Texte n°388

En cette fin de matinée du mois de Juillet, affalée sur le lit dans la chambre de mes parents, je regarde la chaîne musicale. Il fait chaud, je m'ennuie. Une nouvelle chanson débute, le chanteur parle d'amour et de la femme qu'il aime. Le clip est à l'image des paroles de la chanson : simpliste.

Je pense à lui, qu'est-ce qu'il a bien pu me manquer...Une nouvelle chanson débute. C'est décidé, je vais aller le voir cet après-midi ! Je ne l'ai pas vu depuis mon retour de vacances, ça ne fait que deux jours mais je n'ai plus envie de perdre ne serait-ce qu'une seule journée. Il me manque. Il m'a trop manqué durant les vacances.

Je me revois encore, sur le transat de la maison de vacances, tentant d'essayer de bronzer tout en pensant à lui. Pensant à son sourire, sa voix, ses mains et son corps, humm ce corps que je goûterais volontiers. Toutes ces heures passées à chercher un moyen de lui parler de ce que j'ai sur le cœur. Après deux semaines passées éloignés l'un de l'autre, je n'en peux plus. Je suis prête, j'ai trouvé le courage. Maintenant, il va falloir que je lui dise à quel point il m'a manqué, à quel point il compte dans ma vie, à quel point je l'aime... Bon, à bien y réfléchir, la dernière phrase je ne vais peut-être pas la lui dire de cette manière, un peu moins direct et ça sera parfait.

Est-ce qu'il a bien reçu ma carte postale ? J'ai longuement hésité à propos de ce que j'allais y inscrire alors j'espère que ça lui aura fait plaisir. Je n'ai pas eu de nouvelles depuis que je suis partie en vacances, j'en ai même fait la réflexion à Claire tout en essayant de ne pas dévoiler à quel point cela comptait pour moi. Il a dû être vraiment pris de tous les côtés. Voyons le côté positif, on va avoir pleins de choses à se raconter du coup.

C'est décidé, je vais l'appeler à midi !

Et à la seule idée d'entendre de nouveau le son de sa voix, je redeviens cette petite chose incapable de contrôler les battements de son propre cœur.

Et je pense à lui pour la centième fois en l'espace de deux minutes tout en souriant comme une idiote.

Soudain on frappe à la porte. Je suis tirée de ma rêverie par ma mère. Elle a l'air grave. Que se passe-t-il, ai-je fait une bêtise ? Elle me dévisage en ayant l'air de chercher ses mots, je comprends alors que le sujet est capital. Mon sourire s'évanouit, mon visage se vide de son sang et après de longues secondes ma mère ouvre la bouche. Je me redresse et m'assieds au bord du lit.

— Ma chérie, la mère de Julien vient d'appeler... je suis désolée ma chérie, Julien est mort. Il... il s'est... il a...il a décidé de partir. Elle a reçu la carte que tu lui as envoyée, alors elle a appelé.

Ma première pensée est de me dire, non, de souhaiter qu'il s'agisse d'un autre Julien, j'ai d'autres amis s'appelant ainsi et malheureusement j'ai une pensée peu charitable, je souhaite qu'il s'agisse de l'un des autres. Mais non.

Et là tout de suite, il faut que je m'isole. Mes pensées sont incohérentes : il faut que je bouge, que je prenne l'air, que je m'enferme, j'ai froid, j'ai chaud, j'étouffe, je ne sais plus, mon cerveau ne répond plus. Je me retrouve, sans réellement m'en rendre compte, dans ma chambre. Je balaye la pièce du regard, les yeux emplis de larmes j'essaie d'assimiler ce qui se passe. Lorsque la réalité me rattrape enfin, je me retrouve la tête enfoncée dans le matelas de mon lit à crier et pleurer toutes les larmes de mon corps. Je hurle son prénom, je hurle de douleur. Le temps s'arrête, j'en perds la notion.

Le soleil vient de se coucher sur ma vie. Le sol pourrait s'ouvrir sous mes pieds que je ne me sentirais pas plus mal. Au contraire, s'il pouvait s'ouvrir maintenant et m'avaler entièrement, ce serait un soulagement.

Mon cœur saigne. Je frappe mon matelas de grands coups de poing. NON ! NON ! NON ! Ce n'est pas possible... pas lui... il ne peut pas être parti... je vais me réveiller et ce ne sera qu'un terrible cauchemar.

Non ! Il ne peut pas avoir choisi de partir, il ne peut pas m'avoir fait ça ! Mon cœur vient de se briser, j'ai pu entendre moi-même le craquement sourd qui vient de se produire dans ma poitrine. Je suis brisée de l'intérieur.

Non ! Ce n'est pas vrai, rien de tout ça n'est vrai, on me joue un mauvais tour, tout ceci est inconcevable. C'est impossible, hors de question !

Il faut que je voie Arthur tout de suite. Il faut que je lui parle, il faut que je sache. C'est la seule chose que je peux faire à cet instant. Alors je bondis hors de mon lit, je passe devant mon miroir et je ne reconnais pas le visage qui s'y reflète. Cette fille aux yeux bouffis et rougis, le visage maculé de larmes, a une expression désespérée que je ne lui connais pas. Je ne lui accorde pas d'importance, plus rien n'en a à partir de maintenant.

Je descends les marches de l'escalier quatre par quatre, et je retrouve mes parents installés à table devant le repas avec mes petites sœurs. Mon repas préféré, des lasagnes.

— Chérie, essaye de manger un peu. Viens manger avec nous s'il te plait ! Implore ma mère.

— Non, désolée je ne peux pas maman, je n'ai vraiment pas faim. Il faut que je parle à Arthur, je vais chez lui. Il le faut, parvins-je à articuler en attrapant mon trousseau de clés dans la coupe située près de la porte de la cuisine.

Mes parents acquiescent silencieusement, incapables de soulager ma peine. Toute ma famille m'observe mais je ne peux pas soutenir leurs regards, je tourne le dos et pars en direction de la maison du voisin. Pourvu qu'Arthur soit chez lui, j'ai tellement besoin de lui parler maintenant, il faut qu'il soit là, je ne pourrai pas supporter de rester comme ça bien longtemps. Alors je sonne fébrilement à la porte de chez lui et j'attends.

Arthur vient m'ouvrir, il a l'air fatigué, désespéré. Son regard est éteint. Quand il s'aperçoit que je suis sous son porche, son expression devient encore plus triste et désolée. Il a l'air désolé pour moi. Mon Dieu, non....

— Arthur, je... Julien, il... il... je bégaye, les mots refusent de sortir, ils le refusent car s'ils sortent, tout deviendra réel et cela n'est pas possible.

— Oui Pauline...viens avec moi on va aller dans le squat.

Nous nous dirigeons vers son jardin, vers leur squat. Nous devons échanger quelques mots, mais ma conscience s'est faite la malle et je ne peux pas me souvenir de ce que nous avons bien pu nous dire. Je suis en état de choc. Je pense uniquement que c'est la première fois que je vais rentrer dans leur squat, et que pour rien au monde je n'aurais imaginé que ma première fois aurait lieu à cette occasion. La vie est une belle pourriture qui a un sens de l'humour des plus tordus....

Arthur m'ouvre la porte du cabanon et m'invite à rentrer. A l'intérieur, les murs sont tagués, des chaises par dizaines se trouvent contre les murs et une table basse trône au milieu de la pièce. Après toutes ces années, je découvre enfin leur repaire.

Arthur s'assoit sur l'une des chaises et m'invite à faire de même. Devant toutes les chaises qui se présentent à moi, j'en choisis une, purement au hasard, rien ne la différencie des autres. Elle se trouve installée entre d'autres chaises, sans pour autant être au milieu. Mais cette chaise m'attire alors je m'y installe. Après m'être assise je lève le regard vers Arthur qui me scrute avec des yeux écarquillés.

— Qu'y a-t-il ?

— Oh, c'est juste que ça me fait vraiment bizarre.

— Bizarre quoi ? Que je sois là ?

— Non, non, c'est juste que tu t'es assise sur sa chaise. C'est la chaise de Julien.

— Oh...

Je pense ne jamais m'être levée aussi vite d'une chaise de toute ma vie. On m'aurait mordu les fesses que je n'aurais pas pu faire plus vite. Mais c'en est trop, non je ne peux pas, je ne peux pas m'asseoir sur sa chaise. Parmi toutes les chaises il faut que je tombe sur la sienne, c'est plus que je ne peux supporter.

Je m'assois sur celle située à côté ne pouvant me retenir de fixer la sienne en pleurant. Qu'est-ce qui m'arrive ? Je me prends la tête entre les mains, les coudes posés sur mes genoux j'essaye de respirer entre mes sanglots incontrôlables.

Non, c'est trop dur, je ne vais pas me relever de tout ça. Pourquoi, mais putain pourquoi ????

Arthur parvient à me calmer un peu, je réussis à m'arrêter de pleurer pour quelques instants grâce à lui. Sa peine est grande, elle est visible tout comme la mienne. Lui vient de perdre l'un de ses meilleurs amis, et moi je viens de perdre... mon meilleur ami, mon amour... et je viens de perdre un peu de moi aussi. Plus rien ne sera jamais comme avant.

Tous les deux, on parle de Julien, je lui pose des questions. J'ai besoin de savoir certaines choses, d'essayer de comprendre ce qui a bien pu se passer.

Arthur me parle de la lettre d'adieu que Julien a laissée. Il se propose de me la faire passer pour que je puisse la lire. J'accepte, je veux tenter de savoir pourquoi nous en sommes arrivés là. Il me parle des circonstances de sa mort, du moins celles qu'il connait. Il m'apprend que les funérailles ont eu lieu. Son père n'y était pas invité car Julien l'avait refusé dans sa lettre. Par conséquent, il va organiser une petite cérémonie dans quelques jours. La dernière occasion que j'aurai de lui dire au revoir. Quelle belle blague que la vie me fait, il détestait son père au point de lui interdire de venir aux funérailles, et moi je vais devoir rencontrer ce père détesté pour dire au revoir à mon amour.

Je crois qu'on m'achève là. Oui, on veut m'achever, tout s'est passé alors que j'étais à des centaines de kilomètres, je n'ai rien su. Et maintenant je me retrouve sans rien, on m'a même retiré le droit de lui dire au revoir comme il se doit.

Deux heures plus tard, je rentre chez moi péniblement, je suis vide, tout est terminé. Tout est fini et je ne peux plus revenir en arrière. Je reste seule avec mes regrets et mon cœur brisé. Jamais je ne pourrai lui dire que je l'aime, je n'en aurai plus l'occasion. J'avais peur de la vie, peur de le perdre si je lui avais dit tout ce que je ressentais pour lui. J'aurais mieux fait d'avoir peur de la mort et de croquer chaque seconde de cette vie, chaque instant passé à ses côtés. Non c'est faux, j'ai profité de chaque minute que j'ai pu passer avec lui, je n'ai cependant pas eu le courage de lui dire la vérité. Et maintenant je suis seule, seule avec sur mon dos un sac rempli de regrets qui me cloue sur place. Autour de moi les gens continuent de marcher et d'avancer, mais moi je suis à l'arrêt. Tout glisse sur moi car je ne suis plus là, seul mon corps physique est là, mon esprit, lui, essaye de s'évader pour le rejoindre et apaiser toute cette souffrance qui vient de s'abattre sur moi.

Je le pleure, je le pleure tellement que je me demande comment mon corps peut fabriquer autant de larmes. J'ai l'impression que je vais passer le restant de mes jours à pleurer tellement mon chagrin m'étouffe. Rien ne l'apaisera, je le sens, je le sais, il va m'accompagner tout au long de mon chemin et c'est trop dur à supporter.

Dois-je le rejoindre ? Nous serions deux amoureux éternels allégés de leur souffrance, du moins s'il y a un après. L'idée est tentante, la mort m'appelle, elle seule peut apaiser ma souffrance. J'y pense alors que je n'ai jamais eu ce genre d'idées. M'endormir tranquillement et le rejoindre, ne plus ressentir, ne plus penser, ne plus avoir mal. Etre juste bien, bien avec lui. J'hésite, je veux être en paix moi aussi, je veux arrêter de souffrir, j'ai trop mal, c'est trop dur à vivre. Malgré tout, je ne peux pas. Non je m'y refuse. Je ne peux pas accepter l'idée de partir le rejoindre quand je vois la peine qu'ont ceux qui restent. Non, j'ai moi-même trop mal pour faire autant de mal à ceux que j'aime. Je serai forte, je dois tenir. Je reste là même si mon cœur est déjà parti le rejoindre.

Le soleil vient de se faire exploser par un missile nucléaire car je vis dans la nuit. Le soleil est mort, je reste avec la lune.

Et toute notre histoire remonte en moi telle une vague qui se brise, qui me brise...

Commentaires :

LS_Writers
Hey ! J'ai lu le texte et franchement il ne m'a absolument pas convaincu. Les faits sont rapportés de manière presque froide et automatique. C'est assez rapide et prévisible. On n'a pas la temps de ressentir les émotions de la protagoniste, ce qui est vite lassant. Bon courage pour améliorer ces détails

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omegaleo
Salut. Ton histoire est plutôt correcte d'un point de vue forme mais sur le fond... Comme l'a dit @Lallyhammer , on n'a pas de ressentis et les faits sont trop prévisibles. Le coup du copain qui meurt, on le sens venir ,pareil pour la chaise. Au final le lecteur n'est pas réellement surpris. Il manque DE descriptions et peut être d'émotions du personnage... n'hésite pas à mettre de l'ironie, du dédain...afin que l'on puisse se plonger plus facilement dans l'histoire. Bonne continuation

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thelatestbeliever
L'auteur de ce texte peut-il me contacter en MP ?

--> thelatestbeliever
😊

--> gonna-love-me
J'allais demander pareille

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Lallyhammer
bonsoir et merci pour ton texte. J'ai lu ce texte jusqu'au bout. L'écriture ne m'a pas gênée. C'est même plutôt fluide. On cerne le perso principal, son environnement, ses sentiments. Cependant, il manque quelque chose. Alors te dire quoi exactement, je n'en sais rien, mais le fait est que ton txte n'a rien déclenché en moi. pourtant l'histoire débute tristement, mais dans la description de sa peine, il ne transperce rien. C'est des mots qui ne font rien ressentir au lecteur. J'ai lu hier un livre qui raconte l'histoire d'ado, en classe de terminale. Dans ce livre, j'ai éclaté de rire, comme j'ai versé de grosses larmes. Le livre est de Gilles LEGARDINIER, "Et soudain tout change". 400 pages de pur bonheur. Il sait parfaitement créer le ressenti... Si t'as un aprem devant toi, je te le conseille, tu ne perdras pas ton temps. (ps : ne le cherche pas sur Wattpad, biensûr, il est édité aux Editions POCKET. Donc, il faut (à mon avis) créer du fond de manière à ce que l'on ressente nous aussi sa peine. Utilise nos 5 sens, tout ce qu'elle touche , qu'elle sent... ça va créer un souvenir au lecteur qui pourra alors s'approprier les mêmes sentiments et ressentis que ton héroïne. Bon courage

--> kiwilexie
Ptn dès que j'ai lu "éclate de rire comme j'ai versé de grosses larmes" j'ai tout de suite pensé à ce livre ! Il est trop bieeeen ! Ah et j'adore tes commentaires sur ce truc. Enfin j'aime le concept de la critique comme ça. J'aurai bien proposé mon histoire si mon premier chapitre n'était pas aussi nul comparé à la suite...

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