6.

Chris, au gymnase de Culpa.

Ce soir, les quatre départements sont rassemblés. Nous nous reluquons tous, appréhendant la moindre parole, la moindre découverte, la moindre punition. Nous sommes dans l'inconnu la plus totale et je prie de tout mon cœur pour que rien ne sorte sur moi, ni sur Willy, ni sur Brian et Dane.

Notre plan est déjà tout tracé et beaucoup trop avancé pour pouvoir perdre aussi près du but. Nous ne pouvons pas nous permettre d'échouer si proche de la victoire, du moins de la réussite, car le mot victoire est trop grand pour ce que nous comptons faire.

Je jette un coup d'œil à chacun de mes compères, la mine défaite ils fixent le sol, hormis un de mes camarades de chambre au bout de la fil. Celui-ci n'exprime aucune crainte, aucune émotion. Il se tient droit, le torse bombé, la tête haute et il toise les sentinelles d'un regard dénué de toutes émotions.

Et ces dernières sont là, nous lorgnant de leurs regards infâmes et répugnants. Elles ressemblent à la fois à des figures robotisées et à des parties d'insecte qu'on n'oserait même pas toucher, rien que par effroi. Je ne sais pas comment ces trucs ont été créés, ni par quel moyen. Comment peut-on un jour se dire « Tiens ! Je vais créer un spécimen à faire vomir n'importe quel humain ».

Cette ressemblance avec les mouches ou à tout autre bestiole dégoûtante n'est pas sans rappeler l'endroit où je vis quotidiennement avec mes acolytes : un enfer. Cette allégorie qui se balade autour de nous, nous rappelle tous les jours que ce lieu sent mauvais et est maudit. Nous sommes maudits. Et ceci jusqu'à la moelle.

Nous patientons debout depuis déjà une bonne heure. Ayant été obligé de manger à la va vite au self, j'ai déjà le ventre qui se creuse. Seulement, je vais devoir attendre jusqu'à demain matin à présent. Et puis au fond, ce n'est pas très dur de ne pas manger en fin de compte, puisque la nourriture n'y est pas vraiment appétissante ici. Mais je me dis que c'est sûrement pire ailleurs. C'est toujours pire ailleurs de toute façon, npas vrai ? Enfin bon, j'essaye de positiver comme je le peux.

J'ai mal aux jambes, surtout au genou droit qui a toujours été une faiblesse pour moi. Ma rotule me fait horriblement mal et être debout n'arrange en rien ma souffrance. Je morfle ! C'est exactement le mot qui convient. Je n'en peux plus, mais je prends sur moi pour ne pas m'affaler sur le sol. Je résiste tellement que j'ai l'impression que la douleur s'intensifie de plus en plus, à force de poser toute mon attention sur ce problème. Alors qu'il y en a un bien plus grave qui va se dérouler dans quelques minutes.

La lèvre inférieure en sang, je continue de me mordre afin d'atténuer ma douleur, quand une gardienne entre en fracas dans le gymnase, où nous sommes disposés les uns après les autres, dos au mur.

Elle se dirige tout droit vers une sentinelle qui nous surveille. D'un pas bien décidé, elle la regarde fixement jusqu'à ce qu'elle arrive à sa hauteur. Je ne sais pas ce qu'elles se racontent et ceci à le don de m'agacer.

Je tends l'oreille, presque prêt à tout pour entendre ne serait-ce qu'un seul mot. Est-ce qu'elles ont trouvé quelque chose de suspicieux ? Est-ce qu'elles ont des doutes sur un ou plusieurs élèves en particulier ? C'est ce dont j'aimerais savoir. Le stress me rend complètement paranoïaque. J'aurais bien besoin du don de Brian en ce moment même, rien que pour savoir ce qui se trame derrière toute cette mascarade.

La gardienne tourne ensuite le dos à la sentinelle puis nous fixe chacun notre tour. Le regard soupçonneux, on dirait qu'elle lit au plus profond de notre âme, en quête d'importante informations à se mettre sous la dent.

– Enlevez vos chemises, ordonne-t-elle, sans crier gare.

Qu'est-ce qu'elle vient de dire ? C'est une blague, j'espère ? Je suis hyper pudique ! Elle veut ma mort avant l'heure ?

– Tout de suite ! crie-t-elle plus fort encore, la rage ancrée sur son visage.

On se jette tous à la volée des regards d'incompréhension, de panique ou même de gêne, mais on s'exécute malgré tout. Une fois cela fini, la gardienne sourit, d'humeur satisfaite.

– Le pantalon à présent.

– Quoi ? s'écrit l'un de nous. Vous voulez quoi d'autre encore ?

C'est Tyler. Je le reconnaitrais entre mille avec sa voix enrouée. Lui, il est mal parti, si j'avais un conseil à lui donner, c'est qu'il devrait vite se raviser et se taire. Voire de s'excuser. C'est un conseil, mais moi-même je ne l'appliquerais pas.

La gardienne esquisse un demi sourire, tout en faisant un geste de la tête à une des sentinelles à sa gauche. Cette dernière fonce droit sur l'intéressé, l'empoigne par le cou sans difficulté face à la silhouette svelte de mon camarade et sort du gymnase avec lui.

– Lâchez-moi, sale bestiole ! Lâchez-moi !

Nous l'entendons protester un petit moment jusqu'à ne plus discerner qu'un chuchotement à peine audible.

– C'est foutu pour lui, murmure mon voisin d'à côté, presque banalement, il a agi bêtement sur ce coup.

– Le pantalon ! hurle de nouveau la femme un timbre plus fort, sa voix résonnant dans l'immense salle.

Je me déshabille lentement. Très très lentement, espérant qu'elle change d'avis ou que quelque chose le fasse pour elle.

– Fouillez-les, lance-t-elle, d'un ton sec et ferme à d'autre sentinelles encore présentes.

Pendant plus d'une demi-heure, elles nous fouillent, nos vêtements sont passés au crible et elles nous palpent de haut en bas. C'en ai humiliant...

Tout le monde passe le test avec brio. Je peux enfin relâcher la pression retenue dans ma poitrine et souffler.

La goutte au front, je me rhabille en deux temps trois mouvements et sors de ce fichu gymnase, fonçant tout droit à mon dortoir dans cette foule dense qui en fait de même.

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