13.
Département des psychopates à 02h52
Il doit déjà être minuit passé depuis belle lurette, ce qui veut dire que nous sommes vendredi à présent et moi, je fixe encore et toujours le maudit plafond de ce dortoir puant la charogne.
Tout le monde dort, ou presque. Je suis sûrement trop excité à l'idée de me dire que dans quelques jours, je ne serais plus dans cette satanée pièce à ressasser ma journée et à me demander si j'ai bien agis ou non.
Plus loin, certains élèves parlent à voix basse. Ce trio je le connais bien, les psychopathes les surnomment les Couche-Tard. Ils veillent jusqu'à pas d'heure et le lendemain, ils ne semblent pas le moins du monde fatigués.
Je soupire. Ce plafond me rebute. Je me redresse d'un coup et sors de mon lit comme si mon corps était robotisé. Je me dirige jusqu'au groupe des trois et m'assois à leur côté.
Au début, ils s'arrêtent de discuter et me toisent d'un œil méfiant. Puis, à peine une minute après, l'un d'eux reprend comme si de rien n'était.
– Vous parlez de la prof d'histoire ?
– Ouai, répond le dénommé Ian, elle me fiche la trouille.
– Pourquoi tu t'incrustes ? intervient l'autre, à ma droite.
– Je ne dormais pas. J'avais besoin de me changer les idées.
– Parle donc alors, ajoute le troisième, à ma gauche.
– Parler ? Mais de quoi ?
– De ce qui te tracasse au point de ne pas dormir, tranche le premier, face à moi.
– Ça, je ne peux pas.
C'est vrai. Je ne peux pas leur parler du plan que mes trois amis et moi avons mis en place.
– Pourquoi ça ?
– C'est... personnel.
– Une copine ? me demande celui de droite.
– Non, rigolé-je, mal à l'aise, loin de là.
– Allez vas-y, crache le morceau, bordel !
– Je me casse d'ici.
Je lâche cette info malgré moi. J'ai trop besoin de soulager ma conscience, de parler à d'autre personne que ceux avec qui je partage ce secret. C'est trop pesant pour moi de devoir me cacher et de mentir ou d'omettre de dire certaines choses. Il faut que tout ça sorte. Et enfin j'ose me libérer.
– Qu'est-ce que tu racontes, mec ? questionne Wade à ma gauche, les yeux froncés.
– Je vais m'enfuir d'ici. De cette taule sous qui a l'aspect trompeur d'un lycée.
– Attends, attends ! Tu es en train de nous dire que tu te barres du lycée ? Mais comment tu vas faire ? C'est truffé de caméras, il y a des sentinelles à chaque recoin et Culpa est archi surveillé ! Sans compter la frontière entre ici et Gloria. Tu comptes t'y prendre comment ? C'est tout bonnement infaisable !
– Je ne suis pas seul. J'ai des amis dans chaque département qui viennent avec moi. Ça fait des mois qu'on prépare cette escapade. Et nous n'en sommes plus très loin maintenant.
– Vous êtes plusieurs ? m'interpelle Ian.
– Oui. Je vous l'ai dit. Vous êtes bouchés ?
Putain, Willy, mais qu'est-ce que tu fous bordel ?
Je suis en train de tout dévoiler ! De trahir mes amis. On a fait un serment, celui de ne jamais rien dire. Et même si l'un de nous ne voulait plus le faire, il faut qu'il reste muet malgré tout.
Alors que moi, je fais actuellement tout le contraire. Je veux partir, mais je divulgue presque tout notre plan. Encore heureux que je n'ai cité aucun nom. Et puis, je pense que si les femmes sont mise au courant, elles se ficheront bien de qui elles trouveront en face d'elles. À partir du moment où les gardes chercheront des évadés, elles arrêteront tous les hommes sur leur passage.
Tu es foutu, Willy. Tu as tout fichu en l'air ! Tout ça parce que tu ne supportais plus le leadership de Dane...
C'est vrai après tout. Il se croit le boss juste parce qu'il nous a fait confiance et nous a proposé cette échappatoire. Juste parce que monsieur nous a choisi et nous a donné sa confiance, mais aussi, et surtout, parce que c'est le fils de cette fameuse Gloria.
Je le sais, car je l'ai entendu échanger avec sa sœur, cette sois-disant Charlène. Mais je préfère garder ce secret pour moi, afin de voir jusqu'où il est capable d'aller dans ses fourberies.
Dès le début pour moi, il n'a pensé qu'à lui. Qu'à son image. Qu'au pouvoir. Il est au-dessus de notre rang social à nous autres, le reste des élèves de Culpa. Lui est né une cuillère en or dans la bouche. Alors c'est sûr, ça doit faire mal à son égo de se retrouver là et d'espérer s'en sortir avec l'aide de gueux comme nous !
Toute cette haine m'a dépassé. Et j'ai commis l'inévitable. Je m'en veux. Non pas pour Dane, mais pour Brian surtout et Chris aussi. Par ma faute, ils vont sans doute morfler.
Je n'écoute plus les gars. Je me lève, désemparé par ma propre bêtise humaine et retourne m'allonger et me ronger la chair jusqu'aux os pour me punir de mon affront.
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