Chapitre 6

A peine une dizaine de minutes plus tard, le quatuor arrivait enfin au Louvre.

Après avoir diligemment acheté leurs billets, les adolescents se dirigèrent d'un pas vif en direction de la salle abritant le papyrus de la Déesse Coccinelle. Marinette tenait absolument à la montrer à Nino et Adrien avant de pousser plus loin leurs investigations, et Alya était plus que ravie à l'idée de revoir une fois de plus ce témoignage de l'existence d'une Ladybug des temps anciens.

Ils restèrent quelques minutes à observer le papyrus sous tous les angles, réalisant toujours difficilement qu'il s'agissait bien là du portrait d'une héroïne qui avait œuvré des millénaires plus tôt en portant exactement le même miraculous que celui de Marinette.

- « Elle a même un yo-yo », nota Adrien, fasciné, détachant difficilement son regard de la fresque.

- « Et c'était vraiment déjà toi à l'époque ? », demanda discrètement Alya à Tikki, la jeune apprentie-journaliste réussissant difficilement à dissimuler son incrédulité. « Tu n'as vraiment pas l'air d'avoir plus de deux mille ans. »

Le minuscule kwami laissa échapper un petit rire cristallin, aussitôt imité par Marinette à qui la scène rappelait quelques souvenirs.

- « Je connais quelqu'un qui m'a fait exactement la même remarque », répliqua Tikki avec un clin d'œil malicieux à l'attention de son héroïque partenaire. « Mais c'était bien moi. »

- « On est bien conservés, que veux-tu », lança Plagg alors que Nino et Alya faisaient part de leur émerveillement quant au fait de côtoyer de si vénérables créatures. « Bon, on ne va peut-être pas passer toute la journée ici ? », poursuivit-il avec impatience.

Les quatre adolescents approuvèrent puis, se détournant de la fresque de la Déesse Coccinelle, ils se dirigèrent tranquillement vers la sortie de la pièce pour s'aventurer dans les galeries du musée. Alors qu'ils passaient de salle d'exposition en salle d'exposition, les lycéens prirent rapidement la mesure de la colossale tâche qui les attendait. Le Louvre entier regorgeait d'œuvres faisant références à d'héroïques personnages ou à des créatures mythologiques. La magie et de prétendues histoires réelles s'entremêlaient si étroitement qu'il semblait impossible de pouvoir dissocier avec certitude ce qui tenait du conte de ce qui concernait des faits ayant quant à eux bel et bien existé, tout comme il paraissait improbable de réussir à distinguer les humains ordinaires, dont les exploits avaient étés portés par la légende, des véritables possesseurs de miraculous.

S'ils ne pouvaient pas nécessairement être d'une grande aide pour identifier des héros qu'ils n'avaient pour la plupart jamais eu l'occasion d'apercevoir au fil des siècles, Tikki et Plagg n'en profitèrent pas moins pour signaler avec fierté la présence d'anciens porteurs de leurs miraculous quand ils en apercevaient une représentation. Sur leurs indications, Marinette et Adrien découvrirent avec une certaine fascination que certains de leurs illustres prédécesseurs s'étaient distingués au point de laisser une trace définitive dans l'Histoire. Ainsi, alors qu'ils traversaient une salle dans laquelle étaient exposés des chefs d'œuvre de la Grèce Antique, Plagg les arrêta devant une urne représentant Hercule avant de vanter les mérites de celui qui avait été l'un des héros les plus forts avec lesquels il ait jamais collaboré. Ébahis, les adolescents mirent un instant à réaliser que le légendaire Hercule n'était nul autre que l'un des précédents Chat Noir.

Alors qu'Adrien se demandait rêveusement s'il laisserait un jour pareille empreinte dans l'Histoire, Alya s'empressa de demander à Plagg si tous les mythiques exploits que l'on attribuait au célèbre héros étaient véridiques.

- « Oh », répondit le kwami en se gonflant d'orgueil, « il y a des points qui ont été légèrement exagérés au fil des siècles, mais dans l'ensemble c'est assez juste. »

- « Légèrement exagérés ? » releva malicieusement Tikki.

- « Hey, pas tant que ça », répliqua aussitôt Plagg. « De nos jours les gens ne se rendent pas compte du nombre de monstres qui pullulaient à l'époque ! Entre les lions invincibles ou les chevaux mangeurs d'hommes, on ne peut pas dire que la tâche était facile, et il s'en est sorti brillamment. Il est impossible de dire combien de gens Hercule a sauvé. »

- « Lion qu'il n'a battu que parce que Hippolyte lui a entravé les pattes avec son yo-yo », souligna Tikki avant de préciser en aparté que cette Hippolyte n'était nulle autre que la Ladybug de l'époque, qui en plus d'être une héroïne n'en était aussi pas moins la reine des Amazone. « Et pour l'hydre de Lerne », reprit-elle, « le combat aurait été bien plus compliqué pour lui s'il n'avait pas eu une partenaire pour immobiliser une partie des têtes. Sans compter qu'il n'a jamais volé la ceinture d'Hippolyte », conclu-t-elle en levant les yeux au ciel. « Toute cette rumeur est partie d'une blague idiote. »

- « Mais pour le nettoyage des écuries d'Augias, heureusement qu'il a eu la présence d'esprit de faire croire qu'il avait volontairement détourné le cours du fleuve pour tout laver, tout ça pour rattraper la gaffe de ta Ladybug qui avait fait sauter une digue », rétorqua aussitôt le sombre kwami. « Et s'il n'avait pas eu l'idée de creuser un piège pour capturer le sanglier d'Erymanthe, ta chère Hippolyte serait toujours en train de courir à travers les montagnes pour essayer de l'attraper. »

Pendant que les deux kwamis vantaient les mérites respectifs de leurs anciens partenaires, les quatre adolescents écoutaient avec fascination cette revisite improvisée des légendaires travaux d'Hercule. Ils furent brusquement interrompus quand d'autres visiteurs arrivèrent à leur tour dans la salle, obligeant Plagg et Tikki à se dissimuler hâtivement dans la chemise d'Adrien et le sac de Marinette.

Le petit groupe poursuivi sa visite de repérage, Alya prenant scrupuleusement une quantité impressionnante de notes en vue de préparer leurs prochaines excursions, avant de finalement s'emparer d'un plan du musée pour commencer à réfléchir à la façon d'optimiser l'ordre dans lequel Nino et elle pourraient explorer les galeries.

Lorsque les quatre amis se dirigèrent vers la sortie du musée quelques heures plus tard, la jeune bloggeuse avait d'ores et déjà planifié toute une série de visites qui permettraient à Nino et elle de quadriller efficacement les moindres recoins du bâtiment, et c'est avec enthousiasme qu'elle remercia une fois de plus Adrien et Marinette de lui avoir confié une aussi passionnante mission.




Au fil des jours suivants, Alya et Nino retournèrent au musée avec une régularité exemplaire, arpentant obstinément les allées du Louvre afin de rechercher le moindre indice qui aurait pu les mettre sur la piste de l'un des prédécesseurs du Papillon. Hélas pour eux, leurs recherches ne furent guère fructueuses pour tout ce qui concernait les porteurs de ce miraculous en particulier. Néanmoins, les deux lycéens se firent un devoir de récupérer pelle-mêle toute information relative au moindre héros dont ils soupçonnaient l'existence, pour pouvoir la soumettre ensuite à l'analyse de Tikki et Plagg.

Ils avaient ainsi retrouvé la trace de l'un des anciens Chat Noir, une femme qui avait également œuvré durant l'Égypte Antique sous le pseudonyme de Sekhmet et dont le nom était depuis passé à la postérité, ses contemporains l'élevant au rang de déesse tant sa force et son aura étaient reconnus par tous. Lorsque Nino avait fait part de son étonnement à Plagg, lui confiant qu'il avait cru qu'il ne prenait que des hommes comme partenaires, l'ombrageux kwami avait répliqué que le genre d'un individu ne changeait rien à la valeur qu'il avait à ses yeux et que ce n'était que pure coïncidence si son miraculous avait aussi souvent atterri entre des mains masculines.

Certaines de leurs déductions étaient parfois un peu plus hasardeuses, mais ils prenaient scrupuleusement note du moindre de leur soupçon afin de ne pas risquer de rater la présence d'autre héros dissimulés dans les labyrinthiques galeries du Louvre. Ainsi, après avoir passé des heures à arpenter en long et en large une salle d'exposition consacrée au folklore japonais, les deux lycéens s'étaient plus particulièrement penchés sur le cas de mythiques créatures à la fois homme et tortue, nommées kappa. En recoupant une quantité non négligeable d'informations, ils en avaient finalement déduit que la légende entourant ces êtres était en réalité née de l'existence d'un porteur de miraculous qui avait œuvré dans le Japon médiéval. Cette impression avait été renforcée par une minuscule illustration qu'ils avaient découverte au bas d'une estampe, où apparaissait l'une de ces créatures avec un visage bien plus humain que dans ses autres représentations, et brandissant sa carapace telle un bouclier au lieu de l'avoir dans son dos.

Au détour d'une collection de livres anciens, ils étaient également tombés par hasard sur la mention d'une bretteuse connue sous le nom de « La Guêpe », dont l'habileté avait manifestement fait des ravages à l'époque du cardinal de Richelieu. Au vu de la gravure accompagnant ce petit texte, qui la représentait portant un masque strié de noir et vêtue d'une cape dont le dessin rappellait les fines nervures des ailes d'insectes, il ne faisait aucun doute qu'il s'agissait bien là d'une porteuse de miraculous. De la même façon, ils avaient decouvert la sculpture du buste d'une jeune femme africaine, dont le visage parsemé de cercles avait aussitôt attiré l'attention d'Alya qui en avait pris une discrète photo. A la grande joie de la jeune apprentie journaliste, Tikki lui confirma sans hésiter que son intuition avait été juste et qu'il s'agissait bien là d'une représentation de l'une de ses anciennes partenaires.

En revanche, à la déception générale, aucun des candidats qu'Alya et Nino avaient retenus comme pouvant être de potentiels anciens porteurs du miraculous du Papillon ne semblaient crédibles. Ils avaient bien repérés l'existence quelques anecdotes faisant ponctuellement référence à des humains dotés de pouvoirs surnaturels n'ayant rien de commun avec ceux d'un miraculous, et qui auraient ainsi parfaitement pu être ceux de Champions, mais il n'était nulle part fait mention de leur maitre.




Au bout de plus d'une quinzaine de jours, les quatre adolescents se rendirent à l'évidence : Alya et Nino avait fait le tour de tant et tant de galeries du musée qu'ils en connaissaient à présent le moindre objet par cœur, et s'ils avaient appris de fascinantes choses sur les héros des temps passés, ils n'en savaient hélas guère plus sur d'éventuels moyens de contrer plus efficacement les pouvoirs du Papillon, pas plus qu'ils n'avaient obtenus la moindre piste sur son identité.

Toutes les informations qu'ils avaient rassemblées durant ces longues heures de recherche étaient certes d'un intérêt historique inestimable si l'on s'intéressait à la mythologie des anciens héros, mais elles n'avaient chaleureusement été jusque-là d'aucune aide à Adrien et Marinette dans leur lutte pour découvrir l'identité du Papillon. Force était aussi de reconnaître qu'en dépit de ce qui semblait être une infinité d'artefact, ils n'avaient en réalité qu'accès qu'à une infime partie des gigantesques collections qu'abritaient le Louvre.

- « Je suppose que ce n'est pas étonnant qu'on trouve si peu de traces de ses prédécesseurs », soupira Marinette alors que les quatre amis bavardaient dans un coin de la cours de récréation. « Le Papillon utilise des Champions pour combattre, les possesseurs de son miraculous devaient rarement se trouver en première ligne. »

- « Et je crois qu'on a fait le tour de tout ce qui était exposé », souligna Alya, dont l'humeur légèrement défaitiste avait été accentuée par un nouvel interrogatoire infructueux.

Elle venait en effet tout juste de poser des questions à Alix sur les éventuels souvenirs qu'elle pouvait avoir de son akumatisation et devant son insistance, cette dernière lui avait répliqué avec un brin d'agacement que non, elle ne se rappelait définitivement de rien.

- « Je ne vois pas ce qui aurait pu nous échapper », poursuivit la jeune blogueuse sur le sujet du Louvre. « On a examiné le moindre objet de la moindre collection, je suis même pratiquement sûre que je dois pouvoir redessiner le musée de mémoire tellement on y a passé du temps. »

- « En ce qui me concerne, j'en rêve même la nuit », renchérit Nino alors qu'Adrien lui donnait une tape compatissante sur l'épaule. « Franchement je ne sais pas ce qu'on pourrait faire d'autre. »

- « Moi je sais », répliqua Alya avec un vague geste de la main. « Il faudrait pouvoir fouiner dans les objets qui ne sont pas exposés histoire de s'assurer qu'on n'a vraiment rien raté, mais on ne nous donnera jamais la permission d'y accéder. »

- « C'est sûr », confirma son camarade. « Jamais le Louvre n'autorisera de simple lycéens à s'approcher de ses réserves. »

Marinette se redressa soudain, les yeux brillants.

- « De simples lycéens, non », lança-t-elle d'une voix claire. « Mais des héros... »

- « Mais bien sûr ! », approuva aussitôt Alya en redressant vivement la tête. « Chat Noir et Ladybug auraient certainement plus de chances que nous ! » Puis son regard s'assombrit légèrement, et elle reprit : « Mais est-ce que ça sera faisable pour vous ? Je veux dire, avec Nino on y a consacré tout notre temps libre pendant plus de quinze jours, et la quantité d'objets qui ne sont pas exposés est bien plus importante que celle de ceux qui sont dans des galeries. Ça risque d'être compliqué pour vous, entre les attaques du Papillon et les cours à rattraper... »

- « Sauf si on demande à quelqu'un de nous faire une première sélection des œuvres qui pourraient nous intéresser », intervint brusquement Adrien, le regard pétillant d'excitation.

- « Mr. Kubdel ! », s'exclama Marinette, saisissant aussitôt où son partenaire voulait en venir. « Le conservateur du musée ! Il nous a dit de ne pas hésiter à venir le voir si on avait besoin d'aide. »

Les quatre jeunes gens discutèrent encore quelques instants, pesant le pour et le contre quant au fait d'impliquer le père d'Alix dans leurs recherches. S'il leur semblait délicat d'entrainer un quasi-inconnu dans une entreprise aussi sensible, il leur était pour autant difficile de nier que sans son aide, leur piste concernant les prédécesseurs du Papillon risquait de finir à coup sûr dans une impasse. Au bout de plusieurs minutes d'intense réflexion, ils tombèrent d'accord sur le fait de demander malgré tout son concours à Mr. Kubdel, afin de ne pas négliger la moindre chance de trouver un fait que les aiderait à combattre leur ennemi. Ils avaient néanmoins convenu de ne lui livrer que le minimum d'informations dont il aurait besoin pour les aider dans leurs recherches, et de garder pour eux toute éventuelle conclusion à laquelle ils pourraient aboutir pour ne pas l'impliquer plus que nécessaire.




Grâce à la connaissance quasi-parfaite qu'ils avaient à présent du Louvre, Alya et Nino avaient été en mesure d'indiquer à leurs amis dans quelle partie du musée se trouvaient les bureaux des employés, et notamment celui du conservateur. Les jeunes héros avaient décidé d'aller rendre visite à Mr. Kubdel en fin de journée, et ils surveillaient à présent patiemment les allées et venues des derniers visiteurs en attendant de voir le père d'Alix franchir de nouveau la porte de la pièce dans laquelle il travaillait d'ordinaire.

Chat Noir commençait à s'impatienter, s'agitant de plus en plus au sommet du toit sur lequel ils s'étaient provisoirement réfugiés, quand soudain Ladybug lui donna une légère tape sur le bras. Suivant le regard azur de sa partenaire à présent rivé au bâtiment, il constata avec soulagement que le conservateur était enfin de retour.

Il se redressa, s'étirant de tout son long pour faire rouler sous sa peau ses muscles endoloris par cette trop longue attente, avant d'adresser un lumineux sourire à sa partenaire.

- « Alors, ma Lady, on y va ? »

Etouffant un petit rire, Ladybug approuva d'un signe de tête.

- « On y va. »

S'aidant tous deux du yo-yo de la jeune fille, Ladybug et Chat Noir fendirent les airs en direction du bâtiment, avant d'atterrir souplement sur une corniche et de toquer légèrement aux carreaux du bureau du conservateur. Si le père d'Alix fut surpris de les voir, il n'en montra rien, et c'est avec un flegme remarquable qu'il accueillit les deux adolescents, comme s'il était pour lui tout à fait normal de voir soudainement apparaitre les héros de Paris à l'une des fenêtres du Louvre.

Les invitant d'un geste à entrer, il les salua chaleureusement avant d'attendre avec une palpable curiosité qu'ils lui exposent la raison de cette soudaine visite. Les deux adolescents le saluèrent en retour, puis Chat Noir se passa nerveusement la main à l'arrière du crâne, se grattant la tête tandis qu'il cherchait les mots pour formuler sa requête.

- « En fait, nous aurions besoin de votre aide », commença-t-il. « Nous sommes à la recherche de certaines informations qui pourraient se trouver dans les réserves de votre musée, mais il nous sera certainement impossible d'y accéder seuls. »

- « Quelles informations ? », demanda aussitôt Mr. Kubdel, un vif intérêt se lisant sur son visage alors qu'il penchait légèrement la tête vers les deux jeunes gens.

Ladybug prit la parole à son tour, lui expliquant aussi brièvement que possible que Chat Noir et elle étaient loin d'être les premiers héros à avoir fait leur apparition, et que de multiples traces de leurs illustres prédécesseurs se trouvaient renfermées dans les galeries du musées.

- « Les héros ? Je vois tout à fait de quoi vous voulez parler », intervint le conservateur, à la grande surprise des adolescents. « J'ai fini par noter moi aussi que certaines œuvres du musée y faisaient référence, et le sujet est absolument fascinant », poursuivit-il avec ses yeux brillant d'un tel enthousiasme que Ladybug eut soudain une vive pensée pour les discours passionnés d'Alya. « Je dois vous avouer que j'ai même songé à y consacrer une exposition, si je trouve un jour suffisamment d'œuvres traitant de ce thème. »

- « Et vous avez déjà commencé des recherches dans ce sens ? » intervint Chat Noir d'une voix gonflée d'espoir.

Le conservateur secoua négativement la tête, avant de réajuster machinalement ses lunettes d'un bref geste de la main.

- « Malheureusement non », leur confia-t-il. « Il y a tant à voir et tant à faire... Mais je pense sincèrement que le sujet serait tout à fait passionnant. Par contre... » Il s'interrompit un instant, cherchant ses mots. « Je m'excuse si ma question peut paraitre déplacée, mais dans la mesure où j'ignore pourquoi vous avez besoin de ces informations, pouvez-vous me dire ce que vous recherchez exactement ? »

Ladybug et Chat Noir échangèrent un bref regard, puis le jeune homme se chargea de répondre.

- « Nous cherchons des informations sur le Papillon », commença-t-il.

- « Ce vilain qui terrorise Paris ? », releva le conservateur, avant de faire signe à Chat Noir de continuer quand celui-ci lui confirma ses dires d'un signe approbateur.

- « Il est possible qu'il y ait eu d'autres Papillons par le passé », poursuivit Chat Noir en choisissant soigneusement ses mots. « Et nous aurions besoin de toutes les informations possibles sur eux ou sur leurs capacités, cela pourrait nous être d'un grand secours. Nous... Nous n'avons rien vu de tel dans les galeries du musée, mais il y a tellement d'autres œuvres qui ne sont pas exposées... Est-ce que vous pourriez nous aider ? » conclut-il en fixant le père d'Alix droit dans les yeux.

Le visage du conservateur s'éclaira alors d'un chaleureux sourire, mais c'est d'un ton sérieux qu'il affirma aux deux héros qu'il avait été parfaitement sincère lorsque, suite à la précédente attaque du Louvre, il leur avait annoncé qu'ils ne devaient pas hésiter à faire appel à ses services si le besoin s'en faisait sentir. Il leur assura qu'il ne souhaitait nullement revenir sur sa parole, et qu'il se ferait une joie de les aider autant que ses moyens le lui permettraient.

Alors que la discussion se poursuivait, Mr. Kubdel suggéra aux jeunes héros de ne pas se focaliser uniquement sur les références semblant avoir trait aux prédécesseurs du Papillon, afin de ne pas laisser échapper la moindre piste potentielle.

- « Je pense qu'il serait plus sage que j'élargisse le champ de recherche et que je rassemble pour vous des données aussi nombreuses que possible », leur confia-t-il. « Que cela ait trait au Papillon, aux héros ou à même la magie en général, sans distinction aucune. »

Chat Noir protesta, à la fois gêné à l'idée de demander un travail aussi titanesque au conservateur dont le temps était par ailleurs sûrement précieux, et avouant qu'il ne voyait par ailleurs pas l'intérêt de rechercher des informations aussi variées.

Mr. Kubdel le considéra un instant en souriant, avant de lever la main pour mettre en évidence l'anneau qu'il y portait.

- « Regardez cette bague, par exemple », lança-t-il. « On dirait une simple alliance, vous êtes d'accord ? »

Ne sachant trop où il voulait en venir, les deux héros acquiescèrent.

- « Et bien il s'agit en réalité d'un anneau qui a plus de deux siècles d'existence », poursuivi-t-il avec enthousiasme. « C'est un objet d'une grande rareté, qui trainait dans la devanture d'une boutique jusqu'à ce qu'une de mes amies ne le remarque et ne me l'offre pour fêter la réussite de mon doctorat. Personne avant elle n'avait eu la moindre idée de sa valeur réelle, et savez-vous ce qui a fait la différence ? »

Alors que Chat Noir ouvrait la bouche pour répondre, le conservateur poursuivit sur sa lancée sans même lui laisser le temps de placer ne serait-ce qu'un mot. Ses yeux brillaient d'une excitation qui rappela une fois de plus à Ladybug les élans lyriques d'Alya, quand cette dernière partait dans l'un de ses grandiloquents discours sur les super-héros.

- « Le savoir », reprit Mr. Kubdel avec emphase, s'adressant à eux comme il l'aurait fait à des étudiants. « La connaissance. Personne n'avait vu la valeur de cette bague jusqu'à ce que quelqu'un avec la connaissance nécessaire pour l'identifier ne note sa présence. »

Le conservateur s'arrêta l'espace d'une seconde pour redresser légèrement ses lunettes, avant de continuer avec un certain pragmatisme.

- « Et ici, c'est exactement l'erreur que je souhaite éviter. Je pourrais effectivement très bien me contenter de réunir des informations qui traitent du Papillon, mais je pense que dans la mesure où vous possédez un savoir sur des super-héros que je suis hélas loin d'égaler, l'approche la plus efficace serait que je vous présente tout ce qui me semble être lié de près ou de loin aux héros et à la magie. De cette façon, vous limiterez le risque de passer à côté d'un renseignement ou d'un artefact magique dont je n'aurai pas su déceler l'intérêt, alors que de votre côté vous avez cette connaissance qui vous pourrais vous faire voir des choses extraordinaires là où je ne saurais trouver aucune information. »

Le père d'Alix interrompit brusquement son fervent discours, laissant échapper une petite toux gênée alors qu'il semblait soudain réaliser qu'il s'était laissé emporter. Il s'excusa, confiant aux jeunes gens que les différences de perceptions d'un fait ou d'un objet selon la culture de la personne qui l'examinait étaient un sujet pour lequel il avait toujours eu beaucoup d'intérêt. La conversation se poursuivit encore plusieurs minutes, durant lesquelles Chat Noir et Ladybug convinrent avec leur interlocuteur de passer régulièrement le voir afin de s'enquérir de l'état d'avancement de ses recherches. Puis les deux héros prirent congé du conservateur du Louvre, le remerciant chaleureusement pour son aide avant de s'éclipser par la fenêtre.

Dès le lendemain, c'est avec un authentique soulagement qu'ils relatèrent à Nino et Alya leur entrevue avec Mr. Kubdel. S'ils n'avaient toujours pas la moindre certitude que cette piste donne un jour un résultat, au moins n'était-elle pas encore arrivée dans une impasse, et l'espoir était donc toujours permis.




Quelques jours s'écoulèrent ensuite, troublés seulement par l'apparition nocturne d'un vilain qui fit hélas rater de conséquentes heures de sommeil à Marinette et Adrien. Si le jeune homme réussi malgré tout à arriver à l'heure en cours, ce ne fut malheureusement pas le cas pour Marinette, et c'est avec une certaine résignation qu'elle ouvrit la porte de la classe avec cinq bonnes minutes de retard.

Elle s'attendait à se voir infliger une punition, ou tout du moins une remontrance pour ses éternels problèmes de ponctualité, mais à sa grande surprise, son professeur se contenta de lui jeter un regard las avant de lui faire signe d'aller s'asseoir à sa place.

L'étonnement de Marinette fut plus grand encore quand elle réalisa que l'enseignant n'était pas seul, mais qu'à ses côtés se tenait une jeune fille qui lui était inconnue et dont les vifs yeux verts parcouraient la classe avec attention tandis qu'un léger sourire flottait sur ses lèvres.

- « Bon, je reprends pour les retardataires », annonça leur professeur en braquant une fois de plus son regard vers Marinette, qui se tortilla sur son banc, embarrassée. « Je vous présente une nouvelle élève qui va intégrer votre classe à partir d'aujourd'hui : Mademoiselle Lila Rossi. »

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