Texte n°431
Prologue
La jeune femme marchait dans le froid et le gel de la nuit, protégeant du mieux qu'elle pouvait, le bébé qu'elle aimait depuis sa naissance. Les pluies du Paris de décembre avaient ôté tout volume à sa cascade de cheveux d'or. L'enfant s'éveilla et lui sourit. Elle le lui rendit tristement, les yeux doux, humides et brillants. Elle traversa les quelques ruelles étroites et sombres des vieilles villes avant d'atteindre sa destination : une maisonnette coincée entre deux boutiques condamnées depuis longtemps. Elle frappa à la porte de pin noyé sous une couche de peinture bleue marine et attendit, luttant contre une bourrasque glacée qui remontait du fleuve en contre-bas. Une femme altière, coiffée d'un chignon, les lèvres pincées, le visage sévère, lui ouvrit, exportant un peu de la chaleur du foyer vers l'hiver. La jeune fille, un discret sourire sur les lèvres, s'inclina avec respect face à la quadragénaire avant de lui présenter l'enfant qui gazouillait joyeusement à présent. La vieille fit une petite grimace de dégout mais le prit à bout de bras.
"Son nom ? lâcha-t-elle.
- Angélique, fit l'autre timidement.
- Ma sœur a réellement le don pour me laisser ses déchets, cracha la vieille.
Elle se tut un moment pour examiner la fillette avant de reprendre.
- Qu'elle est l'issue ?
- Favorable votre...
La jeune femme se tut ne sachant comment qualifier la personne se tenant devant elle sans l'offenser.
- Seulement... Protégez-la pour moi s'il vous plait...
Les boucles d'améthyste mauve, agrippées aux lobes de la dame brillèrent d'un éclat nouveau.
- Je n'ai pas d'ordres à recevoir de vous, répliqua-t-elle sèchement sans même daigner un regard vers la jeunette, qui joignit ses pieds et ses mains, les yeux baissés, le sourire affaissé, honteuse d'elle-même.
- Pardonnez mon offense, murmura-t-elle.
La dame ne répondit pas, s'en retourna sans plus de mesure, claqua la porte, séparant la jeune femme aux cheveux dorés et au regard doux de sa petite protégée, sa raison d'être en vie et de la chaleur du foyer. Le sourire disparut, les larmes coulèrent abondamment et les sanglots se mêlèrent aux chants des bourrasques d'hiver. Elle retourna dans le nord, là où les larmes gèlent à même les prunelles, pour assumer sa disgrâce, la plus grande de tous les temps.
Au même moment, dans les confins de la capitale, perdue avec son intendante dans la salle des archives, la jeune femme pleurait abondamment. La couronne qu'elle avait brillamment portée lui pesait plus que jamais. En l'espace de quelques mois, toute sa famille avait disparu. Elle se recueillit un instant avant de prononcer sa sentence/
- Brûle tout.
Le lendemain, personne n'aura su ce que le monde eut connu. Le lendemain, le monde aura eu un nouveau Lucifer.
Le Dernier Crépuscule
La fillette prit le livre de l'étagère, le retourna pour lire brièvement la quatrième de couverture. Scaramouche était le dernier roman qu'il manquait à sa collection. Son oncle Jean et elle avaient cette tradition depuis qu'elle avait été capable de lire deux lettres côte à côte : elle devrait lire tous les livres se rapportant à un genre littéraire populaire en l'espace d'un été, avant son retour à l'école. Cette année était celle des romans de capes et d'épées. Seulement cet été là deviendrait le premier où elle manquerait à sa mission si elle ne le lisait pas avant le crépuscule.
En se dirigeant vers la caisse elle reconnut une des filles populaires de sa classe accompagnée de sa suite. Trop gâtée, elle montrait savamment au monde que son éducation était inexistante. Criant, soupirant et riant, elle s'affichait à présent avec sa nouvelle meilleure amie trouvée en fin d'année suite à une énième dispute avec son ancienne amie. Au même titre que d'amie, la jeune fille avait changé de téléphone et de sac à main les choisissant toujours plus beaux et toujours plus chers. Soudain, elle remarqua Angélique qui faisait tout pour être discrète. Elle s'approcha d'un air narquois et mauvais.
- Angélique ! Comment vas-tu ? Où sont tes amies ? héla-t-elle son téléphone dans une main, son amie dans l'autre.
- Laisse-moi tranquille tu veux ? lâcha-t-la jeune fille sans plus d'intérêt, continuant son chemin.
L'autre s'en retourna brièvement, couvant une colère noire, mêlée d'une once de honte de ne pas avoir répliqué et traînée son ennemie d'enfance dans la poussière. D'un autre coté, elle n'avait pas totalement tort. Sa nature avait fait que les gens ne l'apprécient pas plus de six mois. C'était là une des formes des cruautés humaines les plus simples, celles qui sont faites pour les enfants. Du haut de ses douze ans, Angélique avait déjà clairement constaté que sa nature ne faisait qu'empirer cette cruauté.
Elle acheta son roman et quittant l'air froid de la librairie climatisée, entra dans la fournaise du zénith. Le pendentif en bronze que son oncle lui avait offert quand elle était petite commença à chauffer, la brulant presque. Elle le retira et le mit dans la poche de son short. Elle flâna dans les rues lourdes et suintantes des bords du fleuve en quête d'un coin à l'ombre, loin des bourdonnements des cafés et de l'ennui des impatients. Sérénité. Angoisse. Ennui. Impatience. Joie. Tristesse. Colère. Amour. Tous ce que les gens ressentaient, elle le ressentait aussi.
Quand elle était entrée au collège, ces sentiments qui n'étaient pas les siens avaient commencé à se manifester. Puis les sons avaient grandi et les ombres avaient disparu. A présent, elle pouvait localiser un murmure à cent mètres environ. De même, elle voyait parfaitement dans le noir complet. Son oncle lui avait dit que c'était tout à fait normal à son âge mais sa tante, Talhaïs, lui avait formellement interdit d'aborder le sujet de nouveau.
Elle s'arrêta pour acheter un sandwich puis partit s'installer derrière l'ombre d'une église dans une petite place ronde déserte où elle entama son roman. Concentrée, elle coinça une mèche de sa tignasse châtain derrière son oreille, ses yeux bleus pétillant, allant et venant de gauche à droite sur le livre. Elle tourna les pages petit à petit. Ses pensées errèrent lentement pour revenir au livre avant de repartir vers Les Trois Mousquetaires.
D'Artagnan, le héros avait perdu son père au début du roman mais au moins, il l'avait connu. Angélique, elle, ne connaissait même pas leurs visages. Tante Talhaïs, lui avait expliqué que ses parents avaient été victimes d'un attentat durant leur voyage de noces. Elle lui avait montré leurs tombes et avait déclaré que parler des morts n'avancerait jamais les vivants. Le sujet était donc devenu tabou. Face à ce genre de situation, Oncle Jean acquiesçait silencieusement avant de lui montrer des jouets de son artisanat pour lui alléger l'esprit.
Soudain, un bruit la tira de sa rêverie. Un groupe de garçons de sa classe étaient à deux rues d'ici. Leur musique lancinante résonnait dans les parois de la place. Elle préféra ne pas bouger pour autant. Après tout que pouvaient-ils lui faire à part quelques insultes qu'elle connaissait déjà par cœur ?
Quand ils déboulèrent sur la place, Angélique était la première chose qu'ils virent. Ils étaient cinq. La jeune fille les connaissait bien, une bande de lourdauds orgueilleux qu'elle supportait depuis la maternelle. Sur ses gardes, Angélique fit mine de ne pas les voir, les yeux rivés sur son roman. Ils se rapprochèrent. L'un d'entre eux l'insulta. Elle ne ressentait qu'une joie malsaine venant du coupable. A ce moment-là, elle leva son regard vers eux. Ils étaient à sa hauteur. L'un d'entre eux, un rouquin, Max -le seul nom que la jeune fille lui avait trouvé - jeta un coup de pied dans le précieux livre.
-Tu fais quoi Nodeiss ? Tu lis ? railla-t-il.
Nodeiss... Ce nom avait beau être sur tous ses papiers d'identité et sur la tombe de ses parents, il sonnait incroyablement faux.
- Oui, ça s'appelle se cultiver, répliqua-t-elle en se levant pour aller le chercher.
Cet abruti avait râpé la couverture et corné les coins... Elle en enleva la poussière. Un petit blond le lui arracha des mains.
- Regardez on peut jouer au foot avec !
Il le lança vers le haut et le passa à un de ses camarades par un habile coup de pied.
- Rendez le moi !
Ils continuèrent de jouer comme si elle n'existait pas. Son cœur battit plus vite.
- Arrêtez !
Elle courut désespérément après son livre. Son sang pulsait dans ses veines. Sa gorge se serrait, les larmes montaient.
- Arrêtez...
Elle ne sentait absolument rien. Juste une rage sourde et violente.
- Arrêtez.
Sa voix était froide, sombre et autoritaire. Jamais les mots ne lui avaient semblés si primitifs, voire même bestiaux. Les garçons s'étaient arrêtés, inquiets. Puis tout alla très vite. La fillette eut un battement de cils et ses agresseurs furent projetés en arrière. Le livre vola et l'église trembla. Les murs cernant la place frémirent.
Quand tout s'était arrêté, elle reprit ses esprits et constata la cruelle réalité. Les cinq garçons étaient éparpillés dans la place parmi quelques tuiles qui n'avaient pas survécu et le malheureux Scaramouche gisait, ouvert, vomissant quelques pages.
Angélique vérifia si les corps inconscients vivaient toujours. Leurs coeurs battaient, c'était suffisant. Elle ramassa son livre et s'enfuit loin de cette place, la peur au ventre. Elle erra toute la journée dans tous les quartiers de la ville les larmes aux yeux, et le coeur rongé par la terreur.
Elle ne décida de rentrer chez elle que lorsque le dernier Crépuscule embrasa le ciel. En cet instant, elle sut deux choses : d'une part des policiers viendraient sinon ce soir, ce serait demain, et d'autre part, cet accès de colère venait de signer son passeport pour l'enfer que serait sa quatrième le lendemain.
Commentaires :
Ices2iceS
Bonjour ! Alors 1ere impression, un chouillat de surdétermination. Les pluies de paris de décembre, le froid et le gel de la nuit, deux boutiques condamnées depuis longtemps. Tu met beaucoup d'indications par phrases et ca rend le tout lourd et bizarrement, pas précis du tout. Vise simple et surtout decris mieux. Qu'est ce qui lui fait dite que les maisons sont abandonnées? Leur aspect? La toiture penche? les portes n'ont pas de poignées. Ici tu pourrais simplifier tes phrases, et étoffer tes descriptions. Même remarque pour la réplique " je n'ai pas d'ordre à recevoir de vous... et la suite". Les descriptions peuvent être scindées pour plus de clarté. Ex :replique-t-elle sèchement. Elle ne coula pas un regard vers la jeunette, qui, mains et pieds joints, baissa les yeux et eut un sourire affaissé, honteuse d'elle même. Bien sûr , j'aime la sonorite de tes phrase, mais couper tes phrases apporterait plus de clarté et multiplierai l'effet de ta plume, qui est je dois dire, très très jolie. Quelques répetition, je pense à abondamment*que j'ai lu 2 fois en moins de 10 phrases. Aussi, fait gaffe a ne pas abuser des adverbes en -ment , car ils alourdissent tes phrases et appauvrissent le ton de ton récit. Attention egalement a la ponctuation : Son oncle Jean et elle avaient cette tradition depuis le jour... et la suite manque de pause, pense a mettre des virgules. Enfin, tu exprime ses réactions corporelles et celà est très bien, mais n'hésite pas a parler de colère, de rage, car elle est désespérée mais à part le coeur qui accélère, on ne ressent rien de son malaise. En conclusion, ton texte et bon, pas de fautes qui m'ait sauté aux yeux, tout a un sens et est bien tissé. Je trouve les description de l'action pas assez poussées mais j'ai beaucoup aimé comme, en quelques mots, tu as decris le parc entouré de mûr. Fin voilà. Dans l'espoir d'avoir aidé , Ice.
--------
Samayti
Salut jeune écrivain ou plutôt "écrivaine". Dans un premier temps, je tiens à m'excuser mais ce petit com se fait sans mon outil informatique. Il risque donc d'être un peu moyen dans sa présentation. Bon attaquons. Aujourd'hui me voilà face à un texte en demi-teinte. Il y a du bon, mais reste moyen pour quelques raisons. Mais n'attendons pas plus et entrons dans le vif du sujet.
--> Samayti
Dernier repproche... Et pas des moindres, mais le niveau est là pour que j'ose le faire. Il va falloir que tu sortes les tripes ! Tu as tout ce qu'il te faut en main, mais il va falloir oser sortir des sentiers battues, faire des choses plus puissantes. Si tu veux vraiment sortir du lot, il faut imprimer une ambiance plus féerique, ou plus Dark ou plus tout ce que tu veux, mais il va falloir sortir les "balls" ! Désolé mais je n'arrive pas à trouver meilleure expression. Bref, allez plus loin, plus fort pour donner une âme et une véritable identité à ton texte qui reste encore un peu plat. Bref, pour conclure, un texte plein de promesse qui mérite encore un peu de travail. -Sortir des sentiers battues scénaristiquement, ou oser au moins raconter avec moins de classicisme. -Ne pas hésiter à revenir vers des tournures de phrases plus simples pour éclaircir les propos parfois peu clair. -Allonger la durée d'une scène, que ce soit par l'action ou par la description. -Ne pas hésiter à regarder ce qui s'est fait avant pour s'inspirer ! -Oser ! Je résumerai en te le confirmant, tu es sur la bonne voie. Continu de travailler, le résultat est honorable, il mérite encore un peu de travail ! Alors accroches toi, et continu sur cette voie !
--> Samayti
Pour ta plume, fais attention, tu écris bien mais certaines phrases trop longues ou mal boutiquées en deviennent un peu rapeuse. Notamment "claquant la porte...chaleur du foyer", évite de multiplier les participes présents en y ajoutant des "et","qui" et autres "à". Pour une plume légère comme la tienne, ça saute immédiatement aux yeux. Reprend les phrases longues et met coupe les en deux. Il doit y en avoir 3-4 dans ton texte, peu je te le confirme, mais ça saute aux yeux.
--> Samayti
Tu peux aussi creusé du côté de la tante/majesté dont il semble que ta personnage principale semble avoir du mal à qualifier. Un ou deux petits mots bien placés pourrait ouvrir ton lecteur vers ton monde en lui mettant la puce à l'oreille. La suite est quant à elle plus chaotique. On conserve toujours cette jolie plume, avec un certain goût pour les descriptions simples mais qui posent l'ambiance. La dessus, je reste content. Petite remarque qui n'en est pas une, le passage prologue chapitre I mérite d'être plus marqué. Peut être cela vient il du copier/coller de la Wpacademy. Si c'est le cas, dit le moi que j'aille faire une réclamation dans le bureau du directeur ! Sinon, triple saut de ligne stp. Penchons nous ensemble sur le contenu maintenant. On reste dans le genre ultra classique, vu/revu (et rerevu derrière)... La petite fille associable, la cona**** du collège/meilleure ennemie, le groupe de boloss ... Encore une fois, je sais qu'il est difficile de renverser le genre a chaque fois, mais toi, je suis sûr que tu peux faire mieux !
--> Samayti
Pour ton prologue, il faut avouer qu'il n'y a pas grand chose à redire. Une vraie ambiance joliement posée, tu as une jolie plume et décris simplement mais avec une once de poésie. De ce côté, pas grand chose à redire. Par contre, ca reste très classique. Du coup, on se doute un peu de ce que tu vas nous sortir ensuite. Et on s'attend sans suprise à ce que tu vas nous raconter ensuite. C'est un peu dommage. Mais bon, on peut pas bousculer les lignes à chaque fois. Ceci étant, je pense que vu la plume, le second repproche que je vais te faire est justifié : trop court. Si tu n'arrives pas à étirer le prologue un peu plus. Il faudra réfléchir plus avant à son intérêt. Si (comme je le pense ici), ton prologue a un vrai intérêt, essaie de lallonger un peu. Avec ta capacité a décrire, ce ne sera pas trop compliqué, le Paris de nuit, les sentiments de la femme-servante, son implications dans ton monde... Les possibilités ne manquent pas.
--------
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top