Chapitre 4 - Un contact humain
Assise contre la vitre, je me sens un peu mieux, plus vive, moins embrouillée. Je n'ai plus envie de dormir, j'ai juste envie de comprendre. Par contre je me sens seule et j'ai froid. Soudain, quelques étages plus bas, un mouvement attire mon attention. C'est un jeune homme brun qui se relève avec un difficulté visible. Même complètement coupée du monde sonore, ce qui est d'ailleurs extrêmement troublant, j'imagine qu'il gémit. En effet, son visage se crispe lorsque qu'il tente de se mettre debout. Se rendant compte qu'il est aussi nu que moi je détourne le regard en rougissant. J'hésite à reculer pour me cacher mais j'ai trop besoin d'un contact humain. Je fais donc attention à me replier sur moi-même pour cacher mon corps et agite frénétiquement ma main pour attirer son attention. Je ne comprends pas à quoi servent autant de cellules car je n'en vois que quelques une qui semblent accueillir un humain. Je ne vois même pas la petite fille que j'ai rencontré la dernière fois et cela m'inquiète un peu mais je n'y peux rien... Par contre, je commence vraiment à croire qu'on nous endort parce qu'à part le jeune homme qui s'étire en ce moment quelques rangées plus bas et dont j'essaie d'attirer l'attention, tous dorment.
D'ailleurs celui-ci n'a pas l'air de me remarquer bien que je m'agite du mieux que je peux pour attirer son attention. Il a l'air épuisé. J'essaie de crier pour qu'il m'entende mais je me rappelle de la puissante isolation qui me coupe de lui et soupire doucement. Je prend mon mal en patience et attends qu'il lève enfin les yeux. Soudain, son regard croise enfin le mien. Alors que je détaille ses traits, il ne m'apparaît plus aussi jeune car il doit avoir dans la trentaine. Cela ne m'aide pas du tout à déterminer ce que je fais ici. En effet, rien ne semble me rapprocher des gens que je vois à part notre appartenance à l'humanité.
Dans tous les cas, je ne vais pas rater cette occasion d'avoir quelques réponses. Je cherche comment faire passer un quelconque message et mon souffle condensé sur la vitre me donne une très bonne idée. Déposant mon doigt sur le verre, je dessine un B suivi des autres lettres du mot 'bonjour'. Je le vois plisser les yeux et afficher un sourire amusé. Je regarde mon message en cherchant ce qu'il a de drôle quand je comprends mon erreur : j'ai écrit à l'endroit pour moi, lui le voit à l'envers ! Je lève les yeux au ciel devant tant d'immaturité, surtout de la part de quelqu'un ayant probablement le double de mon âge ! De toutes façons il n'y a que lui. Tiens, il écrit quelque chose lui aussi, imitant ma technique ingénieuse :
« Ton nom ? »
On a vu plus poli mais j'admets qu'écrire sur sur une baie vitrée n'est idéal. Je décide donc de lui répondre.
« Eulalie. Et toi ?
— Arthur. On est où ? »
Je hausse les épaules en signe d'ignorance et je le vois soupirer de déception. Quitte à ce qu'il soit la seule personne à qui je peux parler, je vais essayer de faire connaissance. J'ai toujours été un peu timide mais à situation exceptionnelle, comportement exceptionnel. Or, je pense qu'on peut qualifier notre situation d'exceptionnelle sans vraiment exagérer !
« Quel âge ? Lui écris-je.
— Trente. Répond-il en me faisant signe de le faire aussi.
— Seize. Quel métier ?
— Électricien. Quelle classe ?
— Première Scientifique.
— Arrivée quand ? »
Bonne question. Si seulement je savais... Je hausse encore les épaules, dépitée de ma propre incapacité à répondre à une question aussi simple. Je la lui renvoie donc mais il ne sait pas mieux que moi. Alors que je m'apprête à dessiner de nouvelles lettres, la porte coulisse, laissant apparaître la créature. Toujours aussi bleue. Toujours aussi poilue. Depuis qu'elle m'a soignée, elle me fait moins peur. Ceci dit, je ne vais pas mentir, je ne suis pas tranquille. Arthur, lui, a l'air paniqué. Il ne doit pas l'avoir vue encore. J'aurais dû lui demander, j'aurais pu le rassurer.
De toutes façons, la bête n'a pas l'air intéressée par le trentenaire aux cheveux bruns mais bien par moi. Encore ! Ma baie vitrée glisse sur le côté et le membre d'un azur grisâtre se saisit de moi en s'enroulant autour de ma taille. Sa fourrure couvre mon corps mais je rougis en pensant qu'Arthur me voit peut-être dans toute ma nudité. Je suis finalement soulagée de quitter la pièce mais je vois que cela n'a pas du tout rassuré mon nouvel ami qui affiche une incompréhension des plus totales. Je tente alors de l'apaiser par des gestes incitants au calme mais la porte se referme avant que je puisse savoir s'il a compris. Je ne peux plus rien y faire maintenant. Je me demande bien ce que me veux la créature cette fois...
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