5

Depuis treize jours nous sommes réfugiés, enterrés dans une cave.

Plus un bruit depuis notre grande frayeur hier : des bottes ont foulé le sol au-dessus de nous. On entendait très distinctement les talons cogner sur le parquet de la cuisine. Des soldats, sûrement.

Nous avons eu tous les trois très peur, mais ils n'ont pas trouvé l'entrée du souterrain. C'était peut-être une bonne chose que la trappe soit recouverte.

Je suis avec ma mère au fond de notre cachette, près des bouteilles. Nous avons empilé deux cantines devant nous parce que Papa s'échine à casser la trappe et des débris tombent depuis dix minutes. Maman voulait attendre un jour de plus, mais mon père n'a pas tenu.

Depuis notre arrivée ici j'ai senti la panique en lui pour la première fois. Je ne comprends pas pourquoi il s'affole. Les coups donnés depuis le haut de l'échelle métallique sont frénétiques. Il nous garantit depuis un quart d'heure que l'entrave ne tiendrait pas plus de deux minutes. On attend, sagement, toujours dans le noir le plus total.

Tellement je suis impatiente j'arrive plus à me raconter mon histoire comme avant. Pourtant je la sens au fond de moi et je suis sûre qu'elle reviendra, mot pour mot. Pour mon précepteur, pour mes amis, pour moi, pour la vie.

Enfin ! Il est arrivé à casser le premier obstacle. Maman et moi sommes en bas des marches, derrière lui, les visages levés, prêtes à l'accompagner dehors. Papa s'arc-boute, le coffre gênant glisse centimètre par centimètre. Nous sommes tous fébriles. Le lourd fardeau coulisse, glisse. Enfin la sortie !

Lumière.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top