Texte n°457
Chanson de la Mariada
rédigée après son ère
par quelque pauvre hère
qui ne la connaissait pas
*
Lola, Lola, maudite ô Mariada !
Fée de la mer, Reine Ada !
Tes cheveux sont des cordages,
Ta chemise est une voile,
Et l'embrun sur ton visage
A le reflet des étoiles.
Maudite, maudite ô Mariada !
Tu as des dagues au lieu de doigts
Et tes cris sont ceux des canons ;
Ton long corps brun est un grand mât,
Le drapeau noir flotte à ton front ;
On craint ton rire dans les combats !
Maudite, maudite ô Mariada !
Un oiseau noir plane sur toi,
Répandant sa malédiction ;
Tu fuis mais il ne t'oublie pas
Et te suit jusqu'à l'horizon
De son regard sombre et narquois.
Lola, Lola, maudite ô Mariada !
Fée de la mer, Reine Ada !
Tes cheveux sont des cordages,
Ta chemise est une voile,
Et l'embrun sur ton visage
A le reflet des étoiles.
Un seul pas sur le sable,
Noir comme l'est mon drapeau ;
Je suis pirate impitoyable,
Monstre marin et roi des flots !
Je tuerai jusqu'à l'échafaud
Pour l'or, le rhum et leurs charmes
Mais donnerai toutes amoures
Et toutes morts aussi pour
Un unique pas sur le sable,
Qui est noir comme mon drapeau.
Toujours selon l'humeur du vent
Va mon navire droit devant :
La Terre est ronde mon ami !
Je ne crains personne en vie :
Ni les monstres marins des eaux,
Ni la sentence des bourreaux.
Mais donnerai toutes amoures
Et toutes morts aussi pour
Un unique pas sur le sable,
Qui est noir comme mon drapeau.
Lola, Lola, maudite, Mariada !
Fée de la mer, reine Ada
J'erre au-delà des rivages,
Vagabond, pirate sur les flots,
Et jamais je n'oublie ton visage :
Tu es la proue de mon vaisseau.
Lola, Lola, adieu, Ô Mariada !
Laisse-moi aller, je n'oublie pas :
Un oeil bleu pour regarder la mer,
Un oeil vert pour contempler les cieux ;
Tu dors, et ton regard amer
Pour toujours a fermé les yeux.
Un oeil vert pour regarder la mer,
Un oeil bleu pour contempler les cieux ;
Tu dors, et ton regard amer
Pour toujours a fermé les yeux.
La Reine Teuta
Le grand mât fit, en se brisant, le même bruit qu'un os qui craque. Il s'abattit pesamment et son pavillon noir se prit à la pointe du mât d'artimon, en fut transpercé, puis se déchira.
La Mariada cria l'ordre d'évacuer le pont avant de jeter entre ses dents, à son second, qu'il valait mieux filer. Elle jeta un regard à Shadi qui, dès que le mât s'était stabilisé sur le pont dans un équilibre précaire, était allé jeter un oeil à ce qui l'avait brisé : deux lourdes balles de fonte reliées entre elles par une chaîne. Elle-même utilisait des projectiles de pierre et avait entendu parler des boulets ramés, mais c'était la première fois qu'elle croisait un navire riche à en gaspiller du métal.
Cependant elle n'eut pas le temps d'y réfléchir car, avant d'avoir pu terminer sa manoeuvre, La Reine Teuta fut ébranlé par un second coup de tonnerre ; cette fois-ci la charge heurta le bastingage dans une explosion de sciure. L'impact fut si brutal que la rambarde parut voler en éclats d'elle-même, projetant partout des échardes de bois. La Mariada vit la stupéfaction figer le visage de son équipage.
« Virez à bâbord ! »
Pas question de se frotter à une arme aussi dangereuse sans l'avoir examinée.
Elle envoya son deuxième lieutenant faire border les voiles de misaine et se concerta rapidement avec son second et le Maître Pilote avant de décider qu'on allait tout simplement faire cap au large, la priorité étant de fuir. Une nouvelle explosion retentit, provoquant cette fois des cris sur le navire qui les attaquait : leur arme, visiblement instable, venait de creuser un trou dans le flan de bois autour duquel gisaient quelques marins éparpillés.
La Mariada songea un instant à taquiner la chance, mais une exclamation de Shadi lui fit changer d'avis : des voiles se profilaient à l'horizon.
« Une embuscade. Sans doute un coup de Lambert... » murmura-t-elle entre ses dents avant de rappeler ses ordres aux pirates désemparés. Alors que l'équipage se remettait au travail avec d'autant plus d'ardeur que se faire prendre, c'était se faire pendre, la Mariada alla consulter son second pour s'entendre sur le cap à tenir maintenant que des navires leur barraient la route à bâbord et que le grand mât s'était effondré.
Mais ils n'avaient pas plutôt arrêté leur stratégie qu'une nouvelle explosion retentissait, coupant le mât d'artimon à mi-hauteur. L'ensemble de bois et de toile s'effondra sur le bas-mât en précipitant un matelot hurlant par-dessus bord et resta là, ballotant, un paquet pathétique retenu par des cordages.
À l'horizon, trois silhouettes se découpaient nettement contre le bleu du ciel. Évidemment, avec ce vent arrière que La Reine Teuta avait elle-même utilisé pour son abordage.
« Changement de tactique » murmura la capitaine.
Quelques instants plus tard la frégate entrait en collision avec la gabare dans laquelle tout l'équipage de La Reine Teuta se précipita comme une vague sanglante, la Mariada hurlante avec ses cheveux claquants dans le vent, noirs comme l'était son drapeau.
Mais la gabare était armée, équipée de soldats formés au combat, alors que les pirates avaient majoritairement débuté leur carrière comme pêcheurs ou délinquants dans les ports. Malgré leur supériorité numérique les marins de la Mariada ne parvenaient pas à prendre un avantage décisif et, dans le feu du combat, il n'était plus temps d'établir une stratégie. La Mariada passait son premier marin par-dessus bord alors que les soldats adverses avaient déjà égorgé trois matelots, dont l'ancien mousse qui venait tout juste de passer seize ans. Elle évita de justesse un bras qui vola près de sa tête avant de s'écraser sur la voile de la barque de transport. Un coup d'oeil vers Shadi, qui avait eu la même idée qu'elle.
Courte et trapue, Shadi était l'une des personnes les plus fortes que Lola connaissait ; mais elle n'avait pas en combat rapproché l'avantage de sa fougue sauvage ni de ses yeux vairons, qui en surprenaient plus d'un à l'instant de leur mort. Shadi alla donc dégager la barque de ses bras bruns avec l'aide du second et du troisième lieutenant tandis que la Mariada tranchait la jambe d'un soldat puis aidait ses marins à en éventrer un autre.
Sur le pont gisaient des dizaines de corps ensanglantés, des cadavres maigres et bruns, mal fagotés et mal coiffés, tenant encore de vieilles lames tordues mais affutées.
Abandonnée, La Reine Teuta partait à la dérive.
Des soldats continuaient de déferler sur le pont, bien plus nombreux que sur un navire ordinaire, déterminés à mettre fin à la menace pirate dans ces mers qu'ils venaient eux-mêmes d'envahir. Les trois vaisseaux de Lambert manoeuvraient déjà pour ralentir et se préparaient à récupérer La Reine Teuta puis à aborder la gabare.
Derrière elle, la Mariada entendit la barque heurter l'eau. Shady y descendait déjà, plus résolue qu'elle à abandonner le navire. Son second arrêta son bras avant que, dans l'élan du combat, elle ne le décapite, et lui fit signe de les suivre.
Elle entraîna les matelots les plus proches à sa suite et dégringola l'échelle de corde alors que le vent s'engouffrait déjà dans la voile unique de la barque ; deux matelots parvinrent encore à se jeter dans l'embarcation avant que celle-ci ne prenne de la vitesse et un marin tomba à l'eau alors qu'il avait pratiquement un pied dedans.
La Mariada regarda bien les visages des pirates restant, tous ceux encore accrochés à l'échelle qui leur hurlaient de revenir, puis elle tourna la tête et les oublia.
Le vent s'engouffra dans sa chemise ensanglantée, arracha une mèche poisseuse de son front. Elle lécha distraitement le sel d'un embrun sur ses lèvres craquelées par le soleil. Il faisait bon et la barque filait ; il s'agissait maintenant de gagner une île avant qu'un des grands navires ne les prenne en chasse.
Commentaires :
TatouageVoyageur
Bonjour ! :) Je partage l'avis de Nadège : lorsque tu voyages entre les noms des personnages et les navires, tu nous perds un peu et on ne sait pas de qui tu parles. Donc c'est difficile de savoir où tu veux en venir. J'aime beaucoup le poème abordé avec comme thème la piraterie, le rend très original. C'est un très bon début ! Dans la seconde partie, on est directement plongé dans le feu de l'action avec l'attaque du navire. De plus, écrit à la troisième personne, les descriptions sont très bien formulées. Il y a très peu de répétitions, les phrases coulant doucement ce qui rend le tout très fluide. C'est un bon texte !
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NadegeChipdel
Bonsoir, je m'en viens faire un rapide retour sur ton texte. Je dis rapide car je l'ai trouvé très bon ! Tout d'abord, j'ai aimé la première partie sous forme de chanson, très originale ! Ensuite, c'est audacieux d'avoir choisi le thème de la piraterie. Depuis que je critique, je crois que c'est la première fois. L'ambiance et le vocabulaire sont justes, pertinents. Je n'ai trouvé qu'une erreur en terme de conjugaison (page 1 : * a abandonné). Alors, n'aurais-je aucune critique à faire ? Si ! Une petite. Attention quand tu navigues entre les noms des navires et ceux des personnages : c'est parfois un peu confus. Lorsque démarrage l'abordage du bateau pirate, l'enchaînement des noms de personnages fait qu'on ne sait plus si tu parles du capitaine ou du bateau. Mais bravo, c'est un très bon texte.
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Aillys
Bonjour, bonjour Je commence direct : « Chanson de la Mariada rédigée après son ère par quelque pauvre hère qui ne la connaissait pas » Pourquoi les italiques ici ? Je trouve plus pertinent de les utiliser pour la chanson « La Reine Teuta » Est-ce la fin de la chanson ? Si c'est le cas, je trouve cela étrange sinon qu'est-ce que c'est ? « La Reine Teuta fut ébranlé par un second coup de tonnerre » je suppose donc que c'est le bâteau mais je ne comprends pas pourquoi tu as mis ce nom à la fin de ta chanson « avant de rappeler ses ordres aux pirates désemparés. Alors que l'équipage se remettait au travail avec d'autant plus d'ardeur que se faire prendre, c'était se faire pendre, la Mariada alla consulter son second pour s'entendre sur le cap à tenir maintenant que des navires leur barraient la route à bâbord et que le grand mât s'était effondré. » Je me suis perdue... C'est super long. Ça fait longtemps que le grand mât est effondré pourquoi revenir dessus ? Je trouve le second « que » maladroit. Une conjonction telle que « puisque » ou « car » montrerait la conséquence s'ils ne s'activent pas. « alla » Aller est un verbe pauvre, on préferera « partir » « la route » ils sont sur l'eau, il vaut mieux utiliser « le passage » ou « le chemin » à la limite Après tout ça, je te propose : « L'équipage se remit donc au travail avec d'autant plus d'ardeur puisque se faire prendre, c'était se faire pendre. Pendant ce temps, la Mariada partit consulter son second pour s'entendre du cap à tenir maintenant que des navires leur barraient le passage à bâbord. » « Mais ils n'avaient pas plutôt arrêté leur stratégie qu'une nouvelle explosion retentissait, coupant le mât d'artimon à mi-hauteur. » Le « mais » est inutile. De plus, l'emploi du passé simple est préférable pour l'explosion étant donné qu'une explosion est de courte durée. Le « plutôt » me fait bizarre... Tu voulais dire sitôt ? « Ils n'avaient pas sitôt arrêté leur stratégie qu'une nouvelle explosion retentit »
--> Aillys
PS : Personnellement, je n'ai pas été perdue avec les noms de bateau et de personnage
--> Aillys
Tu utilises beaucoup « alors que » : « Alors que l'équipage se remettait au travail avec d'autant plus d'ardeur », « alors que les pirates avaient majoritairement débuté leur carrière », « alors que les soldats adverses avaient déjà égorgé trois matelots », « alors que le vent s'engouffrait », « alors qu'il avait pratiquement ». Attention à ce tic d'écriture surtout que certains sont proches dans le texte et font limite répétition. Voilà, bonne continuation
--> Aillys
« coupant le mât d'artimon à mi-hauteur. L'ensemble de bois et de toile s'effondra sur le bas-mât en précipitant un matelot hurlant par-dessus bord et resta là, ballotant, un paquet pathétique retenu par des cordages. » Beaucoup de participe présent... « L'ensemble de bois et de toile s'effondra sur le bas-mât et précipita, dans un hurlement, un matelot par-dessus bord. L'amas balloté resta là, tel un paquet pathétique retenu par des cordages. Balloter a l'air couramment utiliser et j'aurais tendance à l'écrire comme tel mais dans mon Larousse 2012 je le trouve avec deux « t » : ballotter. Il faudrait vérifier que les deux écritures soient correctes, cela a dû changer depuis 2012 je pense. « Évidemment, avec ce vent arrière que La Reine Teuta avait elle-même utilisé pour son abordage. » Quel abordage ? Celui qui va venir ? Dans ce cas, pas de plus que parfait. De plus, un bâteau ne peut faire un abordage. « Évidemment, avec ce vent arrière que la Mariada utilisait pour mener à bien son abordage. » « l'équipage de La Reine Teuta se précipita comme une vague sanglante, la Mariada hurlante avec ses cheveux claquants dans le vent, noirs comme l'était son drapeau » Répétition comme. « tel une vague sanglante » « mais elle n'avait pas en combat rapproché l'avantage de sa fougue sauvage ni de ses yeux vairons, qui en surprenaient plus d'un à l'instant de leur mort. » Une virgule après rapproché permettrait de faire une pause « Shadi alla donc » partit « la Mariada tranchait la jambe d'un soldat puis aidait ses marins à en éventrer un autre. » Les actions ne sont pas assez longues pour utiliser l'imparfaite « trancha la jambe d'un soldat puis aida » « déterminés à mettre fin à la menace pirate dans ces mers qu'ils venaient eux-mêmes d'envahir. » d'envahir ou envahir ? Ont-ils déjà envahi les mers ou sont-ils en train de le faire ? Je pose la question car j'avais l'impression qu'ils étaient en train de le faire « Shady » Tu as changé l'orthographe du prénom...
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Pandikoe
Bonjour, merci pout ton texte, plutôt bien écrit. J'ai néanmoins des choses à redire : Poème : rien à redire. Mais je demande pourquoi tu as orthographié amoures et non pas amours. J'imagine que c'est par choix d'époque. Premier paragraphe, maladroit. « Le grand mât fit, en se brisant, le même bruit qu'un os qui craque. Il s'abattit pesamment et son pavillon noir se prit à la pointe du mât d'artimon, en fut transpercé puis se déchira » Je pense que tu peux améliorer la première phrase déjà avec le verbe faire assez simple, le participe présent qui alourdit et les deux que. Je proposerais : « Quand le grand mât se brisa, le bruit d'un craquement d'os retentit. » La deuxième phrase a un problème, je n'arrive même plus à en comprendre le sens exact. Tu peux remplacer le et par une virgule et je pense que le en est en trop. La Mariada parle beaucoup entre ses dents, il faudrait varier l'expression : grinça, marmonna etc « La Mariada hurlante avec ses cheveux claquant dans le vent, noirs comme l'était son drapeau » le était alourdit inutilement la phrase. Sinon, le plus gros défaut de ton texte est la longueur de tes phrases. Tu fais des phrases souvent très longues, avec beaucoup de virgules et de que. Déjà, en terme général, il faut que tu coupes tes phrases pour rendre moins lourd ton texte. De deux, dans une scène d'action, il faut impérativement quelques phrases courtes et percutantes. Ton texte est bien écrit mais on ne se projette pas dans la scène. Pour créer ton atmosphère et que le lecteur plonge dans ton récit, il faut qu'on ressente un peu plus les émotions directes du personnage. Son ressenti direct. Pour ton atmosphère, il faut qu'on se sente oppressés : est ce que les pirates vont s'en sortir ? Il faut aussi de la panique. Il faut qu'on ressente la sauvagerie, la joie de la mêlée, le désespoir des pirates, le fracas des lames. Tous ces détails vont donner vie à ton texte. ( 1/2)
--> Pandikoe
Tu maîtrises plutôt bien la forme, tu places plutôt bien les adverbes et tes participes présents qui ne sont pas très gênants.( toutefois les participes présents alourdissent, je te conseille de les remplacer ) Le seul point sur la forme à revoir est donc la longueur des phrases. Un conseil, lis ton texte à voix haute, tu repères tout de suite si la construction convient ou non, ou si la phrases est trop longue. Maintenant, il faut que tu maîtrises le fond de la forme en quelque sorte. Je t'ai donné des pistes d'amélioration pour créer une atmosphère et insérer des émotions. J'espère que mon commentaire t'aura éidé, Ciao. ( 2/2)
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