Loin par nature, près du coeur - Nausicaa1619 [CDN]
Avant tout je tiens à préciser que ceci n'est qu'un avis subjectif, mais j'espère qu'il saura t'aider. Également, toutes les remarques que je fais ici ne veulent pas dire que j'ai enlevé des points : si une critique me semble vraiment subjective, je l'écris quand même au cas où ça te semble pertinent mais je ne retire pas de points pour ça. Une fois les barèmes parus, je pourrai t'indiquer les remarques qui t'ont coûté des points. Si tu n'es pas d'accord avec ce que j'ai dit, si tu as des précisions à apporter ou des questions à poser, n'hésite pas à commenter !
Je ne trouve pas la couverture très convaincante, elle est assez sombre, il est difficile de voir ce qu'elle représente et elle n'attire pas vraiment l'attention... J'aurais bien vu plutôt du papier à lettre avec des détails qui rappellent la nature ou quelque chose comme ça, qui aiguille davantage sur ce qu'on va lire. Là, je dois dire que la couverture renseigne très peu.
J'aime bien pour le titre la reprise de l'expression « Loin des yeux, loin du cœur », et on a un nouvel indice pour la résolution finale. Mais je dois dire que je ne trouve pas le titre très harmonieux, je pense que vous pourriez trouver quelque chose qui corresponde davantage au ton des poèmes.
Le résumé n'en est pas vraiment un... J'aurais aimé avoir, même en une phrase, quelques informations sur ce que j'allais lire, ne serait-ce qu'un extrait du texte. Ici, même la table des matières est plus explicite que le résumé. Après j'ai conscience de la difficulté de résumer une nouvelle en quelques mots.
Sur la forme, je pense que vous auriez pu enlever l'italique, vous l'utilisez pour tous les poèmes donc cela n'a pas vraiment d'utilité. Les tirets à utiliser pour remplacer les parenthèses (comme dans la phrase « le jour est proche – je me fais vieux – ») sont les tirets demi-cadratins (–) et non les tirets du 6. Ces points mis à part, la mise en page est tout à fait correcte. Je n'ai relevé aucune faute d'orthographe (juste lorsque vous écrivez « cœur » au premier poème, le « œ » n'est pas passé, mais ça c'est Wattpad je pense). J'aime bien les images en média, elles sont vraiment jolies et correspondent à l'impression dégagée par chaque personnage.
Il y a des vers que j'ai beaucoup aimés, je les ai trouvés très harmonieux : « Si loin est le jour de ton arrivée/Que le souvenir est devenu rêve » ; « Mon âme est partie avec la tienne/Tu le sais, mais tu ne reviens pas » ; « Cent fois tes mots m'ont arraché/L'âme et le cœur, l'envie d'aimer »... Ces passages m'ont semblé vraiment expressifs et j'ai trouvé qu'ils s'intégraient bien au reste des poèmes. Mais je dois avouer que dans leur globalité, les textes m'ont semblé... forcés, comme si certains mots n'étaient là que pour la rime (qu'un mot soit là pour la rime, ce n'est pas un problème en soi, c'est souvent le cas je suppose ; mais dans les exemples dont je parle, cela semblait trop explicite, au point de me faire sortir de ma lecture). Parfois cela donnait des expressions qui sonnaient d'une manière étrange, parfois des vers entiers qui ne me semblaient pas à leur place, ajoutés là pour rimer. Je trouve ça un peu dommage, ça a enlevé du naturel au poème pour moi, buter sur la forme m'empêchait de me concentrer sur le sens.
Étant donné que dans la poésie, la plume a une importance assez grande, je me permets d'analyser ici votre texte (si cela vous dérange, je peux supprimer les passages recopiés et ne laisser que mes commentaires).
Inexorablement je te vois t'éloigner
Et un jour je perdrai celui que j'ai aimé ;
Je sais que tu veux partir
Mais dois-tu en mourir ?
Le dernier vers semble un peu bancal (peut-être parce qu'il est bien plus court que le précédent) et fait vraiment « ajouté pour la rime », d'autant que la formulation semble bizarre une fois qu'on a lu la nouvelle : ce n'est pas parce qu'il veut partir qu'il risque sa vie, mais pour défendre sa terre... Les deux premiers vers sont équilibrés et bien écrits, après je me demande s'ils sont la meilleure façon de commencer l'histoire. Ils me semblent trop passe-partout, trop peu marquants pour cela. Je pense que vous pourriez commencer avec un vers qui entre dans le vif, peut-être en évoquant la « guerre » à laquelle le personnage veut prendre part ?
Chaque jour, tu me regardes
Tu me parles, me rassures
Mais la vérité, tu la gardes
Devoir te perdre est bien trop dur
Les deux premiers vers sont bien faits, on sent la tension s'insinuer dans le texte. Mais le vers « La vérité, tu la gardes » est assez maladroit, l'utilisation de « garder » n'est pas du tout naturelle dans ce contexte. De plus, le dernier n'a pas vraiment de rapport avec les trois premiers, on passe de « tu me mens pour me protéger » à « je ne veux pas te perdre ». Le lien n'est pas difficile à faire avec le contexte, mais ne pas l'expliciter donne l'impression que le texte est décousu.
Moi je reste attachée
À cette terre qui m'a vue naître
Je ne peux rien faire, je suis piégée
De mon destin, je ne suis plus maître
Là c'est assez subjectif, la seule chose qui me dérange dans ce paragraphe est les longueurs très inégales des vers. Ça va peut-être sembler étrange mais ça ne m'aurait pas dérangée si les vers ne rimaient pas... Simplement ici, avec les rimes, j'essaie de relier les vers les uns aux autres et leurs longueurs différentes créent un déséquilibre dans mon esprit. Pour chipoter un peu, le « je ne peux rien faire » fait plus relâché que le reste de la strophe, dont les mots sont vraiment bien choisis. On a déjà l'idée de « je ne peux rien faire » dans le « je suis piégée ». Peut-être que vous pouvez mettre à la place quelque chose comme « Je n'y peux rien » ?
En tout cas, cette strophe est bien écrite, et met en relief l'impuissance de la « fleur bleue ».
Mais jamais je ne cesserai
De t'aimer, toi qui es si pur
Ton cœur, encore la guerre le censure...
Après tout ça, te retrouverai-je ?
Même remarque que pour la strophe précédente, les différences de longueur sont un peu gênantes et le « tout ça » détonne dans le texte : il est bien plus familier et imprécis que les autres mots que vous avez choisis. Une nouvelle fois le troisième vers semble un peu détaché des autres, et j'aurais aimé avoir un peu plus de détails là-dessus.
Je m'arrête ici pour l'analyse, je ne veux pas travailler pour rien, mais si vous pensez pouvoir tirer quelque chose de mes conseils, je reprendrai volontiers sur la suite du texte ! Signalez-moi simplement si vous êtes intéressées.
Bon, là ce n'est vraiment qu'une remarque, bien sûr je ne veux rien imposer et vous en faites ce que vous voulez... mais je me demande si les rimes sont vraiment le meilleur choix pour ces poèmes. Vous avez toutes les deux une plume vraiment poétique, des formulations parfois magnifiques, très bien trouvées, et certaines phrases ont un véritable rythme. J'ai l'impression que l'injonction de faire rimer le texte vient déséquilibrer tout cela, on se retrouve avec des phrases modifiées voire ajoutées juste pour respecter cette contrainte. Or j'aurais tendance à dire, même si la poésie est un genre assez... flou pour moi, que le but des vers rimés est de rythmer le texte. S'il obtient l'effet inverse, cela me semble un peu discutable.
(Mais je tiens à rappeler que je me base uniquement sur des suppositions à partir de ce que j'ai lu, je ne sais pas si mes interprétations sont correctes. Et même dans le cas où elles le seraient, ce conseil reste très subjectif. Je ne cherche pas à usurper votre place ni rien, ce n'est vraiment qu'une suggestion.)
J'ai bien aimé les titres des chapitres, surtout le dernier (l'ajout de « sans un au revoir ») qui laisse deviner une part de la fin dès le début, et donne une allure un peu mélancolique à la table des matières. J'aime bien aussi les surnoms que vous avez donnés à chaque personnage. Ils correspondent à la personnalité que vous laissez entrevoir et prennent un autre sens lorsqu'on lit la nouvelle comme une métaphore des ravages causés par les humains sur la nature. Les désignations renvoient à l'idée qu'on se fait d'une lettre d'amour.
L'amour entre les deux personnages, justement, est bien mis en relief. On sent vraiment leur déchirement à l'idée d'être séparés, la colère que l'abandon de son pilier fait naître chez la fleur, la difficulté que rencontre celui-ci dans ses tentatives de lui faire accepter sa cause... J'ai trouvé cette opposition entre les deux, l'un voulant améliorer leur condition et étant prêt à mourir pour ses idéaux, l'autre aspirant simplement à une vie heureuse, très bien retranscrite. J'aurais aimé la voir plus développée, je pense qu'il y a beaucoup à dire là-dessus, de nombreuses tensions à creuser, des oppositions intéressantes, mais j'ai eu l'impression de rester en surface.
D'une manière générale, je pense qu'il pourrait y avoir plus d'interactions entre les deux personnages. Chacun d'eux réagissait aux évènements extérieurs, mais, du moins telle à été mon impression, très peu à ce que l'autre lui racontait. C'est un peu dommage, j'aurais aimé les voir réellement s'opposer sur certains sujets, être témoin de leur rancœur ou de leur culpabilité. Là, on avait bien sûr ces éléments mais ils ne semblaient pas vraiment liés aux lettres, que l'autre réponde ou non avait peu d'impact. En fait, certaines phrases de la fleur donnaient l'impression qu'ils ne discutaient pas du tout, qu'elle ne faisait que réagir à ses actes. Cela faisait vraiment dialogue de sourds, c'est un peu dommage je trouve. Et cela diminue l'impact de l'absence d'au revoir laissé par le pilier à sa fleur.
Je pense aussi qu'ils pourraient se décrire l'un l'autre mentalement, cela pourrait être une bonne façon de connaître les personnages, donc de s'y attacher, sans avoir à lire une description vide de sens. Cela vous permettrait de plus de rendre les poèmes plus touchants, leur amour plus tangible. Je dois dire que pour ma part, même si la nouvelle est très courte et ne doit pas perdre en concision, j'aurais aimé en savoir un peu plus sur leur caractère, et surtout sur la façon dont l'autre le percevait.
Mais le point le plus important de cette nouvelle est vraiment le double sens qui s'y cache. Alors qu'on croit, à première lecture, assister à une histoire d'amour banale entre un homme qui part à la guerre et une femme qui voudrait le garder pour lui, on découvre à la fin un double sens totalement inattendu. Voir les amoureux se « transformer » en végétaux n'était vraiment pas quelque chose sur lequel j'aurais parié, mais j'ai vraiment aimé l'idée. Des bouts de phrases qui passaient pour des expressions anodines, comme le « mes amies se fanent » de la fleur, doivent finalement être prises au sens propre... Il y a juste un paragraphe que je n'ai vraiment pas compris, dans la deuxième lettre adressée par le pilier à sa fleur (le quatrième chapitre) :
Trop de nos attaquants, aveugles, nous oublient,
Et participent à cela sans même nous voir
Mais je crains qu'ils épuisent leur dernier espoir :
Jamais on ne devrait détruire ses amis...
Autant je comprends que les deux premières strophes s'adressent à ceux qui participent à la destruction de la nature sans le remarquer. Mais cela questionne pour moi les vers suivant. Quel est ce dernier espoir, si justement ces gens n'ont pas conscience de leur impact sur l'environnement ? Et je suppose que le « ses amis » de la dernière phrase renvoie à une « amitié » entre les humains et la nature.... Si c'est bien le cas, je pense que vous pourriez développer cette idée d'amitié plus tôt dans le texte, là cela arrive comme un cheveu sur la soupe alors qu'on les mettait en opposition dès le début.
Sinon j'aime beaucoup l'idée du double sens, elle est très bien trouvée et la métaphore de la guerre est très pertinente.
Je pense peut-être que cela pourrait être plus explicite vers la fin de la nouvelle, pour ne pas perdre les lecteurs, mais je ne suis vraiment pas certaine de cela. Le double sens n'est pas immédiatement accessible, il se révèle à la seconde lecture et c'est un point que j'ai d'un autre côté beaucoup aimé.
En revanche, je pense vraiment que l'histoire avec Tristan pourrait être explicitée. Je n'aurais pas compris sans avoir lu les explications en commentaires, il y a de nombreuses façons de se tromper. Les indices qui nous l'annoncent sont très vagues (je veux emporter l'un des leurs ; la guerre tue les innocents, certes dit comme ça c'est assez explicite, mais ce sont aussi des lieux communs dans ce genre de texte, qu'on utilise parfois sans vouloir les appliquer aussi directement. La fin pourrait en révéler plus, mais elle est racontée d'une façon assez floue qui m'a un peu perdue, il était difficile de savoir ce qui était une métaphore et ce qui ne l'était pas. Certes, la poésie est un genre mystérieux, mais cela me semble tout de même dommage que la nouvelle ne soit pas totalement compréhensible sans les explications en commentaires. C'est dommage parce que j'ai vraiment aimé l'explication que vous avez présentée, le fait qu'il en soit réduit à ces extrémités pour se faire entendre...
En bref, je n'ai pas été réellement emportée par cette nouvelle, mais c'est en grande partie parce que je ne suis pas très sensible à la poésie. La nouvelle est globalement bien écrite et j'adore l'idée derrière de représenter la destruction de la nature, les poèmes étaient vraiment bien agencés.
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