V.I.S - Replaytiti [Mélodie Boréale]
Quelques points que j'aimerais rappeler :
- Cet avis n'est justement qu'un avis, avec toute la subjectivité que ça implique. N'hésite pas à le croiser avec ceux d'autres lecteurs.
- Si je ne suis pas claire, n'hésite pas à me demander de préciser un truc ! De même, si tu n'es pas d'accord, sens-toi libre de protester ; et s'il te reste des questions, ou s'il y a des points que tu aurais aimé que j'aborde, je serai ravie d'y répondre.
- Toutes remarques que j'ai faites ne veulent pas dire que j'ai enlevé des points sur le barème. Notamment, si une critique me semble trop subjective, je la formule au cas où elle puisse t'être utile, mais je n'enlève rien pour cela.
- Les suggestions que je fais sont de simples suggestions, je ne vais pas t'ordonner de modifier ton texte ou je ne sais pas quoi : je ne fais que souligner une possibilité.
Voilà voilà, passons à l'avis !
La couverture est vraiment magnifique ! Les trois parties colorées, qui correspondent à chaque personnage, sont très riches en nuances, c'est vraiment satisfaisant à regarder ; même la bande blanche pour le titre s'harmonise bien avec le reste de la couverture. Au niveau de l'esthétique, le seul reproche que je pourrais faire à cette couverture est que les séparations entre les trois bandes m'ont semblé un peu brusques. Peut-être qu'en essayant de prolonger les motifs (je veux dire en nous donnant l'impression que les formes à la droite d'une bande se poursuivent un peu à la gauche de la suivante), cette impression serait atténuée ? Mais c'est vraiment un détail, ta couverture est superbe et bien exécutée.
Au niveau des écritures, la police et la taille du nom d'auteur sont vraiment bien, il s'harmonise avec la couverture et est lisible sans prendre trop de place. La police du titre est assez classique, mais elle a un certain charme, je le mettrais juste un peu plus gros car je trouve qu'il se perd un peu au milieu de la bande blanche. La police de « Nouvelle écrite dans le cadre d'un concours de EquipeCDN », en revanche, ne me semble pas vraiment bien choisie, elle n'est pas très lisible (lorsque la couverture est en miniature – sur la page de résumé de l'histoire, ou sur ton profil –, on n'arrive pas du tout à le lire alors que la taille des lettres devrait rendre cela possible) et donne une impression un peu brouillonne, je trouve ; j'aurais personnellement repris celle du nom d'auteur.
En revanche, cette couverture ne renseigne pas du tout sur l'histoire, même si les couleurs correspondent aux noms des personnages : on ne sait pas du tout de quoi cela va parler. Après on peut tout de même deviner le genre de la nouvelle, supposer qu'elle comprendra trois parties... Mais cela peut envoyer sur des fausses pistes, aussi, on peut imaginer que l'histoire aura un lien avec les couleurs (qu'elle parlera d'un aveugle/daltonien/..., qu'elle aura un lien avec la peinture, ...).
Cette couverture est donc vraiment jolie et plutôt attractive, mais elle ne renseigne pas vraiment sur l'histoire.
J'aime beaucoup ce que tu as fait avec les titres, le fait que V.I.S reprenne les initiales des prénoms des personnages, et que les prénoms en question correspondent aux couleurs de la couverture. C'est vraiment bien fait ! C'est dommage qu'on ne puisse pas voir l'anagramme directement sur la couverture, mais je vois mal comment cela pourrait être fait sans briser son harmonie. Le « problème » est donc que lorsqu'on regarde la couverture, on ne voit comme titre que « Vis », ce qui est assez commun et renseigne peu sur l'histoire. Au niveau de l'attractivité, la couverture en dit donc très peu sur l'histoire, ce qui peut rebuter certains. Mais cela ne m'empêche pas de trouver ton titre vraiment intelligent. (Petit détail : est-ce qu'il ne faudrait pas mettre un point après le « S » dans le titre, comme tu le fais sur la couverture ?) Cela dit je trouve qu'il ne correspond pas tant que ça à l'histoire, j'y reviendrai dans la partie sur le résumé.
Je pense cependant que tu aurais pu explorer un peu les raisons des couleurs des personnages dans le texte. Certes, ce sont leurs noms, mais pourquoi ces couleurs, précisément ? En quoi correspondent-elles ? Je pense que cela apporterait quelque chose à l'histoire d'avoir un véritable lien : cela permettrait d'explorer les personnages en profondeur et rendrait le lien au titre plus pertinent.
Je dois dire que je ne suis pas convaincue par le résumé. Sur la forme, il est plutôt correct, il faudrait juste mettre « différent » au pluriel et « point de vue » au singulier. Il y a de plus une répétition de « différents », tu peux remplacer ce mot par « dissemblables » ou « distincts ».
Sur le fond, pour être honnête, je ne trouve pas qu'il dise grand-chose. La première phrase nous apprend qu'on va suivre les points de vue de trois personnages différents les uns des autres, et nous permet également de reconstituer l'anagramme qui forme le titre ; elle me semble donc pertinente. En revanche, j'ai trouvé que la deuxième phrase n'apportait aucune information – elle m'a semblé presque caricaturale, à vrai dire... Toutes les existences se résument à vivre – oui, si on veut, c'est un peu la définition d'« existence ». Mais ça ne nous dit rien sur l'histoire, sur les personnages... Quant à la troisième phrase... Certes, cette nouvelle nous raconte la vie des personnages, certes les chapitres traitent chacun de leurs points de vue... Mais on se doute bien que si les personnages sont présents dans le résumé, c'est qu'on va parler d'eux ; et il est raisonnable de supposer qu'on va le faire de leur point de vue. Au final, le résumé ne nous apprend pas grand-chose et, personnellement, j'ai ressenti à la lecture une impression de flou, comme si tu voulais nous embrouiller, nous convaincre que ton histoire avait un but.
C'est vraiment dommage car, de mon point de vue, ton histoire a un sens, un but, et elle mérite bien mieux pour la décrire que quelques phrases vagues ! Je te conseille vraiment de te pencher sur tes personnages, de te demander ce qui les relie, et de mettre cela en valeur dans ton résumé. (Si t'arrives à caser un jeu de mots avec les couleurs, du genre « Cesseront-ils de voir la vie en gris ? » – exemple non pertinent car il ne s'applique pas à tous les personnages, c'est juste pour te donner une idée de ce que je veux dire –, c'est un gros bonus !) Même si tu ne comptes pas retravailler ta nouvelle, arranger un peu le résumé pourra attirer de nouveaux lecteurs – ce qui fait toujours plaisir, je suppose !
Je n'en dis pas plus pour l'instant car je pense avoir identifié un point qui, peut-être, a fait que tu es arrivée à ce résumé un peu trop vague ; je reviendrai donc dessus au cours de cet avis. (J'ai bien dit peut-être, hein, je ne suis pas devin et je ne veux pas t'imposer ma vision des choses !)
Sur la forme, il y a quelques erreurs de conjugaison (je te conseille de te documenter rapidement sur les terminaisons des verbes à l'imparfait) et d'accords, mais pas au point de couper la lecture. Je te conseille par contre de faire attention à la concordance des temps. Tu écris ta nouvelle au passé composé, il faut donc t'y tenir. Les verbes au plus-que-parfait (de la forme « il avait fait ») sont donc réservés au passé, et ceux au conditionnel (« il ferait ») au futur. Enfin, pour les dialogues, tu utilises les bons tirets mais il faudrait mettre un espace entre le tiret et le premier mot.
Sinon, la mise en page est cohérente, les paragraphes sont bien formés, le texte est aéré mais pas trop. Les médias sont bien pensés pour rappeler la couleur concernée (et c'est pas mal pour « sienne », je suppose que ce n'est pas un mot énormément connu). Je me pose juste une question : pourquoi avoir mis, dans le chapitre d'Indigo, deux phrases en italique ? On pourrait se dire que ce sont des pensées mais elles devraient alors être au présent. Ou alors c'est parce que ce sont des phrases de début de partie, mais alors il faudrait faire la même chose pour Violet et Sienne. (Bordel, j'adore écrire les prénoms de tes personnages, les deux derniers sont incroyables, surtout Sienne !)
Le lien au thème « Au gré du vent » est bien fait, il apparaît dans chacune des parties des personnages selon un aspect différent (le vent en lui-même pour Violet, l'imprévisibilité pour Indigo, la dérive et le laisser-aller pour Sienne). Mais je pense que, dans le cas d'Indigo, il aurait été plus fluide que le lien se fasse dans le texte en lui-même, la façon de faire actuelle me semble trop forcée, on y sent trop l'intervention de l'auteur. La remarque pourrait être formulée par Indigo ou, s'il est trop jeune, par un membre de sa famille.
Quant à la contrainte, elle est respectée et utilisée avec pertinence, tu nous fournis trois points de vue bien distincts sur la situation.
Pour l'histoire en elle-même, j'ai trouvé les sujets des chapitres vraiment intéressants : variés et plutôt bien traités. Je pense néanmoins qu'ils auraient pu être un peu mieux mis en valeur.
Le chapitre de Violet m'a semblé un peu flou, je dois dire. Je n'ai pas cerné l'ensemble de son contexte.
Au niveau familial, son père est alcoolique, la délaisse et finit par être violent, d'accord ; mais j'aurais aimé en savoir plus sur sa mère. Comment réagit-elle face au comportement du père ? Il semble qu'elle surprotège un peu trop sa fille, mais on voit cela très vite, ce serait bien de voir un peu plus ce qu'en pense Violet. Je n'ai pas eu l'impression de ressentir l'ambiance de sa famille. La nouvelle est assez courte, je pense que tu aurais la place de décrire une scène plus en détail, de nous faire à quel point l'atmosphère est pesante. J'aurais vraiment aimé en savoir plus sur le contexte familial, comprendre ce qui pousse la mère à surprotéger sa fille, alors même qu'elle est incapable de remarquer sa souffrance.
Il y a aussi le contexte professionnel qui est un peu flou. On sait que ses collègues la critiquent, mais qu'elle les trouve « sympa », je pense qu'il faudrait donner plus de précisions ici. Que lui reprochent-ils, au juste ? De même, montrer une scène à son travail – ou, si c'est impossible, la faire repenser à une scène – pourrait être utile.
J'aurais enfin aimé comprendre un peu mieux le mal-être de Violet. Je n'ai pas réussi à déterminer, avec ce que tu nous disais, s'il était causé par sa situation familiale et professionnelle, ou s'il venait d'ailleurs et que son entourage ne faisait que l'amplifier. Dans le premier cas, je pense qu'il serait pertinent de détailler davantage ses émotions vis-à-vis de sa famille et de ses collègues, qu'on comprenne mieux comment elle a peu à peu basculé dans la tristesse, jusqu'à ce que la fuite devienne sa seule option : nous montrer que son quotidien et son entourage l'enferment peu à peu, qu'elle n'a pas d'autre échappatoire. Dans le deuxième cas, il faudrait peut-être que cet évènement soit un minimum explicité, qu'on comprenne mieux son impact sur la vie de Violet. Je dois dire que sa situation m'a semblé trop floue pour que je compatisse vraiment avec elle ; j'avais l'impression de voir sa vie de l'extérieur, d'être témoin de sa douleur mais pas de la ressentir en moi-même.
Pour les mêmes raisons, je pense que son revirement à la toute fin mériterait d'être développé. C'est une excellente idée que le vent l'aide à s'en sortir, ça renforce le lien au thème et c'est très poétique, mais je pense qu'il faudrait développer ce passage, nous faire sentir exactement ce qui se déroule en elle. Qu'est-ce qui lui redonne confiance si soudainement ? La façon dont c'est actuellement traité me donne une impression de facilité, de « ça s'est fait et puis c'est tout ». Je pense qu'il serait intéressant de décrire ce processus : c'est assez fascinant, je trouve, de voir comment quelque chose d'insignifiant peut redonner confiance à quelqu'un.
Le chapitre d'Indigo m'a davantage emportée, je dois dire. Il était bien plus clair, le contexte était tout à fait compréhensible. Mais quelque chose m'a dérangée au cours de ma lecture : j'ai eu l'impression que le chapitre était scindé en deux parties totalement indépendantes, comme si ce n'était pas le même personnage au début et à la fin.
Je pense qu'il faudrait plus de lien entre la partie où Indigo discute avec ses camarades et celle autour de l'accident. En effet, l'accident et ses conséquences sont au centre du chapitre. L'utilité de la première partie, si elle n'est pas liée à la deuxième, me semble discutable – surtout dans une nouvelle où on s'attend à ce que tout ait une utilité, à ce que les éléments d'intrigue soient étroitement resserrés. Je pense qu'il faudrait que la première se répercute sur la seconde, par exemple que l'accident survienne car il était trop occupé à écouter ses camarades pour regarder la route... Sans doute cela aiderait-il aussi si on voyait dans la deuxième partie se manifester des éléments du caractère qu'il semble avoir dans la première (son amour de la différence).
Je pense aussi que tu aurais pu t'étendre davantage sur la réaction de sa famille. En effet tu nous dis que chacun était effondré, mais on voit au contraire le père parler calmement. Je pense que l'on entrerait davantage en empathie avec cette famille si la discussion était retranscrite directement, pas au discours indirect (qui résume l'interaction et lui enlève une partie de sa charge émotionnelle). Ainsi, tu pourrais décrire les expressions des personnages, le ton de leur voix, et – par exemple – montrer que le père essaie en réalité de se rassurer lui-même, que parler aussi calmement est la seule solution qu'il ait trouvée pour ne pas s'effondrer.
Il y a aussi le paragraphe final, qui gagnerait à être intégré au texte de quelque manière que ce soit : la réflexion est intéressante et bien tournée.
Je pense enfin qu'il aurait fallu préciser l'âge d'Indigo dans la nouvelle. En effet j'ai eu du mal à l'identifier. Certains éléments m'ont fait penser qu'il était assez jeune – une dizaine d'années – : le fait qu'il rentre avec sa mère (certes on se moque de lui pour ça, mais mes camarades de CM2 l'auraient fait aussi, donc ç'aurait aussi bien pu être des moqueries de gosse) ; le fait que les médecins lui refusent une explication parce que c'est un enfant. D'autres me faisaient penser qu'il était plus âgé : ses réflexions sur sa « différence » faisaient très adolescent. Je te conseille donc de préciser son âge quelque part au début de la nouvelle (je ne veux pas dire l'âge exact, mais laisser entendre que c'est un adolescent, par exemple en mentionnant qu'il sort du lycée (s'il y est), ou en disant qu'il veut « rester le plus loin possible des autres adolescents » au lieu de « tous ces gens »). Il faudrait peut-être aussi dire que le médecin le pense incapable de comprendre car il n'est qu'un ado, « enfant » n'étant plus très adapté à son âge (après ça me semble déjà plus improbable qu'on refuse des explications à un ado s'il les demande ; pas impossible non plus, loin de là).
Je crois que mon chapitre préféré est celui de Sienne, peut-être parce qu'il parlait d'un problème auquel je pouvais plus facilement m'identifier, mais aussi, je pense, parce que tu décrivais vraiment bien son mal-être et qu'il me semblait le mieux travaillé des trois (et peut-être un peu pour son superbe prénom...). Mais il m'a parfois donné l'impression de s'éparpiller, de négliger l'essentiel pour se concentrer sur des scènes moins utiles.
Pourtant je ne te conseillerais pas de supprimer une seule de ces scènes, je pense qu'elles peuvent toutes être utiles à l'histoire. Simplement, il faudrait que tu nous fasses sentir cette utilité, qu'on comprenne l'effet qu''elles ont sur Sienne. Le problème, pour moi, était que tu enchainais ces scènes sans décrire les émottions qu'elles faisaient naître en Sienne, ou en les décrivant simplement en surface. Dans ce genre de nouvelle, l'importance d'une scène se mesure presque uniquement aux émotions qu'elle fait naître chez le protagoniste. Je te conseille donc vraiment de les décrire en profondeur, même si cela rallonge considérablement le chapitre.
Lorsque son camarade vient lui parler, Sienne ressent de l'agacement, d'accord... mais n'y a-t-il que ça ? Tu nous parles de timidité, ne devrait-elle pas se sentir mal à l'aise, se demander comment sortir de cette situation, être terrifiée à l'idée de l'interaction... N'hésite pas à décrire en détail ses émotions à ce moment-là, à montrer comment la fatigue de la journée amplifie son malaise peut-être... C'est ainsi qu'on comprendra la pertinence de cette scène, sans cela, elle semble superflue, elle ne contient aucune information qui nous permette de mieux comprendre Sienne et ne fait pas évoluer l'intrigue. (De plus, le garçon, présenté comme très agaçant et collant, finit par abandonner très vite.) Ce n'est qu'un exemple mais je te conseille vraiment de le généraliser, de te demander pour chacune de tes scènes : « quel est son but ? qu'est-ce que je veux montrer au lecteur, que doit-il ressentir ici ? » et de l'écrire en conséquence, en insistant sur les points pertinents pour transmettre le message. Ainsi, toutes les scènes du chapitre convergeront vers un même but : nous montrer la souffrance de Sienne dans tous ses aspects, sous tous les angles.
Son raisonnement une fois qu'elle a découvert la citation m'a semblé trop flou, je pense qu'il aurait fallu davantage le détailler. Quand elle dit « Je faisais partie d'une catégorie à part : celle qui attendait », la phrase suivante ne justifie pas vraiment cette affirmation : elle montre qu'elle se laisse faire, oui, pas nécessairement qu'elle attend quelque chose. Je pense qu'il aurait fallu davantage justifier cette catégorisation, ou en changer le nom si ce n'était pas ce que tu voulais dire. (De plus, si c'est « juste » qu'elle se laisse faire, ce genre de réaction me semble malheureusement trop commune pour être considérée comme « à part »...) Je pense aussi qu'avant qu'elle rejoigne sa mère tu aurais pu glisser une phrase qui nous fasse comprendre qu'elle envisageait une autre solution, quelque chose comme « Peut-être que finalement je devrais lâcher prise, peut-être qu'il suffit de décider que les choses n'ont aucune importance », ainsi on comprendrait mieux ce qui la pousse à questionner sa mère et le lien avec la citation serait renforcé.
J'ai aussi trouvé que la réponse de sa mère s'éloignait un peu trop de la question. Elle finit par répondre en donnant des conseils très spécifiques à la situation exacte de Sienne, ce qui est plutôt bon signe pour leur relation, mais il aurait été intéressant que la partie sur le lâcher-prise soit mieux développée, qu'elle s'attarde un peu dessus. Sa réponse à ce sujet me semble assez banale pour l'instant, OK, le lâcher-prise peut être utile à la santé mentale, mais pourquoi ? À quelle condition ? Cela ne peut-il pas aussi être dangereux – pousser à ne plus se soucier de rien, à cesser d'essayer d'apprécier la vie ? J'aurais aimé voir certaines de ces questions évoquées, je pense que cela aurait pu compléter la réponse de la mère et rendre la citation vraiment pertinente : ici, même si elle est adaptée, il y a ce petit côté « elle est là pour répondre au thème et débloquer la situation » qui me titille un peu.
Mais bon, comme je le disais j'ai adoré ce chapitre. La scène de fin avec la mère est tout de même vraiment touchante, j'ai apprécié que le personnage réalise qu'il y avait quand même des gens de son côté, qu'elle soit écoutée. C'est un beau message d'espoir, après la partie d'Indigo qui se finissait sur une note plus triste.
Plus généralement pour ces trois personnages, je pense qu'ils auraient pu être davantage creusés. Ils m'ont parfois semblé réduits aux souffrances qu'ils enduraient au cours de la nouvelle, comme s'ils étaient incapables d'exister par en-dehors de leur douleur. Alors certes, c'est une nouvelle, il ne s'agit pas de s'éparpiller en donnant trente-six traits de caractère au personnage ; mais sans aller dans l'excès, je pense qu'il serait appréciable de sentir que le personnage est construit, solide, que même si on ne nous dit pas tout son comportement suit des règles précises et logiques. Pour cela, il faudrait que les personnages soient vraiment clairs dans ta tête, que tu les connaisses bien... Je te conseille donc de prendre le temps de développer leur personnalité – en faisant des fiches personnages, en te posant des questions sur eux, en essayant de les imaginer vivre leur vie... Aucune méthode n'est meilleure qu'une autre, tout dépend de toi !
Concernant la globalité de l'histoire – c'est là qu'on en revient au résumé –, je dois dire que si les trois récits sont individuellement intéressants, s'ils traitent de sujets pertinents... je n'ai pas eu l'impression que les rassembler apportait quelque chose. Bien sûr le concours demandait une nouvelle, pas trois textes indépendants, mais je veux dire qu'ils ne semblaient pas être vraiment reliés les uns aux autres, comme si au fond ce n'était qu'une juxtaposition de trois textes.
Si je peux me permettre une supposition qui a de grandes chances d'être erronée, c'est peut-être pour cela que le résumé était aussi vague : parce que trouver un point commun aux trois textes en-dehors du fait qu'il s'agisse de tranches de vie n'était pas évident.
Ma proposition de créer un lien entre le personnage et sa couleur te permettrait de faire un lien de forme entre les trois textes. Cela resterait assez superficiel (et la tâche du résumé ne serait probablement pas énormément facilitée, à moins d'évoquer séparément les personnages – ce qui est assez courant et ne me semble pas problématique, tant qu'il y a aussi une partie commune), mais pour ce genre de nouvelle ça ne me paraîtrait pas gênant : tu présenterais trois destins différents, trois moments de vie ; on ne s'attendrait pas à ce qu'ils aient un thème en commun, puisque le but est justement de montrer des vécus diversifiés.
Une autre solution, peut-être un peu difficile à mettre en place mais assez amusante, je trouve, serait de glisser de petites références à l'un dans l'histoire de l'autre ; Sienne pourrait avoir un camarade au prénom étrange dont elle n'oserait pas se rapprocher, ou voir sur Instagram la photo d'une fille fumant une cigarette à l'aube sur une colline – ce ne sont bien sûr que des exemples en l'air.
Il y a néanmoins beaucoup de choses que j'ai appréciées dans cette nouvelle. Je l'ai trouvée vraiment fluide, elle se lisait très facilement sans qu'aucune formulation ne semble mal conçue (je ne sais pas si tu t'en souviens mais j'avais lu À toi, éternellement lors de la dernière édition, et j'ai trouvé que tu t'étais vraiment améliorée sur ce point : les dialogues sont bien plus naturels, le texte a beaucoup gagné en fluidité).
J'ai beaucoup aimé le passage où Sienne lisait les citations et reprenait espoir, même si j'aurais amé le voir plus développé. Je l'ai trouvé bien écrit, j'avais vraiment l'impression de me mettre à sa place et de reconsidérer ma vie à travers ces citations. Je sentais le changement se produire en elle, c'état vraiment rassurant de lire cela ! Le personnage de Sienne envoie un message d'espoir qui, je pense, pourrait être utile à beaucoup d'adolescents dont on minimise la souffrance.
J'ai adoré aussi l'idée de relier chaque personnage au vent d'une faon différente. Cela renforçait le lien entre eux, donc la cohérence interne du texte (même si le lien restait assez effacé chez Sienne et n'appartenait qu'à moitié à l'histoire chez Indigo). C'est une façon originale de répondre au thème en explorant plusieurs de ses facettes, et cela te permettait de caractériser le personnage de Violet ; peut-être serait-il d'ailleurs pertinent de partir de cet amour du vent pour la développer davantage ?
Pour finir – ce n'est pas une critique négative mais une suggestion de quelque chose que tu pourrais apporter en plus à ton texte –, je pense qu'il aurait été intéressant de jouer davantage sur la façon d'écrire. Introduire davantage de figures de style, jouer sur la disposition des mots sur la page, sur le rythme des phrases... de nombreuses possibilités existent pour insister sur un point ou faire ressentir au lecteur une certaine émotion, et je pense que tu aurais pu en jouer davantage. Pour l'instant, si ta plume se distingue par sa fluidité, tu exprimes tes idées et les émotions des personnages sur un ton qui reste à mon avis un peu commun.
En résumé, ta nouvelle a beaucoup de potentiel avec des enjeux pertinents, une façon originale d'aborder le thème du vent et des personnages variés – un potentiel qui n'est cependant pas toujours exploité comme il pourrait l'être ; je pense que les personnages mériteraient d'être développés et la plume caractérisée.
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