36.

Chris : 01h30

Le regard dans le vague, j'attends que le temps passe désespérément.

Je n'ai plus la notion du temps. Je ne pourrais pas dire quel jour nous sommes exactement. Si je calcule bien vis a vis de l'horloge, je miserai pour le mercredi, mais je ne suis pas certain.

Tout ce que je sais, c'est que je suis bloqué dans cette cellule pendant encore un bon moment je pense, avec un idiot de psychopathe qui nous a trahis.

L'idée de créer un feu afin de nous permettre de sortir de ce trou est bien plus difficile à mettre en place que d'en parler.

Nous sommes tous les trois d'accord sur le plan à mettre au point. Willy est un peu plus réfractaire, mais c'est certain qu'au fond, il fera tout pour s'enfuir de ce maudit endroit. Alors, je sais que je le tiens encore sous ma coupe pour quelque temps, du moins, jusqu'à ce qu'on soit sorti d'affaire.

Il a besoin de nous, bien qu'il nous ait montré tout le contraire jusque-là. Je peux mettre ma main à brûler que tout son petit jeu n'est qu'une façade pour ne pas montrer l'affolement qui le submerge. Du moins, c'est mon avis.

Tout ce que je sais, c'est que lorsqu'on sera sortis de cette cellule, je compte bien fuir le plus loin possible, avec ou sans lui, peu m'importe à présent. Maintenant, je ne pense qu'à moi et à mon avenir. Je fais encore confiance à Brian, mais c'est son meilleur ami, alors je dois être sur mes gardes les concernant. On est jamais à l'abri d'un retournement de veste.

Je profite de la nuit pour avancer mon plan. Il n'y a pas de bruits à cette heure tardive, tout le monde dort et c'est risqué de faire ce que je fais. Car claquer des pierres entre elles, ce n'est guère silencieux.

Je suis toujours affairé, quand je vois Brian se lever et s'approcher de moi.

– Je crois que tu t'obstines pour rien. Je ne pense pas que ces pierres soient assez riche en sulfate de fer. Ça ne sert probablement à rien ce que tu fais, m'explique-t-il, en s'asseyant face à moi.

– Ça ne coûte rien d'essayer.

– Chris écoute, ne te fatigue pas inutilement.

– Je ne sais pas vous, je rétorque en continuant mes travaux, mais moi j'ai une envie assez pressante de sortir de ce trou à rat.

– Je te rassure, Chris, moi aussi j'ai envie de partir loin de ce calvaire. Mais il faut aussi qu'on fasse les choses intelligemment.

– Vas-y, je t'écoute alors ? Qu'est-ce que tu as à proposer de plus intelligent ?

– Ne le prends pas mal.

– Loin de là ! Je suis juste à bout de nerfs. Tu peux le comprendre ?

– Bien sûr, répond-il sincèrement en attrapant les deux bouts de bois que j'avais laissé tomber lors de notre premier plan foireux.

– On avait peut-être bon dès le début. Ce bois peut nous servir. Mais pas pour fabriquer des clés. Pour créer du feu, justement.

– Tu veux essayer de faire du feu avec ça ?

– Oui, ça marchera sûrement plus qu'avec de la pierre. Tu veux bien m'aider ? Il faut qu'on soit deux, ce sera plus facile en tout cas.

Je me rapproche un peu plus de lui afin de tenir les extrémités d'un des bouts de bois, alors que lui se chargera de frictionner l'autre contre le mien.

Au bout d'un long moment, tous les deux en nage, nous faisons une pause, épuisés.

– Je ne sais pas comment ils faisaient du temps de la préhistoire, mais ils étaient courageux.

– Ou bien ils avaient la bonne technique.

– Aussi, rigole-t-il, pris d'une quinte de toux grasse, tu crois qu'on arrivera ? Je veux dire, même si on arrive à sortir d'ici, tu penses qu'on atteindra Alibi sains et saufs ?

– Oui, acquiescé-je sûr de moi, difficilement, mais on réussira. Je ne sais pas ce qui nous attend là-bas, mais ce sera sûrement moins pénible qu'ici.

– Est-ce que tu regrettes parfois d'avoir fuit Culpa ?

– Honnêtement, je ne sais pas. Je ne pourrais pas te dire. Mais ce que je peux te dire, c'est qu'il y a sûrement mieux ailleurs. Et puis, j'en ai assez d'être surveillé et opprimé. Que l'on me choisit ce que je devrais faire plus tard. Que l'on me dicte les cours que je dois suivre. J'en avais marre. Alors finalement oui, je suis plutôt content d'avoir fuit.

– Je suis d'accord.

– Mais toi ? Comment tu comptes faire avec ta copine ?

– Je n'en sais trop rien. Je lui aurait bien demandé de me suivre, mais déjà à nous quatre c'est compliqué et ça a mal tourné. Je ne veux pas qu'elle soit bannie par ma faute.

– Elle est gentille ?

– Elle est merveilleuse ! acquiesce-t-il, un demi sourire aux lèvres. Et elle me manque.

– Tu es tombé sur la perle rare, on dirait.

– Effectivement. J'ai eu de la chance. Vanessa est de celles qui se font rare de nos jours. Charlène est aussi comme ça, si je ne me trompe pas ?

– Oui visiblement, heureusement qu'elle a su garder son humanité. Même si on ne la pas vu depuis un bon moment.

– On remet ça ? me demande-t-il, en montrant le tas de bois à nos pieds.

– On n'a pas le choix, si on veux revoir celles qu'on aime, le taquiné-je en lui jetant un clin d'œil.

– Bien dit. C'est parti alors, on sait ce qu'il nous reste à faire.

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