Chapitre 11


Debout à l'entrée du salon, les deux adolescents échangèrent un bref regard, déconcertés par les paroles du vieil homme.

Plus précisément, par la façon dont il les avait appelés.

Ni l'un ni l'autre n'osaient formuler ce qu'ils pensaient à voix haute, mais bien qu'ils sachent pertinemment qu'ils étaient en présence du Grand Gardien, c'était pour eux une sensation extrêmement étrange que d'être appelés par le nom de leurs héroïques alter-egos alors qu'ils étaient sous leurs apparences de simples lycéens. L'inverse était déjà arrivé, Nino et Alya les appelant parfois par leurs véritables prénoms quand ils étaient certains d'être à l'abri des oreilles indiscrètes, tout comme les deux héros eux-mêmes le faisaient parfois entre eux, mais ça, c'était tout à fait inédit.

Après un léger instant de flottement, Adrien et Marinette se décidèrent enfin à entrer dans la pièce. Ils s'approchèrent à pas lents de l'homme qui les attendait avec une expression encourageante, avant de finalement s'assoir en tailleur face à lui, imitant instinctivement la position de leur hôte. Ne manquant manifestement pas de noter la nervosité des deux jeunes gens, l'occupant de l'appartement leur adressa un sourire rassurant, tandis que Plagg et Tikki s'extrayaient respectivement de la poche de la chemise d'Adrien et du sac de Marinette.

- « Grand Gardien », le saluèrent-ils à l'unisson, Plagg faisant soudain preuve d'une surprenante déférence tandis qu'il effectuait une respectueuse courbette en direction du vieil homme.

- « Plagg, Tikki. Je suis ravi de vous revoir », répondit ce dernier d'une voix posée, tout en inclinant la tête comme pour marquer toute l'estime qu'il portait aux deux petits êtres. « Jeunes héros, je suis le Grand Gardien », poursuivit-il à l'attention d'Adrien et de Marinette, « mais vous pouvez m'appeler Maitre Fu. C'est un honneur et un plaisir de vous recevoir. »

Impressionnés, les deux adolescents restèrent un instant muets, avant de se présenter à leur tour comme étant Adrien Agreste et Marinette Dupain-Cheng, plus par volonté d'amorcer la conversation que par réelle nécessité. Au vu des noms par lesquels il les avait appelés quand il les avait aperçus et de l'absence de surprise qu'il avait manifestée en voyant leurs kwamis surgir de leurs cachettes respectives, les lycéens ne doutait pas un instant que l'homme savait parfaitement qui ils étaient avant même qu'ils n'aient fait ne serait-ce qu'un pas dans la pièce. Ils n'arrivaient pas encore à se départir d'une certaine nervosité face à cette idée, tentant lentement de digérer le fait que le Grand Gardien en savait probablement beaucoup plus sur eux qu'ils ne l'auraient cru avant de venir ici.

Plagg et Tikki, au contraire, semblaient quant à eux parfaitement à l'aise, voletant dans les moindres recoins de la pièce avec l'aisance née d'une longue habitude. Le fait de voir leurs kwamis si peu troublés par la situation apportait un certain réconfort aux deux adolescents, qui se détendirent peu à peu sous le regard indulgent du Grand Gardien. Ce dernier leur proposa même du thé et des gâteaux, que Marinette et Adrien acceptèrent timidement.

- « Et donc, vous connaissez notre double identité », constata Adrien, essayant de réamorcer la discussion après un pesant silence, qui s'était éternisé bien plus longtemps qu'il ne l'aurait souhaité.

- « Chat Noir et Ladybug », approuva le Grand Gardien, répétant une fois de plus le nom de leurs héroïques alter-egos. « Je suis au courant depuis le début. »

- « D-Depuis le début? » releva Marinette en haussant un sourcil intrigué, tout en manquant de peu de s'étouffer avec une gorgée de thé.

Un malicieux sourire éclaira le visage du vieil homme, son expression se faisant soudain curieusement semblable à celle de quelqu'un qui a enfin la triomphante occasion de raconter une croustillante anecdote, après l'avoir précieusement gardé pour lui en attendant le moment idéal. Leur vénérable hôte se tourna vers une Marinette rouge d'embarras, qui tentait d'étouffer aussi discrètement que possible la quinte de toux provoquée par le thé.

- « Oui », lui confirma-t-il avec un hochement de tête, une lueur espiègle traversant soudain son regard. « Depuis la nuit des temps, l'une des principales tâches qui incombe au Grand Gardien est de veiller précieusement sur les miraculous et de leur trouver un porteur qui en soit digne. J'avais en ma possession la bague du Chat Noir et les boucles d'oreille de la Coccinelle avant de vous les confier. »

- « D-De nous les... De nous les confier? » balbutia Marinette, abasourdie. « Mais que... Mais comment? Mais pourquoi ? Enfin, je veux dire, pourquoi moi ? » poursuivit-elle en rougissant furieusement, tandis qu'Adrien tournait lui aussi un regard interrogateur vers le Grand Gardien.

S'il n'avait pas osé interroger leur hôte avec autant de spontanéité que sa partenaire, il ne se posait pas moins les exactes mêmes questions que sa partenaire à son propre sujet. Pourquoi lui ? Pourquoi avoir choisi ce garçon prisonnier d'une cage dorée, qui ne connaissait presque rien du monde extérieur, plutôt que quelqu'un d'autre ? Non pas qu'il ne remette en cause la décision qu'avait pris Maitre Fu, au contraire. Endosser le rôle de Chat Noir était de loin l'une des meilleures choses qui ne lui soient jamais arrivées, et il était par ailleurs persuadé de faire un héros plus qu'honorable. Tout comme il avait la profonde conviction que malgré les doutes qu'elle exprimait régulièrement quant à ses propres capacités, personne n'aurait pu faire une meilleure Ladybug que Marinette. Mais il était curieux de savoir ce que ce petit homme avait bien pu voir eu eux pour leur confier une telle responsabilité.

Un sourire mystérieux se dessina sur le visage de leur hôte et durant quelques secondes, les adolescents crurent qu'il allait éluder la question de Marinette.

- « Voyez-vous », répondit-il néanmoins, « je suis bien plus âgé que j'en ai l'air. » Ignorant superbement le bref échange de regard entre les adolescents qui pensaient tous deux qu'ils voyaient difficilement comment il pouvait être humainement possible pour lui d'être effectivement plus âgé qu'il n'en avait déjà l'air, Maître Fu poursuivi. « Comme je vous l'ai déjà expliqué, en tant que Grand Gardien, l'un de mes rôle est de trouver de dignes porteurs pour les miraculous dont j'ai la garde. J'arrive à jauger les gens, à voir s'ils ont l'étoffe pour être des héros. Dès que je vous ai vus, j'ai su que vous étiez ceux que je recherchais. Vous êtes courageux, vous avez du cœur. Et en dépit de vos interrogations ou des difficultés, vous n'avez jamais failli à votre mission », poursuivit-il avec une fierté palpable. « Vous êtes tous deux de grands héros, n'en doutez jamais. »

Adrien et Marinette le fixèrent un instant, les yeux ronds, ne sachant pas quoi répondre à cette tirade à laquelle ils ne s'attendaient guère.

- « Par ailleurs », reprit le vieil homme avec un clin d'œil espiègle, « vous et moi avons sans doute beaucoup plus en commun que vous ne croyez. »

Maitre Fu se tourna vers l'un des angles de la pièce, avant de faire un petit geste de la main. A la grande stupéfaction des deux adolescents, une petite boule d'un vert pâle surgit aussitôt d'un meuble où elle était dissimulée pour voleter rapidement dans leur direction.

A présent que ce nouvel arrivant flottait paresseusement près d'eux, les jeunes gens ébahis pouvaient voir qu'il s'agissait sans le moindre doute d'un kwami, aux yeux jaunes vifs, dont le dos était orné d'une minuscule carapace de tortue.

- « Je vous présente mon kwami, Wayzz », annonça Maître Fu d'une voix calme, pendant que son petit partenaire saluait respectueusement les deux lycéens stupéfaits.

- « Vous... Vous êtes vous aussi un héros ? » s'exclama Marinette, ses immenses yeux bleus dilatés par la surprise. « Mais... mais j'avais cru comprendre que... Que les Gardiens et les héros étaient des personnes distinctes », poursuivit-elle en jetant un regard incisif à Tikki, tentant désespérément de se souvenir de ce que leur avait confié sa minuscule amie sur le rôle des Gardiens, quand Adrien leur avait présenté le livre sacré.

- « C'était vrai à une époque », répondit Maitre Fu avec un soupir chargé de regrets. « Nous étions beaucoup plus nombreux autrefois, les Gardiens et les héros formaient deux ordres, à la fois distincts et complémentaires. Les Gardiens étaient les dépositaires du savoir entourant les miraculous et leurs porteurs. Ils suivaient les héros, retranscrivaient leurs exploits et prenaient note de leurs pouvoirs, et toutes ces informations étaient centralisées par le Grand Gardien. Mais les temps ont changés, et aujourd'hui je suis seul, endossant les deux rôles de Grand Gardien et porteur de miraculous. »

- « A propos de choses des temps anciens... », commença Marinette en jetant un bref regard de connivence à Adrien, qui hocha la tête en signe d'approbation.

Tirant son sac à elle, la jeune fille sortit le précieux ouvrage qui les avait amenés jusqu'ici, avant de le tendre nerveusement à leur hôte. Pour la première fois depuis qu'ils étaient rentrés dans la pièce, les deux lycéens virent le vieil homme se départir de son air tantôt impassible, tantôt amusé, la surprise se faisant soudain visible sur son visage tandis que sa bouche formait un muet« O » de stupéfaction.

- « Vous voyez, Maître? C'est le livre ! » piailla fièrement Tikki, voletant avec une manifeste surexcitation au-dessus de la tête du Grand Gardien. « Le livre sacré ! »

- « Oui, je vois ça... C'est absolument prodigieux », murmura le vieil homme en tournant lentement les pages, observant le contenu du livre avec une sincère déférence. « Il était perdu depuis si longtemps... »

S'arrachant à contrecœur de la contemplation de l'objet qu'il tenait entre les doigts, Maître Fu posa l'inestimable ouvrage à ses côtés, avant de s'incliner vers Marinette et Adrien en une respectueuse révérence.

- « Vous venez de nous rendre un service inappréciable », leur confia-t-il d'une voix solennelle. « C'est extraordinaire. Je ne vous remercierai jamais assez. »

Les deux jeunes gens se regardèrent avec un mélange de stupéfaction et d'embarras, avant de bredouiller en de vagues phrases incohérentes que c'était bien trop d'honneur. Maître Fu reprit l'ouvrage entre ses mains pour le feuilleter de nouveau, et Adrien retint un soupir de soulagement quand il constata que le vieil homme ne comptait manifestement pas leur demander comment le livre sacré était arrivé en leur possession. La simple réponse à cette interrogation soulevait bien trop d'autres questions auxquelles il ne se sentait pas prêt à réfléchir pour le moment.




Les deux adolescents laissèrent encore quelques instants au Grand Gardien pour consulter l'ouvrage, puis Adrien se racla légèrement la gorge, s'apprêtant à aborder le second point qui les avaient tous deux amenés ici. Car si leurs kwamis avaient tous deux insisté sur la nécessité absolue de remettre l'inestimable livre entre les mains du Grand Gardien, le jeune homme n'oubliait pas pour autant que sa partenaire et lui avaient désespérément besoin d'informations.

- « Nous... Nous ne sommes pas venus ici juste pour vous ramener le livre sacré », commença-t-il d'une voix hésitante. « Nous cherchons à découvrir l'identité du Papillon, et nous voulions savoir si vous aviez la moindre idée de qui il pourrait être. »

- « Ça fait des années qu'il terrorise Paris, et des mois que nous cherchons à trouver qui il est », renchérit Marinette. « Mais jusque-là, nous n'avons pas avancé d'un pouce... », conclut-elle avec soupir de découragement.

Les deux jeunes gens scrutèrent le vieil homme avec un regard empli d'espoir, mais à leur grande déception, le Grand Gardien secoua négativement la tête.

- « Je ne peux hélas vous être d'aucune aide », leur répondit-il d'une voix lourde de regrets. « Les Gardiens ont perdu la trace du miraculous du Papillon il y a plusieurs siècles, je ne l'ai jamais eu entre les mains. J'ignore toujours qui a fini par le retrouver, ni où il était conservé durant tout ce temps. »

- « C'est si courant que ça, d'égarer un miraculous ? » demanda Adrien avec curiosité.

D'après ce qu'il avait cru comprendre, les Gardiens prenaient grand soin de suivre ces extraordinaires bijoux et les héros qui les utilisaient, et il lui semblait étrange que des objets si attentivement surveillés s'évanouissent ainsi dans la nature.

- « J'ai honte de l'avouer, mais hélas, le cas du miraculous du Papillon est loin d'être isolé », confirma Maître Fu en secouant tristement la tête. « Vous êtes particulièrement bien placés pour savoir que la vie d'un héros peut être mouvementée, et il est déjà arrivé par le passé qu'un miraculous change de mains sans que les Gardiens n'en soient informés. Parfois, nous arrivons à en retrouver rapidement la trace, ou du moins à avoir une idée approximative de sa localisation, mais par malheurs d'autre fois ils disparaissent mystérieusement comme ça a été le cas pour celui du Papillon. Personne n'a jamais su comment il a été perdu.»

Alors qu'Adrien poussait un soupir de déception, Marinette se pencha à son tour vers le Grand Gardien.

- « Et le livre ? », demanda-t-elle avec vif intérêt, « Est-ce qu'il contient des informations qui pourraient nous aider ? Pour combattre plus facilement le Papillon par exemple, ou pour remonter sa trace ? »

- « Ce n'est pas impossible », répliqua le vieil homme avec une certaine réserve, « mais je ne suis pas en mesure de vous répondre pour le moment. »

Il tourna quelques pages du bout des doigts, avant de pousser un soupir à peine perceptible.

- « Il s'agit d'une langue ancienne, très ancienne. Il va me falloir du temps pour la déchiffrer. Je ne doute pas que je finirai par y arriver », reprit-il avec optimisme, tout en adressant un encourageant sourire aux jeunes gens manifestement dépités. « Mes prédécesseurs m'ont heureusement laissés suffisamment d'archives pour travailler, mais il faudra faire preuve de patience. »

- « En espérant que le Papillon ne commette rien d'irrémédiable d'ici-là », murmura Adrien pour lui-même.

- « J'ai conscience de beaucoup vous en demander, jeunes héros », répondit le Grand Gardien d'une voix contrite, à la grande surprise du jeune homme qui ne s'attendait pas à ce que leur hôte fasse preuve d'une ouïe suffisamment fine pour surprendre ses paroles. « Je n'ai hélas pas d'autre choix que de mettre la sécurité de Paris entre vos mains. »

- « Non, non, ça ira », répliqua Adrien avec un petit rire nerveux, tout en se passant fébrilement la main dans les cheveux. « On essayera de faire au mieux le temps que vous réussissiez à déchiffrer le livre sacré. »

- « Et on y arrivera », compléta farouchement Marinette, ses yeux bleus brillants de détermination tandis que Plagg et Tikki se perchaient avec fierté sur les épaules de leurs partenaires respectifs.

Maitre Fu se pencha vers les adolescents, inclinant son buste dans leur direction pour marquer sa reconnaissance face à l'absence de réserve qu'ils montraient tous deux face à la périlleuse mission qu'il leur avait confié.

- « Je vous remercie », lâcha-t-il dans un souffle.

Le vieil homme se redressa ensuite, son regard étincelant soudain de la même résolution que celle qui avait animé celui de Marinette quelques secondes plus tôt.

- « Je suppose que je n'ai pas besoin de vous le rappeler, mais vous devez impérativement faire en sorte que le Papillon ne réussissent jamais à se procurer vos miraculous », reprit-il d'un ton grave. « La bague du Chat Noir et les boucles d'oreille de la Coccinelle sont les plus puissants de tous les miraculous, et s'il réussit à les réunir, il obtiendra un pouvoir si absolu que plus rien ni personne ne pourra l'arrêter. »

Bouche bée, les deux héros fixèrent Maître Fu, dont le visage fermé reflétait à présent tout le sérieux de ses propos.

- « A ce point ? », souffla Marinette d'une voix tendue.

- « Oui », confirma le Grand Gardien, tandis que Plagg et Tikki appuyaient ses propos de vigoureux gestes d'approbation. « Entre de mauvaises mains, ces bijoux pourraient réduire l'humanité à néant. Vous en avez besoin pour mettre Paris à l'abri des agissements maléfiques du Papillon, mais une fois encore, il est vital qu'il ne réussisse jamais à s'en emparer. »

Le corps tendu, Adrien approuva d'un bref mouvement de tête, tandis que Marinette serrait les dents, son regard étincelant se faisant l'image de la profonde volonté qui animait la jeune fille. Les deux héros étaient plus que jamais déterminés à mener leur mission à bien. Tikki et Plagg leurs martelaient continuellement que leurs précieux miraculous ne devaient surtout pas tomber entre les mains de leur terrible adversaire, et les sombres paroles du Grand Gardien ne faisaient que confirmer leur profonde conviction quant au fait qu'il leur fallait mettre au plus vite un terme à la menace que représentait le Papillon.

Les jeunes gens restèrent encore quelques moments à discuter avec le Grand Gardien, le vieil homme s'enquérant avec un vif intérêt doublé d'une sincère préoccupation de la façon dont ils réussissaient à gérer leurs doubles identités au quotidien, leur confiant que bien que conscient des lourdes responsabilités qu'il leur avait confié, il n'avait pour autant jamais souhaité rendre leurs vies trop pesantes. Lorsque Marinette lui confia avoir l'impression de l'avoir déjà vu auparavant, il leur confirma en riant qu'habitant dans le même quartier qu'eux, il leur était effectivement déjà arrivé de se croiser à plusieurs reprises, et que la jeune fille et lui s'étaient même déjà rencontré quand Tikki était tombée malade et que son état avait nécessité des soins de sa part. Tandis que l'héroïne se confondait en excuses pour ne pas l'avoir reconnu, Adrien se mit à interroger leur hôte sur son rôle de Grand Gardien. Celui-ci éluda une grande partie de ces questions, estimant manifestement qu'il valait mieux distiller les informations qu'il leur fournissait plutôt que tout leur assener d'un coup, mais il se fit néanmoins un plaisir de leur décrire avec force de détails des aventures des Chat Noir et Ladybug du passé dont il avait connaissance.

Quand finalement les jeunes héros estimèrent qu'il était temps pour eux de rentrer chez eux, ce fut en échangeant avec Maître Fu la promesse de revenir le voir plus tard dans le mois. Le vieil homme espérait avoir avancé d'ici-là dans la traduction du livre sacré, dont il faisait désormais sa priorité, tout en leur confiant que même s'il s'avérait par malheur qu'il n'ait rien d'intéressant à leur apprendre, il serait toujours ravi d'avoir de leurs nouvelles. Marinette, Adrien et leurs kwamis saluèrent amicalement Maitre Fu et Wayzz, puis les deux jeunes gens s'éloignèrent dans les rues de Paris avec la perturbante sensation d'avoir baigné le temps d'un après-midi dans un monde à la fois étrangement familier et terriblement différent que celui dans lequel ils avaient l'habitude de vivre. Ni l'un ni l'autre ne doutait qu'en dépit de leur qualité de super-héros, ils n'avaient fait qu'effleurer du bout des doigts l'univers complexe qui régissait les miraculous et leurs porteurs, et tous deux espéraient vivement que le Grand Gardien pourrait rapidement leur apporter son aide dans leur quête de l'identité du Papillon.




Dès le lendemain, ils s'empressèrent tout naturellement de faire part des détails de cette très attendue rencontre à Nino et Alya, sachant pertinemment que leurs amis ne leurs laisseraient pas un instant de répit tant qu'ils ne sauraient pas ce qu'il s'était passé avec le Grand Gardien. Leurs camarades ne purent cacher leur déception quand ils apprirent que Maître Fu n'était hélas pas en mesure de déchiffrer immédiatement le précieux ouvrage qu'avait découvert Adrien, mais ils reprirent aussitôt espoir quand les deux héros leurs affirmèrent que le vieil homme avait semblé assez optimiste quant à ses chances de réussir à traduire les nébuleux textes qui parsemaient le livre.

- « Et puis au moins, le livre sacré est maintenant entre de bonnes mains ! », lança joyeusement Nino tout en assenant une vigoureuse claque sur l'épaule d'Adrien.

Alors que le jeune héros maugréait sur cette contrariante manie qui allait certainement lui coûter un jour une omoplate, Alya se pencha vers Marinette et lui pour leur poser un véritable déluge de questions sur ce qu'ils avaient appris sur le rôle des Gardiens et sur les miraculous. Ses yeux brillaient de curiosité tandis qu'elle trépignait d'excitation, et il était plus qu'évident qu'elle regrettait vivement de ne pas avoir pu être présente lors de l'entretien.

- « Tu crois que je peux postuler pour devenir Gardienne ? Ou Gardienne-assistante ? », demanda malicieusement Alya à une Marinette qui ne sut pour une fois pas dire si sa meilleure amie était sérieuse ou non. « Visiblement ils manquent de monde et je suis sûre que ça serait l'occasion d'apprendre des tonnes de choses intéressantes ! »

- « Tu crois qu'ils ont une retraite et une bonne mutuelle ? », renchérit Nino d'un ton espiègle. « Quoi, ma mère m'a toujours dit que c'était important de songer à la retraite, même en début de carrière », se défendit-il alors qu'Alya lui jetait un regard dépité. « Tu seras contente de t'être renseignée là-dessus quand tu auras soixante-dix ans ! »

Bien qu'étrangement pleine de bon sens, sa remarque déclencha l'hilarité de ses camarades, qui ne se calmèrent que quand il les menaça de ne pas les laisser assister à sa prestation le week-end suivant. Le jeune homme avait en effet été sélectionné pour participer à une émission diffusée sur une chaîne de télévision locale, où il aurait une opportunité extraordinaire de faire une démonstration de ses talents de DJ. A la grande joie de ses amis, il avait réussir à leur obtenir des invitations, leur offrant ainsi une chance inédite d'assister en direct au tournage d'une émission de télévision, naturellement doublée de l'occasion de venir l'encourager.

Marinette et Adrien attendaient tous deux avec impatience de pouvoir assister à cette prestation qui promettait d'être mémorable, Nino s'entrainant sans relâche depuis déjà plusieurs semaines. La seule ombre au tableau était l'absence programmée d'Alya, qui serait malheureusement retenue par l'anniversaire des soixante-dix ans de sa grand-mère. La jeune fille avait pourtant réfléchit de son mieux à un moyen de s'éclipser en direction des studios de télévision, ne serait-ce que pour les quelques minutes consacrées au passage de Nino, mais la distance à laquelle se déroulait sa fête de famille rendait hélas les choses impossibles et il était hors de question pour elle de louper intégralement une journée si chère à sa grand-mère. Le cœur lourd, elle s'était ainsi vue obligée de décliner l'invitation, et Nino lui avait alors solennellement promis qu'il gagnerait pour elle. Une victoire de sa part lui assurerait de pouvoir se présenter de nouveau le week-end suivant, offrant ainsi une autre possibilité à Alya d'assister à ses exploits.

La semaine passa à toute vitesse, les quatre amis n'ayant pas un instant de libre. Nino travaillait autant que possible ses arrangements musicaux pour s'assurer un incontestable succès, et ses amis lui offraient un soutien aussi bien moral que matériel, le soutenant dans ses moments de doute, l'encourageant dans ses élans créatifs, l'aidant à expédier aussi rapidement que possible ses devoirs pour qu'il puisse passer autant de temps que possible à s'entrainer, et le fournissant en viennoiseries en tout genre dès que son ventre commençait à crier famine.




Lorsque le week-end arriva enfin, une cruelle déception attendait Marinette. Une lettre de son lycée était arrivée entre-temps à son domicile, informant ses parents de ses bien trop nombreuses absences ou retards en cours durant ces dernières semaines. Peinés par l'attitude de leur fille, Tom et Sabine avaient pris la difficile décision de punir Marinette, la contraignant à rester dans sa chambre et la privant ainsi de l'occasion d'assister en personne au passage télévisuel de Nino.

La jeune héroïne plaida sa cause avec ardeur, mais ses parents se montrèrent inflexibles, et c'est la mort dans l'âme qu'elle envoya un message à Nino et Adrien pour les prévenir qu'il ne faudrait hélas pas compter sur sa présence. D'humeur lugubre, elle regagna sa chambre avant de s'asseoir à son bureau, souriant à peine aux paroles de réconfort de Tikki qui l'assurait de tout son soutien.

- « Allons, courage, Marinette », l'encouragea-t-elle de sa petite voix flutée. « Tu n'es punie que pour ce week-end ! Si Nino gagne, tu pourras aller le voir la semaine prochaine. Et avec Alya, en plus ! »

- « Je sais, je sais », soupira la jeune fille en allumant son ordinateur.

En quelques clics à peine, elle ouvrit le site de la chaîne de télévision, attendant avec résignation le passage de son ami. Une poignée de minutes plus tard, la voix enthousiaste du présentateur résonnait dans sa chambre.

- « Bienvenue à tous sur le plateau de notre jeu, le DEFI ! », s'exclama-t-il tout en faisant de larges gestes. « Je vous demande d'applaudir bien fort notre prochain candidat. Il s'agit d'un jeune homme, encore lycéen mais déjà bourré de talent, faites un triomphe à... NINO !! »







_____

Je ne sais pas si vous vous rappelez de l'épisode de Jackady, mais comme le montre cette fin de chapitre, je m'apprête à le détricoter/retricoter dans le chapitre suivant ^^ . Il y a des éléments qui m'intéressent dedans, et je compte bien les réutiliser à ma sauce :)  (et je considère donc effectivement que cet épisode n'a pas encore eu lieu dans mon histoire). 

J'espère que ce chapitre vous a plu ^^

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top