vive rancune.
Prenant soudainement toute la mesure de la situation, Ladybug laissa échapper un hoquet d'horreur.
Volpina n'était pas une héroïne.
C'était Lila, possédée par l'un des akuma du Papillon.
Et c'était entièrement de sa faute.
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