Chapitre 24
Abasourdi, Chat Noir cligna plusieurs fois machinalement des paupières, se retenant à grand peine de se frotter les yeux tant il avait du mal à croire les images que ceux-ci lui renvoyaient. Le héros de Paris resta un moment immobile, le regard rivé sur la personne qui s'était portée à son secours et qui lui tournait pour l'instant toujours le dos.
Non.
C'était impossible.
Le visage du jeune homme exprimait la même stupéfaction hagarde que s'il avait reçu un brutal coup de massue sur le crâne, mais le choc que ressentait Chat Noir était en réalité plutôt de la même violence que s'il s'était fait percuter de plein fouet par un train en furie.
Tel un appareil à l'agonie, le cerveau du héros enregistrait inconsciemment tout ce qu'il se passait autour de lui, mais les conclusions qu'il tirait de ces observations étaient trop improbables, trop absurdes, et l'esprit du jeune homme se cabrait violemment devant de telles interprétations.
C'était de la démence à l'état pur.
Un instant, Chat Noir se demanda avec un légitime effroi s'il n'avait pas glissé dans une folie aussi implacable que celle qui semblait s'être emparée du Papillon. Mais bien que son esprit affolé ne lui suggère cette idée cauchemardesque, le jeune homme n'en était pas moins absolument certain que son ouïe surhumaine ne l'avait pas trahie.
« Pas mon fils. »
Les paroles qu'il venait d'entendre dansaient encore sous son crâne, formant une folle ronde qui se répétait encore et encore et qui s'imprimait dans son cerveau comme une marque au fer rouge.
« Pas mon fils. »
Sentant une vague de la panique manquer de le submerger, Chat Noir se passa la main sur le visage, fermant un instant les paupières pour tenter de conserver son sang-froid. Son cœur battait lourdement dans sa poitrine, résonnant dans tous son corps jusqu'à en faire trembler ses os. Le jeune homme prit une profonde inspiration, puis rouvrit lentement les yeux. Il s'attendait presque à ce que la forme qui se trouvait auparavant devant lui se soit dissipée, s'évanouissant telle un mirage qui lui aurait prouvé que cette apparition n'était rien d'autre que le fruit de son esprit égaré.
Mais non.
Il avait à peine entrouvert les paupières que son regard d'un vert surnaturel se braquait aussitôt sur la silhouette qui se tenait toujours debout devant lui.
Une silhouette masculine.
Indéniablement masculine.
Et indéniablement familière aussi.
« Pas mon fils. »
Cela ne pouvait signifier qu'une chose.
Son père.
Un violent frisson parcouru la colonne vertébrale de Chat Noir, dont le cerveau pourtant au bord de l'implosion commençait enfin à assimiler ce qu'il avait sous les yeux.
Son père.
Ce nouveau venu était son père, dont le geste et la tenue prouvaient sans le moindre doute possible qu'il était le porteur d'un miraculous.
C'était de la folie.
Comment avait-il pu se tromper à ce point ?
Coupant court aux pensées abasourdies de Chat Noir, l'homme qui se trouvait devant lui se tourna enfin pour lui faire face. Ses cheveux courts et clairs étaient ramenés en arrière, tandis que le masque turquoise qui recouvrait la moitié de son visage laissait transparaitre des yeux d'un bleu grisé que le jeune héros ne connaissait que trop bien.
Le nouveau venu s'approcha de Chat Noir d'un pas vif, avant de tendre vers lui sa main gantée pour l'aider à se dégager de la substance collante qui lui enserrait toujours la cheville.
- « Père ? », laissa involontairement échapper le jeune héros, trop choqué pour réussir à retenir les paroles qui lui brûlaient les lèvres.
Tout en achevant de dégager Chat Noir, l'homme braqua sur lui l'un de ces transperçant regards dont Gabriel Agreste avait le secret.
- « Adrien », répliqua-t-il à voix basse, tout en hochant brièvement la tête dans un léger geste d'approbation.
Puis, se redressant vivement, le stylise saisit son fils estomaqué par le coude pour l'aider à faire un pas en dehors de la masse visqueuse qui l'avait jusque-là retenu.
Ce faisant, Chat Noir posa machinalement les yeux sur son sauveur, et son regard accrocha aussitôt une broche qui brillait sur sa poitrine. Un bijou d'un doux bleu-vert, parfaitement assorti à la tenue héroïque que portait son père, et dont la forme d'éventail rappelait délicatement la parure de plumes d'un paon.
Le miraculous du Paon, songea aussitôt le jeune héros.
Il connaissait son existence grâce aux méticuleuses recherches d'Alya, mais jamais il n'aurait cru croiser un jour le porteur d'un tel objet.
Jamais il n'aurait cru que son père puisse être un jour le porteur d'un tel objet.
Même si elle avait semblée à Chat Noir être étrangement figée dans le temps, la scène qui venait de se dérouler entre le père et le fils n'avait duré qu'une poignée de secondes.
Quand tous deux reportèrent leur attention sur les évènements qui se déroulaient dans la salle, la vilaine que Gabriel avait mise à terre un peu plus tôt achevait de se relever en leur jetant un regard hostile, tandis que l'homme qui avait emprisonné la jambe de Chat Noir fonçait vers eux. Au loin, Ladybug était quant à elle toujours aux prises avec le Papillon, et le cœur de son partenaire rata un battement en la voyant n'esquiver que de justesse un vicieux coup de canne.
Alors que le jeune homme hésitait, déchiré entre porter immédiatement secours à sa coéquipière ou protéger son père, Gabriel prit l'initiative en se ruant à la rencontre de l'homme en rose qui s'approchait maintenant dangereusement d'eux. Il fallut une fraction de seconde à Chat Noir pour réaliser que son père était loin d'être désarmé. Le styliste tenait à la main un éventail de plusieurs dizaines de centimètre de long, qu'il gardait replié afin de pouvoir s'en servir comme d'une arme contondante. Tenant l'objet par sa base, il le brandissait comme une batte de baseball tandis que le vilain face à lui soufflait de toutes ses forces pour créer une gigantesque bulle de chewing-gum, espérant manifestement s'en servir comme bouclier.
Mais Gabriel Agreste avait visiblement décidé de ne faire preuve d'aucune pitié.
Se baissant à la dernière seconde, il écrasa son arme sur les rotules du vilain, qui s'écroula dans un cri de douleur.
Rassuré quant aux capacités de son père à se défendre lui-même, Chat Noir s'élança à grandes enjambées vers la vilaine qui lui barrait toujours la route. Il feinta sur la droite, puis sur la gauche, avant de s'envoler dans les airs en prenant appui sur son bâton. Il atterrit sèchement sur le crâne de son ennemie, avant de bondir quelques mètres plus loin, se relevant souplement pour se placer dos à Ladybug.
- « Je suis de retour, ma Lady », lâcha-t-il dans un souffle.
Cette dernière s'apprêtait à répliquer, mais ses paroles moururent sur ses lèvres quand elle aperçut les deux silhouettes rose et bleue aux prises l'une avec l'autre. Les deux hommes se déplaçaient dans une danse aussi violente que dangereuse, qui les emmenait inexorablement vers le centre de la salle où se trouvaient aussi les héros de Paris. Les pupilles dilatées de surprise, Ladybug resta un instant figée, dans une absence de mouvements qui aurait sans nul doute pu lui coûter cher si le Papillon n'avait pas non plus été paralysé de stupéfaction.
Gabriel assena un nouveau coup à son adversaire, avant de reculer jusqu'à se trouver aux côtés de Chat Noir et de Ladybug.
- « Que... » laissa échapper la jeune fille, abasourdie.
Face à elle, le Papillon observait le nouveau venu avec un visible étonnement, puis son expression se métamorphosa pour laisser place à de violentes émotions qui dont l'intensité coupa presque le souffle aux jeunes héros de Paris. S'ils avaient cru voir le Papillon en colère, ils réalisaient à présent qu'ils s'étaient lourdement trompés.
Leur ennemi fixait Gabriel Agreste avec ce qui semblait être une haine viscérale, qui déformait hideusement ses traits au point que l'homme qui leur faisait face ressemblait à présent bien plus à un abominable monstre qu'à un être humain.
Le Papillon serra les poings autour de sa canne, l'arcboutant avec tant de force qu'elle se courbait à présent presque jusqu'à en rompre, tandis que sa mâchoire était maintenant si contractée que ses muscles saillaient de façon inquiétante.
- « Agreste », cracha-t-il avec rage, son visage dément se tordant de fureur et de dégoût.
- « Agreste ? » hoqueta Ladybug, jetant un regard incrédule à son partenaire.
Chat Noir hocha machinalement la tête, abasourdi par violence de la réaction du Papillon. Qui que soit l'homme qui se cachait derrière le masque, c'était manifestement un doux euphémisme que de dire qu'il était visiblement loin de porter son père dans son cœur.
Une expression d'hostile mépris se peignit sur les traits de Gabriel Agreste, qui n'avait quant à lui apparemment plus aucun doute quant à l'identité de la personne qui se trouvait face à lui.
- « Kubdel », gronda le styliste d'une voix glaciale. « J'aurais dû m'en douter. »
- « KUBDEL ? » s'exclamèrent en chœur Chat Noir et Ladybug, manquant chacun d'en lâcher leurs armes sous l'effet de la surprise.
Foudroyant Gabriel du regard, le Papillon se redressa de toute sa hauteur, respirant lourdement pour tenter de contrôler son implacable rage. Les vilains restaient quant à eux à l'écart, manifestement tout aussi déroutés que les jeunes héros de Paris par l'improbable tournure des évènements.
Toujours paralysés de stupéfaction, Ladybug et Chat Noir dévisageaient les deux hommes qui se toisaient avec une animosité si palpable que l'air semblait à présent aussi lourd qu'un ciel d'orage, crépitant d'une électricité annonciatrice des plus dévastatrices tempêtes.
Les adolescents peinaient toujours à en croire leurs oreilles, n'arrivant définitivement pas à associer ce doux homme qui leur avait proposé son aide au terrible vilain qui terrorisait depuis tant d'années les rues de Paris.
Le Papillon, Mr. Kubdel ? Le père d'Alix ?
Comment était-ce possible ?
- « Mais que... Mais comment... », balbutia faiblement Ladybug, cherchant désespérément à trouver une explication à cette absurde situation.
Mais les deux hommes ne prêtaient manifestement plus aucune attention à leur entourage, trop occupés à se défier du regard, leurs poings se crispant machinalement alors qu'ils luttaient visiblement contre leur envie d'en venir tout de suite aux mains.
- « J'aurais dû le savoir », grogna Gabriel Agreste d'une voix sourde. « C'est grâce au travail de Laura que tu as trouvé ce miraculous ? Après sa disparition, j'ai essayé de récupérer les notes qu'elle aurait pu laisser ici, mais je suppose que tu as dû réussir à mettre la main sur ses recherches. »
- « Précisément », répliqua le Papillon avec un éclat de rire dément qui fit tressaillir le célèbre styliste. « Mais tu es mal placé pour me juger, Agreste », poursuivit-il avec un sourire mauvais. « J'imagine que c'est à toi qu'on doit la réapparition du livre sacré. Tu n'aurais jamais pu le trouver sans fouiner dans les affaires de Laura. »
Alors que la mâchoire du père d'Adrien se contractait de rage, le Papillon poursuivit son petit discours.
- « Je savais qu'elle s'intéressait à l'Asie Centrale », continua-t-il en jouant machinalement avec l'anneau qu'il portait à l'un de ses doigts, « mais elle ne m'avait jamais dit pourquoi. Et quand j'ai lu ses notes, j'ai compris. Les miraculous. »
Le laïus du Papillon eut sur Chat Noir l'effet d'un électrochoc. Chacun des mots de son ennemi était comme une décharge électrique reliant un à un une multitude de faits qu'il aurait cru avoir oublié, et la lumière se fit soudainement dans son esprit, de façon aussi brutale et aveuglante que la vive lueur d'un éclair déchirant un ciel d'orage.
Chat Noir savait pertinemment que sa mère avait toujours été passionnée d'histoire et qu'elle adorait les ouvrages anciens, au point d'y avoir consacré une large partie de ses études. Et à présent qu'il savait que Mr. Kubdel se cachait derrière le masque du Papillon, les rencontres qu'il avait eu avec cet homme et les souvenirs qu'il avait de sa mère lui revenaient en mémoire avec une acuité extraordinaire, éclairés d'un jour nouveau.
L'anneau que Mr. Kubdel portait précieusement à la main telle une alliance, qui lui avait été offert pour fêter la réussite de son doctorat par l'une de ses anciennes camarades de classe dont l'identité ne faisait à présent plus aucun doute pour le jeune homme.
Le sourire triste qui avait traversé le visage du conservateur du Louvre quand il avait mentionné une personne de son entourage ayant travaillé sur l'Asie Centrale et qui était partie depuis longtemps déjà.
Il était désormais évident pour Chat Noir que Mr. Kubdel et sa mère s'étaient côtoyés pendant des années, et les sentiments que le conservateur éprouvait pour elle ne laissaient pas la place au moindre doute.
- « Ces choses sont des abominations », gronda Gabriel Agreste d'une voix vibrante d'animosité et de rancune, serrant machinalement son poing autour de la broche qu'il portait à la poitrine tout en jetant un regard haineux à la bague de Chat Noir. « Si Laura n'avait pas été une porteuse de miraculous, jamais elle ne... Jamais elle n'aurait... »
Bouche bée, Chat Noir jeta un regard abasourdi vers son père, se demandant avec effarement si ses oreilles ne lui jouaient pas des tours.
Sa mère, une porteuse de miraculous ?
Durant un instant, le jeune héros eu de nouveau la terrifiante sensation d'avoir été happé dans une épouvantable spirale de folie. C'était comme si deux mondes jusque-là parfaitement distincts entraient à présent en collision, se percutant avec une intensité et une violence qui défiaient l'esprit humain, et dont les débris fumants menaçaient d'écraser les dernières bribes de raison qui restaient encore au jeune homme.
Mais à en juger de l'expression sidérée de Ladybug, Chat Noir avait parfaitement saisi le sens des paroles de son père.
Sa mère avait été la porteuse d'un miraculous. Celui du Paon, très certainement.
- « Tu le savais ? » lui chuchota sa partenaire, ses yeux écarquillés trahissant la vive stupeur qu'elle ressentait elle aussi face à cette extraordinaire révélation.
L'étonnement paralysait encore les cordes vocales de Chat Noir, qui secoua machinalement la tête de droite à gauche pour montrer à sa coéquipière que cette nouvelle le prenait lui aussi de court. Mais cette information inédite avait au moins le mérite d'expliquer au jeune héros comment son père était entré en possession d'un miraculous.
Pendant que les deux adolescents digéraient péniblement cette stupéfiante nouvelle, le Papillon jeta un regard chargé de mépris à l'illustre styliste, avant de pointer sa canne vers lui d'un geste aussi hautain que menaçant.
- « Tu n'as aucune idée de ce que les miraculous peuvent permettre de faire », lui lança l'homme tout de violet vêtu. « Il m'a fallu des années pour comprendre à quel point ces bijoux sont extraordinaires. Ils ont des propriétés qui défient l'imagination. Et j'ai réalisé que si j'arrivai à trouver les miraculous du Chat Noir et de la Coccinelle, j'aurai le pouvoir absolu ! », conclu-t-il d'une voix triomphante.
- « Et pourquoi ? », s'exclama brusquement Gabriel, le regard rivé à celui de son ennemi. « A quoi pourrai te servir ce pouvoir absolu ? »
- « A faire ce que tu n'aurais jamais eu le courage ou l'intelligence de faire ! » vociféra haineusement le Papillon, ses traits se déformant de nouveau sous l'effet d'une terrible colère. « Je vais ramener Laura à la vie ! »
- « CE N'EST PAS POSSIBLE ! » hurla Gabriel avec tout autant de rage.
Sous son masque, le visage du célèbre styliste était à présent livide, et ses doigts tremblants trahissaient les difficultés qu'il avait à conserver son sang-froid. Pour Chat Noir qui était tant habitué à voir cet homme juguler le moindre de ses sentiments, voir son père si proche de perdre la maîtrise de lui-même était un spectacle qui le glaçait jusqu'aux os.
- « Ce. N'est. Pas. Possible », répéta Gabriel d'une voix haletante, tentant péniblement de contrôler les violentes émotions dont il était manifestement la proie. « Tu crois que je ne sais pas ce dont les miraculous sont capables ? »
Alors que le Papillon ouvrait la bouche pour répliquer, le père d'Adrien ne lui laissa pas le temps de prononcer ne serait-ce qu'un seul mot.
- « Les miraculous peuvent ramener les corps, mais pas les âmes», cria-t-il, avec un désespoir si poignant que les jeunes héros de Paris sentirent leurs cœurs se briser. « Tu as découvert que les miraculous pouvaient ressusciter les gens, alors tu es forcément au courant ! »
- « Non ! », hurla à son tour le Papillon, son regard halluciné n'exprimant rien d'autre qu'une implacable et terrifiante démence. « C'est ce qui est écrit, mais je SAIS que je réussirais ! J'aurais le pouvoir absolu, et je la ramènerai ! »
- « Tu ne ramèneras rien d'autre qu'une coquille VIDE ! » rugit Gabriel Agreste, les larmes aux yeux. « Tu auras le pouvoir de faire revenir à la vie le corps de Laura, mais UNIQUEMENT son corps. Et je ne te laisserai pas lui faire ça ! »
A l'instant même où ces paroles franchissaient les lèvres du père d'Adrien, le Papillon se rua sur lui, canne tendue en avant telle une épée. D'un geste vif, Gabriel déplia son éventail avant de le brandir devant lui, déviant l'attaque de son adversaire comme il l'aurait fait avec un bouclier.
L'agressive action du Papillon eut le même effet foudroyant et dévastateur qu'une étincelle sur une mer d'essence.
Comme s'ils n'attendaient que ce signal pour agir, les deux victimes du super-vilain se mirent aussitôt en mouvement. Levant son visage vers le plafond, l'imposante femme poussa un hurlement de rage primitif qui fit se dresser les cheveux sur la tête de ses adversaires. A leur grande horreur, ce terrifiant cri de la vilaine ne fut que le prélude à une nouvelle et spectaculaire augmentation de la taille de ses mains. Celles-ci enflèrent une fois de plus, gonflant encore et encore jusqu'à ce que ses poings difformes atteignent chacun une effroyable taille de plus d'un mètre de diamètre. De son côté, l'homme vêtu de rose se hâta de piocher un chewing-gum dans le paquet qu'il tenait à la main, le portant à sa bouche avant de cracher ensuite au sol des flaques de la matière visqueuse et collante qui avait déjà posée tant de difficultés à Chat Noir.
Les deux vilains se jetèrent ensuite dans la mêlée, aussitôt imités par Ladybug et Chat Noir.
L'apparition de l'homme vêtu de rose compliquait singulièrement la tâche aux jeunes héros de Paris et à leur allié. Les attaques de cet adversaire étaient plus gênantes que destructrices, et en temps normal, elles n'auraient guère présenté de réel problème pour les combattants aguerris qu'étaient Chat Noir et Ladybug. Mais maintenant que ce vilain était entouré du Papillon et d'une femme dont la puissance de frappe défiait l'imagination, sa capacité de générer des nappes de collant chewing-gum prenait tout de suite un aspect plus dramatique. En plus de combattre des adversaires dont les aptitudes aux corps à corps étaient plus que redoutables, Chat Noir, Ladybug et Gabriel devaient prendre garde à ne pas laisser piéger par l'une de ces étendues gluantes, sous peine de se voir exposés à de violentes attaques sans possibilités d'esquives. Le moindre saut devait être parfaitement millimétré, le moindre pas nécessitait une rapide inspection du sol.
C'était comme danser sur un fil tendu au-dessus d'un effroyable précipice.
Guidé par une haine farouche qui semblait s'être emparé de lui corps et âme, le Papillon concentrait ses assauts sur Gabriel, guettant le moindre de ses instants de faiblesse pour tenter de le frapper. Le styliste se défendait de toutes ses forces, repliant son gigantesque éventail pour s'en servir comme d'une batte ou le déployant pour l'utiliser à la manière bouclier.
Chat Noir et Ladybug faisaient de mieux pour tenter venir en aide à Gabriel, tout en essayant désespérément de neutraliser les deux autres vilain. Quand il n'esquivait pas de coups, Chat Noir bondissait, assenait de violents coups de bâton à l'un ou l'autre de ses adversaires, tout en surveillant du coin de l'œil les mouvements de son père pour intervenir en cas de besoin. A chacun de ses sauts, il atterrissait souplement entre deux mares de chewing-gum, et s'il calculait mal son point d'arrivée, le yo-yo de Ladybug ne manquait jamais de s'enrouler autour de lui pour le tirer en sécurité. La jeune fille virevoltait quant à elle entre ses ennemis, se faufilant parmi eux telle une ombre rouge et noire avant de les frapper avec force et précision. Dès que l'occasion se présentait, elle lançait son arme en direction du Papillon, tentant d'entortiller le câble de son yo-yo autour de l'une de ses chevilles, mais l'homme faisait jusque-là preuve de surprenants réflexes pour quelqu'un qui n'était d'ordinaire jamais en première ligne et réussissait à esquiver avec une frustrante régularité.
Tandis que la mêlée se faisait de plus en plus chaotique, l'immense femme semblait à présent se focaliser particulièrement sur Chat Noir.
Peut-être était-ce une coïncidence, ou peut-être répondait elle à un ordre muet du Papillon. Ce dernier aurait parfaitement pu noter que Gabriel semblait se préoccuper particulièrement du sort du héros de Paris.
Toujours était-il que le jeune homme se trouvait à présent aux prises avec la monstrueuse vilaine, dont les lourdes mains faisaient voler en éclat des pans entier de sol dans ses tentatives de toucher l'adolescent. Chacun des coups qu'elle portait était comme un séisme miniature, faisant trembler les dalles de marbre tandis que l'assourdissant vacarme que produisaient ses dévastatrices attaques résonnait dans toute la pièce. Jetant un regard inquiet vers son fils, Gabriel murmura quelques mots que les fines oreilles de Chat Noir ne réussirent pas à saisir au milieu du tumulte ambiant, et le corps du célèbre styliste s'entoura d'un surnaturel halo bleu azur.
Intrigué, Chat Noir fronça les sourcils, mais avant qu'il n'ait le temps de s'interroger sur cet étrange phénomène, son ennemie attira brutalement son attention en tentant de lui assener un nouveau coup. Elle frappait, reculait pour prendre son élan, frappait encore, et en dépit du fait que Ladybug se soit à présent portée à la rescousse de son partenaire, la vilaine se déplaçant peu à peu vers le centre de la pièce sans que les deux héros de Paris ne réussissent à entraver ses mouvements.
- « Maintenant ! » hurla soudainement le Papillon en dirigeant sa canne vers Gabriel Agreste.
La titanesque femme qu'affrontaient les deux adolescents pivota brusquement sur ses pieds, son massif corps se tordant sur lui-même à une vitesse stupéfiante tandis qu'un éclat de rire dément s'élevait des lèvres du Papillon. Avant que quiconque n'ait eu le temps de réagir, elle avait franchi de deux bonds la courte distance qui la séparait désormais du célèbre styliste, avant de lever ses bras démesurés dans les airs.
Un hurlement d'horreur déchira la gorge de Chat Noir, puis les effroyables poings de la vilaine s'abattirent à l'endroit exact où se trouvait son père.
___________
Note :
Bonnnnnnnn.
J'avoue que je stresse un peu en postant ce chapitre parce que c'est LE chapitre-clé de mon histoire ^^'.
Vous avez maintenant l'identité officielle de « mon » Papillon.
Un bon point à ceux/celles qui auront noté que le fait que Gabriel Agreste soit présenté comme le Papillon n'a toujours été jusque-là qu'une déduction d'Adrien ;) !
Et donc oui, ce pauvre garçon est passé au bord de la dépression à cause d'un malentendu... Même s'il faut dire que l'attitude de son père ne plaidait pas en sa faveur. Ici, Gabriel a compris qu'Adrien était Chat Noir, mais s'il lui avait parlé franchement au lieu de froncer très fort les sourcils et de fixer son miraculous avec un air méchant, ça aurait probablement été bien plus simple xD .
Concernant la série, je ne sais pas si Gabriel Agreste est le Papillon. Je trouve sincèrement qu'il fait un suspect idéal (Il est froid, cruellement distant avec son fils, sa femme mystérieusement absente de sa vie fait un prétexte parfait à la récupération des miraculous, il a le livre sacré en sa possession...), mais ça me rendrait vraiment triste pour Adrien T_T . Et puis il est trop parfait comme suspect, c'est presque louche ! Du coup j'espère vraiment que ce n'est pas lui le Papillon, mais un autre proche de Mme Agreste. Et si ça se trouve, Gabriel se montre aussi froid parce qu'il sait que les émotions peuvent le mettre à la merci de certains porteurs de miraculous, et qu'il fait de son mieux pour se forcer à ne rien ressentir...
Bref, assez de blabla ! :D
J'espère que ce chapitre vous a plu, et j'aimerai beaucoup savoir ce que vous en avez pensé : ) (parce que stress, stress, stress... ^^' ).
Merci de m'avoir lue jusqu'ici et à bientôt pour la suite et fin de ce combat !
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