Acte I - Scène 1 : Le décor

La petite ville de Loiziduc avait autrefois été gouvernée par un Duc despote et obèse mais les duchés n'existaient plus depuis bien longtemps et tous les grands seigneurs et nobles avaient été déchus et dépossédés de la plupart de leurs terres par le peuple. Beaucoup d'événements s'étaient passés dans cette ville qui semblait attirer les faits les plus étranges entre ses murs. En effet, la ville était devenue une ville fortifiée après avoir subit une énième invasion barbare. Enfin, il s'agit là de l'explication officielle des différents maires s'étant succédés depuis. En vérité, une forêt immortelle longeait une grande partie la cité, la tristement célèbre Forêt du Monstre.

Des tas et des tas d'histoires avaient été contées mentionnant diverses créatures plus terribles les unes que les autres vivant dans ses sous-bois. Depuis toujours, aucun homme sensé n'aurait osé s'y aventurer pour une raison ou pour une autre. On disait que les gens s'y perdaient et n'en ressortaient jamais. Ce qui s'avérait très souvent juste. Cependant, il y avait toujours eu une personne pour y vivre. Une sorte d'ermite vivant à l'écart de la société, étant craint par ses pairs pour telle ou telle raison...

Certains allaient jusqu'à raconter que la ville et la forêt était étroitement liées, tant et si bien qu'il subirait de raser la ville pour anéantir la forêt. Pourtant, la ville avait été maintes et maintes fois reconstruite, parfois mêmes sur de simples débris de pierres. Finalement personne ne savait qui était le premier à avoir eu l'idée folle d'élever une ville sur ces maudites terres. Des flux de magie primitive semblaient quadriller toute la zone et pour une raison inconnue, en plus d'attirer toutes sortes d'étrangetés et autres bizarreries, cet atmosphère semblait attirer bien des gens de tous les horizons.

Peut-être étaient-ce les nombreuses rumeurs qui couraient à travers le pays qui attiraient ainsi les touristes. À une autre époque, ces légendes auraient sans doute fait fureur mais dans son état, la cité fortifiée était loin d'être prospère. À dire vrai, ses fortifications tenaient de moins en moins bien et d'ici quelques années, les pierres auront été récupérées afin de construire d'autres choses ou de réparer des habitations.

En ce temps-là, le pays se développait à une allure féroce et rester dans une ville aussi étriquée que Loiziduc n'était pas bon pour les jeunes pleins de rêves et d'avenir. C'est pour cela que beaucoup de campagnards de petites bourgades s'efforçaient de travailler et apprendre tout ce qui pouvait l'être avec l'espoir de rejoindre la capitale, but ultime, semblait-il, de toute vie riche et prospère.


La forêt ténébreuse avait, tout au long de son existence, accueilli en son sein de nombreuses âmes tourmentées. Elle cachait aussi, disait-on, un passage vers l'autre monde, et c'était pour cela qu'il arrivait que les gens vieillissants bravaient parfois la barrière sauvage des broussailles afin de rejoindre l'éternité. Les plus superstitieux s'acharnaient à dire à qui voulait entendre que ce fameux passage n'était qu'à sens unique et que c'est de là que viendraient frapper les démons des profondeurs, le jour du jugement dernier. Ceux-là n'avaient pas tout à fait tort. Le portail existait bel et bien et menait au Royaume des Morts, droit aux Enfers. Mais il n'était pas à sens unique. Et selon mes sources, seuls certains démons avaient la possibilité de le traverser. De toute façon, encore eut-il fallu le trouver !

La vie grouillait entre les arbres tortueux et c'était un miracle que nul homme n'aurait pu envisager, même dans ses rêves les plus fous. La forêt était seulement terrifiante quand on la longeait et qu'on tentait d'y pénétrer sans y avoir été invité. Une fois sous ses branches, elle nous protégeait envers et contre tous, elle se montrait plus belle à mesure qu'on s'y enfonçait. Peut-être était-ce pour cela, finalement, que jamais personne n'en était ressorti.

Dans l'effrayante et obscure Forêt du Monstre, vivait donc... Un monstre. C'était un marquis, déchu comme tous les autres, à qui il ne restait qu'une vieille bâtisse au coeur de la forêt, probablement un manoir fut un temps. Les murs tombaient en ruine, les tuiles jonchaient le jardin abandonné et le ménage intérieur n'avait plus était fait depuis des lustres. La seule raison qui lui avait permis de garder autant de ses terres avant la chute des nobles était bien simple : personne ne voulait de la forêt. En laissant le Margrave de Hlodwig habiter ce recoin de terre, beaucoup avaient espéré qu'il ne ressorte jamais de la forêt. Bien entendu, son personnel lui avait été enlevé et même les plus fidèles ne l'auraient jamais accompagnés jusqu'ici.

Le Marquis n'était pas une personne facile. Il aimait la solitude alors vivre à l'écart du reste du monde ne le dérangeait nullement. On pouvait même dire qu'il n'aurait pu rêver mieux. Il n'avait jamais su s'entendre avec quiconque. Il ne supportait pas qu'on puisse aller à l'encontre de ses décisions. Ça avait été pourtant difficile de le faire déménager jusqu'ici. Bien qu'il se plaise désormais en ces lieux, il s'était longtemps refusé à céder aux menaces du bas peuple. Qu'auraient pu faire ces misérables gueux face à lui ? Ils étaient venus frapper à ses portes, armés jusqu'aux dents et l'avait éjecté de sa grande et belle propriété. Il en avait tant ragé qu'il s'était vengé en brûlant quelques champs avant d'être pris en chasse. Il avait couru à travers champs et forêt et s'était réfugié dans son domaine. Il avait alors fait face à ses nouveaux occupants qui l'avaient enfermé quelques temps avant, enfin, de l'expédier jusqu'aux terres maudites de l'ancien comté de Loiziduc.

Ainsi donc, voici le décor planté. Dans une forêt mystique et ancestrale, un Marquis colérique habitait un vieux manoir décrépi. La chance lui avait souri sur deux aspects. En premier, il avait pu sauver une grande partie de ses richesses dorées qu'il avait gardé jalousement dans ce voyage forcé. Mieux encore, personne n'aurait été assez fou pour tenter de le lui reprendre et son trésor était donc en parfaite sécurité. Ensuite, la solitude ne lui pesait pas. En vérité, ne pas avoir à converser avec d'autres humains le soulageait. Il ne manquait de rien. Enfin, peut-être que quelques réparations s'imposaient, mais ça pouvait bien attendre sa mort, non ?...

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