Texte n°434

Eagler

La ville est belle, vue de loin. Elle est comme la toile scintillante d'une araignée, cachant sous des cocons de soie les cadavres des mouches ingénues. La plupart des gens pensent que les mouches sont nos ennemis. Qu'ils sont bêtes ! Les mouches, c'est nous.

Ceci dit, j'aime bien mon cocon de soie. Il est doux et chatoyant, je sais même comment en sortir. L'araignée n'est pas encore une grande tisseuse, contrairement à ce qu'elle nous fait croire. Je crois que je connais même pas son nom.

J'admire son œuvre depuis ma fenêtre, en me disant que je n'aurais peut-être pas aimé vivre en-dehors de ça. On n'est pas censés laisser les fenêtres ouvertes, c'est trop dangereux, mais tout le monde le fait et, en général, on se débrouille pour ne pas avoir d'accident. Une fois, j'ai même essayé de faire pousser une petite plante grimpante le long du montant, pour voir si elle résisterait au vent. J'étais une toute petite fille, et nous sommes passés à vraiment un rien des ennuis.

Cette plante ne résistait même pas au vent.

Toom

Ces gens qui s'entassent dans les grands immeubles des grandes villes me font rire. Il serait même plus juste de dire qu'ils m'ont toujours fait rire. Mon oncle me dit chaque jour que viendra le temps où ils se feront tous bouffer. Et moi, je pense chaque jour que nous aussi, nous nous ferons bouffer.

Tout ce que je sais faire, c'est allumer les machines qui sèment et plantent et arrosent et récoltent et labourent. Je sais aussi les réparer, les construire, mais surtout je sais prendre du recul sur ce qu'on me dit. Ca, il paraît que ça vaut n'importe quel talent.

Quand les examinateurs passent, tous les mois, on se prépare toujours la veille pour les accueillir, parce qu'ils ne disent jamais à quelle heure ils viennent nous rendre visite. On éteint les fours, on cache les animaux et les conserves que le réseau nous apporte. Et on nettoie partout, juste au cas où. Ils savent très bien que, dans les fermes en extérieur, personne ne respecte complètement la loi, alors ils cherchent longtemps. Mais ils n'ont jamais aucune preuve, parce que nous sommes plus nombreux, et plus intelligents.

Zavy

C'est incroyable à quel point le réseau se porte mal. Personne ne semble comprendre que nous sommes une issue de secours au grand incendie qui s'abat sur ce monde. Penser à ça me rend toujours triste.

Ralentir les campagnes de propagande est inutile, les seuls humains qui s'intéressent encore réellement à ce qu'il se passe à la télévision ne lui feront jamais confiance. Livrer des vivres entre les villes est inutile, ils restent à pourrir dans les caves des fermiers, faute qu'on vienne les réclamer. En fait, tant que personne ne connaît son existence, le réseau est inutile, et personne n'a envie de connaître son existence.

Ce n'est pas difficile de fermer les yeux sur une exécution, surtout si les fusils suivants sont pointés vers soi. Je peux le concevoir. Mais comment imaginer qu'on puisse ne même pas y jeter un regard ?

Avoir peur n'est pas une excuse, je pense juste que ce monde leur plaît.

Nack

Les gens respectent la loi, pas parce qu'ils craignent pour eux mais parce qu'elle ne les gêne pas. Sinon, les murs des gouvernements auraient fini par tomber. Non, la plupart des gens croient à la société absolue qu'on leur peint. Ce n'est pas exactement la vérité, mais qui sait ce qui arriverait si nous la leur disions ?

Avant, on croyait qu'il fallait donner la science à tous, et des bombes explosaient sous les ponts, ravageaient des hôpitaux. On pensait qu'on pouvait donner une arme à un humain volontaire, et les guerres faisaient des morts innocents par millions. On fantasmait que les Hommes pouvaient être égaux, et on laissait crever les clochards dans les rues.

Je ne pense pas rencontrer un jour quelqu'un qui pourra me faire changer d'avis, j'ai pris ma décision il y a trop longtemps. Les oiseaux ne chantent plus mais les humains sont sauvés, et heureux. Je crois en la beauté de ce nouveau monde.

Je connais les conséquences de tout ça. Je ferais avec ; je les accepte volontiers, même. La paix n'a pas de prix.

Ynver

Qu'est-ce qu'il y a derrière les murs, derrière le brouillard et l'horizon ? Il n'y a rien, bien sûr. Même s'il y avait quelque chose, je ne pourrais jamais y aller, c'est triste. Je préfère me dire qu'il n'y a rien, que c'est juste la limite immobile de mon univers.

Dans mon petit immeuble de verre, je suis heureux, nous le sommes tous. Qui qu'on soit, nous avons toujours vécu avec ce que nous avons, alors nul ne se rend compte de ce qu'il perd, ni de ce qu'il possède.

En général, je préfère ne pas préciser quand je dis que nous sommes tous heureux. On ne sait jamais, cela pourrait atteindre des oreilles indiscrètes. Mais dans ma tête je me suis juré de ne jamais oublié pourquoi je dis quelque chose, pourquoi je pense quelque chose. Et parfois j'ai honte de me dire que c'est la télévision qui m'influence. Ma mère me dit que je ne devrais pas. Elle a raison, cela fait partie de mon univers au même titre qu'autre chose.

Je crois que je n'aurais pas dû naître ici, je suis comme un extraterrestre avec un déguisement en lambeaux.

Commentaires :

MazamaET
Vachement intéressante. Le problème c'est que c'est justement une mise en bouche ... Ce sont des échantillons pour nous donner envie d'approfondir. Ce n'est pas du tout un texte destiné à présenter une situation (ou alors si c'est le cas, c'est fait de façon trop habile pour le commun des mortels). Je ne vois même pas comment insérer un tel texte dans un roman ! Bon travail de mise en bouche, de psychologie, mais malheureusement ça ne sert à rien ... 😉

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MazamaET
Bonjour. Ce texte est génial ! Mais pas pour ce qu'il est censé être ... On dirait le script d'un teaser pour Blockbuster de Sci-fi. Sur la forme, je pense que tout a été dit dans les commentaires précédents. Cependant, je tenais à relever le travail génial sur la psychologie des personnages. D'abord le gamin qui s'émerveille, ensuite le paysan débrouillard, bricoleur et fier de l'être. Puis le justicier désillusioné, représentant typique d'une cause perdue, suivi de l'idéologue tout puissant satisfait de son oeuvre. Et enfin le philosophe ... Je ne sais pas si c'est volontaire de la part de l'auteur, mais je trouve cette mise en bouche

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Heart_of_Darkness_2
Bonjour ! Voici mon avis sur ce texte : • J'aime bien le début, la représentation avec les mouches, c'est... originale ? Cependant, ce passage mérite d'être un peu plus détaillé, explique pourquoi le personnage pense ça, il y a bien une raison à cela non ? En décrivant ce passage, les lecteurs apprendront une partie du raisonnement du personnage. • Si c'est le prologue ou le premier chapitre, sache qu'il n'est pas accrocheur, il y a quelque mystère, mais rien de vraiment déclencheur. • <<C'est allumer les machines qui sèment et plantent et arrosent et récoltent et labourent. >> Trop de << et >>dans cette phrase, je te propose de l'écrire comme ça pour l'alléger : << C'est allumer les machines qui sèment, plantent, arrosent, récoltent et labourent. >> • Le système avec ces différents points de vue aurait été intéressant si tu avais pris la peine d'écrire une vraie scène, et pas tout un tas de descriptions. Le début est bien, mais court et pas détaillé. La suite un peu moins, car on ne comprend pas vraiment ce que raconte les personnages. Certes, ils nous livrent différentes informations sur l'univers, mais, on ne comprend pas, ce n'est pas clair. Les informations ne sont pas développées, si c'est pour créer le mystère, c'est raté. On ne comprend rien, c'est agaçant. Donc, soit tu réécrits complément le chapitre en introduisant une scène accrocheuse qui va pousser le lecteur à poursuivre la lecture, soit tu décrits davantage ce texte et aussi, tu introduis plusieurs détails qui vont attiser la curiosité. Dans ces deux cas, tu es obligé de nous livrer des informations sur ton monde pour une meilleure compréhension. • Il y a aussi quelques maladresses, relis toi à voix haute, elles sont facilement repérables. • Ici, on ne peut pas vraiment définir l'intrigue ou parler des personnages. Car, encore une fois, il manque de descriptions. Par contre, certains ont des pensées philosophique, je trouve ça bien. C'est tout pour moi, bonne continuation !

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Samayti
Salut jeune auteur, Bon, comme tu as pu le constater, personne n'ait venu commenter ton texte, du coup je vais m'y essayer mais je te préviens que... bah en fait je sais pas. Et bien oui, c'est exactement ce qui me vient à l'esprit quand je te lis, et il se trouve que je pense ne pas avoir été le seul de la WPA a avoir été totalement désemparé... Déjà, je ne sais pas face à quoi je suis... Face à un prologue ? Un chapitre I ? Aucune idée. Déjà, moi je suis dans la catégorie "vieux con", les prologues/chapitre I de moins de deux pages : c'est mort. Donc ici, 5points de vu s'enchainent, d'une durée moyenne de 5lignes........... Tu imagines à quel point tu me rends heureux ! J'en ai presque l'impression que tu es en train de rendre un devoir de français que tu ne sais absolument pas comment faire trainer en longueur.... Bref. L'idée de donné l'avis de plusieurs personnages sur un pan chacun de ton histoire pourrait être intéressante. Créant une sorte de triptyque contrasté... Mais il va falloir développer un peu. Je rappelle au passage que les écarts/changements espace/temps ne sont pas recommandés dans les prologues/chapitre I. En la matière, la règle absolue est : Clarté. Et ici, la clarté, elle en a pris un coup ! Bah oui, avec ces successions de pensées pour certaines philosophiques et abstraites, sans explication, sans description, sans mise en situation, les autres techniques... C'est surement très facile dans ta tête, mais pour le lecteur c'est indigérable. On nous parle de toile et de gratte-ciel, d'humain (je suppose donc que d'autres ne le sont donc pas), d'organisation gouvernementale, de contrôle sans savoir de quoi il en retourne, du fait que les animaux ont disparus mais que certains en élèvent en cachette. J'ai aussi cru comprendre que les gens étaient obligés de rester dans un périmètre délimité mais il y a des fermiers qui vivent loin...

--> Samayti
Bref, tu as compris l'idée, je ne vais pas m'étendre. Je pense que tu as compris. Il me semble que tu as une plume, utilise-là. Si tu écris pour toi, n'oblige personne à lire. Si tu veux que quelqu'un te lise, il faut que tu donnes ! Encore une fois, habitué de SF et de Merveilleux, j'ai l'habitude d'être plongé dans des mondes où au départ rien n'est clair. Mais là.... Tu ne nous donnes rien pour te comprendre et ça parait juste secondaire pour toi !C'est assez agaçant ! Reprends-toi, livre-nous quelque chose de lisible. Tu sembles avoir pas mal d'idée et de capacité à écrire. Allez hop ! Au travail !

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Aillys
Hello hello ! « La plupart des gens pensent que les mouches sont nos ennemis. Qu'ils sont bêtes ! Les mouches, c'est nous.» Alors, pour être franche, je vais sûrement me taper l'air con, je sais pas si c'est la fatigue ou juste mes capacité intellectuelles mais... J'ai vraiment cru qu'on avait le point de vue d'une mouche. Du coup je comprenais pas pourquoi le déterninant « nos ». Pour moi, ce serai bien de préciser que c'est une humaine, après mes collègues ont l'air d'avoir compris sans trop de soucis. « je n'aurais peut-être pas aimé vivre en-dehors de ça » je ne comprends pas. En dehors de quoi ? « machines qui sèment et plantent et arrosent et récoltent et labourent. » Je suppose que c'est fait exprès mais je trouve que la succession des « et » est trop lourde, que des virgules suffisent. Si tu veux montrer que c'est un cycle long, tu peux rajouter des verbes : traiter, fertiliser, déchaumer (pour les céréales). De plus, malgré le fait que ce soit un cycle je pense qu'il faut mettre labourer en 1er si tu veux garder l'ordre. (un peu comme les jours de la semaine, ils ont beaux être continuels on dit que lundi est le 1er jour de la semaine). Ce qui donnerait pour le blé par exemple : machines qui labourent, sèment, fertilisent, traitent, irriguent (ici, je pense que ce verbe est plus pertinent), moissonnent (ou fauchent, récoltent si tu préfères deux verbes à un seul pour faire plus long), déchaument. « le réseau » Quel réseau ? Tu parles de télévisions après. Le réseau électrique ? Ou le réseaux de télécommunications ? Mais après tu parles de livrer des vivres.. Le réseau routier ? Ou alors, une organisation qui s'appelle le réseau ? Bon, dans ce cas je pense que tu aurais mis une majuscule. Hum.. Explique, ce n'est pas très clair.

--> Aillys
Bon, niveau français pas de problème. Par contre pour l'univers, comme on te l'a dit, ça manque d'explication. Je pense que le mieux serait de faire un chapitre par personnage avec leur description physique, leur situation, développer leur psychologie bien commencée, qu'on sache qui ils sont, comment ils vivent, pourquoi ils pensent telles ou telles choses, leur problème et le début de ce qu'il va se passer. Parce que concrètement, là, on a des personnages (à développer donc), un semblant de situation (quelque chose se dessine sur une dystopie je pense, une société qui a des choses à cacher) et.. c'est tout. Bah ça nous fait une belle jambe. Pas une annonce de changement, si juste Nack qui veut faire quelque chose, mais c'est trop peu. C'est comme si tu avais une image sur un mur, légèrement corné à l'un des quatre coins mais qu'il n'y avait rien qui te disais qu'il y avait quelque chose derrière. Bah tu vas regarder l'image, voir la corne, te dire qu'elle commence à s'abîmer et passer ton chemin. Ton histoire c'est pareil, rien nous dit qu'il va se passer quelque chose ensuite donc on a juste envie de passer son chemin après ce chapitre. Bon après, comme c'est une histoire on peut se dire qu'au chapitre 2 les changements débuteront et tout mais j'espère que ma comparaison était assez claire. Il faut que tu amorces l'action pour qu'on veule en savoir plus sur ce qui va se passer ensuite. Voilà, tu as bien commencé la psychologie des personnages, développe les encore avec l'univers et je pense que tu as là une bonne idée d'histoire. Courage ! ;)

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