39.

Charlène, dans Gloria

Cela fait des jours que je n'aie pas vu Dane à Culpa. Et dans un même temps, j'ai comme l'impression que ma mère me cache quelque chose. J'espère qu'il ne lui est rien arrivé de grave.

– Rien à signaler ? me demande la vraie Gloria, dans mon dos.

– Non, rien du tout, mais...

– Tout se passe bien il semblerait, me coupe une gardienne.

– Parfait. Ashley va prendre la relève, je dois te parler.

– Me parler de quoi au juste ? Du fils que tu as lâchement abandonné ? m'égosillé-je à son encontre.

Hélas, l'autre gardienne répond une fois encore à ma place. Qu'est-ce qu'il se passe ?

 – De quoi voulez-vous me parler, ma reine ? Si c'est à propos des trois garçons...

– Pourquoi te parlerai-je d'eux ? pouffe-t-elle, son air hautain retrouvé.

Une alarme stridente se déclenche sans crier gare. Je ne comprends pas ce qu'il se passe, toutes les gardiennes, mais aussi les sentinelles courent dans tous les sens comme si Gloria était prise d'assaut. Je sors de la salle de surveillance, les couloirs sont bondés, et dans l'affolement général, tout le monde se bouscule.

Je cherche ma mère du regard, mais je ne la vois plus. Elle a totalement disparu de la pièce où je m'entretenais avec elle quelques minutes auparavant.

Des femmes crient, des noms sortent de toutes parts, les lumières des couloirs étant toutes éteintes, je remarque qu'il y a beaucoup de lampe torches qui s'enflamment de partout. une façon de parler, pour dire que les gardiennes sont beaucoup trop agitées par cette sirène.

Mais au fait, pourquoi la sirène à retenti ? Je n'ai rien remarqué d'étrange sur les caméras de surveillances, sinon je me serais directement doutée que quelque chose clochait.

– Maman ! la hélé-je. Où tu es ? Gloria !

Je déteste appeler ma mère comme cela, mais c'est la seule chose dorénavant qui retient son attention. Le mot "Maman", n'existe pratiquement plus dans son langage.

– Ashley !

J'interpelle une des gardienne qui observe, tout comme moi, cette scène horrifique.

– Ashley ! As-tu vu Gloria ? Répond-moi, bon sang !

N'ayant aucun retour de cette fille qui reste stoïque, je cours à contresens du flux des femmes, en espérant trouver ce qu'est ce problème. Arrivée à la porte coupe-feu, je fixe le ciel en pensant y trouver la réponse à cette affolement général. Hélas, il n'en est rien. Au lieu de ça, j'analyse l'état de la situation et assiste à un véritable déluge d'armes.

Les sentinelles, tout comme les gardiennes, ne sont en aucun cas affolées, elles se dépêchent juste afin d'aller s'approvisionner en armes. Mais pourquoi faire ? Y aurait-il une attaque extérieur ?

– Sandy !

– Ne reste pas là à rien faire Ashley ! ordonne-t-elle. Va chercher des munitions et file aider à barricader les frontières.

– Mais explique-moi ce qu'il se passe au moins ? rétorque l'intéressée.

– On n'en sait pas plus que toi, mais c'est un ordre de Gloria.

Jamais elles ne disent que c'est une directive de ma mère. Elles l'appellent toutes Gloria. Cela me sonne étranger et me donne une autre vision de ma mère qui n'est pas la bonne, malgré ce que ses actions engendrent.

Je me dirige au milieu de l'immense cours et tourne sur moi-même. Elles exécutent comme de bon petits soldats, cela me rebute. Comment peuvent-elle se laisser commander de cette façon ? Elles sont aussi esclaves que les hommes, en définitive.

Je suis déconcertée par la situation. Perdue dans mes pensées, je rêve intérieurement que tout cela cesse quand soudain, mes yeux se posent sur une silhouette que je reconnais sitôt.

Mon cœur manque un battement, et la panique me submerge instantanément.

C'est Dane. Là, droit devant moi, longeant un mur de plusieurs mètres de haut. Est-ce un mirage ? Ou bien c'est vraiment lui ? Mais comment diable est-il arrivé jusqu'ici ?

Je suis à deux doigts de hurler son nom, mais je me retiens, me rappelant de l'endroit où je suis. Tout en discrétion, du moins je l'espère, je me dirige d'un pas décidé dans sa direction.

– Dane ! l'appelé-je, dans un chuchotement forcé. Dane !

Malheureusement pour moi, il ne se retourne pas et continu son chemin, aux aguets en longeant un des pans de mur en brique du bâtiment de surveillance. Si c'est lui que toutes ces femmes recherchent, je comprends pourquoi il avance si précipitamment, sans se rendre compte qu'il file vers la frontière de Culpa, qui est extrêmement bien surveillée. S'il veut fuir, ce n'est certainement pas dans cette direction.

Je tente de le suivre de loin sans attirer l'attention sur moi, ni sur lui en passant. Il faut néanmoins que je me presse afin de l'aider dans ce qu'il compte faire ici. Il ne doit absolument pas qu'une femme le voit. Lui, tout comme moi, serions en mauvaise posture.

– Dane !

Sursautant, il presse le pas de peur d'avoir été repéré. Je fais de même, décidée à ne pas le lâcher d'une semelle afin de le sauver du pétrin dans lequel il s'est fourré.

– Dane ! C'est moi ! le préviens-je, attrapant brusquement le bras.

Il se retourne le regarde vide, mais apeuré. Il me fait de la peine, je ne l'aie jamais vu dans cet état là. Qu'est-ce qui lui est arrivé ?

– Calme-toi, ce n'est que moi, Charlène, ta sœur.

Il me fixe de ses yeux rouges cernés, comme s'il cherchait dans sa mémoire qui je pouvais bien être.

 – Qui est là ? demande-t-il, bizarrement.

Le voir dans cet état me brise le cœur, mais je n'ai pas le temps de réagir car le néant se précipite sur moi, comme si je perdais le contrôle de moi-même.

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