L'année 2019 a bien failli être aussi fatale pour lui que pour la planète show-biz : le 10 avril, Jean-Pompon Turloet tournait le loquet pour s'enfermer aux WC de la brasserie « L'Éclusoir » à Eecke le temps de pisser un coup. Un peu guilleret après une soirée bien arrosée, il s'agenouille et s'endort contre la faïence de la chasse d'eau.

À son réveil, 3 heures plus tard, la brasserie est vide. Il fait nuit noire, et pour Jean-Pompon, la nuit va durer 2 semaines : les propriétaires sont partis en vacances, c'est la fermeture annuelle. Ils ont même éteint la lumière des toilettes, qui n'ont pas de fenêtre. Jean-Pompon essaie de tourner le loquet, qui lui reste dans les mains. Il appelle au secours, mais seules les tables et les chaises l'entendent. Il cherche son portable dans sa poche, et le retrouve au fond du siphon, noyé, avec ses clés de voiture.

Il y a un petit espace entre le haut de la porte et le plafond. Jean-Pompon escalade la cuvette et tente de se hisser par là, mais dans le noir il a mal calculé son tour de bide : il ne passe pas. Il met des coups de pied dans la porte, mais elle tient bon.

Les clés de la survie seront l'eau de la chasse d'eau, vaguement potable, le papier toilette, que les patrons ont fort heureusement réapprovisionné et que Jean-Pompon mangera en abondance, et le sucre de bière que sécrètent naturellement les murs et les carrelages des brasseries flamandes, que Jean-Pompon lèchera jour et nuit pour se sustenter, une fois le rouleau de PQ épuisé.

« C'est un miracle comme on n'en voit qu'en Flandre, terre bénie de Jésus ! », s'écriera le curé d'Eecke venu boire sa chopine et pisser un coup en conséquence le jour de la réouverture, en retrouvant le corps de Jean-Pompon, inerte mais vivant. Les propriétaires comptent rebaptiser leur établissement « Le Survivor », « Le Béni de Jésus » ou plus simplement « Le Jean-Pompon », en hommage.