15.

Chris, quelque part dans les caves de Belgh à 23h01.

Ce dimanche est bien différent des précédents. Nous touchons au but et j'ai hâte de sortir de ce trou à rat !

– Si on s'appuie sur la théorie de Lowry...

– Il a une théorie ? Même en épluchant chaque page, chaque ligne et chaque mot de son bouquin, je n'ai rien trouvé qui pourrait nous aider pour ce soir. Ce n'est qu'un livre ! ricane Brian.

– Ce n'était qu'une idée fugace... N'empêche, Jonas a du courage pour un type de douze ans. J'espère juste qu'on y arrivera comme lui a réussi.

– Chris, me coupe Dane, mets ton blouson.

– Elles autorisent ce genre de lecture ? me demande Willy, revenu d'entre ses pensées.

– Oui, mais parce qu'elles croient que c'est une utopie. Alors que c'est une contre-utopie. Ces enseignantes ne sont pas toujours clairvoyantes.


– J'entends déjà ce qu'on va nous dire si on nous cerne.

– Tu devrais plutôt chercher sur comment t'enfuir si elles essayent de t'arrêter, réplique Dane, plus sérieux que nous.

– Big Sister is watching you ! continue Willy, amusé.

– Arrête de faire le pitre, il y a plus important à faire, là !

– Détends-toi, Dane.

– En parlant de détente, vous avez bien fait comme je vous ai dit ?

– Pour ma part, oui, réponds-je, j'ai mis des tas de fringues sous ma couette comme ça, c'est ni vu ni connu. Elles penseront que je dors profondément et ça retardera l'alerte contre nous.

– On se croirait dans un récit sur comment réussir à s'évader d'Alcatraz. Je me sens à la fois un héros, mais aussi comme un hors-la-loi, chuchote Brian.

– Heureusement que personne vient dans ses sous-sols. On a de la chance, dit Dane, quel est ce bruit ?

– Ça vient sûrement des cuisines, commente Willy, râleur et fatigué, toujours les bras croisés.

– Non, c'est moi, dis-je, le trou est fini de creuser. On peut descendre dans le tunnel et se barrer.

– T'es sérieux ? s'écrit Willy. Enfin ! Je n'imagine même pas l'effet que ça va être que de sentir le vent de la liberté sur moi.

– Le même effet que quand tu as la clim en plein visage, rétorque Brian, moqueur.

Le trou du sol de la cave fait, nous avons à présent accès à un couloir de service de moins d'un mètre de large et non gardé, longeant le couloir des dortoirs. Les conduites nous permettent de rejoindre l'extérieur après le retrait d'un énorme aérateur. Tout cela sans être vu.

– La porte est fermée par un cadenas... râle Dane, devant une porte, je vais m'occuper de ça de suite.

– Non, laisse-moi faire, interviens-je, plus doué que lui dans les travaux manuels.

Je crochète la porte à l'aide de deux petits trombones. En cinq secondes, c'est déjà fait, mais nous sommes brutalement surpris par une alarme qui se déclenche.

– Et merde ! crie Dane. On se grouille !

Nous arrivons enfin dehors, mais il fait froid et nuit. On peut voir un rond lumineux dans le ciel noir. Je crois qu'on l'appelle la Lune et j'ai récemment appris que c'était le satellite de la Terre. Je crois aussi qu'on est une nuit de pleine lune et selon les croyances, une nuit comme celle-ci peut être de mauvais augure.

L'alarme résonne dans mes oreilles. Nous courons de concert. Dane est devant avec Willy et Brian. Je les suis de près bien qu'à la traîne. Soudain, nous entendons des bruits de pas derrière nous. Elles courent, sûrement à la recherche de ce qui a pu provoquer cette alarme. Seulement, elles ne savent pas où on se trouve. Leur champ de vision est réduit grâce à la coupure des caméras.

Nous tombons sur la frontière entre Culpa et Gloria, séparées par les fils de barbelé.

– Chris, ta pince ! m'interpelle Dane, toujours calme, mais efficace.

– Tu n'arriveras jamais à couper ces putains de fils de fer à temps ! gueule Willy, par-dessus le bruit, toujours aussi positif qu'à l'accoutumé.

Nous apercevons des lumières provenant sûrement de lampes torches se rapprocher de nous.

– On perd du temps, beaucoup trop de temps ! gueule Willy, devenu incontrôlable.

On gèle sur place, mais Dane reste d'un calme olympien, aidé par Brian. Moi, je suis en pleine panique à cause surtout du psychopathe qui tourne comme un lion en cage.

– Halte ! crient les sentinelles. Halte-la !

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