𝕮𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 𝖙𝖗𝖔𝖎𝖘
3. Tentative risquée
Un juron s'échappa des lèvres de la jeune femme tandis qu'elle essuyait l'encre qui venait de se renverser sur le parchemin sur lequel elle faisait son rapport de la journée.
- Génial, je peux juste tout recommencer, grommelait-elle en mettant en boule le papier jauni pour le jeter dans la poubelle au pied du bureau.
Elle balançait sa tête en arrière en lâchant un énorme soupir agacé. Décidément, ce n'était pas du tout sa journée. Hermione avait passé une énième mauvaise journée dans ce manoir, et même la joyeuse compagnie de Dobby ne lui donnait le sourire dont elle avait tant besoin.
Elle tourna la tête un instant pour scruter le nombre de traits qu'elle avait déjà fait sur un parchemin qu'elle avait accroché au mur, et il y en avait déjà trop à son goût pour se dire que l'espoir de revoir son père était possible.
- Je m'ennuie à mourir ici, souffla-t-elle en décidant finalement d'abandonner ce qu'elle faisait, pour poser tout simplement sa tête sur le bureau et fermer les yeux.
Aussi étonnant soit-il, lorsque Dobby avait eu l'amabilité de toquer à sa porte et entrer pour savoir si elle voulait jouer avec lui aux charades, elle réagissait à peine. Ceci inquiétait énormément le petit elfe de maison, qui ne savait plus quoi faire pour essayer de lui remonter le moral.
En l'occurrence, rien de bon ne vagabondait dans son esprit. Pourtant, la brunette était arrivée à éviter le plus possible ce blond vraiment désagréable, qui lui avait jadis très mal parlé. Ainsi, ils ne se croisaient que quelques fois lors des repas, ou dans le coin d'un couloir par ses gardes.
Elle ne savait pas la raison qui la poussait à laisser de la noirceur se frayer un chemin dans ses pensées qui dans ses habitudes étaient joyeuses et bienveillantes. Mais de toute évidence, Hermione commençait à perdre espoir, et surtout, elle ne pouvait s'empêcher de ne plus croire en son père. Allait-il réellement parvenir à réunir autant d'argent pour la sauver ? Elle savait pertinemment que son père était un grand rêveur, et non quelqu'un de terre à terre. Ses inventions ont toujours été sa priorité, elle c'était justement ce qui le menait à sa perte. Mais est-ce qu'il parviendrait réellement à sauver sa plus grande création ? Hermione. Même elle en doutait de plus en plus.
De ses journées, Hermione ne faisait pas grand-chose, mis à part rester enfermer dans sa chambre, plonger dans la pénombre, entourée par un halo de lumière provenant d'une petite lampe à pétrole, avec un bouquin qu'elle relisait pour la cinquième fois, au moins, en l'espace de dix jours. Ceci faisait bien un mois au moins que la sorcière n'avait quitté l'immense chambre, lui servant de prison. Elle sortait le moins possible, et se contentait seulement de rencontrer les Malefoy lors des repas qu'elle était obligée de partager avec ces derniers. Bien que celle-ci n'avait pas vraiment fait connaissance avec Lucius, ni Narissa, Hermione avait le sentiment qu'elle faisait à présent partie des meubles, car le couple Malefoy ne lui adressait presque pas la parole. Les dîners demeuraient silencieux et gênants, à tel point qu'Hermione avait pris pour habitude de compter le nombre de fois que mâchait Lucius et Narcissa un aliment. Lucius était bien plus rude dans sa façon de manger, plus rapide, tandis que sa femme dégustait avec délicatesse chacune de ses bouchées...
C'est pour dire à quel point ces lieux l'ennuyaient à mourir, car elle trouvait plus intéressant de regarder les gouttes de pluie se suivre les unes après les autres lorsqu'elles chutaient des tuiles. Celle-ci avait d'ailleurs ainsi décidé de raconter ses mésaventures ennuyantes sur des parchemins, pour passer le temps. Que pouvait-elle faire de mieux, de toute façon ? Cette maison avait beau posséder tout le confort possible, elle manquait de vie et de couleurs.
***
Trois petits coups dans la porte de la jeune femme la sortirent de l'attention qu'elle portait encore à son livre préféré. Cela ne l'étonnait plus de voir entrer la petite créature aux oreilles pointues, qui venait à chaque fois que Lucius allait travailler au ministère. Quant à Narcissa, il était plutôt rare qu'elle appelle le bon vieux Dobby. Sans doute, était-elle occupée à des affaires plutôt importantes.
- Dobby est venu vous demander si vous ne voudriez pas faire autre chose que de lire votre roman, proposa le petit elfe de maison, qui était parvenu à déceler de l'ennui dans le regard de la jeune sorcière.
- Ce n'est pas une mauvaise idée de me proposer autre chose, mais je pense que si je vous disais que j'aimerai prendre l'air vous refuserez, je me trompe ?
- Mon maître ne souhaiterait pas que tout son entourage sache qu'il vous héberge chez lui. Je pense que vous avez compris par vous-même à quel point cette famille tient à son image, déclara le petit elfe sans ne pas cacher à celle-ci qu'il avait le souffle court.
Hermione grimaça à l'idée de savoir que même demander de l'aide à son « ami » ne lui servait pas à grand-chose. Et plus elle y pensait, plus elle se disait que vivre dans ce manoir aux milles pièces regorgeant de mystères ne changerait pas le fait qu'elle s'ennuyait à mourir. Elle avait pourtant songé à s'improviser une exploration totale du domaine, mais elle se sentait toujours traquée par une aura qu'elle n'aurait su décrire.
- J'en ai assez de devoir rester cloîtrer dans cette pièce, jours et nuits. Ça m'est devenu insupportable ! s'exclama-t-elle en refermant furtivement son bouquin pour mieux regarder la créature aux oreilles pendantes, qui se tenait devant son lit à baldaquin.
- Dobby comprend tout à fait votre situation, répondit-il en tirant sur le bas de son taie d'oreiller. Mais Dobby ne peut pas désobéir à la famille qu'il sert.
- Je ne t'en veux pas, Dobby. Ce n'est pas ta faute, lui assura-t-elle en lui souriant faiblement.
C'était bien la première fois qu'elle avait tutoyé cet elfe de maison, et elle en fut surprise elle-même par ce geste.
- Oh zut, pardon, s'excusa la brune en changeant de position sur son lit.
- Ce n'est rien, Dobby en a l'habitude. Par ailleurs, Dobby ne vous interdit pas de le traiter comme la famille Malefoy, après tout, Dobby le mérite, non ?
- Voyons ! Jamais je ne pourrais te faire ce qu'ils te font ! Ils sont sûrement dépourvus d'un cœur pour te traiter ainsi. Moi je te traiterai toujours comme mon égal. Je veux dire par là que tu es une personne dotée d'une intelligence, tu n'es pas un être quelconque. Tu es sûrement mon seul ami ici, Dobby.
Hermione n'avait, sans doute, jamais vu le moindre Malefoy frapper le pauvre Dobby, mais cela ne l'empêchait pas d'entendre geindre cette pauvre créature quand il avait maladroitement fait une tâche ménagère. Et celle-ci en avait les poils qui s'irisaient rien qu'à l'entente des coups de canne qu'infligeait Lucius à ce pauvre elfe.
Un petit sourire avait fait surface sur le petit visage pâle de l'elfe de maison, et Hermione put sentir qu'elle s'était vraiment fait un ami. Malgré les circonstances, elle était rassurée de pouvoir partager avec ce dernier ses craintes et ses désirs.
- Bon, que veux-tu que l'on aille faire ?
- Dobby avait pensé vous emmener voir des archives dans le bureau de son maître.
- Des archives ? Pour quoi faire ? s'étonna-t-elle en levant un sourcil, suspicieuse.
- Dobby s'était dit que si Hermione pouvait trouver de quoi lire dans le bureau de son maître, elle s'occuperait, à nouveau.
Hermione ouvrit la bouche, et elle comprit les bonnes intentions de son ami, mais elle secoua la tête en signe de négation.
- Non, Dobby. Je ne vais pas aller prendre les papiers et archives que peut avoir ton maître, parce que je n'ai pas envie que toi et moi soyons punis, ou frapper.
- Oh, désolé ! Dobby comprend.
- Mais j'ai une bien meilleure idée, proposa-t-elle en se levant pour aller poser son précieux bouquin sur son bureau.
Les oreilles de Dobby se mirent à battre l'air, comme s'il avait des ailes à la place de ces dernières.
- Il y a plusieurs jours, j'avais longuement songé au fait qu'il soit temps que je prenne des nouvelles de mon père. Ça fait à peu près un mois et demi que je me trouve ici... Le problème étant que je n'ai pas de hibou. Tu penses qu'il y aurait un moyen de leur emprunter le leur ? Depuis plusieurs jours, j'observe à travers ma porte et les fenêtres les allés et venus de chacun, et j'ai bien observé où, et quand, Lucius sort de la maison. Mais malheureusement je n'ai pas vu d'oiseau, malgré ça. Alors, j'aurais aimé savoir s'il y avait un autre moyen.
- Dobby connait les moindres recoins de ce manoir, donc si jamais vous souhaitez leur emprunter quelque chose il n'y a pas de soucis, je peux vous fournir ce que vous voulez. Cependant, je doute fort que le maître sera content concernant son hibou, car oui il en a un. Il se trouve en général dans le bureau du maître. Cependant, il arrive quelques fois que mon maître l'emmène avec lui.
- Et tu saurais, par hasard, s'il l'a emmené avec lui, aujourd'hui ?
- Aucune idée, Dobby était bien trop occupé à laver la vaisselle. Mais Dobby vérifiera, la prochaine fois.
Hermione se rapprochait de la porte en répondant à Dobby.
- Ce n'est pas la peine, je vais essayer de voir par moi-même s'il y est ou non. Mais pour y arriver, je vais avoir besoin de ton aide, Dobby.
Le petit elfe de maison se mit à trembler sur place, mais malgré ça, il acquiesça d'un signe de tête avant d'emboîter le pas de la brunette qui le regardait d'un air incertain.
- Je n'ai pas vraiment retenu où se trouvait son bureau, alors si tu pouvais m'indiquer où il se situe, je t'en serais très reconnaissante, souffla la sorcière en s'appuyant contre l'un des murs à côté de sa chambre.
- Dobby ne sait pas s'il a vraiment le droit d'aider Miss Granger, dit-il hésitant.
Hermione le regarda d'un air qui disait « Tu te fiche de moi » ?
- Mais Dobby ne veut pas perdre une amie, alors il va aider Hermione, reprit-il après avoir déglutit bruyamment.
- Je préfère ça, sourit-elle en mettant ses mains sur ses hanches. Bon, montre-moi le chemin, s'il te plaît.
Par la suite, Hermione passa le relais à l'elfe de maison, et ce fut lui qui se faufilait à pas de loup dans le manoir, accompagner de la brunette qui essayait de le suivre en faisant le moins de bruit possible, malgré le fait qu'il ne lui était pas interdit de se promener dans les couloirs. Cependant, quand il s'agissait d'un emprunt dans le bureau de Monsieur Malefoy, il valait mieux ne pas se faire remarquer avant d'y pénétrer en douce.
- Le voici, assura la petite créature. Dobby fera le guet.
- Merci, le remercia Hermione en appuyant lentement sur la poignée, veillant à ne pas la faire trop grincer.
Mais bien évidemment, sans grand étonnement, celle-ci était verrouillée à double tours. Hermione n'avait pas mis longtemps à comprendre et dégaina sa baguette de la poche arrière de son jean afin de lancer un "Alohomora", puis par la suite elle poussa avec douceur la porte de bois massive en se mordant les lèvres, ne tenant pas à se faire attraper. Elle jeta un dernier coup d'œil par-dessus son épaule avant de finalement lever les yeux sur le hibou en question. Celui-ci était en train de dormir, mais à l'entente des pas tendus de la jeune femme, il se redressa pour la fixer dans les yeux d'un air intimidant.
Hermione déglutit en s'arrêtant pendant quelques secondes avant de reprendre sa marche jusque l'oiseau. Mais son plan semblait se compliquer quand le grand duc* se mit à battre des ailes en faisait des bruits dans sa cage. Hermione grimaça en chuchotant à l'oiseau et le suppliait de se taire. Malheureusement, ce n'était point un succès, et Dobby interpella la jeune femme en lui disant qu'elle devait se dépêcher car il entendait Narcissa qui arrivait, sûrement alertée par le bruit.
Hermione jura, sans le vouloir, et elle se pressa de sortir de la pièce au pas de course en suivant les pas de Dobby qui s'était mis à longer les couloirs telle une flèche. La jeune sorcière eût énormément de mal à suivre Dobby, à un tel point que celle-ci courait dans n'importe quel sens, la menant vers l'aile droite du manoir. Et cette dernière ne le remarqua qu'une seule fois qu'elle eut foncé dans le torse d'un certain propriétaire d'une paire d'yeux gris, qui la regardait d'un air terrifiant. En une fraction de seconde, les pensées de la jeune femme s'étaient entremêlées, et son cerveau avait perdu les commandes de son corps à présent pétrifié par la peur. Sûrement parce qu'elle venait d'être prise la main dans le sac.
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Voilà, j'espère que ce chapitre vous aura plu
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* Grand duc : Le grand duc étant le hibou que utilise la famille Malefoy depuis longtemps, ils s'en servent pour envoyer des messages et tout le reste. (J'ai fait des recherches à propos de cela).
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