20. Rachel : Une couleur d'apocalypse.

Pour ce qui lui semblait être la milliardième fois depuis que l’équipage de l’Argo III était parti dans sa quête, Rachel ce demandait ce que pouvait bien vouloir dire les prophéties qu’elle leur avait transmises. Bien que la première était plutôt clair maintenant, elle sentait qu’il y avait un détail, un seul, qui pouvait tout changer, un détail qu’ils n’avaient pas saisi, mais elle était incapable de savoir de quoi il s’agissait. C’était comme demander à un aveugle la couleur de son t-shirt : il savait qu’il en avait une, mais quant à dire laquelle… La seconde, en revanche, était toujours aussi nébuleuse à ses yeux. Fredonnant doucement, elle murmura :

Cinq retourneront au début du chemin
Cherchant pour leur vie les écrits du destin
Les Sept d’une ancienne prophétie
Combattrons celui qui a failli
Chacun se trouvera lié
Par les mots qui furent prononcés
Luttant sans répit contre les cauchemars
Seule une perte apportera la victoire

Rien. Pas la moindre illumination, pas le moindre indice soudain découvert, pas le moindre éclair de génie.

- Je n’y comprends rien, marmonna la jeune femme.

Un ronflement sonore interrompit ses pensées. Soupirant, l’oracle se retourna, découvrant Harley assoupit sur le canapé, le corps à moitié tombé, tenant en équilibre par un coup du sort. Rachel soupira plus profondément. Depuis que Léo était partit, l’enfant passait des jours entiers ici, espérant une nouvelle prophétie ou quelque chose pour aider son frère. Il prétendait que si Rachel était seule, elle pourrait oublier, alors il veillait. Mais jusqu'à maintenant, il n’y avait toujours rien, et ça devenait pesant pour tout le monde, des pensionnaires aux esprits de la nature en passant par les satyres et leurs camarades romains, qui avaient bien évidemment été avisés de la situation. Doucement, Rachel s’avança vers le fils d’Héphaïstos et le couvrit délicatement d’une douce couverture. Ainsi assoupit, il était encore plus aisé de voir ses cernes et la pâleur de son visage, signes évidents de son inquiétude pour ses amis.

- Je n’arriverais à rien comme ça, décida la jeune femme après avoir contemplé pendant quelques instant l’enfant assoupit.

Elle tourna le dos au bureau encombré de notes sans queue ni tête et, résolue à se changer les idées et à se détendre un peu, elle plaça une toile sur un chevalet. Tournant le dos aux ronflements d’Harley, elle prit un pinceau et commença à peindre doucement.

- Ne pense plus, Rachel, chantonna-t-elle pour elle-même. Contente toi de peindre, et détend toi…

Les ronflements d’Harley la berçaient avec délicatesse, aidant son esprit à s’apaiser doucement. C’était un son calme et régulier, comme le vent, ou comme le murmure du feu… Elle le voyait, d’ailleurs, ce feu qui flambait doucement dans un brasero de bronze, sous la tente pourpre aux allures romaines. Rachel aimait cet endroit, calme et tranquille, les parchemins étalés sur une table de comandant, une couchette défaite dans un coin. Les yeux dans le vague, elle murmura en rythme avec le feu, un son qui transportait un peu plus loin dans cet étrange rêve. Soudain, les pants de la tente s’écartèrent brusquement, et deux soldats entrèrent. L’un était grand et brun, visiblement très agité. L’autre conservait sur sa tête son casque, empêchant une identification plus précise que celle de son grade, mais il n’avait pas la moindre importance, Rachel le savait. La seule chose qui importait, c’était les livres que le soldat nerveux pressait contre son cœur, comme un immense trésor. Au nombre de trois, ils étaient visiblement très vieux et épais, mais ils dégageaient malgré leur apparence banal une certaine prestance, comme s’ils détenaient en eux les secrets du monde.

- Je dois faire vite, bafouilla le soldat brun, attrapant un sac de toile dans lequel il fourra les livres. Ils ne doivent pas les trouver. Jamais. Ce serait… ce serait si… terrible.

Le second soldat, la tête toujours couverte, déclara :

- Qu’allez-vous en faire ?

- Les mettre en sécurité, répondit aussitôt son supérieur. Les cacher là où ils ne pourront jamais être découverts. Là où on ne pourra jamais les détruire.

- Pourquoi ?

Le brun arrêta d’un coup ses mouvements précipité, soudain sur ses gardes :

- Ils doivent être sauvegardé. Ils contiennent l’histoire du monde. C’est mon unique mission, les protéger. 

- Pourquoi ? répéta l’autre, menaçant.

Il s’avança doucement vers le brun, la main sur le pommeau de son épée :

- Ces livres contiennent un destin effroyable pour le monde entier. Pour tous les gens comme nous, et pour tous-ceux qui ignore notre existence. Détruire ces livres, c’est détruire le destin qu’ils prédisent.

- Ces livres contiennent seulement la vérité, répondit prudemment l’officier.

Sa main sera prudemment le manche d’un poignard, dissimulé dans sa tunique ;

- Tu ne peux pas détruire leur prédiction. Seulement empêcher les hommes de les lires.

- Elle l’a pourtant fait, déclara calmement le traitre, avançant encore plus, doucement, d’un pas menaçant. La sorcière. Elle en a brulé six, avant de nous céder les trois derniers.

- Son feu n’était pas ordinaire. Tu ne peux pas les détruire. Tu n’es qu’un homme. Tu ne possèdes pas la connaissance qu’il faut. Tu ne saurais pas le manipuler.

- Tu ne m’empêcheras pas d’essayer, rétorqua le soldat au visage couvert.

Sans un mot de plus, il dégaina son épée et sauta sur son adversaire. Mais l’officier avait prédit cette manœuvre et sortit vivement son poignard, intercalant sa lame entre le fil de l’épée et son visage :

- Notre mission sacrée est de protéger ces livres ! Nous l’avons juré sur tout ce qui fait de nous des hommes !

Repoussant son adversaire, l’autre répliqua :

- Tu es le seul à avoir juré ! J’ai juré de protéger les innocents, et pour ça ces maudits livres doivent bruler !

La main toujours serrée avec autant de détermination sur le sac en toile, le soldat brun entrepris de repousser son adversaire, amorçant une retraite vers la sortie. Mais l’autre était aussi bien entrainé, et il s’interposa entre son supérieur et son unique sortie de secoure, visiblement déterminé à en découdre.

- Rachel ? marmonna une voix lointaine, à moitié assoupit.

Mais la jeune femme n’entendait pas, assistant sans le moindre contrôle à la mort d’un homme, son  sang carmin coulant le long du tissus contenant les livres si important.

- Rachel ! répéta la voix, plus forte.

Il les tenait à bout de bras, au-dessus du brasero, prêt à les jeter dedans, prêt à détruire les prophéties…

- Rachel !

- C’est fini, Stillicon, déclara le soldat en contemplant le feu léchant les pages.

Poussant un cri, l’oracle s’éveilla brusquement, découvrant face à elle le visage horrifié d’Harley.

- Pourquoi as-tu peins ça ? demanda le petit garçon, la voix tremblante. Pourquoi ?

Se tournant vers sa toile, la jeune femme découvrit alors un spectacle horrible. Des chevaux fait d’ombre et de feu couraient au-devant, et dans le fond, une ombre immense, plus sombre que la plus sombre des nuit, étendait sa sature sur le monde, plongeant les visages des gens dans une expression de terreur si vive que Rachel sentit une partie de cette terreur étreindre son cœur. La toile suintait, la malveillance et l’horreur en coulait, comme si la peinture était trop faible pour figer en un dessin ce qu’elle savait désormais être immuable.

- Parce que c’est ce qui est prédit, répondit Rachel d’une voix atone. C’est le destin de ce monde. Celui qui est écrits dans les livres que le feu ne peut détruire. J’ai enfin comprit.

Elle tourna ses yeux émeraude vers l’enfant terrifié :

- Léo a la première version de ton invention, non ? Il est temps de découvrir si elle fonctionne. Nous devons les prévenir. Ils se trompent de chemin.








Et voilà, un nouveau chapitre ! J'espère qu'il vous a plut ! Il est assez important celui-ci, je suis sûre que vous l'avez compris ! Alors, des théories ? J'ai hâte d'avoir vos retours, surtout que l'on vas bientôt emprunter un nouveau tournant dans l'histoire !!

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