Chapitre 10
Plagg n'était guère resté loin d'Adrien pendant que ce dernier mettait à jour le contenu du coffre-fort paternel. Sa curiosité piquée au vif, il voletait près du jeune homme, regardant avec intérêt par-dessus son épaule le contenu des pages du livre qu'il tenait entre les doigts.
- « Pfiouuu, félicitations », siffla le minuscule kwami d'un ton admiratif. « On dirait que tu viens de faire une sacrée trouvaille. »
Abasourdi, Adrien ne prêta pas la moindre attention à l'intervention de Plagg. Il s'était brusquement figé, aussi immobile qu'une de ces statues de marbre auxquelles il aurait aisément pu prêter ses traits superbement sculptés. Comme pétrifié, il fixait sans la voir la gravure représentant un Papillon des temps anciens.
Son esprit était soudainement devenu blanc.
Pas la moindre réflexion, pas l'ombre d'une pensée ne semblait être capable de traverser son cerveau paralysé par cette surprenante découverte.
Le cœur d'Adrien battait la mesure de la stupeur incrédule qui s'abattait sur le jeune homme. Le précieux organe avait tout d'abord semblé se décrocher de sa poitrine, pour se mettre ensuite à battre avec autant de vigueur que s'il voulait brusquement s'enfuir au loin. Inconscient de cette folle course, le jeune homme continuait de fixer la page, et ce n'est que quand il fut rappelé à l'ordre par une vive sensation de brûlure au creux de son torse qu'il réalisa qu'il retenait sa respiration depuis bien trop longtemps.
Alors qu'Adrien reprenait brusquement son souffle pour redonner vie à ses poumons à l'agonie, son cerveau semblait lui aussi revenir à lui avec autant de précipitation qu'il s'était arrêté.
Qu'est-ce qu'un livre représentant des héros d'un autre âge pouvait bien faire entre les mains de son père ?
Au vu du luxe de précautions dont il entourait la conservation de cet ouvrage, il ne faisait aucun doute que Gabriel Agreste lui reconnaissait une certaine valeur, mais lui portait-il un intérêt purement financier ou historique, ou était-il possible que son illustre géniteur soit au courant de l'existence des miraculous ?
Se pouvait-il qu'il ait mis la main sur ce livre dans un but précis ?
Une angoissante pensée frappa soudainement le jeune homme, avec tant de force qu'il faillit en faire tomber le volume qu'il tenait entre ses doigts tremblants.
Se pouvait-il que ce précieux ouvrage ne soit pas le seul objet en lien avec les super-héros que son père ait réussi à obtenir ? Est-ce que par hasard...
Adrien secoua vivement la tête, tentant de chasser l'idée empoisonnée qui essayait de se frayer un chemin dans son esprit. Il y avait certainement des dizaines de raisons qui pouvaient justifier la présence d'un tel livre parmi les affaires de son père, tout comme il en existait sûrement autant pour expliquer pourquoi il lui accordait tant d'intérêt qu'il le conservait dans un coffre-fort dont Adrien lui-même ignorait jusque-là l'existence. Cet ouvrage était peut-être un invraisemblable cadeau de l'un de ses admirateurs fortunés. Ou un investissement financier. Une curiosité dénichée à une vente aux enchères organisée lors d'un de ces innombrables galas de charités où était régulièrement invité son père, et qu'il gardait précieusement en attendant de pourvoi en estimer la juste valeur. Peut-être avait-il appartenu à sa mère. Après tout, elle avait toujours aimé les objets anciens. Ou encore, il était tout à fait possible que son père ne voie qu'un intérêt professionnel à ce livre. Les fantastiques tenues des héros pouvaient très bien lui servir de source d'inspiration pour son travail.
Les réflexions éperdues du jeune homme furent brusquement interrompues quand le son de la voix de Nathalie le fit vivement sursauter, alors que cette dernière était manifestement à sa recherche. Il tendit le bras pour remettre en place le précieux livre dans le coffre-fort de son père avant d'interrompre abruptement son geste, en proie à un soudain dilemme. Devait-il remettre immédiatement l'objet en place, ou le garder avec lui pour l'étudier, au risque de voir son effraction découverte ? A court de temps pour réfléchir, Adrien laissa parler son instinct pour lui. Ce précieux livre soulevait trop de questions pour qu'il puisse le laisser ainsi comme si rien ne s'était passé. En une fraction de seconde, il enfonça l'ouvrage dans son sac de sport, avant de refermer le coffre et de remettre le tableau en place comme si de rien n'était.
Quand l'assistante de son père surgit finalement dans le bureau, Adrien se tourna vers elle avec un petit sourire embarrassé.
- « J'arrive tout de suite, j'avais juste oublié ça ici », s'excusa-t-il en brandissant son masque d'escrime pour justifier de sa présence dans cette pièce où il n'aurait jamais dû se trouver à une telle heure de la journée.
Heureusement pour lui, Nathalie ne sembla pas se poser la moindre question sur son alibi, et c'est avec un palpable soulagement que le jeune homme s'éloigna du bureau de son père pour faire route vers son lycée.
Dès qu'il arriva en classe, il se hâta de rejoindre son petit groupe habituel, saluant amicalement Nino et Alya et embrassant Marinette pour lui dire bonjour. Il avait pris le temps de réfléchir durant son trajet en voiture et était parvenu à la conclusion que le mieux à faire était de mettre ses amis dans la confidence le plus rapidement possible, tout en souhaitant secrètement qu'ils parviendraient à l'aider à trouver une explication logique à la présence d'un tel ouvrage dans le coffre-fort de son père.
Il demanda rapidement à ses camarades si ceux-ci étaient disponibles après les cours, et devant leur réponse affirmative, il se tourna vers Marinette.
- « Est-ce que ça t'ennuie si on se retrouve chez toi tout à l'heure ? » lui demanda-t-il en baissant le ton. « Il y a quelque chose dont j'aimerai vous parler, mais je préfèrerai qu'on soit à l'abri des oreilles indiscrètes. »
La jeune fille lui jeta un regard incisif, intriguée à la fois par l'étrangeté de sa requête et par la nervosité qu'il lui semblait entendre dans sa voix, mais approuva néanmoins sans la moindre réserve. Son partenaire lui adressa un sourire reconnaissant, avant d'aller s'asseoir à sa place alors que leur professeur entrait dans la pièce en réclamant le silence.
La journée d'Adrien fut d'un calme rafraîchissant, offrant un agréable contraste aux tumultueux évènements de la veille et à ceux de son début matinée. Lila était de retour, mais au grand soulagement du jeune homme, si elle était aussi fière qu'elle ne l'était d'ordinaire et tout aussi prodigue en histoires de toutes sortes, elle évita en revanche soigneusement de s'approcher de lui. Au contraire, elle semblait vouloir l'éviter à tout prix, son visage se crispant de rage et de honte mêlées lorsqu'elle croisait par mégarde son regard. Comme pour accompagner cette tranquillité lycéenne dans laquelle baignait enfin Adrien, les héroïques services de Chat Noir n'eurent guère besoin d'être sollicités. Le Papillon frappait rarement deux fois d'affilée, et par bonheur ce jour ne fit pas exception à la règle, lui permettant ainsi de passer une journée aussi normale que possible et de profiter de ces instants de calme auprès de ses amis et de son adorable partenaire.
Lorsque sonna la fin des cours, le quatuor se rassembla devant la porte de la classe, avant de faire route en direction de la boulangerie des Dupain-Cheng. Ils saluèrent rapidement les parents de la jeune fille avant de grimper dans sa chambre, non sans avoir effectué au préalable un détour par la cuisine afin de récupérer des biscuits et autres viennoiseries à grignoter. Une fois qu'ils furent tous confortablement installés, Nino tourna un regard interrogateur vers son meilleur ami.
- « Alors ? », commença-t-il en mordant allègrement dans un croissant. « De quoi est-che que tu voulais nous parler ? »
- « C'est à propos de ce qu'il s'est passé hier avec Volpina ? » renchérit aussitôt Alya. « D'ailleurs, tant que j'y suis, j'ai voulu interroger Lila sur son akumatisation mais elle a refusé d'aborder le sujet. Je retenterai ma chance plus tard ! », les informa-t-elle avec un clin d'œil optimiste.
Se penchant depuis le sofa qu'il avait élu comme perchoir, Adrien tendit ses longs doigts vers le sac qu'il avait laissé reposer à ses pieds, avant de le placer d'un mouvement fluide sur ses genoux pour se facilité l'accès à son contenu. Assise aux côtés du jeune homme, Marinette lui jeta un regard inquisiteur, se demandant pour ce qui devait être la millième fois de la journée ce qui avait pu motiver cette petite réunion improvisée.
- « Alors... Hem. Donc voilà, j'ai trouvé ça », répondit Adrien, étouffant une quinte de toux nerveuse tout en sortant théâtralement le livre, le maintenant ensuite à bout de bras pour le présenter à ses amis.
Il fut récompensé par un silence interloqué, qui se transforma en une tempête de cris d'excitation lorsqu'il ouvrit le précieux ouvrage pour leur montrer les gravures représentant les différents héros.
- « Mais c'est Chat Noir », s'écria Alya, arrachant le livre des mains d'Adrien pour pouvoir le consulter à sa guise. « Et Ladybug ! Et Volpina ! Et le Papillon », poursuivit-elle avec enthousiasme, sa voix montant de plus en plus dans les aigus à chaque nouvelle exclamation, tandis qu'elle tournait fébrilement les pages.
- « Woaaa, c'est génial ! », s'extasia Nino, se penchant par-dessus l'épaule de la blogueuse pour ne pas perdre une miette de cette incroyable trouvaille. « Quand on était au Louvre, on n'a jamais vu quoi que ce soit qui ressemble à ça. Sérieusement, mec, c'est la découverte de l'année ! », poursuivit-il avec fougue, son regard étincelant d'allégresse tandis qu'il donnait de victorieuses petites tapes dans le dos d'Alya.
Autour des adolescents voletaient les deux kwamis, Plagg affichant un air de suffisance évident tandis que l'excitation de Tikki était indéniable.
- « Le livre sacré ! », piaillait-elle de sa voix flutée, volant avec entrain dans les airs pendant que ses immenses yeux d'un bleu violacé restaient rivés sur les feuilles de l'exceptionnel ouvrage. « C'est le livre sacré ! Il contient tous les secrets des miraculous », poursuivit-elle, « il est d'une valeur inestimable ! »
- « Mais je ne comprends rien à ce qui est écrit », se désolait Alya, tandis que Nino la conjurait de tourner d'autres pages pour y découvrir de nouvelles gravures des héros des temps anciens.
Au milieu de cette bouillonnante atmosphère, où l'enthousiasme frénétique de Tikki, Nino et d'Alya côtoyait la glorieuse fierté de Plagg, Marinette restait étrangement calme. Elle était bien sûr impressionnée par cette incroyable découverte et était tout aussi avide que ses amis d'en apprendre plus sur le prodigieux objet que venait de leur remettre Adrien, mais quelque chose dans cette histoire la dérangeait.
C'était une impression subtile, fugace, qu'elle aurait presque pu croire avoir imaginée, mais qu'elle n'arrivait pas à s'ôter de l'esprit.
Quelque chose dans le comportement d'Adrien n'était pas normal, elle en était quasiment certaine.
Il y avait eu la fébrilité dans sa voix le matin même, quand il les avait convoqués en urgence pour cette réunion improvisée. La façon dont il avait été parfois curieusement distrait durant la journée. Et même maintenant, alors qu'il observait les réactions excessives de ses amis avec un sourire amusé, Marinette aurait juré que ses lèvres étaient plus crispées qu'elles n'auraient dû l'être en de pareilles circonstances.
La jeune fille espérait qu'elle s'alarmait à tort, mais elle ne connaissait que trop bien la tendance qu'avait son partenaire à garder pour lui les choses qui n'allaient pas. Lui qui avait toujours si peur d'être une gêne pour son entourage répugnait toujours à dévoiler ce qu'il pensait pouvoir inquiéter les autres, préférant se cacher derrière de fausses bravades pour faire croire que rien ne pouvait l'atteindre.
Il fallait définitivement qu'elle tire les choses au clair, qu'elle s'assure que le jeune homme allait bien avant de pouvoir s'enthousiasmer en toute tranquillité.
Tandis que ces préoccupantes pensées tourbillonnaient dans son esprit, Marinette n'avait cessé de dévisager Adrien, qui sursauta brusquement quand il se rendit réalisa que sa partenaire était en train de le soumettre à un examen aussi méticuleux qu'implacable.
Marinette darda vers lui son regard d'un bleu perçant, de l'un de ceux qui semblent transpercer les âmes pour les mettre tout de suite à nu. Quand elle le fixait avec une telle intensité, avec une telle résolution, Adrien savait qu'il ne pouvait rien dissimuler à sa précieuse partenaire.
- « Tu l'as trouvé ? », lui demanda-t-elle d'une voix claire et posée. « Trouvé où ? »
Le jeune homme se passa fébrilement la main dans les cheveux, tandis qu'un rire nerveux s'échappait de ses lèvres.
Touché.
- « Heu... Jelaitrouvédanslecoffrefortdemonpère », déballa-t-il d'une traite, rougissant légèrement sous le regard inquisiteur de la jeune fille.
- « Pardon ? » s'exclama-t-elle aussitôt, n'ayant pas saisi un traître mot de la phrase que venait de prononcer son coéquipier.
- « Je... J-Je l'ai trouvé chez moi. Dans le coffre-fort de mon père. Coffre-fort qui était caché dans son bureau, derrière un tableau. Je l'ai vu y ranger le livre ce matin. J'ai attendu qu'il soit parti et Plagg a réussi à ouvrir la porte et quand je l'ai ouvert j'ai vu toutes ces images avec des héros et je ne sais pas du tout ce que ce bouquin faisait chez moi et je me suis dit qu'il fallait absolument que je te le montre... »
A bout de souffle, Adrien interrompit sa tirade, tandis que Marinette le fixait, ses yeux ronds comme des billes sous l'effet de la surprise. Elle comprenait soudain mieux pourquoi Adrien avait soigneusement omit de leur raconter d'emblée comment il en était venu à avoir cet ouvrage entre les mains.
- « Donc... Ce livre appartient à... ton père ? » commenta-t-elle d'une voix hésitante.
Adrien hocha silencieusement la tête. Ses yeux d'un vert doré, d'ordinaire si lumineux, semblaient s'être soudain assombris tandis qu'il fixait le reste de leur petit groupe qui débattait avec enthousiasme autour du précieux objet.
- « Il semblerait... », murmura-t-il à voix basse, le visage grave.
Il ne prononça pas un mot de plus, sentant sa gorge se serrer face aux terribles implications que pouvaient sous-entendre cette simple réponse. Marinette tendit la main vers lui, passant affectueusement ses doigts dans ses mèches blondes, dans un geste de réconfort dont elle sentait qu'il avait désespérément besoin. Les deux adolescents échangèrent un bref regard, tandis que planait entre eux une muette question que ni l'un ni l'autre n'osait formuler à voix haute. Cette interrogation, qui restait en suspens telle une ombre empoisonnée, n'était nulle autre que celle qui avait torturé Adrien toute la journée durant.
La réapparition surprenante d'un tel artefact que l'on croyait perdu depuis des siècles faisait cruellement écho à celle d'un autre objet qui avait lui aussi refait étonnamment surface quelques années auparavant.
Un objet lui aussi intimement lié aux supers-héros.
Le miraculous du Papillon.
S'agissait-il tout simplement d'une curieuse coïncidence ? Ou la présence de ce livre sacré entre les mains de Gabriel Agreste avait-elle une plus sombre signification ?
- « Hey », murmura doucement Marinette en serrant la main tremblante d'Adrien entre ses doigts, semblant lire chacune des pensées angoissées du jeune homme sur son visage. « Le fait que tu ais trouvé ce livre chez toi ne veux rien dire. Ce n'est pas une preuve. Il y a des tonnes d'explications. Tu ne sais même pas depuis combien de temps il l'avait ! Si ça se trouve ce bouquin traine dans son coffre depuis vingt ans ! Ou depuis trois jours. »
Prenant une grande inspiration, la jeune héroïne se pencha vers son coéquipier, cherchant son regard de ses yeux clairs.
- « On va tirer tout ça au clair, je te le promets », lui affirma-t-elle avec ferveur. « Mais en attendant, il ne faut pas qu'on tire de conclusions hâtives. C'est un livre. Juste un livre. Ce n'est pas un miraculous. »
Adrien lui adressa un sourire reconnaissant, sentant le lourds poids qui pesait sur ses épaules s'alléger quelque peu devant tant de soutien et de conviction. Il inclina à son tour son buste en direction de Marinette pour déposer un léger baiser sur son front.
- « Merci, ma Lady », lâcha-t-il dans un souffle, avant de se tourner vers leurs amis et d'inviter d'un geste la jeune fille à consulter elle aussi le précieux ouvrage qu'il avait tant tenu à lui amener.
Marinette jeta un bref coup d'œil à son coéquipier, avant de laisser échapper un léger soupir et de finalement porter son attention sur le livre sacré. Elle le prit des mains d'Alya, qui répugnait visiblement à abandonner ce si fascinant objet, avant de le poser sur ses genoux pour en tourner délicatement les pages. Elle trouva sans nulle peine les méticuleux dessins représentant Chat Noir et Ladybug, observant avec une certaine fascination ces illustrations de leurs prédécesseurs avant de s'attarder ensuite sur celle représentant le Papillon. Toutes ces images étaient accompagnées de pages entières de texte dont elle ne doutait pas une seconde que le contenu pourrait leur être d'une aide précieuse. Malheureusement, il lui était impossible de déchiffrer cette nébuleuse écriture ni même d'en reconnaitre l'alphabet qui lui aurait peut-être d'identifier la langue dans laquelle avait été rédigée ces écrits.
- « Si seulement on pouvait comprendre ce que raconte ce bouquin », soupira Adrien, faisant écho à ses propres pensées.
Le jeune homme se tourna vers Tikki et Plagg, qui s'étaient perchés chacun sur une épaule de Marinette.
- « Et vous », reprit-il à l'attention des deux kwamis, « vous pouvez lire ce qu'il y a d'écrit ? »
Plagg secoua négativement la tête, aussitôt imité par Tikki.
- « C'est un langage très ancien », répondit cette dernière avec une voix chargée de regrets, « et nous n'avons jamais appris à le lire. Il y avait toujours d'autres priorités, des monstres à combattre et l'humanité à sauver, ce genre de choses. Comme ce livre n'était de toute façon pas destiné à finir entre nos mains, à l'époque personne n'a vu l'intérêt de nous apprendre à le déchiffrer. »
Alors que Nino laissait échapper un lourd soupir, Alya poussa un grognement de frustration.
- « Quand je pense qu'on a une mine d'information à notre portée mais qu'on est incapable d'y accéder ! », grommela-t-elle avec de vifs mouvements de la main. « Est-ce qu'il existe au moins quelqu'un capable de lire ce truc ? »
- « Mr. Kubdel ? » suggéra Adrien. « En tant que conservateur du Louvre, il aura peut-être les connaissances nécessaires. Ou alors il saura nous orienter vers... je ne sais pas, un expert en langues anciennes ou quelque chose du genre », acheva-t-il avec un geste d'impuissance.
- « Mais oui, c'est génial ! Il faudrait qu'on lui- », approuva immédiatement Alya, avant de s'interrompre quand Marinette redressa brusquement pour se tourner vers Tikki.
Les yeux de la jeune héroïne s'étaient soudainement mis à étinceler avec autant d'intensité qu'une nuée d'étoile. C'était comme si une brillante idée venait d'illuminer tout à coup son esprit, brillant avec tant de force que le visage tout entier de Marinette semblait à présent irradier sous l'effet de l'excitation.
- « Tu disais que ce livre n'était pas destiné à finir entre vos mains ? », demanda-t-elle d'une voix vibrante à sa minuscule amie. « Donc il y avait d'autres gens ? Des personnes différentes des héros, qui s'occupaient de centraliser les informations et qui savaient déchiffrer cette écriture ? »
- « Bien vu », Marinette, approuva Tikki en se gonflant de fierté, avant de se frotter affectueusement contre la joue de la jeune fille. « La conservation de cet ouvrage doit revenir au Grand Gardien. Et je crois qu'il est grand temps qu'Adrien et toi le rencontriez. »
Un silence stupéfait s'abattit sur quatre adolescents, avant que Marinette ne retrouve enfin l'usage de la parole.
- « Le... le Grand Gardien ? », répéta-t-elle, sidérée.
- « Oui », reprit Tikki en se plaçant face aux deux héros. « Il cherche le livre sacré depuis très longtemps, il faut absolument le lui apporter », poursuivit-elle d'une voix résolue.
- « Mais qui est ce Grand Gardien ? », l'interrogea Adrien, ses yeux verts dilatés par la surprise. « Quel est son rôle ? C'est un héros lui aussi ? Et est-ce qu'il saura déchiffrer ce code ? »
- « Houlà, du calme », le coupa Plagg, interrompant abruptement son flot que questions. « Tu pourras lui demander quand tu le verras. »
- « Et je ne sais pas s'il saura décrypter les textes du livre », renchérit Tikki avec une amertume inhabituelle, « du moins peut-être pas immédiatement. Il y a tant de connaissances qui se sont perdue au travers des siècles, tellement d'archives et de savoirs qui ont disparus au fil des âges... Mais ce Gardien prend son rôle très à cœur », reprit-elle avec optimiste, « je suis sûre qu'il va beaucoup vous apporter. »
- « Est-ce qu'on pourra venir nous aussi ? », intervint soudain Alya, son regard brillant d'une curiosité qu'elle ne cherchait nullement à dissimuler, tandis que Nino hochait vigoureusement la tête à ses côtés.
En réponse, Plagg laissa échapper un petit bruit qui ressemblait furieusement à un petit gloussement ironique. Tikki le fusilla du regard, avant de se tourner vers Alya et Nino avec un sourire bienveillant.
- « Je suis désolée », déclara-t-elle avec un léger geste de refus, « mais cette rencontre ne concerne que Marinette et Adrien. Je ne peux pas vous autoriser à assister à l'entretien. Mais il n'est pas impossible que le Grand Gardien souhaite faire votre connaissance par la suite », reprit-elle devant leurs mines déconfites, son ton se faisant soudain encourageant.
- « Ahhh, ces trucs de supers-héros », soupira Nino en se laissant tomber en arrière sur son siège. « Tant pis, les simples humains que nous sommes allons prendre notre mal en patience. On attendra votre retour, seuls, abandonnés, ignorés de tous... », poursuivit-il d'une voix faussement plaintive, mais non sans adresser un clin d'œil complice à Adrien.
- « Ça me brise le cœur », rétorqua aussitôt Plagg d'un ton mordant qui arracha un vif éclat de rire à Alya.
Le petit groupe bavarda encore quelques instants, débattant du potentiel contenu du livre et de la rencontre à venir avec l'illustre Gardien dont leur avaient parlé Tikki et Plagg. Alya profita de l'occasion pour tenter une dernière fois de convaincre les kwamis de les laisser les accompagner, avant de s'incliner quand ceux-ci lui opposèrent un nouveau refus, refus certes diplomatique, mais ferme et définitif. De leur côté, Adrien et Marinette se mirent d'accord sur le fait de se retrouver dès le lendemain chez la jeune fille pour ensuite faire route commune en direction du logement du Grand Gardien.
Quand se posa la question du devenir du livre en attendant cette fameuse rencontre, Adrien préféra le confier à la garde de Marinette, argumentant qu'il valait sans doute mieux pour lui qu'on ne le surprenne pas avec un tel ouvrage entre les mains. Leur réunion improvisée prit ensuite rapidement fin, Nino notant avec un soudain affolement qu'au vu de l'heure, il devait se hâter de rentrer chez lui s'il voulait éviter une punition. Alya et Adrien profitèrent de l'occasion pour s'éclipser eux aussi, et c'est en souhaitant une bonne fin de journée à Marinette qu'ils franchirent la porte de l'appartement de la jeune fille pour regagner leurs domiciles respectifs.
Conformément à ce dont ils avent convenu, Adrien retrouva Marinette chez elle le lendemain après-midi. Les deux adolescents se mirent rapidement en route, déambulant d'un pas vif à travers les rues de Paris tout en suivant les instructions de Tikki, qui leur servait de guide pour l'occasion.
- « Tu as bien pensé au livre ? », s'inquiéta Adrien, avant que sa partenaire ne le rassure en tapotant d'un geste confiant la besace qu'elle avait amenée pour l'occasion.
Une poignée de minutes plus tard, ils arrivèrent devant un coquet petit immeuble que rien ne distinguait des bâtiments voisins, dans lequel ils pénétrèrent pour se trouver ensuite face à une porte de bois sombre qui ne semblait avoir rien d'extraordinaire. Surpris à l'idée que des lieux d'apparence si commune abritent ce fameux Grand Gardien dont leurs kwamis parlaient avec tant de déférence, ils tournèrent des regards sceptiques vers leurs minuscules amis, mais ces derniers leurs confirmèrent avec force de vigoureux hochements de tête qu'ils étaient bien à la bonne adresse.
Marinette échangea un bref coup d'œil avec Adrien puis, prenant une grande inspiration, frappa à la porte. Elle ouvrit cette dernière en grand quand une voix l'invita à pénétrer dans l'appartement, pour aussitôt découvrir face à elle un vieil homme d'origine asiatique, calmement assis en tailleur au milieu de son salon.
- « Ah, Chat Noir et Ladybug », annonça posément leur hôte tout en les saluant d'un respectueux signe de tête. « Je vous en prie, entrez et installez-vous. »
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top