Chapitre 26 : Parce que tu crois que je compte les fleurs ?
-Nous n'avions pas le choix !
Je tournai prestement ma tête vers l'extérieur de la voiture. C'est fou comme la forêt devenait intéressante d'un coup.
-Je te le promets. Je n'aurai jamais pris cette décision si j'avais pu faire autrement.
Ce n'est pas que je ne voulais pas le croire, mais la seule chose que je voyais, c'est qu'on m'avait arraché à mon père. Et c'était tout simplement impardonnable.
-S'il te plait Maïa, ne me rejette pas...
Son ton douloureux me fit relever la tête vers lui. Grave erreur.
Il était encore plus beau sous les émotions qui l'envahissaient. Ses cheveux partaient en tous sens, signe de sa nervosité et ses yeux verts intenses brillaient d'une expression que je n'avais jamais vue encore.
Et sous la faible clarté de la lune, il était tout simplement à se damner.
Il approcha doucement sa main de mon visage, comme pour me laisser le temps de lui dire non. Ne voyant aucun signe de ma part, il la posa délicatement sur ma joue en me regardant droit dans les yeux.
Une douce chaleur commença à monter en moi, mes sens semblèrent comme s'exacerber à son contact et mon cœur se mit à battre bien plus fort dans ma poitrine, comme à chaque fois qu'il me touchait.
Pourtant, je reculai lentement ma tête et me mis à nouveau à regarder le paysage au travers de la vitre de la voiture. Je ne voulais pas qu'il croit que tout était gagné, que je lui avais déjà pardonné. Parce que c'était loin d'être le cas.
-Ton père va bien, c'est tout ce que je peux te dire.
J'acquiesçai sans le regarder, ce qui le fit soupirer et un étrange silence s'installa dans l'habitacle.
*
-Maïa, descend de là s'il te plait...
Il en était hors de question. Cela faisait cinq heures que nous étions dans la voiture, et nous venions de nous arrêter devant le château. J'étais épuisé, j'avais faim, soif et envie de dormir, pourtant il était hors de question que je remette un seul pied dans cette demeure.
-Allez-y, on vous rejoint, dit-il aux personnes qui nous accompagnait.
Tout le monde partit, et Alfred m'offrit un sourire réconfortant avant de rejoindre les autres. Je lui souris à mon tour avant de reporter mon attention droit devant moi. Ma mission première était d'éviter Adkins.
-Allez viens.
Joignant le geste à la parole, une main toute masculine se présenta devant moi. Au lieu de la prendre, je traversai la banquette arrière et sorti par l'autre porte avant de lui faire à nouveau face, mon regard évitant soigneusement le sien. C'était assez puéril comme comportement, mais je m'en fichais totalement. Je lui en voulais encore.
-Très bien, soupira-t-il. Suis-moi dans ce cas.
Je ne me fis pas prier, consciente qu'il pourrait m'emmener de force et le suivi tout en maintenant une distance de sécurité. Il ne fallait jamais être trop prudent après tout.
Adkins marchait avec aisance entre les arbres alors que je butais sur chaque racine que je trouvais. Et dans une forêt, dieu sait qu'il y en avait énormément...
Il avait bien essayé de me tendre la main et de me venir en aide, mais chacune de ses tentatives s'étaient soldées par un échec. Il était hors de question que j'accepte quoi que ce soit de sa part.
Je trébuchai une nouvelle fois et me serai lamentablement étalée parterre si deux mains puissantes ne m'avaient pas retenu in extremis.
-Merci, grommelai-je.
Son regard émeraude et son sourire traversèrent l'obscurité. Je pouvais sans peine imaginer ses fossettes honteusement illégales et je me giflai mentalement pour l'effet qu'il me faisait.
Bon sang mais ne pouvait-il pas être plus moche ?
Sans me demander mon avis, il prit mes jambes d'autorité et les enroula autour de son bassin, mon ventre logé tout contre son dos.
J'aurai voulu crier, m'indigner et protester, mais la vérité est que sa chaleur rassurante m'enveloppait de la plus douce des manières, et que la dernière de mes envies était de m'en échapper.
Je plongeais ma tête dans son cou et m'enivrais de son parfum entêtant. Je ne pouvais faire autrement.
Je le détestai de m'avoir fait ça. De ne pas m'avoir cru et de m'avoir abandonné au moment où j'avais le plus besoin de lui. Mais mes résolutions fondaient comme neige au soleil dès que je le voyais. Toute la noirceur de mon cœur semblait désertée pour ne laisser place qu'à une douce chaleur que je ne ressentais qu'en sa présence. Et bien malgré moi, je ne pouvais pas lui en vouloir.
Il se remit en marche, faisant régulièrement attention à ce que j'aille bien. C'était la première fois que j'étais contre le dos d'un homme et c'était loin d'être désagréable. Ses muscles qui roulaient contre mes cuisses étaient du plus bel effet, et j'étais bien contente qu'il ne puisse pas voir mon visage.
Ma tête devait être rouge pivoine, signe que j'appréciais peut-être un peu trop la chose à mon goût.
-On est arrivé, m'apprit-il.
Je relevai la tête de son cou et observais les environs. Nous étions dans une clairière tout à fait banale, seulement éclairée par la faible clarté de la lune.
Je descendis difficilement de son dos, et partis me poser sur la seule souche que contenait la clairière, dos à lui. Même s'il me mettait dans tous mes états, il fallait qu'il comprenne que ce n'était pas gagné d'avance.
Et j'attendis. Je n'avais plus aucune notion du temps. Je ne pouvais pas dire si des secondes ou des minutes s'étaient écoulées avant que son souffle brûlant ne vienne s'échouer sur ma nuque, me faisait doucement frissonner. Mais je ne me retournais pas.
-Maïa... Soupira-t-il.
Son ton douloureux faillit me faire relever la tête vers lui mais je me repris au dernier instant. Je ne devais pas.
Un hoquet de surprise m'échappa en sentant les lèvres d'Adkins se poser délicatement sur ma nuque, tandis qu'il balayait mes cheveux d'un côté. Une myriade de frisson m'envahit avant que je ne tende un peu plus le cou vers lui, en demandant plus.
La combinaison exquise de sa bouche et de son souffle brûlant m'affolait. J'avais chaud. Froid. Je tremblai. Et j'en voulais plus. Bien plus.
-Maïa... Sussura-t-il de nouveau.
Dans un sursaut de conscience, je le repoussai brutalement avant de m'éloigner de lui et de le fusiller du regard. Il savait très bien l'effet qu'il me faisait. Et il n'avait pas le droit de l'utiliser contre moi !
-Tu n'avais pas le droit ! M'écrai-je.
-Mais il fallait que tu m'écoutes !
-Parce que tu crois que je fais quoi depuis tout à l'heure ? Que je compte les fleurs ? Raillai-je.
Adkins soupira tout en se passant une main dans ses cheveux, les ébouriffant encore plus qu'ils ne l'étaient.
-J'avais besoin que toute ton attention soit tournée vers moi.
-Et tu ne pouvais pas trouver une autre méthode ?
-Pourquoi ? Ça n'a pas marché ?
Son sourire enjôleur naquit sur ses lèvres alors que je me détournai légèrement, aussi rouge qu'une pivoine. Bien sûr que si que ça avait marché. Un peu trop bien d'ailleurs...
J'entendis aussitôt le brun se lever et marcher dans ma direction, mais je me tournai encore plus pour ne pas le voir. Oui j'avais un comportement digne d'une enfant de cinq ans. Mais il me chamboulait tellement que je n'arrivais plus à réfléchir normalement.
Soudain, un bruit dans les fourrés me fit brutalement sursauter. Je n'avais pourtant jamais eu peur de l'obscurité. Mais cette nuit-là était particulièrement angoissante. Des nuages étaient passés devant la lune, rendant l'obscurité quasi omniprésente et pas un seul bruit ne se faisait entendre.
Et lorsque deux yeux luisants traversèrent l'obscurité, je sautai dans les bras d'Adkins avant de le serrer fortement contre moi. J'entendis distinctement son juron étouffé mais n'y fit pas attention.
Seule l'immense bête se trouvant devant moi comptait.
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