Chapitre 23


Note : Au moment où j'écris cette histoire, seule la saison 1 de Miraculous est sortie. Je ne sais pas ce qu'il va se passer dans la saison 2 et je ne veux pas le savoir (pas de spoilers s'il vous plait :) ).

Dans les chapitres à venir, il est possible que j'invente des éléments complètements contredits par les spoilers, mais si c'est le cas comme je ne suis pas au courant de ce qui a potentiellement été dévoilé sur la saison 2/les kwamis/autre, je vous remercie d'avance de ne pas m'en faire la remarque ^^ .

Bonne lecture ! ^^

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Chat Noir se figea brusquement, le regard rivé à la massive colonne derrière lequel se dissimulait son ennemi.

Le coeur du jeune homme, qui battait déjà à tout rompre, s'était à présent douloureusement emballé pour atteindre des rythmes dangeureusement rapides. Mais si cet indispensable organe semblait à présent au bord de l'explosion sous les effets combinés de la peur et de l'adrénaline, il paraissait également être le seul à montrer à présent le moindre signe de vie dans le corps de l'adolescent.

Le héros était tombé dans une sorte de torpeur horrifiée, qui lui glaçait les entrailles et le laissait aussi pétrifié que l'une de ces statues de marbre auxquelles il aurait pu prêter ses traits délicatement ciselés. Paralysé de stupéfaction aussi bien que d'effroi, Chat Noir n'arrivait plus à esquisser le moindre mouvement. Ses muscles refusaient de lui obéir, tout comme son cerveau figé par une terreur incrédule n'arrivait plus à lui fournir ne serait-ce qu'une idée cohérente.

Dans son esprit presque vide, seule dansait encore une obsédante pensée qui le torturait comme une douloureuse marque au fer rouge.

Il allait devoir affronter le Papillon. Son propre père.

Et il n'était définitivement pas prêt.

Alors que le jeune héros restait immobile, tétanisé aussi sûrement que s'il avait été piégé dans une prison de glace, un mouvement sur le côté attira brusquement son attention. Arrachant son regard à la silhouette toujours partiellement dissimulée du Papillon, Chat Noir jeta un bref regard sur sa droite et ne dû son salut qu'à ses fulgurants et surhumains reflexes.

Sans même prendre la mesure de ce qu'il était en train de faire, il fléchit machinalement les jambes avant de s'envoler dans les airs à l'aide d'un impressionnant bond, juste à temps pour éviter la gigantesque masse qui s'écrasait avec fracas à l'endroit où il se trouvait encore une seconde plus tôt.

Un vilain, jusque-là lui aussi tapit dans les ombres, venait de faire son entrée.




Quand Marinette regagna sa chambre après avoir dîné avec ses parents, elle fut aussitôt accueillie par une Tikki surexcitée.

- « Marinette », piailla-t-elle de sa petite voix flûtée, « Ton téléphone a sonné pendant que tu étais en train de manger. Deux fois. »

- « Deux fois ? » répéta machinalement la jeune héroïne, avant de se diriger vers son bureau et de saisir l'appareil entre ses doigts.

La jeune fille déverrouilla rapidement l'écran pour découvrir que son mystérieux correspondant n'était autre qu'Adrien, puis constant que son partenaire lui avait laissé un message, elle porta son téléphone à son oreille.

Puis devint aussitôt d'une pâleur de craie.

- « Marinette ? Est-ce que ça va ? », s'inquiéta immédiatement Tikki, alors que l'héroïne chancelait, prenant machinalement appuis d'une main sur son bureau pour conserver son équilibre.

- « Non », répondit-elle d'une voix blanche. « C'était Adrien. Il est parti au Louvre. Le père d'Alix a appelé et il a des ennuis. »

Le cœur battant à tout rompre, Marinette tourna son visage livide vers sa minuscule amie.

- « J'ai un mauvais pressentiment », poursuivit l'héroïne de Paris, tentant de lutter contre la peur insidieuse qui lui glaçait peu à peu les entrailles. « Il faut y aller ! Tikki, transforme-moi ! »




Chat Noir atterri souplement quelques mètres plus loin, sans lâcher des yeux le nouveau venu.

LA nouvelle venue.

Ce vilain était une femme, qui, au vu des sombres couleurs de sa tenue, devait probablement faire partie du personnel de sécurité du musée. Un badge luisant d'une vilaine couleur violacée ornait sa poitrine, et il ne faisait aucun doute pour Chat Noir que l'akuma s'était logé dans cet autrefois inoffensif objet.

Tout en se redressant, le jeune héros jaugea rapidement la vilaine du regard. Au premier abord, son adversaire devait faire une bonne tête de plus que lui, et sa massive silhouette promettait d'en faire une ennemie des plus redoutables. Mais le plus impressionnant chez cette femme n'était malheureusement pas son remarquable gabarit, mais ses bras. Ils étaient entièrement recouverts de plaques métalliques, comme s'ils avaient fusionnés avec les gantelets d'une armure médiévale, et étaient d'une taille complètement disproportionnée par rapport au reste de son corps. Ses avant-bras devaient bien être deux fois plus larges qu'ils n'auraient dû l'être, et alors que la femme serrait les poings, ses mains fermées prenaient le terrifiant diamètre de deux boules de bowling.

Le lourd bruit qu'elle avait produit en attaquant Chat Noir n'était nul autre que le fracas de l'un de ses deux poings fermé s'écrasant sur le sol en marbre de la pièce, alors que ce terrifiant coup fendait une dalle de pierre aussi facilement que s'il ne s'était agi que d'une fine paroi de glace.

Un violent frisson de terreur parcouru l'échine du jeune héros, se propageant de vertèbre en vertèbre avec autant d'intensité qu'une brutale décharge électrique.

Si jamais cette femme venait à le frapper de plein fouet, il avait peu de chances de s'en sortir indemne.

Comme pour mieux montrer à Chat Noir à quel point ses craintes étaient justifiées, son adversaire pivota vers lui avant de foncer dans sa direction avec une agilité et une célérité stupéfiantes pour quelqu'un d'aussi massif.

Cette femme promettait définitivement d'être une adversaire redoutable.

Sortant son bâton télescopique, Chat Noir brandit son arme avant de donner un violent coup en direction des pieds de son adversaire, tentant de lui faucher les jambes pour la faire chuter à terre. Malheureusement, son ennemie para l'attaque en abattant l'un de ses monstrueux bras métalliques devant elle, bloquant ainsi l'arme de Chat Noir qui rebondit dans un bruit sourd.

L'adolescent serra les dents de frustration avant de bondir sur le côté pour éviter une nouvelle charge. Avec une adversaire si forte et si agile, il ne pouvait pas se permettre la moindre seconde d'inattention, mais du coin de l'œil, il nota que le Papillon était sorti de derrière son pilier pour se déplacer vers le centre de la pièce.

Il avançait à pas lents, avec ce qui aurait pu passer sans peine pour une arrogance nonchalante, préférant manifestement profiter du spectacle plutôt que de se jeter lui-même dans la bataille.

- « Allons, Chat Noir, pourquoi ne me donne-tu pas ton miraculous ? » lança-t-il d'un ton doucereux. « ça serait tellement plus simple... »

Le héros se mordit l'intérieur de la joue jusqu'au sang, luttant contre la fulgurante nausée qui lui tordait à présent les entrailles.

C'était un véritable cauchemar.

Dès l'instant où Adrien avait surpris le visage crispé de haine de son père à la vue de son miraculous, il avait redouté cet inévitable moment, appréhendant l'instant où l'homme dont il cherchait tant l'amour se dresserait face à lui pour le frapper avec une cruauté dévastatrice.

Chaque mot, chaque geste du Papillon déchirait son cœur en charpie.

Chat Noir avait mal, au point que la peine qu'il avait à endurer en devenait presque insupportable. Il aurait certainement moins souffert si son père avait ouvert en deux sa cage thoracique, écartant implacablement chacun de ses os pour arracher son cœur avec ses doigts avides.

Sans la lancinante douleur qui pulsait à présent à l'intérieur de sa bouche et le goût ferreux du sang sur sa langue, Chat Noir se serait sans nul doute cru dans le plus atroce des songes tant la situation lui paraissait irréelle. Le jeune héros avait à peine aperçu le visage de son adversaire, dissimulé par un masque qui lui recouvrait presque entièrement la figure, et sa voix métallique était curieusement déformée par l'acoustique de la gigantesque salle dans laquelle ils se trouvaient.

Il aurait été facile, tellement facile de se convaincre que ce monstre à visage humain n'était pas son père...

Mais fuir la réalité ne l'aiderait en rien.

Qu'il le veuille ou non, à présent, Chat Noir ne pouvait rien faire d'autre que combattre.

Et vaincre.

Il n'y avait pas d'autre issue possible.

Tirant brusquement le jeune héros de ses pensées, la victime du Papillon se rua de nouveau sur Chat Noir, levant ses deux poings pour les abattre brutalement sur lui. Chat Noir esquiva vivement l'attaque, qui frappa de plein fouet l'un des titanesques piliers qui bordaient la salle. La collision fut d'une telle violence que son fracas assourdissant résonna dans toute la pièce, tel le bruit d'un monstrueux instrument de percussion. Une sourde onde de choc se déplaça dans les airs, heurtant Chat Noir avec force et le faisant trembler jusqu'au plus profond de ses os.

Le jeune héros vacilla légèrement, tandis qu'à ses côtés, la pierre vola instantanément en morceaux. Une myriade de fragments de roche s'éparpilla aux alentours, fendant les airs en sifflant, aussi tranchante et dangereuse qu'une nuée de lames de rasoirs.

Alors qu'il roulait sur lui-même pour esquiver cette redoutable pluie de débris, Chat Noir laissa échapper une exclamation de douleur quand une vive sensation de brûlure traversa sa joue tel un éclair courant sur sa chair. Il porta rapidement sa main à son visage, avant de la retirer aussitôt pour la placer devant ses yeux. En dépit de la pénombre, sa vision nocturne lui permit de distinguer sans la moindre peine la présence d'un liquide sombre sur ses doigts gantés.

Du sang.

Dans sa folle course, l'une des lames de pierre avait touché sa joue, tranchant la fine surface de sa peau avec autant de précision que ne l'aurait fait un scalpel.

Alors que Chat Noir restait un instant tétanisé de stupeur, la colonne endommagée laissa échapper un sourd craquement qui le ramena instantanément à la réalité. Ainsi fragilisé, le massif pilier ne resterait certainement pas longtemps sans s'effondrer.

Il fallait qu'il s'éloigne.

Vite.

- « Allons, Chat Noir », résonna la voix du Papillon tandis que le héros traversait la pièce en quelques bonds rapides. « A quoi bon lutter ? Tu ne fais que te rendre les choses plus difficiles. Donne-moi ton miraculous, ou je laisse mon vilain finir de s'occuper de toi. »

A ces mots, une rage froide s'empara brutalement du jeune homme, déferlant dans ses veines comme un torrent furieux et grondant dans sa poitrine tel un animal acculé.

C'en était trop.

Son père n'avait manifestement aucun scrupule à vouloir le blesser grièvement ou pire encore pour arriver à ses fins, mais il n'avait pas le courage de porter lui-même les coups.

Il voulait son miraculous ?

Bien.

Mais le jeune héros ne se laisserait pas faire sans combattre de toutes ses forces.

- « Vous n'avez qu'à venir le chercher vous-même », cracha Chat Noir, sa voix rageuse prenant de curieuses inflexions qui la faisaient ressembler au feulement d'un félin en colère.

Son regard vert étincelant de fureur, il se rua vers le Papillon avant de bander ses muscles et d'abattre son bâton sur son ennemi avec toute la puissance dont il était capable. Malheureusement pour le jeune homme, le Papillon avait parfaitement anticipé cette frontale attaque et n'eut aucun mal à l'esquiver. Il effectua un pas de côté tout détournant négligemment le bâton en se servant de sa canne comme d'une rapière.

Serrant les dents de rage, Chat Noir s'apprêtait à bondir de nouveau quand la massive silhouette de la vilaine apparu dans son champ de vision.

Chat Noir bondit vivement en arrière, évitant de justesse un violent coup de poing qui fracassa une dalle supplémentaire.

La femme se tourna vite vers lui, bien, bien trop vite, et le força à reculer de plus belle en distribuant aveuglément des frappes devant elle.

Alors qu'il s'éloignait pour se mettre à l'abri de cette rafale de coups, le jeune homme laissa échapper un juron en voyant la haute silhouette du Papillon disparaitre derrière sa gigantesque adversaire.

A deux contre un, la lutte était trop inégale.

Et à l'instant même où cette pensée traversait l'esprit de Chat Noir, une large flaque de lumière inonda une partie de la pièce, puis un câble traversa le champ de vision du héros pour s'enrouler vicieusement autour de l'une des cheville de son ennemie avant de se tendre dans un bruit sec. Trop concentrée sur le jeune homme, l'immense femme réagit trop tard pour esquiver l'attaque et chuta lourdement au sol, déséquilibrée.

Chat Noir jeta immédiatement un rapide coup d'œil par-dessus son épaule, pour découvrir la familière silhouette d'une jeune fille en rouge et noir.

Ladybug.

L'héroïne avait surgit par l'une des larges baies vitrées qui ornait la pièce, arrachant au passage l'une des immenses bâches qui obstruaient les fenêtres pour les protéger des travaux en cours et permettant ainsi aux doux rayons de la fin du jour d'illuminer une partie des lieux. Alors que la jeune fille récupérait son yo-yo d'un souple mouvement du poignet, l'ample couverture de plastique qu'elle avait enlevée achevait de tomber mollement au sol, recouvrant une partie des dalles fracassée tel un blanc linceul.

En dépit de ses pensées sombres, Chat Noir sentit immédiatement un indicible soulagement s'emparer de lui, illuminant son cœur aussi sûrement que les rayons de soleils inondaient à présent la pièce et diffusant une douce onde de chaleur au creux de sa poitrine.

Non seulement l'arrivée de sa précieuse partenaire rééquilibrait les comptes, leur permettant de combattre enfin à deux contre deux, mais surtout seraient-ils ensemble.

Que ce soit en tant que héros ou simplement en tant qu'Adrien, Chat Noir savait parfaitement que la présence de sa Lady à ses côtés lui permettait de surpasser. Elle lui donnait la force de se battre, de se repousser ses limites, et l'aidait à relever la tête même quand tout espoir semblait avoir été englouti par de sombres cauchemars. En ces terribles moments qu'il traversait, sa précieuse coéquipière était pour lui pour lui tel un phare perçant à travers la brume, et le guidait à chaque fois qu'il s'égarait.

- « Ma Lady », la salua Chat Noir avec un pâle sourire, tandis que la vilaine que venait de faire tomber sa coéquipière se relevait avec une agilité surprenante.

- « Chaton », répondit-elle machinalement, son regard d'un bleu perçant rivé vers les profondeurs de la pièce.

Si les yeux de la jeune fille avaient été des dagues, nul doute que le Papillon serait instantanément mort transpercé.

- « Ah, Ladybug », lança le Papillon d'une voix satisfaite. « Comme c'est gentil d'être venu. »

- « Et je vais gentiment vous botter le derrière », répliqua-t-elle aussitôt d'un ton acide. « Vous allez regretter que je ne sois pas restée chez moi. »

- « Donnez-moi vos miraculous », rétorqua l'homme en tendant la main vers les deux héros. « C'est inutile de continuer à lutter, vous ne pouvez pas gagner contre moi. »

- « C'est ce qu'on va voir », répliqua Ladybug, s'avançant aux côtés de son partenaire tout en faisant tournoyer son yo-yo dans les airs.

Elle jeta un bref regard au jeune homme, et ses yeux s'écarquillèrent légèrement quand ils se posèrent sur sa joue ensanglantée.

- « Ce n'est qu'une petite coupure, ma Lady », murmura Chat Noir avec un haussement d'épaules qui se voulait rassurant.

- « Une coupure de trop », siffla-t-elle entre ses dents, serrant les mâchoires de colère tout en dardant de nouveau son regard vers le Papillon.

Leur ennemi jeta un coup d'œil tout aussi hostile aux deux héros, son visage se tordant d'une colère difficilement réprimée tandis que ses mains se crispaient machinalement sur la canne qu'il tendait à présent vers eux telle une épée.

- « Puisque vous le prenez comme ça... » gronda-t-il d'une voix sourde. « Toi ! », s'écria-t-il avec un large geste de la main en direction du vilain qu'il avait sous son emprise. « Ramène-moi leurs miraculous ! »

La femme se redressa de toute sa hauteur, gonflant la poitrine alors qu'elle prenait une profonde inspiration. Puis, sans autre signe avant-coureur, elle laissa échapper un hurlement d'une rage presque animale, qui fit violemment sursauter les deux adolescents.

Et ses mains semblables à des gantelets métalliques se mirent à grossir.

Encore.

Et encore.

Si auparavant ses poings fermés faisaient la respectable taille d'une boule de bowling, ils étaient à présent d'un diamètre trois fois plus gros, et promettaient d'être d'autant plus destructeurs.

- « D'accord... », murmura Ladybug, ses immenses yeux dilatés de stupéfaction. « Et c'est elle qui a abimé cette colonne ? », demanda-t-elle en jetant un bref coup d'œil au pilier à moitié détruit.

- « C'est elle », confirma Chat Noir d'une voix tendue. « Il faudra être prudent, ma Lady. Elle a une force col-onne-ossale. »

Ladybug leva machinalement son regard au ciel devant cet improbable mélange de "colonne" et "colossale", avant d'adresser un bref sourire à son coéquipier.

- « Je n'arrive pas à croire que je suis en train de dire ça, mais ça m'avait presque manqué », déclara-t-elle doucement.

- « A ton service, ma Lady », répliqua son partenaire avec un léger clin d'œil. « Je savais bien que tu aimais mes jeux de mots. »

- « J'ai dit 'presque', chaton. Presque », rétorqua-t-elle aussitôt, tout en lui donnant une tape amicale sur l'épaule. « Tu pourras t'occuper d'elle ? », reprit-elle d'un ton de nouveau sérieux.

- « Aucun problème », assura Chat Noir en se mettant aussitôt en garde.

La jeune fille hocha brièvement le menton d'un geste approbateur.

C'était mieux comme ça.

Elle voyait que Chat Noir tentait désespérément de faire bonne figure, mais Ladybug le connaissait trop bien pour ne pas deviner à quel point son cœur saignait de devoir ainsi se confronter à son père. Si elle pouvait épargner à son cher partenaire d'affronter directement le Papillon, elle n'hésiterait pas un instant à se charger elle-même de leur pire ennemi.

- « Maintenant ! », lança-t-elle d'une voix claire, et les deux héros se ruèrent en direction de la monstrueuse femme qui leur faisait face.

Il ne fallut que quelques instants aux adolescents courants à toutes jambes et bondissants pour effacer la distance qui les séparaient de leur adversaire. Sur les derniers mètres, Ladybug passa devant Chat Noir, faisant tournoyer son yo-yo tandis qu'elle se dirigeait droit vers la vilaine. Cette dernière leva machinalement l'un de ses énormes poings, le plaçant devant elle pour parer le coup de l'héroïne.

Ladybug effectua quelques rapides foulées supplémentaires, puis plia brusquement les genoux, se laissant tomber au sol pour se laisser glisser le long des dalles de marbre. Emportée par son élan, elle passa sous la main gantée de son ennemie, qui, stupéfaite, tourna la tête pour la suivre un instant du regard.

- « Hey, l'affreuse ! » hurla Chat Noir, qui avait profité de la diversion offerte par sa partenaire pour bondir dans les airs.

Il abattit son bâton en plein sur le visage de la femme, dont le nez se brisa dans un craquement sec, pendant que Ladybug se relevait d'un geste fluide pour poursuivre sa course vers le Papillon.

- « C'est moi ton adversaire ! », lança crânement le héros à la vilaine alors qu'il atterrissait souplement au sol, avant de se redresser pour prendre une pose digne de ses plus grands moments de bravade.

Si Alya avait été là, nul doute qu'elle aurait eu de quoi alimenter le Ladyblog en glorieuses images.

Le nez en sang, la femme fixa Chat Noir un instant, interdite, avant de se précipiter sur lui avec un nouveau hurlement de rage.




Pendant que son partenaire s'occupait de l'agressive vilaine, Ladybug faisait à présent face au Papillon.

Son ennemi.

Celui qui avait tant fait souffrir Adrien.

Sans dire un mot, elle lança son yo-yo dans sa direction, l'objet noir et rouge filant dans les airs en sifflant tandis que la jeune fille cherchait à viser la tête de son adversaire. Si elle réussissait à l'assommer, tout serait enfin fini.

Chat Noir et elle étaient proches, si proches du but.

Mais naturellement, l'homme qui terrorisait Paris depuis tant d'années n'était pas prêt à se laisser faire aussi facilement. Il bondit souplement sur le côté, avant de pivoter sur lui-même tout en donnant un violent coup de canne en direction de Ladybug, essayant de frapper le crâne de l'adolescente avec autant de force que s'il tentait d'écraser impitoyablement une batte de baseball contre une innocente balle.

Le coup aurait pu être dévastateur, mais la jeune fille para instinctivement l'attaque, levant son bras gauche pour bloquer le coup.

Un cri de souffrance s'échappa des lèvres de l'héroïne sous la violence de l'impact, alors que l'arme du Papillon s'écrasait sans la moindre miséricorde contre la chair tendre de son bras. Une fulgurante douleur remonta jusqu'à son épaule telle une décharge électrique, et Ladybug recula avec une grimace crispée.

Un rapide geste la rassura sur l'état de son membre meurtri, lui confirmant que malgré la force du coup, rien n'avait été cassé. La douleur qu'elle ressentait était certes lancinante, mais supportable, et ne l'handicaperait pas pour le combat.

Mais son mouvement de recul avait laissé une ouverture qui n'échappa pas au Papillon. Lançant sa canne dans les jambes de la jeune fille, il la faucha derrière les mollets d'un geste vif, la faisant basculer au sol. La jeune fille tomba lourdement, puis ses pupilles se dilatèrent d'horreur alors que l'homme levait le bras pour frapper de nouveau, prêt à abattre son arme sur l'héroïne à terre.

Mais avant qu'il ne finisse son terrible geste, le Papillon fut interrompu par le bâton télescopique de Chat Noir, qui s'enfonça dans son estomac en expulsant de ses poumons la moindre trace d'air. Bien qu'accaparé par son propre combat, le jeune homme avait saisi du coin de l'œil la chute de sa partenaire, et avait abandonné son adversaire du moment pour se ruer à la rescousse de Ladybug.

Bondissant auprès de sa coéquipière d'un geste fluide, Chat Noir la saisit par le coude pour l'aider à se relever, avant de pivoter rapidement sur lui-même pour reporter de nouveau son attention sur son imposante ennemie.

- « Merci, chaton », souffla la jeune fille en se plaçant dos à lui, face au Papillon qui se frottait à présent douloureusement les côtes.

Chat Noir ouvrit la bouche pour lui répondre, mais ses paroles s'étranglèrent dans sa gorge quand la vilaine se mit à foncer droit dans leur direction, les chargeant tel un taureau furieux prêt à tout dévaster sur ton passage. Glissant une main autour de sa coéquipière dont les yeux étaient toujours rivés sur le Papillon, il s'élança d'un bond vif sur le côté pour les mettre tous deux hors de la trajectoire de la colossale femme.

Et ce fut le chaos.

Durant plusieurs longues minutes, vilains et super-héros s'affrontèrent dans la confusion la plus totale, sans que les uns ou les autres ne réussissent à réellement prendre le dessus sur leurs adversaires. L'immense femme aux gantelets d'acier se trouvait au cœur de la mêlée, distribuant de terribles coups de poings qui forçaient Ladybug et Chat Noir à prendre sans cesses leurs distances. Pour autant, les deux adolescents ne pouvaient pas non plus se permettre de la perdre un instant des yeux sous peine de risquer de subir de plein fouet l'une de ses monstrueuses attaques.

Le Papillon n'était hélas pas en reste, et s'il laissait sa vilaine se charger du gros du travail, il avait manifestement décidé d'abandonner partiellement son rôle de spectateur. Rôdant autour des deux héros telle une ombre aussi sournoise que mortelle, il guettait la moindre faille dans leurs défenses, tentant de s'y engouffrer vicieusement dès que l'occasion se présentait.

Rarement Ladybug et Chat Noir n'avaient été mis aussi rudement à l'épreuve.

Les deux adolescents poussaient leurs corps jusqu'à leurs limites, bondissant et virevoltant sans cesses dans les airs pour esquiver les coups de leurs ennemis, frappant ensuite à leur tour, tout en prenant toujours garde à veiller précieusement l'un sur l'autre. Les jeunes héros de Paris se déplaçaient avec parfaite synchronisation, née de longues années à se battre côte à côte, et ils ne durent bien souvent leur salut qu'à de fulgurants automatismes. Ils n'auraient même plus su dire combien de fois Chat Noir avait vivement projeté Ladybug sur le côté pour lui éviter une vicieuse attaque, ou à combien de reprise l'héroïne avait sauvé son partenaire d'une frappe qui aurait pu être sinon mortelle, tout du moins suffisamment dangereuse pour le mettre hors de combat.

Si la plupart de leurs esquives étaient jusque-là un franc succès, leurs offensives se trouvaient être elles aussi d'une redoutable efficacité. Chat Noir maniait son bâton avec puissance et précision, arrivant à tenir la massive vilaine à distance en dépit de la terrible menace que représentait cette dernière et réussissant à contrer les sournoises attaques du Papillon. Le yo-yo de Ladybug fendait quant à lui les airs dans un sifflement suraigu, s'enroulant autour de jambes ou de poignets pour handicaper les adversaires des deux adolescents ou les frappant avec une force jusque-là inédite, tant la froide rage qui animait l'héroïne décuplait ses ardeurs. La jeune fille n'hésitait pas non plus à utiliser son arme comme bouclier, le faisant tournoyer devant elle pour gêner ses ennemis ou pour se protéger d'un mauvais coup.

Mais en dépit des remarquables efforts que déployaient les deux héros pour mettre au moins l'un de leurs adversaires à terre, l'épuisement commençait à se faire cruellement sentir. Les réflexes de Ladybug et de Chat Noir se faisaient moins affutés, les plaçant peu à peu dans des positions de plus en plus périlleuses. Leurs sauts étaient devenus plus lourds, chaque impact résonnant un peu plus jusqu'au tréfonds de leurs os tandis que leurs muscles les lançaient aussi douloureusement que s'ils étaient en train de se déchirer.

La respiration lourde, Chat Noir esquiva un nouveau coup, tentant désespérément de reprendre son souffle tandis que ses poumons brûlants l'imploraient de leur accorder ne serait-ce qu'une seconde de répit.

Mais c'était impossible.

A ses côtés, Ladybug n'était guère dans de meilleures dispositions. Chaque geste était devenu une torture, et alors qu'elle lançait une nouvelle attaque, elle grimaça de douleur tant ses tendons se bandaient presque jusqu'à en rompre.

Les preuves des difficultés que rencontraient à présent les deux héros se faisaient de plus en plus évidentes. Le menton de Chat Noir était à présent orné d'une méchante éraflure, conséquence immédiate d'une percutante rencontre entre son visage et le sol, tandis qu'une bosse d'un vilain rouge violacé avait fait son apparition sur le côté du front de Ladybug.

Il y avait trop à faire.

Combattre la vilaine.

Affronter le Papillon.

Veiller l'un sur l'autre.

Cette bataille épuisait toutes les ressources des deux héros, et en dépit de leurs nombreuses années d'expériences, ils n'arrivaient pas à prendre le dessus sur leurs ennemis.

Leurs forces les trahissaient, leur attention faiblissait, et à ce rythme, l'un d'eux allait fatalement finir par commettre une irréparable erreur.

La patience du Papillon semblait quant à elle arriver à bout. Ses yeux étincelants luisaient de fureur à chaque fois que l'un des jeunes héros parait une attaque ou portait un coup, et ses doigts se crispaient à présent compulsivement autour de sa canne.

- « Arrêtez de me faire perdre mon temps et donnez-moi vos miraculous ! » rugit-il d'une voix furieuse, alors que Ladybug détournait une fois de plus l'une de ses attaques.

- « Dans vos rêves », répliqua cette dernière en relevant fièrement le menton. « Vous pouvez envoyer tous les vilains que vous voulez, vous n'arriverez jamais à nous battre ! »

En dépit du masque qui lui recouvrait la quasi-totalité du visage, la jeune héroïne vit très clairement la figure de l'homme convulser de colère.

- « Vous n'êtes que des gamins », hurla-t-il avec rage. « Vous n'avez absolument aucune idée du pouvoir que vous avez entre les mains. Vous ignorez ce dont ces bijoux sont capables ! »

Les paroles hostiles du Papillon firent sursauter Chat Noir, qui jeta un regard incisif à son ennemi, se demandant avec un mélange d'incrédulité, d'horreur et de colère ce qui pouvait bien valoir la peine de plonger ainsi Paris dans le chaos.

Et de précipiter sa propre vie dans la terreur et le désespoir.

- « De quoi ils sont capables ? » feula rageusement l'adolescent, tout en envoyant la vilaine valser à terre d'un violent coup de bâton. « Qu'est ce qui mérite tout ça ? » poursuivit-il en désignant d'un large geste la femme qu'il était en train de combattre et la salle dévastée par leur affrontement.

- « Vous ne comprenez rien ! », hurla le Papillon, perdant manifestement son sang-froid alors que son regard brillait à présent d'une lueur démente. « Avec ces miraculous, j'aurais le pouvoir infini ! Et je pourrais ramener Laura ! »

Chat Noir se figea brusquement, paralysé aussi sûrement que s'il venait d'être frappé par la foudre.

Laura.

Le prénom de sa mère.

Il y avait certainement des milliers de Laura dans tout Paris, mais la coïncidence était bien trop énorme pour ne rien signifier.

Si le jeune homme avait encore le plus infime doute quant à l'identité du Papillon, voilà qui venait de sceller à jamais la moindre de ses incertitudes.

Laura.

« Ramener Laura. »

Tel était donc le but que poursuivait son père.

Celui pour lequel il était prêt à risquer la sécurité des citoyens de Paris. A sacrifier la vie de son fils unique. A abandonner toute forme de raison.

« Ramener Laura. »

Ramener sa mère.

Chat Noir avait soudain l'impression que le sol s'ouvrait sous ses pieds, le précipitant dans des abîmes d'un noir d'encre où se côtoyaient folie, horreur et désespoir.

Ramener sa mère.

C'était impossible.

Sa mère était morte, mystérieusement disparue bien des années plus tôt.

La gorge sèche, l'adolescent leva les yeux vers le visage du Papillon, dont les traits étaient maintenant déformés par une inhumaine démence.

Impossible.

Définitivement impossible.

Les miraculous ne pouvaient pas ramener les morts à la vie.

N'est-ce pas ?

L'adolescent sentit son cœur se déchirer de nouveau, torturé par un indicible espoir.

Et si son père disait vrai ? Et si sa mère adorée pouvait lui être rendue ?

Mais à quel prix ?, lui chuchotait impitoyablement son cerveau affolé.

Chat Noir n'arrivait plus à réfléchir.

C'était de la démence pure.

Une folie aussi insensée qu'implacable, qui lui tendait langoureusement les bras, tentant de l'attirer avec des paroles doucereuses et de se saisir de lui pour lui faire perdre totalement la raison.

- « Chat Noir ! » hurla soudain la voix paniquée de Ladybug.

Le mince filin du yo-yo de l'héroïne de Paris s'enroula autour du poignet du jeune homme encore paralysé par l'absurdité de la situation, puis Ladybug tira vivement sur le câble pour mettre son partenaire hors de la trajectoire de la vilaine qui avait profité de ses instants d'inattention pour foncer sur lui.

Chat Noir roula à terre, avant de se redresser et de reculer de plusieurs bonds.

Il leva des yeux hagards vers le Papillon, son cerveau peinant encore à formuler des pensées cohérentes, quand il sentit soudain quelque chose d'étrange sous sa semelle.

Baissant son regard à terre, il constata avec incrédulité que son pied était à présent posé sur une matière rose et visqueuse, étrangement semblable à du chewing-gum. L'adolescent tenta de lever la jambe, avant de réaliser avec effroi que cette dernière était manifestement prisonnière de la substance collante qui s'enroulait à présent autour de sa cheville.

- « Chat ! » cria de nouveau sa partenaire.

Ecarquillant les yeux d'horreur, l'adolescent vit apparaitre un nouvel homme, aussi petit et mince que son autre ennemie était grande et massive.

Le cœur de Chat Noir rata un battement.

Le masque et la tenue d'un rose improbable de ce nouveau venu ne laissait place à aucun doute quant à la nature de ce nouveau venu.

Un vilain.

Un second vilain.

C'était impossible.

Alors que Ladybug se trouvait à présent aux prises avec le Papillon, la femme au poing d'acier profita de la situation pour charger une fois de plus le héros à présent immobilisé.

- « Pousse-toi ! », hurla Ladybug à son partenaire, sa voix désespérée résonnant dans les airs alors qu'elle tentait en vain de se défaire du Papillon pour se porter au secours de son coéquipier.

Chat Noir tenta une fois de plus de dégager sa jambe de la matière gluante dans laquelle elle était emprisonnée, mais en vain. La gorge sèche, il leva les yeux vers son ennemie qui fonçait implacablement sur lui.

Plus le temps d'esquiver.

Bandant ses muscles dans l'attente du choc, le héros fit tournoyer son bâton devant lui, espérant de toutes ses forces que ce maigre bouclier serait suffisant pour absorber la violence de l'impact.

La terrifiante vilaine n'était plus qu'à quatre mètres de Chat Noir.

Trois mètres.

Deux mètres.

Et soudain, une forme humaine surgit de nulle part, assenant un brutal coup dans les côtes la monstrueuse femme pour la faire chuter à terre avant de se placer devant Chat Noir dans un geste protecteur.

Stupéfait, le jeune héros braqua un regard incrédule sur la silhouette qui lui tournait pour l'instant le dos.

Une silhouette aux cheveux clairs, toute de bleue vêtue, qui gronda à voix si basse que personne d'autre que Chat Noir ne put l'entendre.

- « Pas. Mon. Fils. »




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J'espère que ce chapitre vous a plu ! :D 


Et pour la petite info, j'ai dû faire la chasse aux fautes dans tout le chapitre parce que j'avais écrit « Cane » au lieu de « Canne ». Imaginer le Papillon se battre en brandissant un canard femelle à bout de bras, ça fait tout de suite moins classe... x)


EDIT : Je n'arrive pas à croire que j'ai oublié ça, mais un énorme MERCI à Skellingtonia pour avoir supporté mes jérémiades au sujet du nom de Maman Agreste et de m'avoir aidé à lui trouver un prénom :D !   



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