La boîte de Pandore
En cette époque aujourd'hui révolue, seulement connue de nos aïeuls. Le monde fonctionnait avec une seule et unique règle.
Vis.
Un seul mot, et pourtant toutes les lois rassemblées. Un commandement, et pourtant une éthique parfaite.
Le peuple ne craignait de vivre. Il souriait, profitant du soleil, de ces après midi allongés dans l'herbe, de la pluie, dansant avec, de l'orage, il le regardait les yeux brillants. Les humains aidaient, consolaient, comprenaient, enlaçaient, tendaient la main, ils étaient fraternels. Des hippies pour nous en quelque sorte, des parias. L'être rendait service sans rien atteindre en retour. Il aimait son prochain, les discriminations semblaient n'avoir jamais existé. Sexisme ? Racisme ? Homophobie ? Xénophobie ? Ces noms n'ont jamais eu d'utilité.
Tous se contentaient de vivre au jour le jour. Nul ne vivait dans une peur constante de tous les accidents du quotidien, nul ne se levait la boule au ventre par peur de ces monstres venus d'ailleurs, nul ne se plaignait de ces bêtas qui tenaient le monde entre leur mains.
On prétend de nos jours que les substances illicites étaient monnaie courante. Qu'aucun n'était sain d'esprit. Qu'ils étaient tous drogués. Qu'on versait un petit quelque chose dans leur thé le matin. Que leur "paix" les rendaient irrationnels, les empêchaient d'essayer d'agrandir leur territoire avec quelques armes. Que cette "liberté" les rendaient incapables de monter une société. Que cette "tolérance" les empêchaient de laisser la nature accomplir l'ordre des choses.
La personne avait des habits bleu. Pourquoi bleu ? Parce que c'est la couleur du ciel. Bleu, c'est l'océan. Bleu, c'est le lampadaire. Bleu, c'est les horaires de la pharmacie du coin. Bleu, c'est la place handicapée. Bleu, c'est l'immensité et le néant. Bleu, parce qu'on pourra toujours essayer de fuir, il nous poursuivra jusqu'à notre mort et que notre visage change de couleur. Bleu, c'est peut-être la véritable couleur de la mort. Bleu, c'est ses yeux.
Elle vivait, mais elle n'a pas suivi les règles. Parce qu'il n'avait pas de règles.
Parce que le monde ressemblait beaucoup trop à l'Éden, l'humain devait croquer la pomme.Peut-être que c'est le diable en personne qu'il le lui a ordonné. Qu'il a pris forme humaine, vêtu de noir et un rubis gravé d'un symbole étrange dans les cheveux. Peut-être qu'il n'a jamais eu de démon. Aucun méchant serpent pour tenter l'innocent. Que l'humain s'est suffit à lui-même. Qu'au fond, il a toujours été mauvais. Qu'en vérité, l'humain n'est pas un monstre, le monstre n'est pas un humain, l'humain est l'humain.
Dehors, les sourires étaient encore sincères. À un de ces nombreux restaurants, un homme et une femmes, inconnus. Pour l'une un tout petit garçon, deux ans tout au plus. Pour l'un, un garçon, une dizaine d'années sûrement. L'homme remonta le mécanisme et le robot bleu se mit à avancer sous leurs regards émerveillés. Les deux parents étaient assis chacun sur un canapé rouge, et ils parlaient . Ils riaient, ils faisaient du bruit, ils partageaient un morceau de leur vie, ils ne se connaissaient pas. Le hasard avait choisit de croiser le chemin de ses deux êtres. La femme lui adressa un dernier sourire avant de s'en aller, son gamin dans les bras. Une preuve d'espoir. Une preuve que le calme précède toujours la tempête. Une preuve que la fin approchait.
C'était une fille, un garçon, peut-être aucun des deux. C'était un humain. L'être était adolescent, il était quelqu'un. L'être était semblable aux autres, il était comme les autres. L'être était un point de plus dans la foule, il était un grand de poussière dans l'immensité de ce monde, il était une goutte dans l'océan de ses yeux. Pourtant, le monde lui avait confié le sombre. Enfermé dans une petite boite, dont elle avait la formelle interdiction d'ouvrir. Pourquoi elle ? Peut-être parce qu'au final, il avait bien une autorité au dessus. Peut-être parce que l'heure de la mort de l'ancien monde avait sonné. Peut-être parce que l'adolescent était destiné depuis toujours à créer la transition entre les deux univers. Peut-être qu'au fond l'humanité était condamnée à être mauvaise. L'être était rien, mais était tout.
Une femme portait une longue robe rouge. Elle lui tombait jusqu'aux pieds. Découpée sur le côté droit, dévoilant sa jambe tentatrice au regard de tous. Elle souriait de ses lèvres écarlates. Ses cheveux châtains rassemblés en un chignon stricte. Un serpent noir descendant du bas de sa nuque pour venir se loger sur sa main. Un léger trait ébène sur ses paupières rendait ses yeux hypnotisant, plus qu'ils ne l'étaient déjà.
Elle était séduisante. Elle était attirance. Elle était manipulatrice. Elle s'appelait Haine.
La femme était petite. Sur sa robe, du bleu turquoise, du vert et du brun se mélangeaient. Sa robe couleur Terre lui descendait jusqu'au genoux. Ses yeux dorés brillaient, de joie, d'optimiste, d'une lueur bien rare. Ses cheveux de toutes les couleurs volaient au vent. Elle marchait pieds nus. Elle avait plusieurs colliers, le symbole hippie, un arbre de vie et un attrape rêve. Elle souriait.
Elle était heureuse. Elle était naïve. Elle était simple. Elle s'appelait Utopie.
Elle portait un pantalon gris, le bas large recouvrait ses bottines, grises. Un pull gris, des yeux gris. Un regard, un tenue, une existence simple. Ni noir, ni blanc. Ni joie, ni peine. Ni nuit, ni jour. Ni bien, ni mal. Ni moi, ni toi. Elle était neutre. Elle n'avait aucun scrupule. Elle souriait, elle souriait tout le temps, elle souriait d'une telle manière que ça en devenait malsain. Elle racontait, changeant d'attitude et de discours à chaque personne. Elle aimait semer la discorde, regarder pousser la colère, l'arroser de quelques rumeurs et cueillir les premières gouttes de sang. Une rose était tatouée sur sa nuque, une rose grise avec ses épines piquantes coloriées en noir, aussi dangereuses que leur propriétaire. Ses yeux brillaient, ils étaient terrifiant.
Elle était calculatrice. Elle n'était pas ce que les autres pensaient. Elle était un masque, elle devenait ce qui pouvait lui rapporter le plus. Elle s'appelait Mensonge.
Une chemise blanche, une jupe noire. Un prénom tatoué l'encre bleu sur son avant bras, les lettres étaient floues, elles étaient presque entièrement effacées, seule la première était encore lisible : A . Ces cheveux blonds en bataille, ses yeux bruns, si communs, basiques. Elle se fondait parfaitement dans la masse. Personne ne pouvait s'en douter. Elle était identique aux autres, les même besoins, les même envies, les même vices. Les même problèmes qui ne veuillent pas s'en aller et qui gâche la journée ensoleillée. Au départ, elle avait besoin de la chaleur d'une soirée entre amis pour boire puis un jour, elle en est arrivée se saouler seule. Elle buvait toutes sortes d'alcool, réchauffant son corps avec les degrés, augmentant à chaque fois la dose, toujours plus forte que la précédente. Lors des tous premiers verres, elle ne cherchait que l'évasion. Elle cherchait cet état second, où les soucis deviennent flous, où l'humain ne pense qu'à danser et à rire, elle ne demandait que l'ivresse. Elle cherchait à oublier sa bien triste vie dans ce bien triste monde, à oublier son boulot, sa famille et tous les problèmes du quotidien. Bien plus tard, elle se contentait de boire pour tomber toujours plus vite et toujours plus tôt dans les bras de Morphée. Elle ne cherchait qu'à s'écrouler chez elle, seule, à l'abri de ce monde qui la rejetait. Elle suppliait, à genoux devant ce ciel qu'elle voulait atteindre, une bouteille à moitié vide posée sur la table de la cuisine.
Elle était seule et avait besoin d'aide. Elle était noyée par la misère. Elle était les vices de chacun. Elle s'appelait Absinthe.
Une robe noire. Des ballerines noires. Une tenue laissant libre court à l'interprétation de chacun. Ses cheveux miel coupés juste au dessus de ses épaules, ses yeux soulignés de noir, aucun bijoux, aucune fantaisie. Elle était quelqu'un d'autre, elle jouait un personnage. Elle racontait des histoires. Murmurant à qui voulait bien l'entendre divers contes sur des contrées lointaines, sur des guerrières et guerriers redoutables, sur des royaumes tombés dans l'oubli. Des histoires qui faisaient peur, qui faisaient pleurer, qui faisaient rire, qui transportaient à travers l'espace temps, qui emportaient l'esprit loin de cette Terre.
Elle était comédienne. Elle était une créatrice de rêves. Elle était la mère de l'imagination. Elle s'appelait Narration.
Une peau toute claire, un peu de rose aux joues. Ses paupières peintes de blanc. Une longue robe blanche. Le haut était blanc neige, le reste de sa robe était recouvert de petites étoiles. Elles étaient d'un gris tellement clair qu'il n'était que possible de les voir sous la lumière. Ses pieds étaient cachées et ses mains aussi. Des gants montaient au-dessus des coudes, ils était d'un blanc si pur, si beau que jamais personne ne trouva les mots pour les décrire. À ses oreilles, à ses poignets et autour de son cou, des petites étoiles argentés pendaient. Sa personne, si blanche, si éblouissante semblait dégager une aura, puissante et douce à la fois. Les étoiles qui couvrait son corps la protégeait, du noir, de la cruauté de ce bien bas monde. Elle souriait, elle souriait qu'il fasse pluie ou grand soleil, elle souriait du levé du jour à son retour dans ses draps de nuit, elle souriait et rêvait. Elle courrait dans les champs de fleurs, enlaçait tous les peuples, croquait à pleines dents celle qu'on surnomme « Vie ».
Elle était heureuse. Elle était une étoile peinte en blanc. Elle était une bouffée de douceur. Elle s'appelait Insouciance.
Elle était la diversité. Elle avait la blanche, noire et de toutes les autres couleurs. Elle était Amérindienne, Arabe, Européenne, Africaine, Asiatique, de toutes les tribus et peuples existants. Leur savoir, leur dialecte, leur histoire, leur patrimoine, leur tradition, leur musique, leur culture, leur mythologie, leur sourire, elle avait une par une chacun elle. Comme si elle était descendante de Serpentard, de Gryffondor, de Serdaigle et de Poufsouffle, elle avait le sang à l'origine de tout. Elle avait les yeux multicolores. Elle avait un collier doré comme le soleil autour du cou, un pendentif argenté comme les étoiles représentant une colombe en plein vol.
Elle était la paix. Elle était l'harmonie de l'univers. Elle était elle en étant tous. Elle s'appelait Tolérance.
Elle était ? Il était ? Elle n'était d'aucun des trois âges. Il n'était d'aucune origine. Elle n'était d'aucune classe sociale. Il ne représentait aucune idéologie. Elle n'était pas grande, elle n'était pas petite, elle n'était pas grosse, elle n'était pas mince. Il était son propre genre. Elle était tous les sentiments. Il ne respectait aucun critères de cette société. Elle avait la bouche et les yeux maquillés de bleu. Il portait une robe bleue. Elle avait le corps entier tatouée d'étoiles. Il avait de longs cheveux éblouissants. Elle était une lumière. Il était une créature. Elle avait de l'humain seulement la silhouette, mais aussi un peu de son cœur.
Il était une petite lueur bleue. Elle était tout en étant rien. Il était celui qui rassemblait tous les autres, celui en lequel chacun a cru un jour, celui qui crée et détruit. Elle s'appelait Espoir.
L'être était chacun d'entre eux, ils étaient chacun une part de l'être. Un défaut ou une qualité. Elle était curieuse, comme tout le monde l'est. Elle n'avait pas le droit d'ouvrir le coffre, sous aucun prétexte. Mais ... ce petit coffret représentait l'interdit. Elle n'avait jamais eu occasion d'enfreindre les règles, de se dérober à la loi, d'aller à l'encontre de l'éthique, de commettre une faute, de ne pas respecter la morale. Alors, envers et contre tous, elle défit les liens de sa propre morale qui la retenait. Le dernier lien envolé, les cordes dorées tombèrent. Elle appuya sur le bouton rouge. Elle ouvrit la boîte de Pandore. Et c'est uniquement lorsque quand les premières images défilèrent sur l'écran qu'elle comprit son erreur.
Que l'humain comprit son erreur. Que l'humanité comprit son erreur. Qu'On comprit notre erreur.
Le film se déroulant devant ses yeux montrait des journalistes, annonçant chaque seconde une nouvelle encore plus grave. Il s'abattit sur la Terre malheur et maladie. Il plut sur le Monde famine et guerre. La colère du ciel frappa, sécheresse, inondation, tsunami, ouragan, catastrophe naturelle en tout genre. La folie humaine prit vie, sang, armes, frontières, pouvoir, énergies fossiles, surpopulation, course au pognon. Le début de la déchéance. Pour la première de sa vie, elle connut le regret, la dépression, la douleur, la peur de l'inconnu. Pour la première fois, On connut le désespoir. Elle était paniquée, elle referma la boîte. Trop tard. Bien trop tard.
Dans la rue, au boulot, au magasin, dans les transports, tout le monde se méfie de tout le monde. On a peur de l'inconnu. L' espérance de vie est en constante évolution, les conditions de vie n'ont jamais été aussi bonnes, il n'y a jamais eu aussi peu de conflits armés mais on nous enseigne à avoir peur de l'inconnu, des autres. Aujourd'hui, certaines choses vont mieux que jamais mais les journaux télévisés préfèrent ne parler que de sujets inquiétants, des problèmes, pour nous qu'on reste en permanence persuadé d'être en insécurité.
L'être était comme nous tous, On était comme l'être. L'être était l'humanité, On est l'humanité.
On s'appelle tous un peu Haine, Utopie, Mensonge, Absinthe, Narration, Insouciance, Tolérance et Espoir. On peut tous à notre niveau pour quel projet que ce soit faire changer les choses. Parce qu'il restait malgré tout une dernière chose dans la boite, l'espérance. On peut tous rêver de liberté, d'être amoureux des étoiles, de danser sous la pluie, de sourire au monde et de créer. On peut tous choisir ou non d'ouvrir la boîte de Pandore.
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