Visible depuis l'A25 et jusqu'à une distance de douze kilomètres, le monument inauguré samedi dernier dépasse d'une cinquantaine de mètres l'antenne du Mont des Cats. La Reuze-Colonne, voulue comme un hommage visuel aux géants qui peuplaient les contes flamands d'autrefois, ne fait toutefois pas que des heureux parmi ses proches voisins, dont certains vont jusqu'à demander son retrait pur et simple. En ligne de mire : le caractère « obscène » d'un monument que certains considèrent comme ouvertement « phallique ».

« Nos enfants doivent-ils vraiment savoir d'où ils viennent ? demande Justin Godemiessche, propriétaire d'un estaminet à Cassel, depuis lequel on peut admirer la Colonne. Enfin, surtout, je veux dire, doivent-ils l'apprendre de cette façon ? »

La Reuze-Colonne a cependant un fervent défenseur : son auteur José Bisploet, qui répond à nos questions et en réfère à des précédents historiques dans l'histoire de l'art et des Flandres. « Regardez l'Atomium à Bruxelles ! Quand on l'a ouvert au public, qui s'est inquiété de toutes ces GROSSES BOULES (flamandes, NDLR) en plein milieu du paysage ? Tout le monde trouvait que ça faisait JOLI, même si l'argument de la physique était un peu léger, là aussi. On dirait qu'y a que les Belges qui ont le droit d'être Flamands. Et la Tour Eiffel, bordel ? », avant d'enlever son pantalon et son caleçon pour en comparer le contenu avec une photo de la Colonne et montrer du doigt les différences (subtiles).

« Et puis elle est BEIGE, ma colonne, merde à la fin ! A-t-on déjà vu un SEXE BEIGE ? »

L'attaque de la Colonne par un groupe de Femen nues dans la nuit de dimanche à lundi n'a pas aidé à apaiser la polémique.

Le « Nichon Rose » de Daniel Buren a quant à lui été inauguré sans accroc à Bergues en présence d'Emmanuel Macron et de Bernard-Henri Lévy. « Je suis content d'avoir essayé les courbes, confie le sculpteur. Après toutes ces années à faire des colonnes et des lignes parallèles, j'avais envie de changer un peu. »