Chapitre 1
-Combien de fois vous l'ai-je répété ? C'est pour votre bien !
Le ton glacial de mon père jeta un froid à notre discussion.Je n'insistais pas.En tant qu'héritière du siège familial, mon éducation ce devait d'être irréprochable. Et puis de toute manière, il répondait toujours cela lorsque je lui demandais : "Pourquoi n'ai je pas le droit d'aller dehors ?" Je fulminais intérieurement mais je tentais de me calmer. Je dois respirer, me détendre ce n'est pas correct de
s' énerver quand on est une jeune fille comme disent les vieux d'ici. Ainsi le repas se déroula en silence. J'avalais machinalement l'assiette de dinde aux truffes qui se présentait devant moi. Au fur et à mesure que je mangeais, les aliments avaient de moins en moins de goût.
Une fois que nous eûmes terminé, cinq serveurs vinrent débarrasser nos plats et nettoyer la table. Père se leva alors de sa chaise et quitta la pièce sans un bruit. Par politesse, j'attendis qu'on me dise de le suivre. D'une marche nonchalante, je me dirigeais dans ma chambre. Une fois arrivée devant celle-ci, je sortis la clef de ma poche et l'introduis dans la serrure. La porte s' ouvrit alors dans un horrible grincement faisant passer les hurlements d'un mort-vivant pour un
chant de Noël.
Je soulevais de mes deux mains le revers de ma robe qui trainait à mes pieds et fis quelques pas en avant. La pièce était calme et une ambiance de sérénité y régnait. C'était même trop silencieux... Je balayais du regard les milles choses qui m'entouraient : tout d'abord, une commode blanc nacrée était collée contre le papier peint horrible et délavé rose pastel qui tapisse mes murs. Il me donne envie de recracher mon dîner. Sur ce meuble, ma collection de films et de CD de musique que j'aime écouter en cachette quand mon père n'est pas là avec mon lecteur car ce dernier ne veux pas que j'ai de téléphone.Normalement, je n'ai pas le droit d'en entendre en dehors de mes cours de musique mais...je les ai volés dans la chambre de Diana ma dame de compagnie ! Cette gourde ne s'en ai jamais aperçu ! Quelle imbécile quand j'y repense...
Ensuite, juste à côté de la commode se trouve un lit. Un grand lit. Un ÉNORME lit à baldaquin qui occupe une bonne partie de la pièce. Certes ses voilures sont très gracieuses mais aussi très lourdes et oppressantes car elles sont en velours il paraît que ça favorise les cauchemars. Ces dernières nuits, il m'arrivait d'en faire souvent.
Puis mon regard rencontrait ma coiffeuse. Élégante avec toutes ses lumières et ses tonnes de tiroirs. Au moins cinq d'entre eux sont consacrés à mon maquillage. Et le reste concerne des crayons de couleurs et du matériel à dessin dont un carnet. Mais mon Père souhaite que je les garde pour les cours d'arts plastiques. Mes yeux finissent par se poser sur le miroir.
Je pus y contempler le reflet d'une jeune fille blonde vêtue d'une robe immense avec des tas de roses entremélées de voilages. Un noeud était posé dans mes cheveux ondulés par les anglaises. Un corset me comprime la poitrine m'empêchant ainsi de respirer comme une personne normale. En plus, mon maquillage ne ressemblait guère à grand chose : je porte des faux cils noirs et des lentilles de contact roses également. Mon teint est très pâle et mes lèvres sont couverte d'un gloss rouge passion. C'est bien simple, je ressemble juste à une poupée de porcelaine. Comme si j'allais me briser en mille morceaux à la moindre chute.
Mais cette femme n'était pas moi...Je connais peu de chose du monde mais je sais que personne ne s' habille comme cela dehors.Ce corset me fait si mal tout à coup ! Soudain, quelqu'un frappait à la porte, je reconnu immédiatement sa voix insupportable :
-Mlle Die Bescheidensten ?
C'était ma dame de compagnie Diana
Reverss que je déteste ( vous allez comprendre). Pourquoi faut-il qu'on m'embête même pendant que je rêve ? Il faut croire que je n'ai pas le droit de cela non plus ! Malgré toute ma rage je lui répondis posément :
-Entrez, je vous en prie !
Elle s'exécuta en claquant la porte dans un grand fracas.
-Et bien que me voulez vous ? Fis-je en me tournant vers Diana.
Elle me répondit avec un ton de reproche qui à le don de m'agacer un peu :
-Hum, il me semble que ce soit l'heure de notre promenade digestive !
-Pardonnez-moi, je raccrochais simplement ma broche !
Je la toisais de la tête au pied, elle avait la trentaine avec une certaine expression désagréable sur le visage et effectivement elle l'était tout autant car elle ne supporte ni le retard ni l'attente ce qui la rend encore plus antipathique. Diana est vêtu d'une robe en dentelle jaune pâle délavé parsemé de dizaines de véritables pièces d'or. Sa coiffure est un chignon banane tiré à quatre épingles car aucun cheveu ne dépasse. Elle m'attend debout avec une posture d'impatience, son éventail dans les mains.
Je fis exprès de prendre le temps de fignoler les dernier détails à ma tenue. J'ai juste envie que Diana s' énerve, c'est amusant quand elle le fais ! Mais visiblement aujourd'hui elle ne semble pas d'humeur joueuse.
Agacée, elle m'entraîne de force dans le corridor par le bras. J'esquisse alors un petit sourire. Ce n'est qu'une fois arriver dans le parc gauche du château appelé simplement "le jardin d'Éden" que Diana prit la parole :
-Êtes vous prête à rencontrer vos nouveaux professeurs, mademoiselle ?
Depuis mon enfance, Père tient à ce que je prenne des cours à domicile car il souhaite les meilleurs enseignants, avec les meilleures méthodes d'apprentissages afin que je puisse avoir la meilleur éducation possible. Donc pour varier mon programme scolaire, il change mes professeurs à chaque début d'année. Et demain, je vais rencontrer les âmes charitables qui m'apporteront le fruits de la connaissances comme a l'habitude d'annoncer mon paternel. Enfin, ce n'est pas la peine de se bercer d'illusions :
Père choisit toujours ceux possédant un maximum d'expérience donc ce sont toujours des vieillards au bord de leur lit de mort. Je revins alors à la question que Diana m'avait posée et répondis avec une certaine assurance :
-Oui je suis prête !
-Au fait, vous ai-je déjà raconter que ma fille à fait ses premiers pas la semaine dernière ?
Ha oui je l'avais oubliée sa fille ! Il ne s'écoule pas un seul jour sans qu'elle me parle de son marmot ! Dès lors que la conversation dérivait sur ce sujet, j'avais l'impression que nos rôles s' inverssaient ainsi je devenais le temps d'une conversation la dame de compagnie et elle la princesse à qui on cède tout les caprices. Mais ce n'est pas une mauvaise chose car je pouvais enfin respirer en adoptant un autre point de vu que celui d'une gamine gatée et ingrate. J'ai vraiment honte de ce que je suis, j'ai l'impression de forcer les autres à faire n'importe quoi en échange d'argent. Je suis obliger de regarder cet horrible spectacle impuissante...
C'est alors que la sonnerie du téléphone de Diana retentit :
-Je suis confuse !
S' exclama-t-elle en fouillant toutes ses poches pour retrouver le précieux objet. Elle finit par mettre la main dessus, l'éteignit et s' apprêta à parler mais je fus plus rapide :
-Cela ne fais rien, je n'en parlerai pas à mon père.
Elle souffla de soulagement avant de me remercier. Le personnel n'a pas le droit à l'utilisation d'un téléphone pendant leurs heures de travail tels était les ordres du domaine. Mon père a instauré des règles très strictes vis-a-vis des employés mais surtout envers moi.
Par exemple, il m'est interdit de tutoyer les autres,même les membres de ma famille. Je suis obligée de surveiller mes paroles, de parler avec tendresse, de me déplacer avec finesse et de manger avec délicatesse. Je nai pas le droit de : sortir de la propriété familiale, m'habiller comme je le désire, de courrir, de rire, de crier et d'injurier. Quand je sors dans le parc, il m'est forcé d'être accompagné par un adulte alors que je suis majeure. Ce règlement gangrène ma vie. Toute entorse exercé à l'encontre de ce dernier implique alors une sanction. J'en ai déjà fais les frais d'ailleurs... J'abaisse discrètement l'épaule de ma robe pour observer mes cicatrices dorsales. Je soupire alors...
-Et si nous rentrions ? Proposa Diana. Elle doit sûrement s' ennuyer ferme avec moi qui ne parle pas beaucoup alors qu'elle ne demande qu'à faire la conversation.
-Allons-y. Répondis-je
Nous marchâmes jusqu'au devant de la maison, enfin du château. D'ici, je pouvais avoir vue sur toutes les fenêtres anciennes collées aux volets fraîchement repeint en blanc. Le crépit de la façade laisse entrevoir les briques usées du temps lointain. Chez moi, on se croirait encore à l'époque des lumières. Mais si vous savez, cette époque où vivait le roi Louis XIV dans le dix septième siècle. Mon père est friand de ce style c'est sans doute pour cela que les pièces sont aussi...vieilles ! Cela me rendit soudainement triste de me savoir dans une prison aussi belle.
Je remarquais alors que Père m'observait derrière la fenêtre de son bureau. Je détournais vite les yeux, gênée. Je n'aime pas être dans une telle situation avec lui. Nous poursuivons alors notre chemin vers la bibliothèque, mon endroit favoris. La joie repris possession de mon esprit. J'allais enfin pouvoir me distraire !!
De retour dans ma chambre après le dîner, allongée sur mon lit, un livre à l'eau de rose dans les mains. Je lisais tranquillement sous ma couverture. Lorsque je fut assez fatiguée pour dormir, je fermais l'ouvrage pour remonter les draps jusqu'en haut de ma tête. Le moment était propice pour rêvasser, j'en profitais pour me remémorer l'histoire que je lisais : Celle d'une adolescente en pleine solitude qui finit par rencontrer l'amour de sa vie. Moi aussi un jour je veux connaître ce sentiment mais en même temps j'ai très peur. Sur ce, je finis par m'endormir, épuisée par tant de pensées négatives. Père m'a toujours dit que l'amour était nocif pour la santé.
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