17. Harry : L'espoir éclair même les ténèbres.

S'il y avait bien une chose qu'Harry n'aimait pas, c'était être pris pour un gamin. D'accord, c'était un enfant, d'accord, il était un peu jeune, d'accord, quand il avait vu Jay se faire étrangler par cette furie sortie de nul part, il avait paniqué. Mais quand même. Il en était sûr, il était bien plus puissant que les trois jeunes adultes qui le regardaient de haut. Et maintenant, comble de l'ironie, Jay lui avait carrément ordonné de dormir pendant que les trois autres « montaient la garde ». Bien sûr. Clara semblait à bord de l'évanouissement, Reyna était à peine mieux mais c'était lui, Harry, que l'on envoyait dormir. Il n'était pas stupide. Ils allaient discuter de la marche à suivre. Jay ferait part aux filles de ses réticences à être ici. Et lui, Harry, serait encore une fois considéré comme un enfant capricieux et inconscient. Alors qu'il connaissait très bien le danger. Etes-ce si répréhensible de vouloir mener sa quête à bien, de vouloir aider sa mère ? Certes, ça ne l'enchantait pas. Jay s'y était vivement opposé avant de réaliser que rien ne le ferait changer d'avis. Il voulait juste pouvoir avoir sa fin heureuse avec son grand frère et sa mère. Une fin loin de son enfoiré de père qui battait Jay, trop bourré pour remarquer la différence entre un ado et un enfant à qui les coups étaient destinés. Une fin paisible et pleine d'un amour parentale qu'il n'avait jamais eu. Mais qu'importe, même s'ils l'envoyaient dormir, ça ne l'empêcherait pas d'en apprendre plus. Et il aimait dormir. Dans ses rêves, il pouvait voir sa mère. Alors, malgré ses réticences, il s'allongea sans faire d'histoire et sombra bien vite dans le sommeil.

***

Tout était d'un bleu glacé. La température avoisinait les -5°C, mais même en tee-shirt, Harry n'en avait que faire. Il aimait le froid. Il aimait la glace. Il aimait la neige qui commençait doucement à tomber, comme toujours lorsqu'il était excité. Il allait bientôt voir sa mère.

- Harry, appela doucement une voix douce derrière lui.

Le cœur battant, le jeune garçon se retourna, découvrant son interlocutrice. Elle était toujours aussi jeune que la première fois qu'il l'avait vue, il y avait de cela deux ans. Ses long cheveux noirs étaient les mêmes que les siens, mais ses yeux avaient la couleur du café. Parfois, quand elle était mélancolique, ils se teintaient du même voile blanc que ses propres yeux, mais c'était toujours bref. Harry s'en attristait. Il aurait aimé lui ressembler un peu plus. Au lieu de ça, il avait un peu le même visage que son père, et la seule chose qui l'empêchait de se détester pour ça était que Jay lui ressemblait.

- Maman, murmura-t-il, le cœur plein de joie.

Même si elle restait la plus part du temps distante, il l'aimait, et il savait que c'était réciproque. Elle ne pouvait juste pas encore s'occuper de lui. A cause d'Eux. La déesse sourit doucement, de ses lèvres pâles qui lui conféraient toujours un air arrogant.

- Mon petit garçon, susurra-t-elle. Tu as grandis. Et tu as l'air mal en point.

- Je suis dans le labyrinthe, maman, avoua l'enfant. Jay est avec moi. Je vais faire en sorte que nous puissions habiter ensemble très bientôt !

- Mon brave enfant. Tu pars pour la colonie ?

- Non, répondit Harry. Ils n'y sont plus. Jay sent qu'ils se déplacent, mais il n'arrive pas à savoir où ils vont, alors pour l'instant nous restons à l'abri.

- Très bien...

Le visage de la déesse prit un air lointain, comme si plus rien n'existait en dehors de ses songeries. Avec un pincement au cœur, Harry la rappela doucement :

- Maman...

Sans le moindre sourire, elle tourna ses yeux glacials vers lui :

- Il y a un problème, Harry ?

Hésitant, l'enfant répondit :

- Je ne sais pas trop... Nous avons rencontré deux filles dans le labyrinthe. Elles s'appellent Reyna et Clara. Elles m'ont dit que j'étais un demi-dieu, un sang-mêlé... J'ignorais qu'il y en avait d'autre.

Le visage de la déesse se crispa imperceptiblement, puis elle prit une expression affligée :

- Reyna Avila Ramirez-Arellano et Clara Rhyne. Oui, je vois de qui il s'agit. Elles sont amies avec ceux qui m'empêchent de te rejoindre. Tu ne dois pas leur faire confiance, Harry.

Le jeune garçon pâlit, passant d'un teint très clair à un blanc carrément livide :

- Je dois les tuer, elles aussi ?

- Mais non, mon chou, le contredit la déesse avec une moue de désapprobation adorable. Au contraire, elles t'aideront à trouver nos ennemis. Mais souvient-toi. Tu dois le faire dans l'ordre que je t'ai indiqué.

Las, Harry demanda doucement :

- Tu crois vraiment que j'en suis capable ?

- Bien sûr, mon petit prince. Tu es tellement puissant ! De la glace coule dans tes veines. Tu es le froid qui gèle chaque feu, le givre qui clôt chaque lèvre. Tu es né pour me rendre ce petit service.

En lui-même, Harry se sentit encore plus mal. Il était peut-être plus puissant. Ce qu'il aurait vraiment aimé savoir, c'est s'il était vraiment capable de tuer deux personnes, mais sa mère ne semblait pas comprendre. C'est à cause d'Eux, pensa-t-il amèrement. S'Ils n'existaient pas, elle pourrait apprendre à me connaître au lieu de se cacher. C'est entièrement de leur faute. Jay non plus ne le comprenait pas. Personne ne comprenait, et c'était entièrement leur faute. La déesse se pencha vers lui, effleurant sa joue de ses doigts pâles. Elle approcha ses lèvres de son oreille, et même lui - qui ne ressentait habituellement pas la morsure du froid - se rendit compte à quel point son contact était glacial.

- Tu vas réussir, mon petit héro. Tu vas tuer Léo Valdez et Piper McLean pour moi, et tu leur diras en les regardant mourir qu'ils doivent leur dernier souffle à Chioné, déesse de la neige. Tu leur diras que ce qu'ils sentaient depuis deux ans, c'était le poids de ma vengeance.

Elle le repoussa doucement, le laissant tomber dans la glace. Lorsqu'il ouvrit de nouveau les yeux, il était de retour dans le labyrinthe.

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