« Mais qu'est-ce qu'on va faire ? » gémit Jean-Flavien Béroufle, retraité berguois que la municipalité vient de priver de son passe-temps favori par un arrêté publié hier. La Mairie de Bergues est la première en Flandre à rendre illicite cette pratique pourtant répandue chez les habitants de la région. « Il faut vivre avec son temps, déclare Josiflon Popieul, nouveau Délégué à la Surveillance des Murs, Réverbères et Caniveaux, quand il n'y avait de toilettes à Bergues que dans une maison sur cinq, aux années 90, ça passait encore, mais là c'est abuser. »

C'est tout un art de vivre qui s'effondre avec la décision de la mairie, dénonce Jean-Flavien, l'œil humide : « Ils ont pas pensé aux vieux, à tous ceux qui peuvent pas se retenir ? Et puis on va passer pour quoi, aux yeux des autres ? Dans toutes les villes voisines, les gens ils ont le droit ! Ils vont se moquer de nous ! »

Mais la mairie reste ferme : désormais, seuls les chiens seront autorisés à se soulager sur la voie publique, comme avant. Ce qui n'a pas l'air de les réjouir, pourtant, comme en témoigne Jenlain, le chien de Jean-Flavien : « C'est le monde à l'envers, moi je dis ! Nous les chiens, ça fait des années qu'on demande à avoir des toilettes pour préserver notre intimité, et on a gagné quoi ? Le droit de continuer à pisser dans la rue. Et les gens qui veulent pisser dans la rue, on les empêche ! Non mais c'est quoi, ça ? »

Le changement est brutal, mais justifié, selon Josiflon : « C'est à cause de Dany Boon. Avant son film, à Bergues, c'était encore gérable. Mais depuis la scène où il pisse dans le canal avec Kad Merad, il y a eu une véritable explosion. Il fallait faire quelque chose, on avait plus assez de wassingues. »