Avant-propos :

Non s'il vous plaît, ne lâchez pas les tomates, ne lâchez pas les tom-

*s'en prend trois en pleine face*

Bon. Je suppose que comme première approche, ce n'est pas l'idéal pour commencer hein ? 
Je sais que parmi vous des personnes ont dû subir cet ouvrage qui contient 3000 phrases rythmées par de SU-PER-BES propositions subordonnées enchâssées.
(Paix aux âmes qui en ont pâties.)

Je sais aussi que des personnes ont eu envie de coller une tarte à Mademoiselle de Chartres alias la fameuse Princesse de Clèves. 

Bref, La Princesse de Clèves n'est pas un bouquin qui provoque des cris de jubilation quand on le lit.
D'après la légende, certaines personnes ont dû même vider leur sachet d'aspirine pour terminer saines et sauves l'histoire. 

Néanmoins , bien qu'ayant  au début du mal à suivre la présentation des relations et arbres généalogiques des dix mille personnes qui constituent la Cour, j'ai trouvé ce roman très intéressant. Si intéressant que je me suis dit, avec un grand sourire : "Allez, je le prends pour la présentation d'oeuvre du Bac de français". 

Non, vous ne rêvez pas, j'ai réellement apprécié ce bouquin. 

Et puisque que certains ne veulent pas le lire à cause des nombreux avis péjoratifs, laissez-moi vous convaincre de le lire. 

Je vais donc vous faire un petit résumé afin que vous vous fassiez une petite idée de la chose.

Résumé : 

L'histoire se déroule, il y a trèèèèèèès longtemps, du temps où les ordis, la machine à écrire, et Jean-Jacques Goldman n'existaient encore : LORS DE LA RENAISSANCE. 

Et plus précisément sous le règne d'Henri II, plus connu sous le nom de : fils-mal-aimé-de-François-Premier. 

Je vous épargne la présentation des personnages qui peuplent la Cour qui va me prendre deux heures à expliquer. 

*prend sa voix de conteuse* Cette Cour, comme je vous l'ai si bien présentée au début est perturbée par l'arrivée d'un nouveau personnage; Mlle de Chartres. La maman de cette dernière, Mme de Chartres (veuve) a élevée sa fille hors de la Cour et l'a instruite de sorte qu'elle se méfie  des relations amoureuses hors-mariage. Et si Mlle de Chartres vient dans un lieu où habite entre autre tonton Vidame de Chartres c'est pour une raison précise : elle a seize ans et doit trouver un prince charmant digne d'elle. 

(Oui, on est d'accord, c'est tôt.... Mais à l'époque, on se marie dès qu'on est adolescent, pour les filles... Qui est soulagée d'être née au XXIème siècle ?)

Les jours passent et alors qu'elle est dans une bijouterie, elle rencontre le Prince de Clèves dans une bijouterie. PAF, coup de foudre. Pour Le Prince, hein, pas pour la Princesse. Parce qu'elle, elle est extrêmement gênée qu'un bel inconnu lui louche dessus en mode "ZE SUIS AMOUUUUUREUUUUUUUUUUX".

Entre temps, Diane de Poitiers (alias Mme de Valentinois), rivale du Vidame qui n'a que ça à faire, fait échouer directement et indirectement tous les projets de mariage qu'avaient conçu Mme de Chartres. (Oui, parce qu'à la Cour, tout est alliance et rivalité. Si vous êtes pas l'un, vous êtes l'autre. Et croyez-moi, quand vous n'avez pas d'influence, personne n'a envie d'être l'autre. Oui, Baloo, tu peux retourner dans ta tanière avec ton "il en faut peu pour être heureux". PARCE QU'IL EN FAUT BEAUCOUP POUR ÊTRE HEUREUX).

Peu après, le duc de Nevers, père du Prince et allié de notre chère et adorable Diane, (qui a refusé le mariage entre son fils et sa future belle-fille) meurt. Cela nous conduit donc au mariage des deux jeunots. Et fin ? Non, pas fin. Pas fin du tout, enfin, c'est justement le début !

Pourquoi est-ce le début ? Parce que, comme je vous l'ai dit précédemment, Mlle de Chartres, elle n'est pas trop emballée à l'idée d'épouser M. de Clèves. Oh bien sûr, elle ne refuse pas de l'épouser mais c'est pas la grande fiesta quoi. Et justement, le Prince de Clèves ne le voit que trop bien. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'il l'entretient un moment en essayant de lui faire comprendre qu'il voit bien qu'elle n'a pas de l'amour véritable pour lui. Enfin bref. 

Puis un jour, un bal dans le château du Louvres est annoncé pour célébrer le mariage de Claude de France (me demandez pas qui elle est, je m'en souviens plus du tout). Alors la petite mademoiselle de Chartres, elle se pomponne, elle se maquille et elle arrive au bal. Et là devinez qui elle rencontre ? Le duc de Nemours ! Celui dont elle a entendu le nom à plusieurs reprises dans la bouche de Mme La Dauphine, Marie Stuart, une des princesses dont elle est la favorite. Et là coup de foudre. Mais coup de foudre, coup de foudre hein. Ils se reconnaissent (Mme la Dauphine va d'ailleurs vouloir jouer à la télé-réalité en leur faisant deviner les identités de chacun, juste par amusement)sont tous les deux carbonisés par leur perfection et leur beauté. Ils dansent ensemble. C'est un remake de la scène Disney de Cendrillon et du Prince Charmant. 

Plusieurs jours plus tard, le maréchal de Saint-André propose un bal dans lequel M. de Nemours ne peut pas participer (il est en voyage en Flandres) et fait passer le mot comme quoi son amante ne doit pas non plus.
(Vous voyez comme il est lourd, hein ? Et plus tard, il va s'improviser en stalker... si, si, je vous jure...). 
Mme de Clèves n'y va donc pas, et ayant une excuse pas crédible du tout, elle va se faire aider par sa mère qui va dire qu'elle était malade. 
Mais elle a bien remarqué la passion de sa fille, alors elle va essayer de l'éloigner du danger en usant du mensonge. 
Quelques semaines plus tard, Mme de Chartres sent sa fin approcher et est atrocement mal. Elle va avouer à sa fille qu'elle a observé sa passion et qu'elle doit employer tous les moyens pour rester fidèle à son mari, quitte à s'éloigner de la Cour. 

Tout au long du roman, Mme de Clèves va devoir faire face à des dilemmes :

Prince de Clèves ou M de Nemours ? 

Raison ou sentiment ? 

Chocolat ou caramel ? (Celui-là, c'était pour voir si vous suiviez)

Maintenant *fait craquer ces doigts*, Tatie Miel va vous parler des personnages. 

 Les personnages :

Bon. Les trois personnages dont je vais vous parler sont Josette, la fille du boulanger du coin qui a vu de loin Le Prince de Clèves en vendant ses miches de pain, Michaud et Beaudoin qui sont tombés sous le charme de la Princesse en astiquant les fenêtres de leurs maisons. 

... AHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHA
C'était une blague. Elle est drôle hein ? Mais si elle est drôle. Bien sûr que si. J'ai vu vos coins de lèvre bouger. 

Bon, revenons-en à nos petits et magnifiques moutons.

Les personnages. 

Déjà, commençons par  la sublimissime Princesse de Clèves. 
J'entends des protestations parmi ceux qui ont déjà lu le bouquin :
"NON. PAS ELLE. JE NE VEUX PLUS EN ENTENDRE PARLER ELLE ET SES ****** D'ETATS D'ÂME"

Pourtant ... Comment dire ... Je crois qu'elle est LE personnage que j'ai le plus aimé dans ce livre. 

*choc pour les lecteurs de la Princesse de Clèves qui ont haï le bouquin*

*Arrêt cardiaque de Michel*

Ah désolée pour l'arrêt cardiaque Michel...
Quelqu'un peut-il appeler une ambulance pour lui ? 
Et surtout dites bien à la police que le meurtre n'était pas intentionnel. Voilà. 

Bon, plus sérieusement, ce qui est troublant chez ce personnage, pour moi, c'est que je la croyais parfaite. Mais genre parfaite, parfaite. Infaillible. 
Et croyez-moi, j'ai cru sentir venir le coup. Elle allait être parfaite du début à la fin. 

EH BEN NON. 

Non, elle n'a pas été parfaite. Elle révèle ses failles dès la première partie, en ressentant de la jalousie envers Mme la Dauphine, la croyant amante de notre Nemours national. 

Et ça va s'empirer ! Elle laisse le Duc de Nemours voler son portrait sans rien dire, dans la deuxième partie. Elle s'inquiète pour lui avec le tournoi. ET TOUT CA MALGRE ELLE. 

Partie trois, elle va se montrer très désagréable avec M. de Nemours en croyant que ce dernier l'avait trompée (rappelons-le, les sentiments ne sont toujours pas déclarés). On comprend ainsi que sa passion pour Nemours est toujours bien présente.

Partie 4, elle se révèle particulièrement touchante quand elle est en proie de douleur de culpabilité. C'est le moment où j'ai eu beaucoup d'empathie pour elle. Parce qu'elle craque. Littéralement. Elle perd le contrôle et la maîtrise. Parce que l'évènement qui va se produire  va provoquer en elle un tsunami qui va l'obliger, à tout quitter. Pour faire définitivement son choix. 

Ses allers-venues à Coulommiers ne sont juste qu'une protection, qu'un refuge pour rester fidèle à M. de Clèves par amitié et s'éloigner du gros crétin qu'est Nemours. 

Mme de Clèves, c'est une femme qui va se faire courtiser, à la limite du harcèlement par un gars qui n'entend pas que NON c'est définitivement NON. Et même si elle ressent des sentiments pour lui, à partir du moment où quelqu'un pose un choix pour établir son bonheur, ceux qui l'aiment doivent le respecter. Ce que n'a pas du tout fait Nemours (oui, je HAIS ce personnage). Elle lui dit même en jurant lors de la partie 3 : "Au nom de Dieu, laissez-moi en repos !". Ce à quoi Nemours rajoute une tartine. 

Donc on aura beau dire, pour moi, Mme de Clèves est un personnage fabuleux parce qu'elle est pleine de courage et d'obstination. Mais aussi de vérité. 

Le roman a été écrit au XVIIème siècle, et si l'époque change, les codes de la Cour restent les mêmes : il faut mentir et savoir user de la tromperie pour bien s'en tirer. 

Or, devinez qui n'en fait pas à sa manière ? La Princesse de Clèves !

Vous l'avez bien vu dans le résumé; la Princesse de Clèves ne sait pas mentir. Et on pourrait croire que c'est un point faible ; elle a failli être le sujet des nombreux potins de la Cour. 
Mais je pense que justement, cette présence de vérité est ce qui fait sa force.

En effet, lors de la partie 3, lorsque la Princesse de Clèves fuit de nouveau à Coulommiers, elle intrigue le Prince qui se demande bien pourquoi elle fuit la Cour. Et c'est là où elle va tout dévoiler. Enfin sauf le nom de son amant secret. Et encore, le Prince de Clèves va le découvrir plus tard. 

Cette scène, qu'on appelle la scène de l'aveu, est incroyable presque inconcevable: Vous vous imaginez un jour voir dans la vraie vie une femme dire à son mari qu'elle en aime un autre et qu'elle veut à tout prix l'éviter ? Et qu'elle veut non seulement l'éviter mais aussi rester fidèle à son mari ? 

C'est cette scène qui va permettre au Prince de Clèves de soutenir Mme de Clèves dans son dilemme, de remplacer (en moins bien, car moins d'exigence, il faut le reconnaître) Mme de Chartres, la mère de Mme de Clèves. Et si Mme de Clèves n'avait pas fait preuve de vérité, il aurait été probable qu'elle devienne folle avec l'alternance de sentiments contradictoires pour M. de Nemours : plaisir et remord, amour et haine. 

Passons au deuxième protagoniste que j'ai le plus DETESTE dans cet ouvrage : M. de Nemours. 

*Michel fait un deuxième arrêt cardiaque*

Comment ça il était toujours vivant ? Mais qu'est-ce que j'en savais moi ? Oui, bah rappelez l'ambulance. Non, ce n'est pas un crime prémédité JE CROYAIS QU'IL ETAIT MORT ! JE SUIS INNOCENTE !! UNE PAUVRE INNOCENTE !!

Hum. Pour en revenir à notre mouton. Ou plutôt à notre loup. Notre prédateur. Notre séducteur vil. Le crétin que j'ai voulu défoncer plusieurs fois dans l'histoire. 

M. de Nemours est un galant, un séducteur, beau gosse, charmant, et tout l'attirail qui va avec. Dans l'histoire, on vous dit dans la partie 1 que c'était un coureur de jupon jusqu'à sa rencontre avec Mme de Clèves. En témoigne sa discussion avec le roi dans la partie 2 ; il remet en question son mariage avec la Reine d'Angleterre qui était pourtant arrangé. 

Alors oui, c'est romantique, il abandonne toutes ses habitudes pour elle MAIS, il est très lourd. Mais sa lourdeur le rend vraiment parfois très flippant. 

Exemple, pour que vous puissiez comprendre : vous êtes, en pleine nuit, tranquille dans votre petit cabinet. Puis vous entendez un bruit. Vous ne savez pas d'où vient ce bruit, mais vous trouvez ça absolument curieux. 

Et si je vous dis que ce bruit n'est autre que votre amant/amante qui vient en tant qu'observateur voir ce que vous faites dans votre intimité, vous réagiriez comment ?
Ah, moi perso, j'aurais peur, hein. Mais réellement peur. 

Eh ben, CA, c'est ce qu'a fait M. de Nemours

ET C'EST PAS TOUT !! CA C'EST DANS LA PARTIE 4 !!!

Parce que dans la partie 3 avec la scène de l'aveu, devinez ce que fait notre bon vieux NEUNEU ? 
Il est comme ça, en mode spectateur avec des pop-corns, observant avec joie cette bonne vieille madame de Clèves qui avoue avec peine et douleur son amour pour un autre. Alors je sais, généralement, c'est super de savoir que quelqu'un nous aime... MAIS LA, SE REJOUIR ALORS QUE DEUX PERSONNES SONT EN TRAIN DE SOUFFRIR, C'EST LIMITE PAS CORRECT. Enfin après, c'est mon avis, hein.

Et il s'arrête pas là le Neuneu. NON. Il va même tout confier à son ami le Vidame de Chartres en cachant les noms des personnes concernées. Parce qu'il ne sait pas tenir sa langue quand il est content. Bah oui. Faut pas trop lui demander. Et comme le Vidame aime partager les potins, il va confier ça à Mme de Martigues, sa compagne, qui va le transmettre à Mme la Dauphine. Donc la rumeur s'est répandue. MERCI M. DE NEMOUUUUUUUURS. 

Alors bien évidemment, c'est vrai qu'il est touchant à la fin quand il essaie de reprendre contact avec Mme de Clèves, dans la partie 4, avec notamment la scène où Mme de Clèves le voit, couché et endormi sur un banc, fatigué et exténué. 

Mais, pour être franche, les trois-quart du temps, j'avais de le prendre par le bras et de lui dire : "Bon, maintenant, tu vas bien m'écouter: TU LUI FOUS LA PAIX !"

Enfin, terminons cette présentation par la petite recommandation : 

Pour lire La Princesse de Clèves , je ne vous cache pas qu'il faut être un sacré randonneur de la lecture. Il faut s'accrocher dès le début pour ne pas lâcher la lecture à cause des trois mille présentations et des propositions subordonnées. Mais je pense que cet effort en vaut la peine parce que franchement, on se rend compte que toute cette thématique sur l'amour qui est mise en avant dans le roman nous permet de nous interroger, par exemple : La conscience et la rigueur peuvent-elles mener au bonheur ? Aimer une personne quand cette dernière ne veut pas nous aimer, est-ce renoncer à l'amour ou au contraire persister ? 

Voilà, voilà, j'espère en tout cas vous avoir convaincu pour ceux qui n'ont pas encore lu le livre ! Pour ceux qui ont lu le livre, bah voilà quoi, j'espère vous l'avoir montrer sous un aspect plus... Marrant ? ^^' 

A la revoyure !!