Chapitre 17


Adrien eut soudainement l'affreuse impression que son cœur se figeait, cessant un instant de battre comme s'il venait d'être brusquement emprisonné dans la plus froide et terrifiante des glaces.

Non.

Non non non non.

Ce n'était pas possible.

Le Papillon venait de frapper de nouveau.

Le Papillon.

Son propre père.

Qui portait manifestement bien plus d'intérêt à la récupération des précieux miraculous qu'à la sécurité – qu'à la vie - de son propre fils.

Adrien avait envie de crier. De hurler son désespoir, jusqu'à ce qu'il ne reste plus la moindre goulée d'air dans ses poumons, jusqu'à s'en arracher les cordes vocales, jusqu'à épuiser ses dernières forces dans cet élan de détresse. Puis se laisser ensuite tomber au sol, telle une masse informe de douleur et de souffrance, et attendre que le temps vienne peut-être adoucir ses plaies à vif.

Son père.

Non.

Comment pouvait-il lui faire ça ?

Quel but pouvait-il bien poursuivre, qui mérite de sacrifier ainsi son fils unique ? Le jeune homme encore étourdi par cette atroce révélation vivait un véritable cauchemar éveillé.

Un nouveau grondement ramena soudain Adrien à la réalité, lui rappelant avec une cruelle insistance qu'il ne pouvait pas se permettre de rester ici à se morfondre. Paris avait besoin de lui. Ladybug avait besoin de lui. Il ne pouvait pas les laisser tomber.

Le cœur en lambeaux, le jeune homme se tourna vers son kwami.

- « Plagg, transforme-moi », lança-t-il d'une voix blanche, avant de fermer les yeux quand une familière lueur verte l'enveloppa.

Une fois sous l'apparence de Chat Noir, le héros posa machinalement les yeux sur sa bague. Son miraculous. L'objet tant convoité par son père. Le jeune homme se sentait presque nauséeux, tandis que sa migraine se faisait à présent si vive qu'il était intimement persuadé qu'il aurait certainement eu moins mal au crâne si quelqu'un le lui avait directement fendu en deux avec une hache.

Son père...

Non. Ce n'était pas le moment. Chaque seconde passée ici était une seconde de plus où Ladybug aurait à combattre seule.

Le jeune homme secoua brièvement la tête pour tenter de remettre un semblant d'ordre dans ses chaotiques pensées, avant de bondir d'un geste souple par l'une des fenêtres qui bordaient sa chambre.




Le bruit qui avait attiré l'attention de Chat Noir était si fort que son origine ne pouvait guère être éloignée, et il ne fallut que peu de temps au héros désemparé pour en trouver la cause. Dans un parc voisin, un glacier pris de colère était manifestement tombé sous le joug du Papillon - de son père - et s'attaquait à présent à son environnement ainsi qu'aux innocents passants qui avaient le malheur de passer à proximité.

Au vu de son étrange costume strié de beige et de rose, ainsi que du masque pourpre qui lui barrait le visage, il ne faisait aucun doute que cet homme hurlant de rage était la malheureuse victime d'une akumatisation. Une cuillère à glace glissée dans une poche de sa poitrine attira immédiatement l'attention de Chat Noir, qui devina avec un instinct forgé par une longue expérience que l'akuma était très certainement logé dans cet objet d'apparence anodine. Les yeux du jeune homme poursuivirent leur course sur son adversaire du jour, à la recherche d'un indice, d'un détail, de n'importe quoi qui pourrait l'aider à se défaire le plus rapidement possible de son ennemi.

Il ne fallut également qu'une poignée de secondes à Chat Noir pour découvrir quelles étaient les surprenantes capacités de l'homme qu'il avait devant lui. Les avant-bras de ce nouveau vilain étaient chacun surmontés d'un étrange tube métallique, à l'aide desquels il projetait des boules de glaces dont il pouvait manifestement réguler la consistance à loisirs. Si certaines d'entre elles semblaient aussi inoffensive que de légères boules de neige, s'écrasant mollement sur les parisiens stupéfaits, d'autres formaient au contraire un véritable amas gelé, aussi dures que du métal et infligeant les mêmes dégâts dévastateurs que ne l'auraient fait de petits boulets de canon.

De très dangereux et très potentiellement mortels petits boulets de canon.

Chat Noir dut s'arrêter un instant, se sentant soudainement pris de vertiges tandis qu'un violent haut-le-cœur lui tordait brutalement l'estomac. Son père savait à quels risques l'exposaient ses activités de super-héros, c'était une certitude. Il le savait. Et il continuait malgré tout à faire subir de furieux assaut à la ville de Paris, à créer des vilains toujours plus violents les uns que les autres, et ce au mépris total de ce qu'il pouvait arriver à Adrien ou à sa coéquipière.

Un éclair rouge traversa soudain le champ de vision du jeune homme. Une fine et agile silhouette, qui bondissait et virevoltait, tout en esquivant gracieusement les attaques de son adversaire.

Ladybug.

La jeune fille était arrivée sur place quelques instants à peine avant son coéquipier, et avait commencé à combattre leur nouvel adversaire sans plus attendre. Chat Noir serra rageusement les poings, puis s'élança à son tour, parcourant en un instant les derniers mètres qui lui restaient à franchir avant de rejoindre sa partenaire.

- « Désolé pour le retard », s'excusa-t-il dans un souffle, avant de reprendre sa course tout en rentrant légèrement la tête dans ses épaules pour éviter les boules de glaces que le vilain tirait à présent dans sa direction.

Se mordant nerveusement les lèvres, Ladybug jeta un vif regard au jeune homme.

Cette attaque avait lieu trop tôt. Bien trop tôt.

Elle ignorait encore ce qui avait tant perturbé Adrien ces derniers jours, et à présent, elle regrettait amèrement de ne pas avoir eu l'occasion de lui parler avant la venue de cet inopportun vilain, ne serait-ce que pour s'assurer qu'ils étaient tous deux encore en mesure d'assurer leurs devoirs avec la rigueur nécessaire. Qu'Adrien l'ignore, c'était une chose. Mais si ce comportement se répercutait sur Chat Noir, les conséquences seraient alors toutes autres.

Chat Noir était son partenaire. Son allié. Son plus fidèle soutien.

Un membre irremplaçable de leur fusionnel duo.

Si les jeunes héros n'arrivaient plus à se battre en parfaite harmonie, alors non seulement il était possible qu'ils ne puissent plus assurer leur mission, mais ils risquaient également de se retrouver tous deux gravement en danger. Et malheureusement pour Ladybug, elle allait manifestement devoir composer pour l'instant sans cette essentielle conversation qu'elle aurait tant souhaité avoir avec son partenaire. La situation dans laquelle se trouvaient actuellement les deux adolescents n'était certes pas désespérée - pas encore -, mais elle n'en était pas moins périlleuse, et la présence d'un agressif adversaire n'était guère propice à la mise en place d'une réunion de crise.

Mâchoire serrée, Ladybug s'élança d'un bond en direction du vilain.

Elle devait se battre. De toutes ses forces.

Oublier ses interrogations au sujet d'Adrien, ses inquiétudes concernant Chat Noir.

Tenter d'ignorer son cœur en miettes.

Nier la douleur lancinante qui irradiait dans sa poitrine à chaque fois que ses pensées se dirigeaient vers le blond jeune homme qui était au centre même de son existence.

Elle ne pouvait rien faire d'autre que se jeter dans la bataille, et espérer que tout se passe au mieux.

Les questions viendraient plus tard.




Tout se passa aussi mal que possible, ou presque.

Comme l'avait craint Ladybug, la brillante coordination qui faisait d'ordinaire le succès du flamboyant duo qu'elle formait avec Chat Noir n'était à présent plus qu'un pâle souvenir. Les deux héros se battaient en même temps contre leur adversaire du jour, mais ils ne se battaient pas ensemble.

La différence était cruciale.

Ladybug et Chat Noir se battaient l'un aux côtés de l'autre depuis des années, et ces innombrables combats avaient forgés entre eux un lien qui allait bien au-delà des mots, accompagné d'une confiance et d'une complicité sans faille. Les deux adolescents étaient capables de se comprendre d'un regard, d'un unique mot, d'un léger geste, si bien que dans le feu de la bataille, c'était d'ordinaire à peine s'ils avaient besoin de se concerter pour agir. Telles deux entités dirigées par un seul et même esprit, leurs corps bougeaient d'instinct, formant un ballet aussi dangereux que minutieusement synchronisé.

Mais pas aujourd'hui.

Les mouvements qui leurs étaient autrefois parfaitement naturels leur échappaient à présent, et les deux héros peinaient à agir de concert. Chat Noir en particulier se montrait étrangement distrait, ne semblant pas remarquer les subtils signes que lui adressait sa partenaire pour tenter de synchroniser enfin leurs actions. Quand elle lui faisait un léger geste du menton pour lui signifier de se décaler vers la droite, il ratait complètement son signal, et partait à gauche ou continuait tout droit. Même quand, en désespoir de cause, Ladybug se mit à lui hurler directement des indications, Chat Noir réagissait toujours avec un temps de retard, manquant régulièrement de passer à deux doigts de la catastrophe.

Jamais le jeune homme n'avait rencontré tant de difficultés.

Bouger.

Réfléchir.

Esquiver.

Bouger encore.

La moindre action semblait lui demander une énergie phénoménale, et alors que l'assaut commençait à peine, le jeune héros paraissait avoir déjà atteint les limites des maigres ressources qui étaient actuellement les siennes.

Au cœur de ce combat qui nécessitait une attention de tous les instants, Chat Noir payait très chèrement les conséquences combinées de son manque flagrant de sommeil et de son inimaginable état de stress. Ses mouvements d'habitudes gracieux et légers se faisaient aujourd'hui moins précis, plus lourds, tandis que ses réflexes autrefois si fulgurant ne semblaient être maintenant plus qu'un pâle souvenir.

C'était comme si le héros avait été fait prisonnier de son propre espace-temps, où la gravité se faisait plus forte, l'oxygène plus rare, et où le moindre geste lui coûtait une énergie si folle que cela tenait du miracle qu'il ne soit pas déjà tombé d'épuisement. Sa respiration s'était faite laborieuse, et les nombreuses fois où il manqua de trébucher auraient dû lui indiquer que son pied était aujourd'hui loin d'être sûr. Mais ignorant ces multiples signaux d'alarme qui clignotaient avec force dans son cerveau, le jeune homme persistait à combattre sans relâche.

Car malheureusement pour Chat Noir, ses mouvements hésitants et ses réflexes ralentis n'étaient pas les seules conséquences de son dévastateur manque de sommeil. Au-delà des évidentes manifestations physiques qu'elles engendraient, ses nombreuses insomnies l'empêchaient également de réfléchir correctement.

De penser.

D'analyser rapidement la situation.

De réaliser que ce qu'il prenait pour une volonté de fer n'était rien d'autre qu'une vaine obsession, un dernier élan désespéré de son cerveau pour se cacher la réalité.

Il n'était pas en train de se battre. Il était en train de sombrer, corps et âme.

Sans même se rendre compte un seul instant que Ladybug, rongée d'angoisse face à son inquiétant comportement, démultipliait les risques pour tenter de le garder en sécurité.

Chat Noir refusait de le reconnaître, mais il n'était clairement pas en état de se plonger dans la moindre bataille, et ce manque de lucidité risquait de lui coûter très cher. A lui, et à celle qu'il tenait à protéger par-dessus tout.




Le vilain se battait quant à lui sans la moindre trace de cette accablante fatigue qui handicapait tant Chat Noir, et il se montrait même de plus en plus agressif.

Quand les héros de Paris avaient fait leur apparition, les attaques du malheureux homme étaient alors essentiellement constituées de projections d'innocentes boules de glaces aromatisées au chocolat, à la vanille ou à divers fruits aux goûts plus variés les uns que les autres. Le glacier avait visé indifféremment passants et héros à l'aide de ces projectiles neigeux, qui avaient manifestement plus vocation à être gênants que de représenter une réelle menace. Ils pouvaient ralentir, aveugler provisoirement, perturber des trajectoires, mais ne risquaient guère de blesser gravement quelqu'un. Certes, la victime du Papillon avait également rapidement démontré qu'il pouvait sans aucun mal créer des charges autrement plus destructrices, mais il avait dans un premiers temps réservé ces dangereuses attaques à des bâtiments, voitures ou autres objets inanimés.

A présent, l'attitude du vilain avait drastiquement changé.

Il se concentrait uniquement sur Chat Noir et Ladybug, qu'il n'attaquait plus à l'aide d'inoffensives balles d'une consistance semblable à de la neige.

Non, au contraire.

Celles qu'il projetait désormais droit sur les deux héros étaient aussi dures que du métal, aussi mortelles qu'un boulet de canon.

Elles fendaient les airs en sifflant avant de s'abattre avec un fracas assourdissant jusqu'à des dizaines de mètres plus loin, accompagnées par les rires satisfaits du super-vilain fier de son œuvre destructrice. Elles n'avaient heureusement jusque-là percuté personne, mais les alentours du parc se transformaient peu à peu en un champ de ruines fumantes, et il ne faisait nul doute que quiconque se verrait toucher par l'un de ces redoutables projectiles aurait peu de chances de s'en sortir indemne. Voire vivant.

Au vu de la gravité de la situation, il était urgent d'arrêter ce terrifiant vilain, mais celui-ci se montrait aussi dangereux que difficile à approcher. Au grand dam des héros de Paris, leur adversaire était parfaitement capable de générer de lourds boulets de glace avec l'un ou l'autre de tubes surmontant chacun ses bras, ou avec les deux en même temps si besoin. Il n'avait aucun mal à viser Ladybug sur sa droite tout en tenant Chat Noir à distance sur sa gauche, et le manque de coordination flagrant des deux héros ne faisait que lui rendre les choses plus faciles.

Le combat durait depuis déjà longtemps.

Bien, bien trop longtemps.

Chat Noir se sentait la tête lourde, tandis que l'épuisement paralysait peu à peu les moindres de ses muscles. Bouger devenait un supplice, respirer devenait une torture, mais le héros persistait à nier l'évidence. Il devait se battre. Défaire ses ennemis. Protéger Ladybug. Trouver un moyen d'échapper à son père. Protéger Ladybug. Protéger Marinette.

Se battre.

Encore.

Un nouvel atterrissage approximatif manqua de faire perdre l'équilibre à Chat Noir, qui ne réussit à se rattraper qu'en prenant fort peu gracieusement appuis sur le bâton qu'il tenait heureusement en main à cet instant précis. Serrant les dents pour retenir un juron, le jeune homme se redressa avant de se ruer de nouveau vers son adversaire, ignorant royalement les signes désespérés que lui adressait Ladybug pour tenter d'attirer son attention.

Le héros de Paris ne voyait que le sourire triomphal du vilain, et les reflets métalliques des tubes qui ornaient ses bras comme de menaçantes bouches de canons. En ces instants où le jeune homme n'aurait dû se concentrer que sur son combat, les recherches d'Alya lui revenaient soudain cruellement en mémoire. Chat Noir savait que le Papillon communiquait avec ses victimes durant les attaques. C'était un fait avéré, que son amie avait maintes fois confirmé au cours de son enquête. Et à présent, le héros se demandait avec une profonde détresse teintée d'horreur si le Papillon était effectivement bien en contact avec le dangereux homme qui se trouvait face à lui.

Est-ce que son père lui parlait en cet instant précis ?

Est-ce qu'il lui susurrait de viser avec application ? De s'assurer de ne pas manquer sa cible ?

Est-ce qu'il lui demandait de faucher Chat Noir en pleine course, au mépris de tout ce qu'il pourrait lui arriver ?

Et était-ce lui qui lui avait ordonné de préparer de mortels boulets de glace, plutôt que de gênantes mais inoffensives boules de neige aromatisées ? Son père tenait-il réellement à récupérer à tout prix son miraculous et celui de Ladybug ? Quitte à blesser son fils ou celle qu'il aimait ? Quitte à les tuer, peut-être ?

Ivre de rage et de désespoir, Chat Noir filait à toutes jambes à travers le parc, esquivant les brutaux assauts de son adversaire, bondissant, trébuchant parfois, puis se relevant pour courir de nouveau, sans cesser un seul instant de chercher une ouverture pour placer sa propre attaque et mettre fin à ce douloureux combat. Son esprit était trop embrumé pour réaliser que la victime du Papillon lui jetait de temps à autre un regard certes mauvais, mais également chargé d'une dérangeante lueur de triomphe. Cependant, s'il était passé inaperçu pour le héros, cet inquiétant fait n'avait pas échappé à Ladybug. L'homme avait très certainement noté l'état de faiblesse de Chat Noir, et la jeune fille ne doutait pas un instant qu'il guettait à présent l'occasion de frapper son précieux coéquipier.

De le frapper vite, et fort.

Hors de question.

Inconscient des légitimes angoisses qu'il inspirait à sa partenaire, Chat Noir continuait d'essayer de s'approcher dangereusement de la victime du Papillon, au mépris des risques insensés qu'il faisait prendre à son corps épuisé. Il fallait qu'il arrête ce dangereux ennemi. Qu'il les arrête. Cet homme, et son père.

Soudain, alors que ses pieds touchaient à peine le sol suite à un périlleux bond, Chat Noir réalisa avec un frisson d'horreur qu'il venait de commettre une terrible et peut-être mortelle erreur. Son geste hasardeux l'avait placé dans la droite ligne de tir de son adversaire, qui n'attendait visiblement que cette occasion pour décocher son coup. Comme au ralenti, le héros enregistra machinalement tous les évènements qui se télescopèrent tout à coup dans son champ de vision.

Le sourire machiavélique qui se dessinait sur le visage haineux de son adversaire tandis que ce dernier tendait son bras vers lui.

Le léger mouvement de recul qu'il effectua quand il porta son attaque.

Le projectile de glace qui jaillissait de l'extrémité du tube, comme de la gorge effroyable d'un monstre.

Chat Noir tenta de bouger, mais ses pieds lui semblaient soudainement faits de plomb. Son corps ne réagissait pas assez vite. Ses réflexes n'étaient pas assez fulgurant. L'attaque de son ennemi était bien trop rapide.

Le cerveau jusque-là engourdi de Chat Noir se mettait enfin à fonctionner de nouveau, mais seulement pour lui assener avec une implacable lucidité que le jeune homme ne pourrait jamais éviter la destructrice de boule de glace que son adversaire venait de projeter vers lui.

Il n'arriverait pas à esquiver, c'était une certitude.

C'était trop tard.

Chat Noir regarda avec impuissance le boulet de glace foncer à toute vitesse dans sa direction, fendant les airs dans un soufflement sourd. Les immenses yeux verts du jeune homme se dilatèrent d'horreur alors que le temps continuait de ralentir cruellement autour de lui.

Encore trois mètres avant l'inévitable impact.

Deux.

Un.

*BAM* 

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