Chapitre 1
La mélodie murmurait à mes oreilles une douce caresse, faisait glisser sur ma peau un serpent malicieux qui dressait les poils sur ma peau ; mes lèvres s'étirèrent pour fredonner un air d'une faible voix tandis que mes doigts pianotaient sur le rebord de ma table.
Un instant, mon regard papillonna sur les carreaux de ma fenêtre, et je battis des paupières sous la lumière soudaine d'un soleil matinal. Il était enfin debout.
Animée d'une énergie soudaine, je pris appui sur le parquet verni et fis tournoyer ma chaise dans le petit espace. Je sautai sur mes pieds, attrapai mon sac d'une main et dévalai les escaliers quatre à quatre, alors que ma main se déhanchait sur la rampe de bois dépeinte.
— 'Pa, j'y vais ! lançai-je à tout bout de champ, un sourire aux lèvres.
J'opérai une pirouette et mimais les gestes délicats d'un pianiste de jazz. Entraînée par la mélodie, mes pieds tressautaient sur le tempo et m'emportèrent au paillasson de mon logis.
Le cœur bondissant, j'attrapai les clefs d'une main vive et cherchai la serrure d'un bref mouvement habitué : mais je n'y trouvai là que du vide.
Aussitôt, la musique perdit de ses couleurs et le silence tomba sur mes épaules. Le cadavre meurtrit de ma porte jonchait au sol. Les boulons de métal étaient déformés, comme si l'on avait forcé l'entrée.
— 'Pa ? appelai-je en retirant mon casque d'une main fébrile, les sourcils froncés.
Mais aucune réponse ne vint.
— Papa ?! insistai-je, les poumons soudain compressés.
L'air semblait avoir fuit la pièce, tout à coup. La panique se frayait un chemin derrière l'incompréhension de mon effrayante situation.
— PAPA C'EST PAS DRÔLE SERIEUX !
Mais m'égosiller ainsi n'était visiblement d'aucune utilité ; je pivotai sur moi-même, perdue, la respiration hachée. Etait-il mort ? L'avait-on enlevé ?
Je me stoppai net, les yeux écarquillés, et réprimai un gémissement ; s'il s'agissait bien là d'un kidnapping, les agresseurs se trouvaient-ils toujours dans la maison ? Trop tard, tu as déjà hurlé à tout le monde que tu étais là, glissa une petite voix au fond de mon cœur tétanisé par la peur.
Un sanglot de frustration et d'épouvante s'échappa de ma gorge nouée, lâchant une lourde pierre au fond de mon estomac par la même occasion. Tremblante, je parvins à sortir mon portable de ma poche et me pressai de l'allumer de doigts fébriles.
Je balayai aussitôt l'écran vers le haut, prête à taper le numéro d'urgence. Mais l'image se tinta de noir et mes sourcils se froncèrent ; la batterie était pourtant pleine.
— Il se passe quoi... ? murmurai-je d'une voix rauque, les muscles raidis.
J'écarquillai les yeux, stupéfaite, lorsque l'image d'apparence noire et immobile s'anima. Je replaçai aussitôt mon casque sur mes oreilles et manquai de lâcher un cri lorsque je perçus une délicate mélodie s'élancer en arrière plan.
Arc-boutée sur mon téléphone, une grimace d'effarement calquée au visage, j'observai l'écran se muer en un décor immaculé. Une silhouette vêtue d'un trois pièces noir lustré pivota dans la direction de l'objectif, un sourire serein au visage. Son visage ne m'était pas familier, et pourtant il apparaissait sur mon portable sans que je n'eus cliqué sur la moindre vidéo.
— Je me suis faite piratée ?! m'étranglai-je, le souffle coupé.
Les agresseurs de mon père étaient-ils les responsables ? Allaient-ils me demander une rançon ?
— Bonjour, fit la voix à travers mon casque, chaleureuse. Je suis George HalfBraun, le Directeur de la Fondation Anti Coalition d'Opprimés Neurologiques. Et aujourd'hui, je suis plus que ravi de vous annoncer que l'Humanité a fait un bond en avant. Elle a été débarrassée de la Coalition d'Opprimés Neurologiques. Une puissante armée qui décimait notre planète. En langage courant, mesdames et messiers, vous voilà délivrés. Délivrés de tous les cons.
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