Texte n°537

PROLOGUE

Je fixais l'horizon, bercé par le fracas des vagues qui venaient s'écraser sur les roches escarpées. La bruine légère qui m'enveloppait rajoutait quelque chose de fascinant au paysage. Froid, sombre, sauvage. Totalement aux antipodes de ce qu'il était, huit ans plus tôt. Les squelettes d'arbres morts tendaient leurs bras vers le ciel noir, paraissant appeler à l'aide dans la plainte aiguë du grincement de leur tronc. Je passais machinalement une main dans mes mèches brunes, chargées de l'humidité ambiante.

-Le Neverland s'effondre, Peter.

Je tournai la tête en direction de la voix nostalgique. James sondait les flots impétueux de son regard bleu azur. Il n'y avait pas de peur dans ses mots, simplement une pointe de regret.

-Le Neverland s'effondre depuis huit ans, Hook. Ce n'est que maintenant que tu le remarques ?

L'homme ne releva pas le cynisme de mon ton.

-Que vas-tu faire ?

Je laissai un silence répondre à ma place. Il n'y avait rien que je puisse faire. Bientôt ce monde s'écroulerait, engloutissant avec lui chaque vie, chaque âme, détruisant chaque parcelle de l'île comme s'il s'était s'agit d'un fétu de paille.

James me saisit brusquement par les épaules.

-Que vas-tu faire, gamin ? Que vas-tu faire pour sauver le Neverland ? Tu ne peux pas nous abandonner, Peter Pan n'abandonne jamais. Tout le monde place ses espoirs en toi !

Il me secoua avec vigueur, les yeux écarquillés. Avait-il peur, finalement ? Un sourire las étira mes lèvres. Qu'ils meurent tous, peu m'importait. Le destin de l'île était scellé, à présent.

-Peter Pan est mort avec le Neverland, répliquais-je froidement.

Mécaniquement, je me levai et me laissai glisser du rocher sur lequel j'étais assis. Les bourrasques de vent s'entortillaient autour de moi, inquisitrices, perfides, semblant accuser mon irresponsabilité. La nature s'acharnait à souligner mes faiblesses, à me rappeler où que j'aille que celui que j'étais avant n'était à présent qu'une ombre criminelle, rampant sans but à travers ce monde au bord de la destruction.

-Tu sais ce qu'il te reste à faire, Peter, cria la voix du Capitaine à travers le tumulte du vent. Tu dois la ramener. Tu dois ramener la fille !

Je fermai les yeux, laissant monter la haine et la rage qui vivait au fond de mon âme. Je sentais les pernicieuses tentacules de ma colère s'enrouler autour de mon esprit. Qu'ils arrêtent tous de parler d'elle comme d'un exutoire, qu'ils cessent de raviver toujours plus la douleur, la peine, la souffrance. Il n'y avait que ça que la gamine pouvait ramener avec elle. Elle n'était pas la solution, pourquoi ne voulaient-ils pas comprendre ? Pourquoi étaient-ils si aveuglés ? Elle était le fléau, la cause de la tragédie du Neverland, elle ne méritait que la mort. Je brûlais d'envie de la tuer, de planter mon poignard dans son cœur palpitant, d'écouter son silence mortuaire une fois son crime punit.

Elle devait payer pour ce qu'elle avait fait. Peut-être fallait-il qu'elle revienne, après tout ?

CHAPITRE 1)

Hasards.

Mes pieds martelaient le sol avec empressement, laissant autour de moi un écho percutant les murs du long couloir vide. Les lumières d'urgences peu vaillantes vacillaient péniblement et perforaient l'obscurité d'un léger halo vert tremblotant.

Mes joues chauffaient sous l'effort de ma course et mon souffle saccadé semblait vouloir écraser mes poumons. Une goutte de sueur dégoulina de ma tempe pour s'écraser sur le carrelage sale que le temps avait noirci. Mon pied écrasa malencontreusement un jouet qui lâcha un bruit tonitruant.

- Par-là ! s'exclama une voix dans un couloir adjacent.

Des pas précipités accouraient dans ma direction. Merde.

Un vague coup d'œil en arrière m'apprit que je me trouvais dans la partie pédiatrie de l'hôpital. Le panneau vert qui me donna cette information pendait lamentablement au bout de sa vis. J'accélérai le pas, tournant à droite, puis à gauche, puis encore à gauche, me repérant aisément dans ces dédales que je parcourais pourtant pour la première fois. Estimant que mes poursuivants étaient assez loin, je ralentis le pas et entrepris de trotter d'une manière qui ménagerait plus mon souffle. Mes muscles endoloris me criaient de faire une pause, mais les lumières rouges et bleues émanant de l'extérieur du bâtiment me rappelaient que la police n'attendait qu'un moment d'égarement de ma part pour me sauter dessus comme un rapace.

-Siam ! Siam ! chuchota une voix.

Une large main saisit mon avant-bras et me tira brusquement dans une pièce sombre. J'entendis un bruit de verrou qui se ferme puis celui, si familier, d'une allumette que l'on craque. La petite flamme éclaira le visage de mon meilleur ami, Raphaël. Ses yeux bruns me fixaient avec angoisse, donnant à son visage anguleux un air lugubre.

-T'es flippant Raph, lâchai-je avec désinvolture.

-Putain Siam, j'aurais jamais dû t'accompagner.

Je levai les yeux au ciel, agacée. Il ne risquait rien, lui. Si je me faisais prendre, j'étais bonne pour retourner en foyer.

-Je t'avais dit de rester en gériatrie et de t'y cacher, grondai-je entre mes dents. Ils ne savent pas que nous sommes deux, maintenant s'ils mettent la main sur moi ils te trouveront à coup sûr.

Raph posa une main rassurante sur mon épaule.

-Ils ne nous trouveront pas ici, j'ai fermé le verrou.

-C'est bien ça le problème, la porte se ferme avec un verrou, pas avec une clef. S'ils voient qu'elle n'est pas ouverte, c'est qu'il y a forcément quelqu'un à l'intérieur, râlai-je de plus belle.

Raph baissa les yeux, penaud. Il avait omis ce détail. Je retirai le paquet d'allumettes de ses mains et en craquai une à mon tour. La batterie de mon portable était complètement à plat et je ne pouvais pas utiliser la lampe torche au risque de nous faire repérer. Je supposais que mon meilleur ami avait songé à ça également puisqu'il s'éclairait toujours à la flamme.

Je commençai un rapide tour de la pièce dans laquelle nous nous trouvions. Quitte à être enfermés ici, autant explorer les lieux. La faible lumière de l'allumette ne me permettait pas d'accéder à beaucoup de détails du décor, mais je devinais cependant que nous nous trouvions dans un bureau. Il semblait avoir été abandonné précipitamment, sans état d'âme. Un pot garni de stylos prenait toujours la poussière aux côtés d'une pile de dossiers dont les pages jaunies et ternies prouvaient leur authenticité. Je fis glisser mon index sur le papier rugueux, me demandant ce qu'étaient devenus les patients propriétaires de ces documents.

Je sentis le souffle de Raph sur ma nuque. Il lisait probablement par-dessus mon épaule.

"Laetitia Amadia, 9 ans. Service d'oncologie pédiatrique"

Je clignai des yeux, mal à l'aise. Cette enfant avait eu un cancer. Une curiosité un peu morbide me poussa à tourner les pages de son dossier. La petite avait-elle survécu ?

"Date du décès : 19/04/1883.

Heure du décès : 21h56

Cause(s) du décès : Leucémie."

-C'est horrible souffla Raphaël derrière moi.

Je refermai brusquement le dossier, gênée de cette intrusion dans la vie d'une inconnue.

-Ce n'est pas horrible. Ce sont des choses qui arrivent, voilà tout, lâchai-je.

Mon meilleur ami me fixa quelques secondes, interdit. Une mèche blonde lui barrait le visage, rajoutant de la malice à l'air innocent qu'il arborait. Un léger sourire redressa le coin gauche de ses lèvres.

-C'est du passé de toute façon, Siam. 1883, tu te rends compte ! C'est géant !

Je souris à mon tour, prise par son enthousiasme contagieux. C'est vrai que je ne pensais pas me retrouver avec de telles reliques devant les yeux.

On feuilleta encore quelques dossiers médicaux, craquant toujours plus d'allumettes. Seul le frottement régulier des feuilles de papier venait briser le silence qui nous enveloppait.

-Je pense que les flics sont partis. Ça fait vraiment longtemps qu'on est là, murmurai-je à l'intention de Raph.

Il leva la tête du dossier qu'il épluchait avec attention et me fixa de ses yeux sombres. Je sentis le rouge me monter légèrement aux joues, comme chaque fois qu'il posait sur moi ce genre de regard indéchiffrable qui n'appartenait qu'à lui. Heureusement, l'obscurité cacha mon malaise et je me raclai légèrement la gorge pour lui signifier qu'il était un peu gênant.

Son rire léger emplit la pièce.

-J'aime bien quand tu rougis Siam.

-Je ne rougissais pas, idiot. Et c'est pas avec ta petite allumette que tu aurais pu voir quelque chose.

Il haussa les épaules avec nonchalance.

-J'ai deviné que tu rougissais.

Je lui assénai une petite claque derrière la tête.

-Allez bouge-toi, il est déjà trois heures du matin.

Je me dirigeai vers la porte d'un pas souple, mais Raph ne semblait pas décidé à me suivre. Il était penché sur une pile de dossiers découverts dans un tiroir du bureau. L'allumette qu'il tenait du bout des doigts éclairait ses sourcils froncés et la ride qui barrait son front.

-Viens voir, Siam.

Perplexe je me dirigeai vers lui.

-Regarde le nom, ici.

Il pointait du doigt de fins caractères noirs indiquant l'identité du patient. Je plissai les yeux pour déchiffrer l'écriture du médecin.

-Wen... Wendy... Datdin.. Non, Wendy Darling. Wendy Darling?

Je laissais s'échapper de ma gorge un petit ricanement.

-Attends, comme la gosse dans Peter Pan ? continuai-je, éberluée. C'est dingue ! Tu crois que l'auteur s'est inspiré de cette petite fille pour écrire son histoire ?

Raph fit une moue avec sa bouche signifiant clairement qu'il n'en avait aucune idée.

Je lui arrachai le dossier des mains et entrepris de le feuilleter. A l'endroit où aurait dû se trouver la photo d'identité de l'enfant, seul des résidus de colle subsistaient. Dommage, pensai-je déçue. Je parcourus rapidement les premières lignes, peu intéressantes et tournai les pages à la volée. Son dossier, épais, témoignait d'une maladie compliquée ou bien de nombreuses visites à l'hôpital.

-Ecoute ça, m'exclamai-je. Wendy était apparemment schizophrène. Elle assurait voir chaque soir un petit garçon lui rendre visite. Peter. T'y crois toi ? Peter ! C'est obligé, le gars qui a inventé Peter Pan connaissait la petite. Elle racontait que Peter venait du Neverland, et qu'il l'obligeait à l'y rejoindre. Flippant.

Je passai une main sur ma tempe. Un mal de tête commençait à poindre, m'informant qu'il était plus que temps de rentrer. Pourtant, ce dossier si étrange me maintenait clouée sur place. Il fallait que je termine la lecture. Comment était décédée Wendy ? On ne meurt pas de schizophrénie. Peut-être était-elle mort de vieillesse après avoir passé sa vie à tenter de faire croire aux gens qu'un type venait lui rendre visite tous les soirs.

-Chaque matin les médecins la retrouvaient avec des griffures sur tout le corps, des traces de sang et des contusions autour des poignets, comme si quelqu'un l'avait saisie. Mais apparemment ils ont estimé qu'elle se mutilait. C'est atroce. Elle a dû tellement souffrir.

-Et comment est-elle morte ? S'informa la voix grave de Raph dont j'avais presque oublié la présence à mes côtés.

Je tournai les pages du dossier, en vain. Rien n'indiquait les causes du décès de la jeune Wendy. Un morceau de papier froissé virevolta du dossier et tomba aux pieds de mon meilleur ami. Il se pencha pour le ramasser et le déplia avec précautions pour ne pas déchirer la page usée.

-Qu'est-ce que c'est ? m'enquis-je.

-C'est un article de journal datant de février 1897. Avec un avis de recherche. "3 ans après le drame, le mystère plane encore quant aux circonstances de la disparition de Wendy Darling, pensionnaire à l'hôpital de Saint Jean-Baptiste les Veules en Île de France. Rappelons les faits : la petite fille se serait tout simplement volatilisée durant la nuit du 3 au 4 février 1894 alors qu'elle occupait une chambre parfaitement close et verrouillée de l'aile de psychiatrie infantile. Le personnel médical affirme que la porte était toujours verrouillée au petit matin et qu'aucun bruit suspect n'est venu alarmer les infirmiers surveillant les couloirs la nuit. Depuis 3 ans, aucun indice n'a su éclairer les policiers sur cette affaire et la chambre est à ce jour condamnée. Le corps de la victime n'ayant jamais été retrouvé, il est encore trop tôt pour exploiter l'hypothèse d'un meurtre ou d'un suicide. Rappelons que l'enfant avait seulement 9 ans au moment des faits." Incroyable, murmura Raph. Elle a juste... Disparu. Sans laisser de traces.

Un frisson me traversa la colonne vertébrale. Le léger mal de tête de toute à l'heure me vrillait à présent le crâne, me rendant nauséeuse. C'était beaucoup trop inhabituel pour ne pas m'alarmer.

-On se tire, claqua ma voix, sèche, lointaine, comme si elle avait appartenu à quelqu'un d'autre.

-Putain... Attends Siam, regarde-moi ça. La petite, il y a une photo dans le journal. C'est dingue.

Il brandit l'article sous mes yeux en le remuant comme un forcené, n'arrangeant rien à mes maux.

-Regarde sa tête, continua Raph avec une pointe d'angoisse dans la voix.

Je descendis les yeux vers la photo terne du journal, que la faible lumière de la flamme tremblante rendait encore plus trouble. Il était tout de même aisé de discerner les traits juvéniles de Wendy. Elle avait de longs cheveux châtains ondulés, la peau qui paraissait légèrement bronzée sur la page jaunie. Ses grands yeux gris cerclés de cernes bleutés semblaient me fixer avec terreur. Elle paraissait exténuée, presque possédée tant le désespoir qui transcendait son visage auréolait l'image d'une atmosphère sinistre. C'était impossible. Cette gamine ne pouvait être Wendy Darling.

Je plaquais une main devant ma bouche, abasourdie. Ma tête semblait sur le point de se fissurer, je sentais le sang pulser dans mes tempes. Mes yeux ne pouvaient se détacher de cette photo. Tout autour de moi la pièce tanguait. Prise de vertige, je sentis le sol se dérober sous mes pieds. Les bras puissants de Raphaël me rattrapèrent avant que mon corps ne heurte le carrelage froid. Il me serra contre son torse, si fort que j'entendais son cœur battre la chamade. Ce n'étais pas Wendy Darling, sur cette photo.

-C'est toi, souffla Raphaël d'une voix chavirante.

Je levais vers mon meilleur ami des yeux chargés de toute l'incompréhension qu'il était possible de faire passer à travers un regard, puis les ténèbres m'engloutirent. 

Commentaires :

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Bonjour, voilà un texte plutôt bien écrit. Au sujet du thème Peter Pan, je connais seulement le version Disney que j'ai vu y a des années. Hook et Peter étaient ennemi dans mes souvenirs. Il s'est passé quoi ? Cela dit, je trouve quelques petites chose à redire. Sur le prologue, j'ai eu un peu de mal à savoir où ils étaient (sur un bateau ? Sur une autre île?). Ensuite, concernant Peter Pan, je trouve qu'à la fin de ton prologue toute la rage qu'il a au sujet de Wendy disparaît dans le « Peut-être fallait-il qu'elle revienne, après tout ? » Peut-être la tourner différemment : ( Maudit soit-elle ! Fallait-il vraiment qu'elle revienne ? ) Concernant ton chapitre 1, je n'ai pas vraiment compris la transition avec ton prologue. En fait, ton « je » de Peter Pan dans ton prologue n'était pas le même « je » du chapitre 1 et ça m'a déstabilisé. Quand on adopte un point de vue interne à la 1ère personne du singulier, on s'attend à ce que le narrateur reste le même. Après difficile de juger le prologue et le chapitre 1, mais garde en tête que si dans ton histoire tu alternes deux point de vue, le « je » finira vite par lasser ton lecteur qui aura dû mal à s'identifier à un de tes deux personnages. Garde juste un personnage narrateur avec le « je » ou alors passe au « il ; elle » J'ai eu dû mal à vraiment me plonger dans ton chapitre. Ils sont poursuivit par qui ? Pourquoi ils sont poursuivit ? Qu'est-ce qu'ils font là ? Quand tu dis « Je passai une main sur ma tempe. Un mal de tête commençait à poindre, m'informant qu'il était plus que temps de rentrer » Rentrer où ? Est-elle malade ? Puis, je trouve ça dommage que lorsque Siam à la photo de Wendy entre les mains, elle ne soit pas plus traversé que ça par l'inquiétude, la peur, bref tout un tas d'émotion. Voilà, sinon ton texte était agréable à lire. Je l'aurai plus vu dans fan fiction car tu reprend une histoire déjà existante. Bonne continuation.

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lolaingrid02
Bonjour, Pourquoi en fantastique ? c'est plus de la fanfiction car tu t'inspires de Peter Pan. Ton texte dans l'ensemble est pas mal. Ta plume est belle, c'est bien écrit. Voici quelques remarques : - Attention à la concordance des temps. Quand tu relates quelque chose au passé, tu utilises l'imparfait mais si quelque chose vient stopper ça, tu utilises le passé simple. - Des problèmes au niveau de la cohérence : les photos couleurs au XIXème siècle ? Impossible. Le jargon médical. - Ajouter plus de ressenti. Je ne sais que dire de plus vue que mes deux compères ont tout dit. Je ne veux pas répéter leur propos donc mon commentaire s'arrête là. Bonne continuation Lolaingrid02

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NadegeChipdel
Bonjour et merci de nous avoir soumis ton texte. Je vois que mon camarade @Samayti a été prolixe, donc fais des points communs de nos commentaires des axes de travail que je qualifierai de prioritaires. De façon globale, j'ai apprécié ton texte, en particulier le fait que tu aies donné un côté salopard à Peter Pan (que je déteste allègrement). Du coup, tu sembles plus vouloir te rapprocher de la version littéraire que de Disney. Fort bien, mais dans ce cas , attention ! Je crois que souvenir que Hook est mort dans cette version . C'est vraiment bien écrit, et je pense que tu peux pousser encore plus tes descriptions, les ressentis de tes personnages en variant l'es niveau de vocabulaire. Tu as une plume solide, tu ne devrais pas avoir de soucis à retravailler dans ce sens. En revanche, je ne comprends pas le classement en fantastique : tu empruntes à de l'existant. Ton histoire est plus une fanfiction. Si je rentre un peu plus dans le détail, je dirai que j'ai préféré ton prologue à ton chapitre 1. J'aurais voulu en savoir encore plus sur la disparition de Neverland, sur les causes qui engendrent la destruction. Nous laisser sous-entendre à la fin que Wendy en est seule responsable est trop léger à mon goût. Pareil : on connaît l'animosité entre Hook et Peter. Comment sont-ils devenus « amis » ? Encore des pistes à exploiter. Parlons de ton chapitre 1 : et bien, j'ai eu du mal à me projeter, surprise par le changement de lieu et d'époque que je trouve brutal. Pour bien rentrer dans l'histoire de ce chapitre il me manque une référence de temps. Petite remarque (avant que je n'oublie) : attention à la cohérence ! À la date à laquelle est prise la photo de Wendy, la photographie couleur n'existait pas. Tu inclus un passage dans le monde réel, cela implique que tu respectes la temporalité de notre monde. En tout cas, tu m'as donné envie de tourner la page, ce qui est plutôt un bon point. Je te souhaite bon courage pour la suite, Nadège

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samaythi
Pour finir, j'aimerai te faire remarquer un truc qui m'a de suite frappé, et c'est un peu symptomatique de tout le problème. Pourquoi ce texte se trouve en fantastique ? Neverland, Peter Pan, Hook, Wendy ? C'est de la fanfiction ! Et oui, tu uses d'un univers existant pour raconter une histoire ! Je sais que si tu n'avais pas fais l'erreur, tu n'auras pas le plaisir de mon piquant commentaire mais tout de même ! Je pense que tu as compris l'idée. Tu as désormais les problématiques les plus importantes. Il faudra ensuite, (et ca viendra avec une meilleure projection), que tu continues à approfondir tes descriptions et à leur donner plus de souffles. N'hésite pas à user de la ponctuation pour donner des rythmes saccadés (dans la partie où ta narratrice court à travers les couloirs, les phrases sont trop longues pour que le lecteur sente une véritable urgence), à user des métaphores/comparaison et autres figures de styles pour embellir ton texte. Et surtout, lis sur le sujet «Neverland», un tel monstre de la littérature, un sujet si intéressant, c'est dommage de ne pas en profiter pleinement. Allez au travail ! Et bon courage malgré tout. Doc Sam

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samaythi
Dans le même ordre d'idée, c'est à vérifier, mais dans un langage propre au médecin, la cause de la mort n'est pas la leucémie elle-même, à mon avis, mais plutôt ses conséquences (ACV, anémie). Or ta narratrice consulte un registre médical, il va te falloir être précise. Tu sembles connaître quelques trucs en médecine donc je te laisse le bénéfice du doute, mais il faudra que tu vérifies si «leucémie» peut être une «cause de la mort».

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samaythi
En parlant d'ancrage (parce que s'en est, je te rappelle que j'ai traité le sujet dans un de mes cours), il y a quelques soucis de cohérence. La plus grosse est celle de la photographie avec des yeux gris cercles de bleus ? Impossible ! Deja parce que la photographie couleur dans un journal, c'est rare à notre époque. Pire, t'es tu renseigné sur la date de la première photo couleur ? Si Wendy a disparu en 1897, aucune chance d'avoir une photo couleur. Le procédé n'a réellement utilisé que quelques 20ans plus tard (tu devrais le savoir pourtant, as tu jamais vu une photo de la première guerre mondiale en couleur ?) Et même si par hasard photo couleur il y avait (une technique existait aux alentours de 1880, mais jamais utilisé à grande échelle), ladites couleurs n'aurait pu tenir jusqu'à aujourd'hui puisqu' à cette époque, elle ne tenait pas sur plus de quelques jours.

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samaythi
Et oui, encore une fois, les adaptations disney/spielberg/recente gomment l'aspect «frère Grimm», à savoir la partie dure, noire et parfois un peu «hard core» des contes pour enfant ! Déjà Hook est mort. C'est indéniable dans le livre, dévoré par le croco, il ne s'en sort pas. Mais il y a pire : la personnalité de Peter Pan. Le garçon n'est ni un véritable héros, ni même un gentil ! En effet, Peter peut être simplement classé dans la catégorie psychopathe. Il fait preuve de cruauté, ne ressent pas d'attachement envers la personne humaine et considère toutes personnes comme remplaçable (d'un point de vu littéral puisqu'il tue les enfants qui grandissent), est terrorisé par le passage du temps et la mort, refuse le sentiment d'amour.... Bref une personnalité plus complexes et torturés que dans le Walt Disney, qu'il vaut mieux que tu évites en point de vu interne ! De toutes façons, de manière plus générale, il va falloir que tu approfondisses tes recherches sur le pays imaginaire. Bien sur tu peux en offrir une image féerique (ce qui n'est pas le cas du livre) où tu ne traiteras pas toutes les questions que posent vraiment le livre, tel que les lois de peur/evitement ou la théorie du «non-vide» qui régissent le Neverland, MAIS tu te dois de le savoir. Même si tu n'écris pas sur ce ton, tu te dois de connaître la complexité de l'oeuvre pour pouvoir jouer avec. Sinon tu vas tomber dans tous les pièges et raccourcis que comporte l'exercice ! Ce que tu as fais : j'en conclus que tu n'as pas lu le roman de Barrie... Et encore moins la pièce de théâtre... alors que tu veux écrire une suite.

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samaythi
Et justement à propos de focalisation interne. Je vais pas y aller par quatre chemin, ton prologue doit être en «il». Déjà parce qu'il n'est pas très confortable pour le lecteur d'être projeté dans différents personnages tour à tour et que s'est un casse-gueule sans nom pour un écrivain en herbe (ou alors il va falloir une grande rigueur de style pour que le lecteur sente une différence d'intériorité entre Peter et Siam). Mais surtout parce que tu t'attaques à un monument de la Littérature. Que tu veuilles faire un récit sur Neverland, pourquoi pas. J'aime bien l'idée, mais ne fais surtout pas la bêtise de te mettre dans la tête de Peter. Pourquoi ? Déjà parce que d'un point de vu humilité s'est un peu moyen. ;) Et surtout parce que tu vas te frotter à quelque chose de trop complexe d'un point de vu psychologie. Je le dis un peu sans pincettes mais il faut le dire. Tu écris sur un sujet que tu ne maitrises pas entièrement. As tu seulement lu Peter et Wendy ? Parce que je le dis de suite, le film de Walt Disney + once upon a time = pas suffisant. Sinon tu fais du révisionnisme.... Pourquoi pas, mais je soutiens moyen l'idée. Qu'est ce qui me fais dire ça ? Attention briseur d'enfance en ligne de mire.

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samaythi
Parlant du point de vu interne : en règle générale, je déconseille l'utilisation du point de vu interne dans la sfff. Pourquoi ? Parce que c'est un style qui demande une bonne projection. En effet, les auteurs ont tendance à ne pas assez se projeter dans la situation de narrateur personnage. Il faut que tu comprennes de manière personnelle ce que ressent ton narrateur, sinon on sentira toujours un manque. Ton lecteur se dira toujours «moi j'aurai quand même ressenti ça et ça aussi, bizarre que l'auteur n'en parle pas».Ce qui signifie en gros que tu as juste oublié des trucs... C'est pourquoi je considère le «je» comme utilisable seulement dans la situation de biographie, puisque la au moins, tu peux te souvenir de ce que tu ressens. Je conseille donc à un écrivain en herbe d'écrire en «il» où les erreurs de projections seront moins visibles. Si tu veux à absolument écrire en «je», il faudra procéder plus souvent ainsi : situation dans laquelle est ton narrateur + que ferais tu/ ressentirais-tu dans cette situation. Si tu ne le fais pas, ou que tu n'arrives pas à aller jusqu'au bout de la démarche de projection, l'intérêt de l'écriture en «je» sera amputé pour ne pas dire totalement caduque. Dans ton texte, c'est très visible sur la course du chapitre I. Ton personnage note le service dans lequel il se trouve, voit une vis qui manque.... bref tout ce que lon ne note absolument pas quand on court dans les couloirs d'un hôpital désaffecté poursuivi par la police avec peu de lumière !

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samaythi
Bon déjà, on va s'attaquer rapidement à la forme. Du point de vu de la plume, comme je l'ai déjà dis, c'est maîtrisé. Cependant, il te manque un quelque chose. Étant donné ton niveau de langage, il va falloir que tu travailles encore tes descriptions. Elles sont justes dans l'ensemble, mais il va falloir développer encore. D'abord parce que tes descriptions se concentrent seulement sur la vue. Or, si tu es en point de vu interne (utilisation du je), il va falloir élargir au reste des 5 sens mais aussi et surtout des sentiments. Je prends un exemple : dans ta première description, il pleut. Ton narrateur devrait nous faire ressentir le froid (ils sont sur une falaise = vent. Vent + bruine = ca caille !! Et je sais de quoi je parle je suis breton !). Par la suite, ce qui va manquer, c'est la «sentimentalité», ton personnage tente d'échapper à la police mais on ne ressent pas l'urgence de la situation. Même chose par la suite avec la terreur que devrait ressentir ta narratrice en découvrant sa ressemblance avec Wendy ! Il faut que tu oses aller plus loin. Même si ton vocabulaire est bon, on reste quand même dans du très basique. Je suis sur que tu peux élargir le «champ des possibles» et nous livrer quelque chose de plus abouti.

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