OXALIS - Fleurdelys_27 [CDN]
Avant tout je tiens à préciser que ceci n'est qu'un avis subjectif, mais j'espère qu'il saura t'aider. Également, toutes les remarques que je fais ici ne veulent pas dire que j'ai enlevé des points : si une critique me semble vraiment subjective, je l'écris quand même au cas où ça te semble pertinent mais je ne retire pas de points pour ça. Une fois les barèmes parus, je pourrai t'indiquer les remarques qui t'ont coûté des points. Si tu n'es pas d'accord avec ce que j'ai dit, si tu as des précisions à apporter ou des questions à poser, n'hésite pas à commenter !
La couverture est très simple, mais jolie, je suppose qu'elle représente des oxalis. C'est une jolie façon de mettre le nom du personnage en relief. Elle n'attire pas vraiment l'attention, on ne sait pas trop ce qu'on va lire, mais je n'ai pas d'alternative à proposer là-dessus et je ne pense pas que ça soit nécessaire ici. Peut-être pourrais-tu juste mettre le titre et ton nom en blanc, pour qu'ils ressortent davantage ?
Le titre reprend le nom du personnage, ce qui n'est pas très original en soi ; mais ici le nom est quand même un peu spécial, le mot est plutôt intrigant. Après je vois toujours cela comme une solution de facilité... Avec toutes les images qu'utilise Oxalis dans l'histoire, je pense que tu aurais pu trouver un titre plus recherché. Je pense que cela pourrait contrebalancer la simplicité de la couverture.
Le résumé explique bien l'histoire sans trop en dévoiler. Il y a juste une petite faute : « une fille * pareille au jour ». Après, je trouve qu'il pourrait contenir un peu plus de mystère, là on peut tout de suite deviner ce qu'il va se passer dans l'histoire. Certes ce genre de nouvelle ne se lit pas pour le mystère, mais je pense que cela pourrait donner un peu de dynamisme au résumé, nous impliquer davantage dans l'histoire.
J'ai relevé quelques fautes d'orthographe et tournures maladroites, mais elles restaient très peu nombreuses. Certains paragraphes étaient un peu longs, et il y avait parfois trop de virgules, mais encore une fois ça restait rare (si tu le souhaites, je peux t'indiquer tout ça en commentaires). Sinon, la forme de ta nouvelle est tout à fait correcte. Utiliser le nom du personnage pour les titres de chapitres est un procédé commun, mais cela fonctionne bien. Par contre je ne sais pas si découper ton histoire selon les jours de la semaine soit si pertinent que ça (j'y reviendrai). Mis à part ces deux-trois chipotages, la nouvelle était vraiment agréable à lire.
J'ai vu que tu te posais des questions sur la représentation de l'autisme à travers le personnage d'Oxalis. Je pense que tu aurais pu davantage mettre l'accent sur les difficultés de communication et les intérêts spécifiques, censés être à la base de l'autisme. Sans ces éléments, j'ai eu l'impression que le fait qu'Oxalis soit autiste était un peu perdu de vue au fil de la nouvelle, on aurait pu être du point de vue de n'importe quelle personne très sensible aux stimulations physiques sans que cela ne change l'histoire ni la façon de la raconter. C'est un peu dommage, les intérêts spécifiques me sembleraient intéressants à exploiter pour ce genre de nouvelle. Tu t'es concentrée sur l'hypersensibilité sensorielle (je sais pas si ça s'appelle comme ça, mais bon) et j'ai trouvé que c'était vraiment bien montrée, j'ai eu l'impression d'être submergée par les descriptions de sons ou de lumière. Il était vraiment facile de se mettre dans la peau d'Oxalis.
J'ai beaucoup aimé aussi sa façon d'associer aux mots des odeurs et des saveurs. Elle le fait souvent dans le premier chapitre, j'ai trouvé que c'était vraiment bien fait : après l'avoir lu, j'avais l'impression moi aussi de « sentir » le mot à sa manière. C'est original et intéressant d'avoir intégré cette caractéristique, cela donne beaucoup de relief aux mots. Je trouve cela dommage qu'elle le fasse de moins en moins souvent au cours du récit. On la voit encore associer des couleurs aux gens (et j'ai d'ailleurs aimé que cela guide sa première impression de Vanille, qu'elle se dise qu'aucune couleur ne suffirait à lui correspondre). Mais une fois le premier chapitre passé, elle ne fait plus du tout cela avec les mots, alors que cela apportait vraiment du relief au texte. Je pense que tu pourrais prendre le temps d'associer des goûts ou des odeurs aux mots importants (« Vanille », peut-être « pont », les insultes qu'on leur sert...).
J'ai trouvé cela un peu dommage que le premier chapitre soit si explicatif. Les explications sur la vie d'Oxalis m'ont semblé trop artificielles, elles semblaient sortir de nulle part. Elle voit son père, pour elle c'est un début de journée normal, mais elle précise qu'elle ne l'embrasse pas, avant de lister les manifestations de son handicap et de retracer sa vie depuis ses trois ans... Pour Oxalis, ne pas embrasser son père appartient à son quotidien, il n'en a jamais été autrement, ça semble donc bizarre qu'elle remarque l'absence de ce geste dans sa routine matinale... C'est un peu comme si je sortais de la douche et que je remarquais que je ne me rase pas le visage puisque je n'ai pas de barbe. Je pense que les explications seraient mieux passées si elles avaient été déclenchées par une raison valable. Par exemple son père lui parle d'une nouvelle psychologue scolaire, et elle se dit qu'elle sera tout aussi inefficace que les premiers... Là, retracer son histoire ne me semblerait vraiment pas inutile. En soi, cela apportait des informations utiles pour la suite et c'était bien écrit, ça me semblerait dommage de le supprimer. Juste, je pense qu'il faudrait le lier davantage au reste de la nouvelle.
La nouvelle était vraiment bien écrite. Certaines tournures étaient parfois un peu lourdes, mais les idées étaient vraiment bien formulées. Il se dégageait du texte une impression de calme, et parfois une sorte de naïveté. J'ai vraiment eu l'impression de partager toutes les pensées et les émotions d'Oxalis, de me mettre très facilement à sa place. Ses sentiments étaient vraiment bien décrits, tu prends le temps de t'y attarder, j'avais l'impression d'être très proche d'elle.
Mais cette proximité était à double tranchant. J'ai parfois aussi eu l'impression d'être enfermée dans sa tête. En soi, rien de problématique, je pense que cela correspond bien au personnage. Le problème était qu'il devenait très difficile de se faire la moindre idée du monde extérieur.
Il n'y a pas de dialogues, tout est vu à travers le prisme d'Oxalis. Cela a ses avantages, mais devient frustrant au bout d'un moment. Je ne me suis pas attachée à Vanille, parce que je n'avais pas l'impression de la connaître. On sait ce qu'elle inspire à Oxalis, ce qu'elle lui apporte, mais on ne sait pas qui elle est réellement. J'aurais aimé l'entendre parler ou, si tu veux garder le fait que le point de vue d'Oxalis prédomine totalement, qu'on ne voie jamais les choses que subjectivement, qu'Oxalis la décrive un peu mentalement. Quelles qualités, quels défauts lui trouve-t-elle ? Comment ces caractéristiques s'agencent-elles pour former une véritable personne ? Je pense que cela mériterait d'être développé par Oxalis.
On ne voit pas vraiment évoluer la relation entre elles, j'ai eu l'impression que tu cachais une partie de l'évolution avec le « une semaine plus tard ». Leur rapprochement m'a donc semblé précipité. Lorsque Vanille prend la parole à la rivière pour raconter son histoire, cela m'a semblé peu naturel, un peu forcé. On ne la voit pas prendre la décision de parler de son histoire personnelle, puisqu'on est du point de vue d'Oxalis ; si bien que cette décision semble tomber du ciel. Je pense que Vanille pourrait hésiter à en parler, qu'Oxalis pourrait en être témoin. Peut-être, sinon, Vanille pourrait-elle se trahir par un lapsus, laisser entendre quelque chose... Tout cela dans le but d'impliquer Oxalis dans la décision de Vanille, au lieu de simplement nous livrer son résultat. De plus, la révélation de Vanille semblait finalement n'avoir aucun impact, Oxalis n'y repensait pas... Tout cela a contribué à rendre pour moi l'épisode au bord de la rivière plus anecdotique qu'il ne l'est réellement, ce qui explique pourquoi leur rapprochement m'a finalement paru trop rapide.
Oxalis parle toujours de Vanille d'une façon très subjective, ce qui est normal. Cela rend la description physique qu'elle en fait au chapitre 3 vraiment belle, on y sent tout ce qu'elle associe à Vanille, toute la force de ses émotions... Mais on ne voit pas à quoi ressemble Vanille, à part quelques traits basiques. Ça ne m'a pas dérangée, je ne pense pas qu'on ait besoin de connaître précisément le physique des personnages (surtout dans une nouvelle), mais quand cela concerne la personnalité, c'est autre chose... J'aurais aimé qu'Oxalis prenne le temps d'essayer d'analyser plus objectivement le caractère de Vanille, ou qu'elle la laisse s'exprimer par quelques dialogues. Par exemple, que pense Vanille d'Oxalis au début ? Souffre-t-elle de sa solitude ou la recherche-t-elle ? Pourquoi se confie-t-elle à Oxalis ? Même lorsqu'elle raconte son histoire, la seule chose qu'on sait sur son ressenti est qu'elle a peur pour sa petite sœur. Cela a rendue Vanille très abstraite pour moi, elle aurait presque pu n'être qu'une amie imaginaire créée par Oxalis...
J'en arrive à la répartition des chapitres dont j'avais déjà parlé. Je ne pense pas que les jours de la semaine soient le meilleur critère. Cela donne une répartition assez inégale des actions, les deux premiers chapitres sont assez introductifs (on en apprend beaucoup sur Oxalis, on découvre Vanille ; mais il ne s'y passe pas grand-chose). Les deux chapitres du milieu semblent condenser l'action, et les deux derniers semblent à nouveau plus calmes, ce sont des chapitres de conclusion. Je pense que les deux premiers mériteraient d'être condensés, quitte à ne pas tout expliquer sur Oxalis dès le début (la plupart des informations que tu donnes pourraient sans problème être révélées plus loin). Cela te permettrait de diluer un peu l'action. De plus, le fait de laisser passer sept jours entre le deuxième et le troisième chapitre est assez perturbant, on le voit à peine dans la narration. Je pense que tu pourrais consacrer plus de temps à récapituler ce qu'il s'est passé dans la semaine.
Quelques petites remarques en passant : au chapitre 3, lorsque tu listes les insultes qu'elles reçoivent et que tu ajoutes « toujours plus, toujours plus près, toujours plus fort », j'ai trouvé cela assez maladroit : les insultes ne vont pas vraiment « de pire en pire », comme le suggère le « toujours plus » (enfin c'est assez subjectif, mais je pense que tout le monde trouvera « la négresse et l'attardée » bien plus violent que « les deux filles bizarres »...). C'est certes un détail, mais je pense que tu pourrais les réarranger pour obtenir cet effet de gradation.
Dans le premier chapitre, Oxalis explique qu'aucun professeur n'a fait l'effort d'en savoir plus sur elle ou de l'aider, mais au chapitre 4 on apprend que sa professeure d'histoire fait tout ce qu'elle peut... Pareil, dans le dernier chapitre, Oxalis et Vanille se retrouvent près de la rivière. Avant que Vanille n'arrive, Oxalis affirme qu'elle ne sait pas ce qu'elle attend, puis lorsque Vanille arrive, elle affirme que c'est pour elle qu'elle est venue. Ça m'a semblé un peu étrange, d'autant plus qu'en temps normal, les émotions d'Oxalis sont vraiment bien détaillées et compréhensibles.
Je n'ai pas compris la raison de la venue de la psychologue au chapitre 4. Je pense qu'il aurait fallu l'expliquer un peu, est-ce lié aux évènements de la veille, est-ce un hasard ? Mais j'ai vraiment apprécié la façon dont tu as traité le sujet, c'est rare sur Wattpad de voir des psychologues qui ont l'air compétents (et même qui n'ont pas l'air d'être des idiots malveillants)... J'ai aimé la façon dont elle a soutenu Oxalis (après je vois mal en quoi « atteint d'autisme » ne peut pas se dire, on peut dire « atteint de » pour les handicaps aussi et ça ne change pas le fait que ce soit un état permanent. Mais la réflexion qui suit est vraiment pertinente).
Je pense que tu aurais pu développer la relation d'Oxalis avec les « ponts » autres que Vanille. Tu dis que les mots sont un pont pour elle, mais c'est quelque chose qu'on voit très peu au cours de l'histoire... Je pense aussi que son père pourrait être plus présent au cours de la nouvelle, s'inquiéter peut-être pour sa fille après la bagarre ; on le voit brusquement s'exprimer à la fin mais avant on entend très peu parler de lui.
Oxalis utilise des images que j'ai beaucoup aimées. Ses descriptions de Vanille sont souvent très bien trouvées (les sourires-lumière, le rire-virus contagieux, les picotements-frissons). Elles sont vraiment poétiques et ont un côté un peu naïf dans lequel on sent bien l'amour qu'elle porte à Vanille. J'ai beaucoup aimé aussi le moment où elle parlait de sa mère avec son père. Jusque-là, j'avais trouvé la mort de la mère un peu absente de l'histoire, elle semblait avoir peu d'impact si ce n'est d'obliger Oxalis à fréquenter une école « normale », mais on réalisait à ce moment qu'elle l'avait réellement marquée. L'idée des lettres du mot « autiste » qui l'enferment, du E en guise de loquet, est vraiment expressive. J'ai beaucoup aimé cette façon, dans toute la nouvelle, de relier les idées abstraites à des sensations/odeurs concrètes.
L'idée des ponts est vraiment bien trouvée, elle est amenée tout en douceur par le fait que Vanille appartienne au monde d'Oxalis et à celui des autres (cela dit je pense que ç'aurait mérité d'être justifié par l'histoire, qu'on voie réellement Vanille ouvrir Oxalis aux autres, là ça semble sortir de nulle part...). J'ai aimé le fait que la psychologue puis son père reprennent l'image. Je trouve que c'est vraiment une belle façon de conclure la nouvelle, on sentait que le rapport d'Oxalis au monde avait été modifié, qu'elle avait appris des choses sur elle-même et sur les autres. Vraiment, bravo à toi pour avoir trouvé cette image !
Bref, le fait qu'on soit « enfermés » dans la tête d'Oxalis nous empêchait un peu de voir ce qu'il se passait ailleurs, de comprendre les autres personnages, mais la nouvelle était tout de même vraiment émouvante.
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