Chapitre 10 : Les fiançailles

...Ou se dire qu'on allait être marier, contre son gré, à une personne qui n'avait absolument rien pour elle !

Depuis l'annonce du futur mariage de Tianna, Trevor et Jeanne étaient encore plus strictes avec leur fille, ils ne laissaient rien passer, désireux de ne rien laisser au hasard.

Elle devait être parfaite ! Aussi bien en tenue qu'en manière.

La véritable personnalité de Tianna s'était enfouie encore plus profondément au fin fond de son esprit.

La famille et proches royaux de Tianna rencontraient la famille d'Alphonse, pour débuter et officialiser les fiançailles, les prémices de l'union des deux lignées.

Tianna et Alphonse étaient sublimes, étincelants, parfaits. Très Nobles, en fait. Les filles la jalousaient, les garçons le jalousaient. Aucun invité ne pouvait leur piquer la vedette !

Hélas, Tianna ne pouvait que se trouver laide, voir affreuse, durant la cérémonie, jugeant que c'était trop.

Et, elle n'était pas trop. Au contraire, elle était justement une femme ultra-simple.

Par contrainte et respect pour son père, Tianna avait réagit positivement aux fiançailles. C'est-à-dire, docile, elle n'avait pas cherché à refuser le destin qu'on lui avait choisi au préalable.

Et puis, Tianna n'avait pas d'issue pour retrouver sa liberté. Elle n'avait guère le choix. Prise dans ses chaînes, elle était... prisonnière.

La cérémonie s'ensuivit de vastes festivités durant plusieurs jours. Tianna n'était donc pas chez elle, pratiquement mariée à un homme qu'elle détestait au plus au point.

En parlant de mariage, pour elle, c'était bientôt...

Dans quelques heures, son destin allait être sceller à jamais...

Dans l'après-midi, le cardinal viendra la mariée à Alphonse.

Bientôt, elle sera à lui...

Bientôt, son destin sera lié à celui d'Alphonse... pour le meilleur et surtout pour le pire.

Tianna lisait tranquillement dans une chambre chaleureusement prêtée par la famille de son futur époux. (Oui, elle avait dû sérieusement négocié pour ne pas à avoir à dormir avec lui... privilégiant son intimité, en se justifiant : « Il ne faudrait pas que l'on ait des rapports avant le mariage, ça ne serait pas légitime... » )

Alphonse, vêtus de ses somptueux habits rouges, entra. Il semblait bienveillant, sans mauvaise idée derrière la tête. Il s'approcha de Tianna, lui caressa les bras, puis les joues, et l'embrassa pour la saluer.

Tianna ne broncha pas, ignorant ce dégoût récent, se laissant faire.

Mais il n'ajouta rien fait de plus. Il était courtois et charmant, c'était vraiment perturbant. Aucune violence, aucune tentative de rapport sexuel sans consentement.

Mais Tianna aurait dû s'en douter, il fallait toujours se méfier de l'eau qui dort...

Et plus la conversation se poursuivait, plus elle voyait réapparaître la véritable personnalité et les intentions d'Alphonse. Les caresses se transformèrent en étreintes puissantes et oppressantes. Il voulait la séquestrer.

— Douce Tianna à la chevelure d'Or et au yeux bleus des océans, depuis le temps que je t'observe, je n'arrive pas à discerner qui tu es vraiment. Tu es si fourbe, si intelligente, si habile. Un esprit si brillant. Tu es tellement imprévisible... Ce n'est pas que je ne te fais pas confiance, mais tu serais bien capable sous tes airs innocents et consentants de t'enfuir juste avant le mariage ! Alors...

Deux hommes arrivèrent dans la chambre. Ils tentèrent de la maîtriser.

Tianna se débattit furieusement. Elle cria.

Alphonse lui mit la main sur la bouche, et la bâillonna d'un vieux tissu.

Tianna réussit tout de même à s'enfuir, après lui avoir infliger un coup bien placé. Elle déferla dans les couloirs, se frottant à chaque mur pour se soutenir, Alphonse et ses deux hommes à ses trousses.

Tianna sortit dehors dans la cour, vers les jardins extérieurs, là où personne ne venait jamais, relier à un espace forestier.

Dans cette espace en forme de U, la forêt sur la gauche, un long mur sur la droite. Il faisait beau : ciel bleu, soleil ensoleillé.

Les deux hommes la suivirent. Alphonse apparu en face d'elle.

Ils l'encerclaient. Ils jouèrent aux chats et à la souris durant de longs instants.

Alphonse et ses hommes dans le rôle des chats, et Tianna dans le rôle de la souris.

Fort heureusement, elle était rapide et endurante grâce aux entraînements forcés de son père.

Mais cela ne la sauva pas pour autant.

Ils resserrèrent le vieux tissu sur la bouche de la jolie blonde aux yeux bleus.

Les deux hommes maîtrisèrent Tianna, prenant chacun un bras, et Alphonse la poussa vers l'avant, vers le mur, dos à la forêt. Et continuèrent à la persécuter, physiquement, mentalement, et parfois même sexuellement.

Tianna était en panique.

Que devait-elle faire ? Tianna ne pouvait pas appeler à l'aide, elle ne pouvait point se débattre.

Les mains baladeuses d'Alphonse explorait le buste de Tianna, elle gémit d'effroi. Elles commencèrent à le déboutonner, pour davantage de plaisirs corporels.

Peau contre peau.

Alors que Tianna se crispait en voyant son intimité violée, quelque chose jaillit de son décolleté !

Comme une fusée, fiouuuuuu !

— GERONIMOOOOOOOOO ! hurla la petite chose, propulsé ultra-rapidement dans la face d'Alphonse.

La petite chose n'était autre que le petit gobelin bleu à la grande touffe foncée.

Il sauta sur la tête d'Alphonse et commença à le griffer de toute part, tirant sur ses cheveux.

Alphonse recula, en grognant, tentant de retirer la chose sur son visage.

Puis, il enfonça deux doigts dans chaque œil d'Alphonse pour le déséquilibrer.

Le gobelin bleu accourt sur sa tête, et tout en lui tirant les cheveux, il dégaina son lance-pierre et mitrailla les deux hommes de cailloux.

Cette scène relevait d'un certain comique sur les bords ! s'avouait Tianna, intérieurement.

Rikúl, mon héros !

Ou pas... L'un des trois réussit une offensive, et le gifla, tombant de la tête d'Alphonse.

Tianna se précipita vers Rikúl et le prit dans ses bras. Pas question qu'ils ne lui fassent le moindre mal.

Premièrement, Ils étaient effarés.

— Euh... quelle est cette chose ? demanda l'un des hommes qui se regardaient étrangement.

— Je ne sais point non plus, renchérit l'autre.

— Cela m'a tout l'air d'être un troll, un ogre. Ou une autre chose dans le genre, informa Alphonse. C'est intéressant... ce n'est pas censé prendre vie uniquement dans nos ouvrages, tel que les contes de fée, que notre mère ou notre nourrice nous lisait au coin du feu ?

Mais nous sommes dans un livre...

Tianna fit la sourde, dissimulant le petit être le plus possible, pour lui offrir la plus grande protection possible.

Alphonse claqua des doigts.

Les hommes plaquèrent une nouvelle fois Tianna contre le mur, restant toujours aussi muette.

Alphonse la gifla violemment à son tour.

— Parle, femme ! ordonna le Noble promis, d'une voix fortement colérique.

Elle baissa la tête, soumise.

— Oui, c'est un gobelin... chuchota-t-elle, faiblement.

Rikúl força Tianna à abaisser ses bras, le montrant à découvert.

Ouhou, v'la un nouveau petit numéro !

— Je suis Rikúl, gobelin de plus de deux cent ans. Je vis dans le seul endroit auquel vous ne songerez jamais, moi et ma famille de gobelins de plus de deux mille ans !

— Oh, en plus il parle et gigote partout ! Trop bien ! commenta l'homme numéro un.

— Ouais, cette fille doit être une sorcière. Elle parle avec des êtres maléfiques, contra l'homme numéro deux.

— Pfffff, répliqua Alphons, indécrule, ce gobelin, maléfique ? Vu sa tête d'enfant niais, tu crois qu'il peut être maléfique ? Je suis sûr qu'il ferait même pas mal à une mouche !

Euuuuh il avait dû oublier le moment précédent, cette entrée fulgurante et sauvage de Rikúl.

— Mais cela tombe bien... Plus on est fous, plus on rit ! Deux personnes pour le prix d'une, génialissime... souffla Alphonse, sadique, un sourire satisfait aux lèvres.

Ils reprirent leurs activités.

Alphonse voulait punir Tianna pour sa mini-tentative de fuite en la forçant à coucher avec lui. Et ses hommes de main.

Pendant que l'un des hommes jouaient avec le corps étrange de Rikúl, ils testaient leurs nouveaux accessoires de torture.

Tianna mordait si fort le tissu qu'elle pensait qu'elle allait finir par le déchirer.

Ils étaient impuissants face aux trois humains. Ils ne savaient pas comment cela allait finir. Ils se sentaient désemparés.

Mais qui pourrait leur venir en aide ? Il n'y a jamais personne qui passe par ici.

Tianna et Rikúl étaient seuls. Seuls face à leur désarroi.

Jusqu'à ce que Tianna sentit un regard extérieur posé sur elle, si intense, si puissant, qu'elle pensait que quelqu'un lui envoyait des ondes télépathiques.

...Ou soit, ce n'était que son cerveau qui lui offrait un minimum d'espoir.

Puis, elle aperçut des feuilles et des branches bougées, une ombre se mouvoir dans l'obscurité de la forêt tout droit dans sa direction... 

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