Chapitre 34


Bonsoir,

Je vous souhaite un bon réveillon, prenez soin de  vous.

Je vous embrasse. 


- Que s'est-il passé ?

La voix douce et hésitante de la jeune femme l'arracha à ses souvenirs qui ne le quitteraient sans doute jamais. Il expira longuement, les narines frémissantes, et ressentit une étrange douleur sur ses balafres.

Après la peine indicible qu'elle venait de ressentir Hadjar n'était pas en capacité de se fermer à nouveau et l'écarter de sa vie, au risque de creuser un fossé entre eux. Cependant ce souvenir en particulier était l'un des plus douloureux. Un souvenir qui est et restera gravé dans ses chairs à jamais.

- Hada était ma nourrice depuis ma naissance, elle m'a pratiquement élevé, commença-t-il sans se retourner, le dos raide, et le regard rivé sur les jardins. Ma mère était une femme très aimante mais son devoir envers mon père a toujours été sa priorité.

- Elle ne s'occupait pas de toi ?

- C'était une relation très formelle entre nous, répondit-il d'une voix qu'il eut peine à reconnaître lui-même. Je n'ai jamais réellement su si elle m'a aimé, ou du moins si c'est le cas, je ne le saurais jamais.

Il inspira profondément et l'odeur sucré de son parfum se propagea autour de lui, le poussant à enfin se retourner.

- Comment...Comment est-elle morte ? Demanda-t-elle avec hésitation.

- Méningite foudroyante.

Les yeux magnifiques de la jeune femme se mirent à briller de compassion et de peine mêlées.

- Je suis sincèrement désolée.

- Tu n'y es pour rien habibti, dit-il les traits profondément creusés par une succession d'images marquantes qui ravageait son esprit. Hada a été là pour moi et se comportait comme une mère. C'est sans doute elle qui me donnait l'impression d'avoir un peu d'humanité en moi. Chaque fois que je commençais à me fondre dans la noirceur elle savait comment me guider pour me faire sentir enfant.

Soudain il prit conscience qu'elle était en peignoir sur le balcon et une jalousie aiguë le poussa à la prendre par le coude pour retourner à l'intérieur.

- À partir de l'adolescence elle a été la première à comprendre que je n'étais pas comme les autres.

Hadjar se détourna pour gagner le fauteuil et s'y installa, les coudes posés sur ses cuisses, les mains croisées, et le regard rivé sur le tapis.

- Quand mon oncle m'a déclaré la guerre, j'ai dû fuir pour mener à bien ma mission afin de gagner cette guerre, reprit-il d'une voix où la rage sifflait dans le fond de sa gorge. J'avais promis de protéger Hada, mais lui savait qu'elle était mon point sensible. Il savait pertinemment que s'il s'en prenait à elle, cela allait m'affaiblir.

Hadjar déglutit, les mâchoires crispées.

- Il l'a tué, finit-il par dire, une douleur dans la voix qu'il n'avait pas eu le temps de réprimer.

- Hadjar...

Il releva les yeux dans sa direction et ses yeux voilés de tristesse aiguisa la plaie béante qui ne s'était jamais refermée.

- En la tuant, il a réussi à me détruire de l'intérieur, et j'ai été affaibli prenant des jours. Mes soldats ont alors pensés que je ne serais pas capable de mener cette guerre et pendant une fraction de seconde j'ai cru que je n'en serais pas capable.

Jane fit quelques pas vers lui puis s'arrêta à mi-chemin, profondément touchée par la peine posée sur le visage dur du cheikh qui d'ordinaire était inexpressif.

- Mais ils avaient torts, tout comme mon oncle car son assassinat m'a rendu encore plus barbare et impitoyable, dit-il entre ses dents comme s'il était en train de revivre le fil de cette guerre de son commencement à sa fin.

- Tu n'es pas responsable de sa mort, c'est ton oncle qui est le monstre dans cette sordide guerre. Tu ne pouvais pas sauver tout le monde.

- J'aurai dû la protéger davantage, et c'est exactement la raison pour laquelle je ne fais pas confiance à mes alliés car les deux hommes en charge de la protéger étaient des traîtres.

Jane tenta de s'approcher un peu plus, la bouche sèche sous le regard sombre du cheikh.

- Je n'ai aucune confiance en personne, ajouta-t-il sur un ton définitif.

- Pas même en Charik ?

- Il demeure et continuera de demeurer mon plus fidèle confident. Cependant il sait que ma confiance en lui sera toujours remise en question chaque fois qu'il sera nécessaire de le faire.

- Et il ne le prend pas mal ?

- Non, il sait comment je fonctionne, et je ne changerai pas, répondit-il fermement. Pour certains cela peut paraître comme de l'obsession maladive mais pour moi, je préfère paraître comme un fou plutôt que de perdre encore quelqu'un.

- Mais tu as conscience que ça te ronge de l'intérieur ? Tu n'as jamais l'air apaisé ou en paix.

Ses yeux noirs furent aussitôt transpercés d'une lueur indescriptible. Il tendit ensuite sa main afin qu'elle s'avance vers lui.

Surprise d'une hésitation elle se mordit la lèvre inférieure en marchant lentement vers lui.

Dès qu'elle fut assez proche, il encercla son poignet pour l'attirer sur ses genoux.

- Quand je suis avec toi, je me sens apaisé, mais la paix prendra du temps à s'installer en moi.

Un sentiment assez troublant lui comprima le cœur alors que son visage était tout proche de son imposant visage, si bien qu'elle pouvait voir toutes les imperfections de ses balafres.

- Arrête de me traiter comme une prisonnière si tu veux que...

- Je m'efforce de le faire, j'ai essayé, je l'ai même souhaité avant de réaliser que je me mentais.

Jane posa ses mains sur son torse pour s'écarter, sous le choc.

- C'est horrible je sais, poursuivit-il en la tenant assez fermement pour qu'elle ne lui échappe pas. Seulement je crains que si je me retire de l'esprit que tu es sous mon contrôle, je cède à nouveau à tes demandes comme je l'ai fait aujourd'hui et que cela puisse te mettre en danger.

- Non ça n'a absolument aucun lien avec le fait que...

- Au contraire, car tu as l'étrange pouvoir de me faire céder et ça, c'est parce que tu m'es importante.

- Tu m'as assez prouvé que tu étais autoritaire et directif, tu n'as pas besoin de me traiter comme une prisonnière mais comme ta femme Hadjar. Et il ne va rien m'arriver.

Il se rembrunit brutalement.

- Tant que je ne serais pas totalement sûr que tu ne risques plus rien, la situation restera inchangée et tu as raison, tu es ma femme. Le problème c'est que dès que j'ai le malheur de céder à mon épouse trop curieuse, un danger s'en mêle.

- Tu es l'homme le plus étrange qui puisse exister sur cette planète.

- Bienvenue dans mon monde Jane, je n'ai pas dit que ça serait facile.

- Tu continues de me voir comme ta captive alors que je suis censé être ta femme, cela signifie que tu n'auras jamais confiance en moi comme tu n'as pas confiance en tes alliés.

- Arrête ! Tu sais que c'est faux ! S'emporta-t-il en la dévisageant.

- Dans ce cas arrête de me traiter comme ta captive ou sinon enferme-moi dans ton harem avec d'autres femmes ça aura plus de sens.

Au lieu de l'agacer un peu plus le cheikh semblait se retenir de rire.

- Je pourrais en effet...

Sous ses airs amusés, Jane n'arrivait pas à déceler s'il était sérieux ou non.

- Dans ce cas je suis prête à m'y rendre, au moins j'aurais...

- Fais attention à ce que tu souhaites Jane, chuchota-t-il en glissant ses doigts sur sa gorge pour ensuite les faire tomber à l'échancrure du peignoir.

Hadjar avait pleine conscience qu'il avait été blessant mais il valait mieux qu'il lui dise la vérité. Tant qu'il n'aurait pas découvert ce qui se cache derrière les prédictions de Saoud, il refusait de se conduire avec imprudence et céder tout ça parce qu'il refusait de blesser cette jeune femme dévorée par l'envie de renouer avec le monde. Le moindre écart de sa part et il avait le pressentiment qu'il allait perdre bien pire que la vie.

Qu'elle le veuille ou non, il refusait de faire les mêmes erreurs du passé.

Un sentiment primitif commença lentement à obscurcir la pièce alors qu'il brûlait de la faire sienne.

- Tu es ma femme, n'en doute jamais et un jour j'espère que tu comprendras les raisons qui m'ont poussé à te garder ici envers et contre tout.

Sur ces dernières paroles, alors que sa voix avait brusquement prit des tons plus rauques il écarta les pans du peignoir pour faire émerger sa poitrine.

Elle exhala un soupir qui ne trompait pas et il sentit contre son avant-bras posé dans son dos que la raideur se dissipait déjà.

Elle répondait déjà à son souffle sur sa peau diaphane et si délicate. Il fit glisser ses paumes de main sur ses épaules afin d'écarter totalement le peignoir.

Rien n'était en mesure de contrôler ce désir si violent qui ne s'arrêtait plus de couler des ses veines.

Il happa de sa bouche l'un de ses seins et elle lui répondit par un long soupir. Leurs deux corps se réclamaient en urgence, épris l'un comme l'autre par un feu ardent.

Elle gémit alors qu'il cherchait sa bouche tout en la plaçant à califourchon sur lui.

Hadjar serra les dents en faisant émerger son sexe érigé et ne perdit pas de temps pour le glisser en elle. Seulement cette fois-ci c'est elle qui était aux commandes et très doucement elle commença à se mouvoir en lui.

La secousse était violente, il eut peine à reconnaître lui-même le râle qu'il venait de pousser.

Sa belle captive et épouse se mouvait sur lui d'abord timidement, encouragé par ses grandes mains qu'il avait posé sur ses fesses.

- Je n'ai pas besoin de concubines et encore moins d'un harem quand une seule femme arrive à mon comblé, articula Hadjar en fixant avec fierté et plaisir la belle Jane aux joues empourprées d'excitations.

Le plaisir grimpa crescendo alors que Jane allait et venait sur lui avec réserve et le désir que ça ne s'arrête jamais. Il tenait ses fesses dans ses mains puissantes et l'encourageait d'une voix chargée de plaisir.

La bouche entrouverte elle gémit encore plus fort en se retenant au dossier du fauteuil avant que la barbare la soulève.

L'instant d'après elle fut assise au bord de la table en verre, et le membre chaud de l'homme au regard possessif se glissa en elle mais cette fois-ci plus fort.

Il la pénétra avec bien plus de force et Jane ne pouvait pas résister à la jouissance qui montait dans son ventre de plus en plus fort.

Le frémissement de ses paupières annonçait l'indicible orgasme qui montait inexorablement dans son corps alors qu'il avait noué ses bras autour de sa taille afin de la ramener totalement contre lui.

Le désir impérieux qui n'avait de cesse de les relier s'en retrouva renforcé et quand il poussa un dernier râle rocailleux à son oreille, Jane ferma les yeux.

Comblée.

- Tu ne pourras pas toujours t'en sortir comme ça, murmura-t-elle les yeux toujours fermés alors qui cherchait ses lèvres pour les embrasser avec fièvre.

- Toi non plus, répliqua-t-il d'une voix rauque en la soulevant de la table pour la ramener jusqu'à la chambre.

Il la déposa sur le lit et remonta son pantalon, une sorte de frustration dans le regard. Comme s'il n'avait pas la moindre envie de mettre fin ce qu'il venait de se produire.

- Tu es dangereuse pour moi Jane, laissa-t-il échapper dans un souffle rauque.

- Au moins quelque chose que je suis ravie d'entendre.

- Je suis au supplice, gronda-t-il gentiment alors qu'il l'embrassait du regard.

Hadjar avait toujours eu le contrôle sur le moindre aspect de sa vie, mais il suffisait qu'il effleure un peu trop sa peau délicate pour perdre toute maîtrise.

Il attrapa le drap en soie pour la couvrir de peur que le désir émerge à nouveau, encore plus fort.

Elle se redressa sur le lit, et malgré les rougeurs qui pigmentaient ses joues, reflétant un peu de bonheur, Hadjar se devait de lui poser la question.

- Est-ce que ça va aller ?

Son beau visage apaisé se fendit un peu dans la tristesse.

- Je veux essayer...du moins je vais tenter d'oublier ce qui ne s'oublie malheureusement pas.

- Je suis désolé, j'aurai aimé que les choses soient différentes, du moins j'étais loin de m'imaginer ça.

Il prit en coupe son visage et déposa un baiser sur son front tiède.

- Le docteur Salman est désireuse de continuer à t'aider si tu le souhaites, ajouta Hadjar. Tu n'es pas obligé d'accepter mais je pense que tu devrais y réfléchir.

Elle acquiesça avec un léger sourire peu convaincant.

- Tu dois t'en aller je suppose ?

- Je dois me rendre dans le désert, je vais tâcher de ne pas être trop long.

Elle accusa la nouvelle avec peu d'enthousiasme.

- Tu seras là ce soir ?

- Bien avant ce soir, lui promit-il en se levant.

- Et moi ? Que suis-je censé faire ?

- Ce que tu veux tant que c'est à l'intérieur du palais.

Jane vit son ombrageux regard se remplir de lueurs d'avertissements.

- Et si jamais par inadvertance je me retrouve dans les jardins ?

- Je te punirais avec joie, comme mes ancêtres, tu aimeras, je n'ai pas de doute là-dessus.

Pourtant, Jane se sentit frémir sous la sombre promesse du cheikh.

- Essaye de ne pas trop jouer habibti, je ne veux pas que tu te brûles, n'agite pas trop mon côté barbare.

- Tu es incapable de faire de me faire du mal, répliqua Jane en le défiant du regard.

Impassible, il l'embrassa d'un regard indescriptible et déclara sur un ton énigmatique.

- J'ai d'autres méthodes.

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