22. Nico : Toujours le choix.

Lorsqu’un Léo aux cheveux brulant débarqua dans le mess et demanda à voir tout le monde, Nico sut aussitôt que ce qui avait commencé comme une mauvaise journée allait finir comme une horrible journée. Le fils  d’Héphaïstos avait visiblement des choses sur le cœur, et aux vues de ce que chacun d’entre eux avait déjà vécu, ça ne pouvait vouloir dire que deux choses : des problèmes, et encore plus de problèmes. Terribles, ces problèmes, biens évidemment. Ayant mis Foestus à la barre, tous se réunir, en une parodie de réunion amicale. Léo et Eve étaient tous deux en bout de table, près de la porte, plus pâles que d’ordinaire, presque plus pâles qu’Hadès lui-même. A la droite du latino, Frank était assis, lui aussi pâle et grelottant, le bras emmitouflé d’épais bandages. Cela faisait presque une semaine qu’il peinait à ce lever, le corps affaiblit par la toxine des harpies. Grâce aux soins constants de Will et Gwen, il n’avait plus de problème pour garder ce qu’il mangeait, mais sa faiblesse était toujours très présente, et son état ne semblait pas s’améliorer énormément, au contraire. A côté de lui ce tenait bien évidemment Hazel, qui, en parfaite petite amie, n’avait pas quitté son chevet un seul instant et tenait actuellement sa main. Près d’elle, Gwen avait pris place, Jason à sa droite. Piper était près de lui, Milo à ses côtés, en bout de table, juste en face des deux mécaniciens du navire. Assit à ses côtés, Nico appréciait a parte la vue qu’il avait sur une majorité de l’équipage tout en restant dans l’ombre, entre le béni de son père et son copain, Will, dont l’assurance tranquille cachait l’angoisse que lui procurait cette soudaine réunion et la pâleur de leur deux amis. A sa droite, Annabeth était visiblement aussi agitée, ses doigts tambourinant en rythme sur son accoudoir. Mais ce n’était rien comparé à Percy, juste à côté d’elle, qui avait entrepris de dévorer une pile de pancakes bleu pour déstresser. Calypso se tenait juste à côté de lui, pestant à mi-voix sur la quantité de sirop d’érable qu’il mettait dessus. Finalement, tout près d’Eve, Noémie se tenait assise - ou plutôt trônait, tellement la tension qui habitait son dos était grande – le regard droit et l’expression inquisitrice. Avisant que tout le monde était prêt à l’écouter, Léo débuta :

- Bon, les gars. Faut qu’on parle.

- On avait compris, grommela Frank, désirant visiblement regagner une position allongée.

Le manque de répartie du fils d’Héphaïstos inquiéta Nico, le renseignant sur la gravité de la situation. Visiblement, tout le monde partageait la même impression, puisqu’Annabeth le pria :

- Continu, Léo.

- Harley m’a envoyé un message Iris. Rachel a compris la prophétie. Et c’est mauvais. Très mauvais.

Un grognement général s’éleva de la table, et Percy laissa retomber sa fourchette, dépité. Se tortillant sur sa chaise, Piper déclara :

- C’est toujours mauvais. Sur une échelle de un à dix, tu dirais mauvais à quel point ?

- Douze ? Treize ? demanda le jeune homme avec un regard interrogateur envers Eve.

La jeune enfant hocha la tête :

- Treize, répéta-t-elle doucement, comme visualisant l’échelle des horreurs dans sa tête.

Un frisson parcours le dos de Nico. Si seule Eve avait dit une telle chose, il l’aurait surement prit plus calmement, la jeune fille n’ayant jamais fait de quête au paravent. Mais si Léo, tué pour sauver ses amis, n’ignorant rien de leur séjour dans le Tartare, déclarait que c’était très mauvais, au point de mériter un treize… tout de suite, ça donnait de la crédibilité à la chose.

- Que vous a-t-il dit, exactement ? interrogea Gwen, toujours avec l’esprit pratique.

Alors Léo entrepris de leur raconter ce qu’il savait à propos des livres sibyllins, de Chaos, Prométhée et des flammes de la connaissance. Au fur et à mesure qu’il avançait dans son récit, la tension montait, et le fils d’Hadès serrait la main de Will, sa bouée de sauvetage. Si Chaos venait à s’éveiller…

- Pour empêcher ça, acheva le jeune homme, nous devons bruler les prophéties. Le problème, c’est comment trouver la Flamme de la connaissance…

- Si c’est ce que veut dire « le début du chemin », commenta Calypso, nous ne sommes pas plus avancés.

Son regard dévia vers Noémie, qui hocha la tête, comme si elle comprenait tout à fait de quoi parlait son amie. Décidément, cette amitié était des plus étranges… songea le fils d’Hadès en se souvenant de la baffe que c’était prise la jeune femme, la veille de leur départ. Mais, à voir les regards entendu qu’elles partageaient, à l’instar d’une conversation silencieuse à laquelle se joignit Annabeth, tout ça était derrière elles, et même loin derrière :

- Harley t’a-t-il laissé entendre quelque chose à ce propos ? demanda la fille d’Athéna.

 - Il nous a même donné la réponse, avoua Eve. Janus les a cachées quelque part.

- Laisse-moi deviner, intervint Milo. Il est le seul à savoir où et ne le dis jamais à personne, c’est ça ?

- Ça doit être parce que c’est une arme trop puissante sur laquelle tous nos ennemis aimeraient mettre la main, renchérit Percy.

- Et évidemment, des pièges mortels nous attendent et nous ne pourrons jamais les franchir, pauvres demi-dieux que nous sommes, finit Jason. C’est toujours la même histoire, ils ne pourraient pas faire, je ne sais pas, un musée des armes destructrices dans lequel on prendrait ce dont on a besoin pour chaque quête ?

- La question n’est pas ce qu’il serait intéressant d’avoir, mais ce que nous avons, trancha Noémie. Bon, quelqu’un a-t-il une idée ?

- Nous n’avons aucun moyen de le savoir à moins d’interroger directement Janus, ça me semble clair, soupira Will.

Sa main sera d’avantage celle de Nico, arrachant un frisson au fils d’Hadès. Il aimait savoir qu’il était son encrage tout comme lui était le sien.

- La question qui se pose maintenant, c’est comment on appel Janus ? déclara très pertinemment Hazel.

Un profond silence lui répondit, vite troublé par Gwen :

- En fait… il se pourrait que j’ai une idée.

***

- Tu es sûre de toi ? demanda de nouveau Noémie. Si jamais tu as le moindre doute…

- J’arrête tout, je sais, répondit la jeune femme en rejetant ses cheveux brun derrière elle.

Installés en cercle sur le pont, sous le ciel dont le soleil commençait à décliner, tous attendait que Gwen appelle le dieu des chemins. Le plan de la jeune femme était simple : tenant une partie de ses pouvoirs du dieu messager et une autre partie de la déesse de la magie, elle comptait simplement utiliser la combinaison des deux pour trouver le dieu et lui demander d’apparaître devant eux. L’opération semblait simple, et pourtant, Nico savait à quel point s’était risqué. Cela s’apparentait à un vol d’ombre, mais avec seul l’esprit en mouvement, ce qui impliquait qu’elle pouvait se perdre ou faire des mauvaises rencontres à tout moment sans qu’aucun d’eux ne puisse faire quoi que ce soit. De plus, comme Hazel l’avait fait remarquer, utiliser la magie d’Hécate pour une opération aussi minutieuse était plus qu’éreintant. Tous craignaient les répercutions, mais comme la mortelle le leur avait fait remarqué, ils n’avaient pas vraiment le choix. Aussi attendaient-ils le crépuscule, moment parfait entre le jour et la nuit, pour tenter l’expérience.

- Bon, soupira Gwen, visiblement nerveuse. Je crois qu’il est temps.

La jeune femme ferma les yeux, et aussitôt, de la brume s’échappa de son corps, flottant vers eux, s’arrêtant aux limites du cercle qu’ils formaient. Sentant la magie lui chatouiller le corps, Nico grimaça, résistant à l’envie de se lever. Il n’aimait pas ce brouillard blanc, qui brillait tandis que le soleil descendait, jusqu’à prendre une teinte de l’argenté le plus éclatant, leur blessant presque les yeux. Presque dix minutes passèrent ainsi, durant lesquelles personnes ne parlait, attendant patiemment que Gwen revienne parmi eux. Finalement, la jeune femme ouvrit la bouche et, d’une voix rauque qui ne lui ressemblait pas, elle déclara :

- Janus, dieu des portes, des choix, des débuts et des fins, je t’appelle. Vient m’apporter l’assurance, vient m’apporter le doute. Vient m’indiquer le chemin, vient m’indiquer le piège. Répond à ma requête et montre toi car moi, fille bénie des dieux, porteuse de message et de la lumière qui jamais ne s’éteint, te demande.

Pendant quelques longues secondes, rien ne se passa. Gwen fronça les sourcils, les yeux toujours clos, et répéta :

- Répond à ma requête et montre toi, car je te demande.

Alors, la brume se mis à vibrer, frappant contre le mur invisible que leur cercle formait. Le soleil acheva sa descente et, au moment précis où l’obscurité s’abattit sur le pont, le dieu apparut, portant à la main une lanterne de lumière verte. L’un de ses visages souriait, la lumière créant des ombres inquiétantes, tandis que l’autre, plongé dans l’obscurité, grimaçait :

- Je suis ton meilleur ami, murmura le visage souriant.

- Je suis ton pire ennemi, ajouta le grimaçant.

- Je suis Janus, dieu des portes, des débuts, des fins, des choix, annoncèrent-ils tous deux. J’ai répondu à ton appel, porteuse de la flamme. Maintenant, répond au miens. Pourquoi suis-je devant toi ?

Gwen n’ouvrit pas les yeux, et la brume tourbillonna, passant tel un courant entre elle et le dieu :

- Nous cherchons le début du chemin. J’ai besoin d’un choix. J’ai besoin d’un croisement. J’ai besoin d’un doute et d’une réponse. Je cherche la connaissance.

- La connaissance… murmura le visage grimaçant.

La brume monta brusquement, entourant la lumière verte :

- Le feu que tu cherches te brulera. Il n’y a pas de chemin pour toi. Pas pour aller là où tu le demande.

- Le feu ne peux pas me bruler, intervint Eve avant que quiconque puisse l’en empêcher. Je peux y aller. J’ai besoin de connaître le chemin.

Songeur, le dieu garda ses deux regards rivés sur la mortelle, et Nico senti la panique l’envahir. Et s’il décidait de l’attaquer ? Hors de question qu’ils restent sans rien faire…

- Le feu d’Hécate ne brule pas en toi, enfant. Pas plus que les pouvoirs de mon père, Apollon. Pourtant, j’entends ton message, et quelque chose en moi me somme de répondre. Mais ce n’est gère important. Vous ne pourrez pas récupérer le feu. Vous mourrez tous en essayant…

- Il me revient d’en décider, rétorqua la bénie d’Héphaïstos, la tête haute. Ma mort n’est qu’une des possibilités.

- Tu m’intrigues, avoua le visage souriant. Toi… tu es destinée à recevoir une réponse et un doute. De nombreux choix ont étés fait pour toi. Le supporteras-tu ?

- Je le supporterais, confirma Eve avec assurance.

Les deux bouches se tordirent en un rictus amusé, et Nico, les yeux rivés sur le visage grimaçant plongé dans l’ombre, senti son cœur se serrer. Ça ressemblait en tout point à un piège, et pourtant, c’était leur seule chance…

- Alors écoute bien, enfant, car je ne le répèterais pas, murmura le visage souriant.

La lumière verte augmenta brusquement, dessinant une grotte dans laquelle un brasero se tenait, trônant, comme conscient qu’il détient en son sein le destin du monde. Et c’était bien le cas, car même avec la lumière verte, Nico la voyait, cette Flamme brulante, qui semblait détenir la connaissance du monde dans ces crépitements.

- Voici le doute, voici la réponse. Voici le choix, voici le temps. Voici le chemin que tu emprunteras. Cachée dans la terre, au début de la fin, ce trouve la clé de ton destin. L’histoire ne concerne que toi, toi seule contrôle ta fin. Ecoute ton instinct, car dorénavant, mon chemin devient le tiens.

Aussitôt, la vision des flammes disparut en une unique lance de lumière, qui s’engouffra dans la poitrine de l’enfant. Aussitôt le dieu et la brume disparurent, accompagnés d’un rire mauvais et d’un rire joyeux. Gwen s’écroula, épuisée, et Eve sourit de toutes ses dents :

- Je connais le chemin ! annonça-t-elle. Je sais où est la Flammes !

Pourtant, malgré la bonne nouvelle, Nico ne put sourire. Il n’arrivait pas à s’ôter de la tête l’l’impression que le dieu avait répondu à leur demande avec un cadeau empoisonné, persuadé qu’ils en mourraient…

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